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vendredi, 30 juin 2023

Je n’ai eu dieu que pour ses saints…

Ne dites rien, j’ai déjà honte.
Je ne pensais pas tomber si bas…

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Nous allions déjeuner dans un restaurant de la rue Milton dans le IXème arrondissement.
Un restaurant japonais où la cuisine est faite par des Japonais, pas des « Japonais de Wenzhou » comme il est courant.
En sortant, nous aurions dû remonter la rue Lamartine, voisine, jusque chez les frères Heratchian qui vendent plein de trucs que rien qu’à les regarder tu sens tes artères se boucher.
Cette épicerie orientale vend de l’eau de fleurs d’oranger qui vient des orangers et pas de chez Bayer, ça c’est pour Heure-Bleue, et des loukoum « à tomber », ça c’est pour moi.
Hélas, alors même que nous n’avions bu que de l’eau du robinet, j’ai emprunté la rue dans le mauvais sens, trompé sans doute par l’idée d’aller ensuite à Saint Lazare acheter quelques bouquins.
Adieu veaux, vaches, loukoum…
Heure-Bleue dont la mémoire s’était soudain réveillée, est entrée dans une boutique pour y trouver une tisane aux bienfaits avérés par des sorcières quelconques.
Elle en trouva une autre.
Me la tendit.
Je la tendis à mon tour à la jeune femme qui tenait la caisse.
J’ai demandé si par hasard elle aurait la tisane magique qu’Heure-Bleue était venue chercher.
Elle me regarda, dit quelques mots, se mit à bafouiller.
Elle s’arrêta un instant, le temps sans doute de penser « Plouf Plouf Je recommence » et me dit « Pfiouu… Je ne sais pas ce qui m’arrive… Bon… »
De l’air auguste d’Apollon regardant les femmes tombant à ses pieds, j’ai répondu tranquillement,  « Je sais… Je fais souvent cet effet aux filles… »
Elle a été gentille, elle.
Elle a ri.
Pas comme Heure-Bleue qui aurait dû redresser la tête et dire à la fille un truc comme « T’as vu un peu le mec que j’ai réussi à agripper ! »
Mais non.
On n’est jamais trahi que par les siens.
La lumière de mes jours a simplement levé les yeux au ciel, haussé les épaules et ses lèvres, adorables au demeurant, ont dessiné une moue de désespoir.
Bon, l’après-midi a été tout de même très agréable…

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lundi, 26 juin 2023

Devoir de Lakevio du Goût N°167

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Il me semble que Lakevio avait déjà proposé cette toile de Harold Harvey mais j’aime beaucoup cette toile alors il ne me reste plus qu’à trouver une autre idée pour éviter de me faire taxer de « recyclage ».
Le moment étant à l’été et aux balades dans les prés, auriez-vous par hasard une idée de ce que pensent ces deux enfants pendant cette halte champêtre ?


C’est la première fois.
Cette première fois où il n’est pas reparti avec ses copains.
Il a bien voulu rester avec moi quand les autres sont partis.
Un peu emprunté, il s’est laissé glisser sur l’herbe, a saisi une fleur de pissenlit et me l’a tendue.
Je ne l’ai pas prise car il aurait fallu que je me penche et là, il aurait pu voir quelque chose que je ne voulais pas qu’il voie.
Ni lui ni personne.
C’est ce qui est embêtant avec une jupe, on se sait jamais exactement comment se tenir si on n’est pas debout.
Mais là, si j’avais été debout, il aurait pu voir encore plus.
Je voulais bien qu’il devine mais pas qu’il voie.
Je voudrais bien aussi mais quoi ?
Je veux juste qu’il soit là, à côté de moi, mais pas plus.
Enfin, pas plus maintenant…
Quand je le regarde, j’ai une envie folle de caresser sa joue.
Il semble avoir la joue tellement douce.
Si je m’écoutais, je déposerais un petit baiser sur cette joue mais je n’ose pas.
Mon dieu ! Si j’osais quelque chose comme ça, je suis sûre que mes parents le sauraient immédiatement et m’enfermeraient pour des jours et des jours.
Ce n’est que le début de l’été et l’idée de rester enfermée à la maison sans le revoir avant la rentrée me fait venir les larmes aux yeux.
Plongée dans mes pensées, mi-pensées mi-rêves, il m’en sort soudainement en demandant « Mais pourquoi tu pleures ? »
Il a une voix douce et parle plus doucement que quand ses copains sont là.
J’ai l’impression que là, il me parle à moi.
Et sa joue, mon dieu sa joue…
Mais je n’ose pas.
Et j’ai un peu peur qu’il ose…
Un jour je le pousserai à oser.
Je suis sûre que j’arriverai à l’y pousser, en plus ce sera lui qui aura osé.
L’honneur sera sauf…
Mais cette joue, mon dieu cette joue…

samedi, 24 juin 2023

167ème Devoir de Lakevio du Goût

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Il me semble que Lakevio avait déjà proposé cette toile de Harold Harvey mais j’aime beaucoup cette toile alors il ne me reste plus qu’à trouver une autre idée pour éviter de me faire taxer de « recyclage ».
Le moment étant à l’été et aux balades dans les prés, auriez-vous par hasard une idée de ce que pensent ces deux enfants pendant cette halte champêtre ?

mercredi, 21 juin 2023

J’avais une ferme pas en Afrique.

C’est normal, je suis hors d’Afrique…

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Je ne sais pas quel âge tu as Delia mais je te pense assez jeune pour ignorer que dans ce quartier que tu as arpenté pendant cette période de ta vie où la Poste te permettait de vivre à Paris qu’il y avait une ferme pas très loin
Te rappelles-tu, Delia, quand tu remontais la rue Saint Vincent vers la basilique, et qu’elle croisait la rue de la Bonne ?
Il y a là un tournant et sur ta gauche, une rambarde métallique qui donne sur un espace qui a tout pour être verdoyant et qui est occupé au milieu par un immeuble en briques qui n’est plus jeune mais pas encore vieux.
Eh bien, alors que tu n’étais probablement pas encore une « dame de la Poste », à cet endroit il n’y avait que deux immeubles.
Et, dans le coin à gauche en bas de la rue de la Bonne, près de l’escalier, il y avait une ferme.
Oui ! Une vraie ferme.
Mon père m’avait emmené une fois, à une époque où on me tenait encore par la main, il m’avait tenu assis sur cette rambarde et m’avait montré « la ferme ».
J’avais vu quelques poules près de l’escalier et entendu « le » coq.
Mon père m’avait dit que si on connaissait la dame et qu’on habitait à côté, on pouvait même lui acheter du lait.
Tu vois que pour avoir la campagne, il n’est pas nécessaire d’être loin de Paris.
Il suffit d’avoir un peu de mémoire.
Bon, il fallait aussi un père qui te tient par la main, qui t’asseye sur une rambarde métallique et une ferme en bas d’un escalier.
Même, il y a des jours où il suffit de fermer les yeux et de refaire le voyage jusqu’à la rue du Chevalier de la Barre puis de la descendre.
On oublie tout de suite la petite zone de repos sableuse qui remplace la ferme.
Tu verras Delia, ferme les yeux, ça marche !

mardi, 20 juin 2023

Devoir de Lakevio du Goût No 166

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Le temps est à l’été précoce.
Pas seulement dans le sud du pays.
Ici aussi, et si j’en crois cette toile de Suzanne Valadon, il s’est aussi installé dès 1928 sur la rue Cortot, charmante rue de Montmartre dont je suis sûr que Delia la connaît et qu’elle y a sûrement traîné un après-midi de printemps.
Mais vous, vos printemps et vos jardins, que vous inspirent ils ?
J’espère que nous nous lirons les uns les autres lundi prochain.

Je suis « à la bourre ».
Mais comme tous les mauvais élèves, j’ai une excuse imparable.
Nous sommes allés voir « le docteur des yeux ».
Alors voilà ce qui aurait dû vous captiver hier si nous avions été ponctuels.

Vous connaissez la rue Cortot ?
Elle est courte cette rue…
C’est une petite rue d’un peu plus d’une centaine de mètres « à vue de nez ».
On y trouve évidemment le Musée de Montmartre mais ce n’est pas le plus chouette endroit de cette rue.
Le plus beau, n’est pas non plus celui que j’ai vu la première fois que j’ai vu cette rue en arrivant par la rue du Mont Cenis.
Non…
Le plus beau c’est l’autre, celui qui croise la rue des Saules.
La première fois que j’ai vu cette rue, c’est en revenant à la maison.
Je revenais du lycée.
J’en revenais souvent à pied, il suffisait de monter en haut de la colline de Montmartre et de la descendre de l’autre côté pour arriver à la maison.
Il suffisait de remonter la rue de Steinkerque, oui celle juste en face du lycée, puis les milliards de marches de la rue Foyatier, ces marches qui permettent de faire la course avec le funiculaire, de passer devant le square Nadar pour arriver au bout de la rue du Mont Cenis qui montait encore un peu avant de redescendre jusqu’au boulevard Ornano.
Une fin d’après-midi de printemps particulièrement doux, j’ai posé mon cartable au coin de la rue Cortot, juste avant les volées d’escaliers qui mènent à la rue Lamarck avant la descente jusque chez moi.
J’ai regardé, repris mon cartable et ai descendu cette rue dont j’ignorais tout.
Je l’ai descendue à pas lents, surtout la moitié du bas, celle qui m’a fait découvrir la rue des Saules.
Le plus frappant étaient la fraîcheur apportée par la verdure et le silence, à peine troublé par le chant des oiseaux.
Je suis passé, toujours lentement le long d’une vigne dont mon père m’a dit qu’elle fournissait une piquette qui achevait les vieux de Montmartre plus vite que les années.
Et soudain j’ai fait une découverte en regardant sur ma gauche.
La rue Saint Vincent.
Je n’en savais entendu guère que « En haut de la rue Saint Vincent, un poète et une inconnueeeeuu s’aimèrent l’espace d’un instant… », comme chantait Cora Vaucaire.
Je me demande encore aujourd’hui si ce n’est pas la plus belle rue de Paris.
Bien plus belle que la rue Cortot…