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mercredi, 25 juin 2014

« Papyoutai »

Hier soir nous sommes rentrés assez tard tous trois, Heure-Bleue, Merveille et votre serviteur.
C’était la fête de fin d’année à l’école de Merveille.
Ça eut pu se passer un peu mieux parce que laisser à un Goût, tout seul et musclé comme un lapin de trois semaines, le soin de défendre une table et six chaises de hordes de parents bien décidées à les lui arracher n’était pas très futé.
Oui, elles sont comme ça les filles de la famille. JJF, Manou et Heure-Bleue sont allées admirer l’Ours devant un barbecue fumant et surtout parfumant tout le quartier.
Enfin, je dis seul…
Avec la garde non seulement de la table mais celle de P’tite Sœur et de deux sacs à mains. L’enfer vous dis-je.
Elles sont enfin revenues, sentant le graillon. JJF avait eu une « perm’ » de deux heures pour venir voir sa fille, elle était heureuse d’être venue en « moto-taxi ».
J’ai vu l’engin, un vrai plumard, ne manquait que la couette…
Le casque blanc va très bien à JJF. J’ai un instant imaginé JJF arrivant chez son grand couturier, échevelée et sentant la merguez cramée.
Assez soudainement les choses se sont animées. Le stand de la FCPE s’est peuplé, j’y suis allé voir ce qu’on y proposait. Bon, comme d’habitude, on y parlait de lendemains qui chantent. La sono, d’une qualité entre déplorable et immonde s’est mise à hurler « On demande la petite Sahira à l’accueil du centre de loisirs ! »
Je me suis retourné vers le podium situé à deux pas du stand de la FCPE.
Une dame qui n’avait vraiment pas l’air d’avoir inventé le fil à couper l’eau chaude a repris le micro et a hurlé de nouveau « On demande la petite Sahira ! » quelques instants ont passé puis elle a repris « On demande... » Bref silence puis « Ah… » et enfin «  Sahira, Sahiraaa ! Sahiraaa !!! »
Je me suis approché du podium et ai fait signe à la dame.
- Elle n’arrive toujours pas ?
- Ben non…
- Je la connais, je crois que son vrai nom, c’est « Carmagnole »
- Ah bon, merci.
Elle a repris son micro et, alors qu’elle le levait, le préposé aux manettes a tout foutu par terre en lui disant « Mais non ! Ah ça ira, ça ira ça ira, c’est une chanson, la Carmagnole… »
L’autre m’a fusillé du regard, vieille triste, va ! Alors je suis parti retrouver mon paquet de nanas.
Finalement, les merguez étaient bien cramées.
Tout aurait pu se passer parfaitement si Merveille n’avait tenu à m’entraîner au milieu des autres parents et des gosses pour danser avec elle sur « papaoutai ».
Elle m’a agoni de reproche « mais non papy, c’est comme ça ! » ondulait elle comme un serpent. « Non mais, Merveille ! Tu me prends pour David Guetta ? »
Bref, on s’est chamaillé comme des gamins. Après avoir marché encore des kilomètres, découragés par le temps d’attente du bus, nous sommes arrivés à la maison.
Être grand-père est un boulot épuisant…

mardi, 24 juin 2014

« Et merde ! » est un bon exemple de chorée du sud...

Vous souvenez vous, lectrices chéries, de « Marche à l’ombre » ?
De ce film me sont restées quelques phrases.
Je conviens, surtout à l’attention de celles qui tournent le nez en comparant le cinéma de Michel Blanc à celui d’Eisenstein, ce n’était pas le film du siècle.
Mais bon, on ne peut pas passer toutes ses soirées à regarder « Cuirassé Potemkine » non plus, hein ?
Mais pourquoi diable nous parle-t-il de « Marche à l’ombre » ce matin ? Vous demandez-vous, lectrices chéries.
Eh bien à cause d’une réplique qui convenait parfaitement à votre serviteur hier soir.
Quand Michel Blanc, suite à la fumette d’un pétard gros comme un « litre étoilé » ne se sent plus très bien et que Mimi Felixine va chercher Gérard Lanvin et lui décrit la scène d’un court mais explicite « Eh ! Ton pote, il est plus étanche ! » 
Après le repas un peu trop copieux du dimanche soir, celui d’hier soir, absorbé avec l’appétit d’un Somalien, eut sur moi l’effet du pétard sur Michel Blanc.
Comme lui, j’aurais pu dire « J’ai les dents qui poussent » et j’avais assez nettement besoin de « sirop contre les renards ».
Mais il y a matière à consolation dans les situations les plus désespérées.
Bien sûr, j’ai été trop occupé à gérer des évasions diverses pour regarder et surtout entendre avec toute l’attention nécessaire  « la dernière » de Guy Bedos.
Cela dit j’en ai tiré l’avantage d’avoir récupéré en une soirée un poids dévasté par l’abus des dîners chez l’Ours.
Quand je vous dis qu’à quelque chose malheur est bon…

 

lundi, 23 juin 2014

Je l’ai eu, l’appeau lys a marché…

Hier, alors que j’attends habituellement qu’Heure-Bleue soit prête pour aller faire quelques courses, ce qui nous amène au début de l’après-midi, je suis sorti en fin de matinée.
Seul.
La lumière de mes jours regardait, désenchantée, le bouquet de lys qui pourrissait lentement depuis neuf jours dans son vase.
J’avais déjà appelé le fleuriste qui m’avait assuré qu’il nous changerait le bouquet. Nous étions allés le voir et il nous avait alors dit « pfiouu… Mais ils vont s’ouvrir ! Si dans cinq jours y sont pas ouverts, pas de souci ! »
Dimanche matin donc, d’humeur guillerette car le soleil me fait cet effet et me rend primesautier –Heure-Bleue dit « plutôt emmerdeur »-  j’ai pris le bouquet et ai traversé la passerelle.
Arrivé sur l’avenue, j’ai vu le fleuriste arroser les fleurs et les plantes sur le trottoir en sifflotant. L’air de rien j’ai lancé, le bouquet derrière le dos :
- Aaaahhh ! Bonjour monsieur, ça a l’air d’aller ce matin, la forme ?
- Ah oui, il fait beau ! Et vous ?
- Ça va…
J’ai tendu les lys au fleuriste en disant :
- Mieux que les fleurs…
- Ah ça alors !
A-t-il dit, l’air faussement surpris mais toujours souriant.
Je lui ai souri, de ce petit sourire moqueur et agaçant qui donne à Heure-Bleue envie de me jeter toute la vaisselle à la figure.
Son sourire a jauni mais il m’a assuré, contemplant les lys, toujours fermés mais déjà pourrissants :
- C’est la première fois que ça arrive…
- Oh je suis sûr que non…
- Mais si, si ! Je vous assure !
- Non, non. Je crois plutôt que c’est la première fois qu’on vient vous les rapporter…
Il m’a laissé choisir un autre bouquet de lys.
C’est la première fois qu’un fleuriste m’offre des fleurs, lectrices chéries.
Et ces lys sont bien partis pour finir à la poubelle.
J’arrêterai là car 50% de remise me semblent acceptables pour des fleurs dont au moins une sent bon…
Mais ses pratiques viennent de lui faire perdre une cliente toujours friande de fleurs coupées.
Il ya des économies, comme ça, qui vous coûtent cent fois leur montant…

dimanche, 22 juin 2014

Une femme parmi nous. Et réciproquement…

Je suis scandalisé –oui, je sais, encore…- par une lectrice chérie qui prétend que je ne suis pas coquinet, ce qui est assez niais mais pas extraordinairement grave.
Oui Lili ! C’est de toi que je parle !
Tu vas jusqu’à prétendre, sans autre information que celle que je donne parcimonieusement ou qu’Heure-Bleue donne avec réticence, que je serais « un fieffé coquin » !
Alors qu’en réalité, si je suis un admirateur inconditionnel des femmes, comme en témoigne mon goût pour ce tableau qui lie si bien deux péchés indispensables : La Paresse et la Luxure et que j'insère à l'attention de Ckan qui semblait ne pas savoir de quoi il s'agit.

Le Sommeil.jpg
cliquer pour mieux voir


Si donc je suis comme ça, ce n’est dû qu’à l'enthousiasme qui saisit normalement un élève qui fut passionné dès la première leçon.
Si assez tôt je fus un élève assidu des études de psychophysiologie, est-ce ma faute ?
Non ! Bien sûr les sujets d’études étaient particulièrement passionnants, attachants, intrigants.
Voyons, lectrices chéries, connaissez vous une discipline, un enseignement où les cours sont à la fois les cours et la récré ? Hmmm ?
Et puis, après tout, être prêt à tout pour faire des progrès dans un domaine est plutôt une qualité, non ?
Hier soir, justement, une des premières leçons m’est revenue à temps.
Elle me fut pourtant enseignée il y a longtemps. Très longtemps. Et durement. Très durement…
Hier soir donc, une Heure-Bleue en veine de « test à choix unique », bien plus délicat à manier que le QCM qui pourrit la connaissance et transforme une discipline en loterie, a soudain au détour d’une remarque demandé d’un ton doux que je ne lui connaissais pas et qui a illico attiré mon attention « C’est vrai ça ? Dis moi, mon chéri… »
La question s’était insidieusement introduite dans mon esprit perpétuellement embrumé jusqu’à ce que je m’aperçusse que ce n’était pas la question elle-même qui était le piège mais sa formulation.
Ce « Dis moi, mon chéri » m’a estourbi au point que j’ai regardé la lumière de mes jours, estomaqué.
- Mon chériiii ? !!! Tu déjantes !
- Ah quand même…
J’ai regardé la lumière de mes jours comme un enfant regarde son assiette la première fois qu’on y met des épinards. Avec méfiance et inquiétude.
- Jamais tu ne m’as appelé « mon chéri » ! Tu es malade ? Jamais, en plus de quatre décennies, tu ne m’as appelé autrement que « Minou », rarement « M’amour ».
- J’ai eu peur un moment. Je me demandais si tu ferais attention !
- Allons ma Mine, tu vois, je ne dis pas « mon amour », tu crois que j’allais tomber dans le piège ? Pfff…
Après des années d’enseignement, de leçons durement apprises, essayer de m’avoir de cette façon… Non, vraiment… « Mon chéri » je vous demande un peu.
Comme s’il y avait eu quelqu’un pour m’appeler « mon chéri » pendant des décennies…

samedi, 21 juin 2014

Ouragan de toilettes...

Nous sommes allés voir Paris 1900 au Petit Palais.
Si j’avais un tempérament à ça, j’aurais regretté d’avoir réussi à convaincre Heure-Bleue que c’était bien mieux d’aller là plutôt qu’aller voir Watteau et Fragonard à Jacquemart-André.
Bon, ces deux là son « bien mignons » avec leurs bergères façon « Marie-Antoinette un peu leste » mais ils ne m’ont jamais inspiré.
Pour en revenir à l’exposition Paris 1900, il est heureux que quelques œuvres des collections permanentes conservent mon admiration à travers les années sinon j’aurais eu l’impression de perdre mon temps.
Cette exposition donne l’impression de visiter une cave où on aurait entassé ce qui avait vaguement trait à l’Exposition Universelle de Paris en 1900.
Il y avait de tout.
Beaucoup de toilettes, d'affiches et de tableaux de dames en atours de l'époque.
Trop de toilettes.
Bref, une compilation où on voit des affiches rééditées mille fois, des robes vues récemment à Carnavalet, des peignes et agrafes de superbes facture mais que j’ai vues au musée des Art Déco il y a trois ou quatre semaines.
S’il n’y avait eu l’esquisse de plâtre de Rodin où Amour semble bien décidé à réveiller Psyché, je me serais ennuyé…
Ah si ! Il y a ce fameux « fauteuil de volupté » censé maintenir chez Édouard VII cet élan que notre Sénat passait en frais sous un code particulier.

fauteuil de volupté.jpg


J’ai regardé la chose avec intérêt. J’étais parmi des dames. Que des dames.
Heure-Bleue a dit « C’est un fauteuil de gynéco ! »
Oui ont renchéri les autres dames.
Toutes ont vérifié que les accessoires étaient mobiles. Moi aussi.
Je suis resté songeur quelques instants et ai dit « Vous ne pensez pas à toutes les délices qu’on en peut retirer… »
Une dame a dit alors « Mais c’est qu’il est coquinet le monsieur ! Coquinet… »
Je l’ai regardée. La dame avait une poitrine plutôt ample.
Sans doute ce qui lui donnait la voix lactée…
Ouais, bon, je sais, lectrices chéries...
C’est bien la première fois, depuis que ma grand’ mère est morte, qu’on dit de moi que je suis « coquinet ».
Ça m’a rajeuni…
Nous sommes alors sortis prendre un café dans le patio et revenus par la grandes salle.
Comme chaque fois j’ai été ébloui par l’aptitude de Courbet à peindre le côté tentant, que dis-je, irrésistible, de la chair.
« Le sommeil » me semble toujours être depuis la première fois que je le vis, , il y a bien cinquante ans, l’ode parfaite à la beauté féminine …
Bon, d’accord, la plus claire des deux me semble plus parfaite encore mais l’autre est bien aussi…