samedi, 09 août 2014
Les obsédés de l’alcool me saoulent, ceux du tabac m’enfument…
Ces jours-ci, lectrices chéries, mon « livre de filles » me bouche les yeux.
Mais pas les oreilles.
Ça me contraint hélas à entendre, où que je tourne le cadran de ma radio, des choses que je prenais seulement pour des inepties alors que ce sont des inepties dangereuses.
Avant-hier soir, j’écoutais l’émission censée traiter des addictions.
Comme toujours, personne ne s’est demandé ce qui pouvait pousser les plus faibles à fumer ou picoler par millions. L’idée qu’on vit dans une société de compétition forcenée qui n’était pas bonne pour tout le monde ne leur est pas venue.
Hormis les assauts habituels de mauvaise foi et la détestable coutume qui veut que la meilleure façon d’avoir raison reste d’empêcher le contradicteur de parler, je me suis aperçu que le côté laïc de notre beau pays s’effrite qui voit naître et grandir de nouvelles religions.
On m’objectera que ce ne sont pas des religions car elle n’ont pas de divinité clairement évoquée.
Seulement, à les écouter, j’en tire l’impression inquiétante que nous sommes tous des pécheurs et que nos fautes sont si graves qu’elles ne relèvent d’aucune forme d’absolution.
Avant-hier donc, nous picolions et nous clopions et c’était pas bien du tout.
Quelque temps plus tôt, nous conduisions et chômions et c’était pas bien du tout.
Il y a quelques semaines, une folle avait prêché pour que la consommation d’alcool n’excédât point un ( tout petit) verre de (très léger) vin par semaine voire par mois.
Hier matin, histoire de nous pourrir le déjeuner, on nous reprocha de n’être pas « vegan ».
Quand je pense à tout le mal qu’on dit des salafistes, opposés à l’idée même de démocratie alors qu’ils ont au moins le mérite d’emmerder des étrangers et pas nous.
Le problème est qu’il y a peu entre ces fondus du bon dieu et ceux que j’entends ici qui sont du même genre, mais sans mosquée.
Ils ont en commun que l’idée de choisir notre mode de vie leur est insupportable.
Bon, ils essaient seulement de nous expliquer qu’ils sont seulement les porte-paroles d’une église sans dieu appelée « Bonne Santé » et qu’on devrait obéir, si possible au doigt et à l’œil, à leurs injonctions.
Hélas, j’apprends aujourd’hui que cette église souffre depuis son avènement d’un schisme.
On dirait bien que la lutte est sévère entre « Bonne Santé » et certaines chapelles écologistes dont une branche particulièrement rigoriste s’attache à nous pourrir la vie encore plus efficacement que « Bonne Santé ».
Non seulement, vous pouvez jeter votre steack, votre omelette ou votre sole à la poubelle mais vous pouvez aussi abandonner l’idée de sucrer votre café du matin avec une cuillerée de miel.
Laissez tomber, lectrices chérie, l’idée de vos ballerines ou mocassins en cuir fin. Va falloir songer à enterrer des bœufs morts de vieillesse et à tailler vos godasses dans de vieux pneus.
On dirait bien que l’idée même qu’on puisse prendre plaisir à quoi que ce soit est intolérable à ces Torquemada de la santé.
Il y a ceux qui veulent nous réduire en esclavage parce que le travail c’est bon pour la santé.
Il y a ceux qui veulent nous mettre à l’eau parce que l’alcool c’est pas bon pour la santé. Surtout s’il est bon.
Il y a ceux qui veulent nous mettre au sport parce que glander donne de mauvaises pensées et laisse le temps de réfléchir.
Il y a ceux qui veulent nous mettre au régime salade-carotte parce que si c’est bon et varié, c’est pas bien.
Bref, je me sens assiégé par une armée de censeurs qui veulent me faire vivre une vie de pénitence sans même avoir goûté aux joies du péché.
Il y a des jours où je proposerais bien d’étendre le Concordat de 1905 à toutes ces associations fascisantes.
J’aimerais tant qu’on se préoccupe de mon bien-être plutôt que ma santé…
J’allais oublier la conclusion de ce superbe billet :
Je ne fume pas mais je les emmerde et ce soir je me sers un single malt !
10:31 | Commentaires (10)
vendredi, 08 août 2014
Je ne vous dirai même pas le titre…
Ces temps-ci, lectrices chéries, je lis « un livre de filles ». Un truc genre Bridget Jones mais en plus gentil.
Ouaip ! C’est normal, c’est écrit par une Américaine. Les Anglais ont ce petit quelque chose de féroce qui fait que j’aime bien, même si ça aide à comprendre la réaction des Irlandais et des Ecossais.
Heure-Bleue va jusqu’à prétendre que c’est même « cucul-la-praline » ce bouquin.
Je ne peux pas encore lui donner tort ou raison. Je n’en suis qu’à la page 150 et même si je sais déjà comment ça va finir depuis la page 46, ça n’avance que très lentement.
Je dirais même « laborieusement ».
Cela dit, ça me change agréablement des romans « efficaces » tels ceux pondus par machin et truc, nos duettistes de la bluette façon « cours d’écriture ». Ces trucs –j’allais écrire « livres »- où on sait aussi assez tôt comment ça va finir sauf que c’est déjà à la page 13 et où en plus c’est fatigant à lire parce qu’on ne peut les lâcher que quand on arrive à la fin et que là on s’aperçoit qu’on a perdu deux et parfois trois heures à lire une m…
Au moins là, je sais que je lis une m… mais sciemment et elle ne malmène pas mon petit palpitant. Limite elle se lit toute seule, je dirais « au fil de l’eau ».
C’est reposant. Et comme je suis fainéant, ça me va bien.
Bon, c’est un bouquin gentil, elle va craquer pour le mec de la page 46 mais elle a des tas de choses à faire.
Je parie qu’elle va repleurer avant la page 200.
Et puis, c’est une Américaine qui ne parle pas tout le temps de fric et ne court pas après.
Bon, c’est sans doute parce qu’elle n’en manque pas.
Que voulez-vous, chacun se bat pour ce qui lui manque.
Comme lança Surcouf à un Anglais qui lui reprochait de se battre pour de l’argent alors que lui se battait pour l’honneur…
11:55 | Commentaires (12)
jeudi, 07 août 2014
En haut de la rue Saint Vincent…
France Inter me fait parfois l’effet que je fais à Mab…
Ma radio préférée me colle dans la tête une chanson que je fredonnerai toute la journée.
Enfin… Quand je dis toute la journée…
En réalité jusqu’à ce que, dans la salle de bains, j’élève la voix en me rasant et qu’Heure-Bleue me hurle depuis la salle de séjour « Minouuuu !!!! Tu me saoules !!! »
Et aujourd’hui je pressens quelque chose comme ça.
Peu avant neuf heures, alors que la lumière de mes jours finit son petit déjeuner, ma radio me susurre « La complainte de la butte ».
Évidemment, que fait votre Goût adoré, lectrices chéries ?
Eh bien, il tente et réussit une reprise « en canon » de la chanson qu’il connaît par cœur.
Tout aussi évidemment, Heure-Bleue qui, le matin, déteste tous les bruits sauf celui qu’elle fait, peste
- Minou…
J’arrête de chanter, la radio continue, et Heure-Bleue persiste :
- Pfff… Carrément les chansons de tes grands-parents maintenant… Tu ne t’arranges pas…
- C’est la radio, eh nunuche !
- Ah booon ???
Lance-t-elle innocemment.
Tandis que la complainte me trotte dans la tête, je vais m'asseoir au bord du lit et nous nous demandons quel âge a Patachou.
Nous savons que Cora Vaucaire a dévissé il y a un moment…
Ça m’a rappelé que j’ai entendu cette chanson pour la première fois en Bourgogne, une des deux seules fois où la fille de ma tante Olga m’a emmené au cinéma là-bas.
C’est quand j’ai vu French Cancan au cinéma des Laumes en 1955, quand « Les Laumes » ne s’appelait pas encore « Les Laumes-Alésia », un temps où Alésia s’appelait encore Alise Sainte Reine.
Bref, avant que je ne vous embarque dans un voyage dans la Bourgogne des années cinquante, je vous dis l’essentiel : J’ai « La complainte de la butte » dans la tête pour toute la journée.
Mab est vengée…
09:53 | Commentaires (15)
mercredi, 06 août 2014
Mallarmé pour la journée.
Je ne vous avais pas dit, lectrices chéries, que la dernière fois que je suis allé à une brocante dans mon coin, avec Heure-Bleue et les enfants, j’avais acheté un vieux bouquin pour cinquante cents ?
Non ?
Eh bien si ! J’avais acheté ce livre de poche, vieux de près de vingt ans et écrit par un type mort il y a plus de cent ans parce qu’il correspond tout à fait à ce que j’aime parfois : Un livre qu’on peut prendre sur un mouvement d’humeur, en lire trois pages ou dix lignes et le reposer jusqu’au prochain moment où le besoin s’en fera sentir.
Ce livre de poche est posé sur l’enceinte acoustique qui trône à côté de la table de mon PC.
Cette table est toujours en b…azar, encombrée qu’elle est de ma montre que je ne mets pas souvent, de mon téléphone que j’oublie tout le temps, d’un petit pot de tôle peinte en rose, laid comme une phrase de Nadine Morano et dans lequel je mets mes stylos, gomme et autres agrafes.
Revenons à ce bouquin.
Je ne le lis pas continûment, je ne l’emmène pas non plus là où le Roi va tout seul, contrairement au roman que je suis en train de lire.
Non, rien de tout ça. Je l’ouvre quand je bois mon café, assis devant un écran que je ne lis pas, à côté de la fenêtre ouverte. Dans le calme d’un matin à peine troublé par le passage d’un train où les pépiements des piafs bien heureux de constater qu’il fait jour.
Heure-Bleue dort encore, son petit déjeuner est prêt. J’ai même l’impression que la paix règne sur le monde, c’est dire.
Il est vrai que le sommeil de la lumière de mes jours atténue grandement le tumulte du monde…
Et ce matin, donc, comme un matin tous les deux ou trois matins, j’ouvre ce bouquin, dont je suis sûr qu’Heure-Bleue ne me le volera pas, et j’en lis quelques lignes.
Ces premiers mots déjà me plaisent :
De frigides rose pour vivre
Toutes la même interrompront
Avec un blanc calice prompt
Votre souffle devenu givre
A la fin de la quatrième strophe, je referme le livre. Je n’ai pas besoin de marque-page.
Je le repose sur l’enceinte acoustique et le reprendrai dans deux ou trois jours.
Je l’ouvrirai au hasard et trouverai bien quelque chose pour charmer mon matin.
J’ai toujours trouvé ça plus intéressant que les résultats du foot. En plus il ne me faut même pas bouger pour voyager. Et je peux rêver sans dormir.
Et on peut dire ce qu'on veut de lui, mais Mallarmé, c'était quand même un type qui savait regarder les femmes...
Le champion du monde du vers au sens ambigu.
Théophile Gautier était nettement plus direct.
Oui, lectrices chéries, je sais. Ne dites rien...
07:45 | Commentaires (11)
mardi, 05 août 2014
Ma meilleure plus mauvaise journée.
C’est fou comme une journée où tous les projets ont tourné de travers peut être au bout du compte réussie.
La lumière de mes jours et son mari préféré avaient décidé d’aller déjeuner au Carreau du Temple dans un café censément ouvert.
Il était évidemment fermé jusqu’au 24 août… Alors nous avons descendu la rue des Archives en direction de la Seine. La faim nous tenaillait très sérieusement quand nous avons atteint le BHV. Nous avons décidé d’y déjeuner. Mal nous en prit.
Notre cafeteria a quasiment disparu. Nous sommes donc allés à la cantine japonaise de l’étage. C’est l’été, le personnel qualifié est en vacances, le cuisinier remplaçant peu au fait de ce que mange le Japonais. Tout cela conduit à un déjeuner médiocre mais heureusement animé par un accueil charmant. On nous a gratifiés d’une charmante saynète où deux femmes particulièrement mal élevées, tenant de grands cafés et des petites saletés à grignoter, sont allées s’asseoir à une table du restaurant. La serveuse, une jeune fille fort aimable, leur ayant expliqué civilement qu’elles ne pouvaient pas consommer au restaurant des choses achetées au café voisin se vit gratifiée d’un élégant « va te faire foutre connasse ! » Le pugilat fut évité de justesse…
Après avoir acheté deux bouquins, nous sommes allés prendre un café à « l’Ébouillanté ».
Heure-Bleue eut la malencontreuse idée de prendre une « café grec »
Je ne sais pas si les Grecs aiment vraiment ça. Si oui, ça explique leur situation désastreuse. A le voir on se demande si ça n’a pas déjà été mangé.
Après l’avoir goûté j’en suis sûr…
D’ailleurs ça a dû faire le même effet à Heure-Bleue car elle l’a laissé.
Nous étions bien, au calme. Hélas, là aussi, une cliente mal lunée s’en prit à la serveuse. Une jeune Italienne adorable, dotée d’un sourire à acculer à la faillite tous les dentistes du coin, aussi bien fichue de face que de dos et de profil, avec qui nous avons conversé un moment.
Nous sommes retournés vers les Arts et Métiers prendre le bus. Heure-Bleue et moi avons convenu, mauvaises langues que nous sommes, que si la grossièreté peut être acceptable, il semblerait que la vulgarité soit innée. Ou inculquée dès la prime enfance.
Une fois rentrés, nous avons sacrifié à notre monomanie du moment, la salade.
Heure-Bleue, qui sait être gentille, très gentille –parfois très très très gentille- a sacrifié son envie de regarder « Castle » pour que je puisse regarder « Le genou de Claire ». Je n’ai pas regardé le second film, « Ma nuit chez Maud », c’eût été péché…
J’ai beau avoir vu l’un, l’autre et les autres plusieurs fois, je n’y résiste pas.
J’attends la diffusion de « L’amour l’après-midi » avec impatience.
10:14 | Commentaires (13)