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vendredi, 02 avril 2010

Mon senior... Il est l'or...

 J’ai tenu compagnie à Heure-Bleue hier soir.
Nous nous sommes fait du mal en regardant, surtout en écoutant, les déboires du « senior » dont on vante la vitalité à longueur de publicité de colle à ratelier et de couches qui évitent de sentir le pipi en société.

C’était super engageant. Que dis-je, en-thou-sias-mant !
Ca permettait, en douce bien sûr, de régler le problème des retraites et du trou de la Sécu en cinq-sec.
Le vieux, s’il est locataire, même avec une retraite dont le montant fait envie au smicard, ne peut plus louer un appartement.
Le vieux, s’il est propriétaire de son gourbi mais touche une retraite de misère, risque bien de se retrouver viré faute de pouvoir payer ses charges de copropriété.

Le vieux n’a plus qu’à trouver un banc hospitalier. Et ce n’est pas facile, vu que, sous couvert de « design urbain » on s’arrange pour que le clodo de base ne puisse s'y allonger, risquant par là d'offusquer le sens esthétique ou l’odorat du passant.

Donc, un point de gagné. A ce régime « couchage sur le trottoir » et « régime froid à tous les repas », il est probable que le « senior » ne passera pas deux hivers, libérant ainsi des logements qui assureront la prospérité des requins de l'immobilier…

Deuxième point de gagné ? Le régime des retraites se trouvera rapidement sauvé de facto, faute de vieux à engraisser à rien foutre.

Troisième point, abordé très délicatement lors de l’émission, celui-là, celui de l'insovabilité potentielle du  « senior » à la maigre retraite : Imaginez l'angoisse du gestionnaire de patrimoine d'investisseur institutionnel (banques, assurances, les fameux zinzins) .
Le vieux qui « part » - genre « on sait pas où il est passé » - et laisse un survivant qui ne peut payer le loyer, quelle horreur.
Pire encore, pas de survivant ni de descendant pour régler l’ardoise.
Et paf ! Une toile pour le gestionnaire de patrimoine face à un trou monstrueux de 1100 €.
Alors que perdre des milliards d'€ sur les marchés, c'est moins grave: le contribuable bouche le trou et l'argent perdu n'est jamais que celui des épargnants, ceux dont les zinzins ont justement récupéré les appartements pour cause de traites impayées...

 

jeudi, 01 avril 2010

Condamnés à heurts fixes...

Je dois dire que je suis soufflé par ce que je viens d’entendre à la radio.
Une dame vient de se faire signifier par la maréchaussée de son coin qu’une plainte avait été déposée à son encontre par le préfet auquel elle avait eu l’imprudence, voire l’impudence, de confier son sentiment sur ce qu’elle avait remarqué.
De quoi est-elle accusée ? D’outrage !
 Aux termes d’une loi assez inique, elle risque 7500 €uros d’amende et six mois de prison.
Et pourquoi donc s’est senti outragé le préfet ?
Parce que cette dame a eu l’outrecuidance d’être choquée par le sort d’une famille d’Albanais,  embarquée sans ménagement et expédiée illico en Albanie.
Comme les gamins ont été ramassés au mépris de la loi sur la scolarisation et que la dame fait partie du RESF, emportée par son indignation elle a osé écrire au préfet qu’il serait bon qu’il mette fin à ces « rafles ».
C’est ce dernier mot qui matérialise « l’outrage » auquel le préfet s’est senti soumis.
Subsiste quand même un grave problème dans ce pays (quand je dis « un » c’est évidemment une figure de style…), si les gens qui sortent de l’ENA manient aussi mal la langue que les journalistes (et paf !) et la comprennent aussi mal que le zyva de base, on est bien parti pour envoyer en taule la moitié du pays.
Un examen attentif des dictionnaires indique, pour le mot « rafle »
- « Arrestation massive, à l’improviste » dans le  Robert.
- « Opération policière exécutée à l’improviste dans un lieu suspect, arrestation massive de personnes.» dans le Larousse.
Compte tenu de la culture lexicographique moyenne de la gent policière on va voir pleuvoir les plaintes pour délit d’outrage à un rythme soutenu assorties de saynètes savoureuses, du genre :
- Ouais M’sieur le juge, y m’a traité de « pédé » !
- Comment ça ? 
- Il m’a dit que mes méthodes étaient éculées, je me suis senti insulté.
Evidemment, Mr le Préfet nous explique le plus sérieusement du monde que la dame « a fait allusion au régime de Vichy et aux méthodes de la Gestapo ».

Je me sens donc fondé à dire, sans vouloir outrager quelque fonctionnaire que ce soit, que si la notion d’outrage dépend, non du sens des mots, mais de l’interprétation des mots par un fonctionnaire, on est bien parti pour une interdiction totale de toute critique du pouvoir en place, quelle qu’en soit la forme.
Je me demande aussi pourquoi la loi n'autorise pas le citoyen lambda à déposer plainte pour outrage à chaque fois qu'il se fait implicitement traiter de fainéant parce que que chômeur, de fraudeur à la Sécu parce que malade ou d'escroc à la CAF parce que parent d'une nombreuse famille.
Il existerait donc, au mépris de l'égalité de tous devant la loi, un droit pour "l'élite" et un droit pour les gueux ?
Combien de temps nous sépare désormais d’une nouvelle affaire des « sections spéciales » de sinistre mémoire ?
Nous n’avons manifestement plus le droit de dire à haute voix que nous ne sommes pas d’accord. Combien de temps avant de n’avoir même pas le droit de n’être pas d’accord ?