vendredi, 11 mars 2016
On laisse les lits braire.
Aujourd’hui, lectrices chéries, il fait beau !
Oui, enfin !
En plus nous allons avoir une journée chargée.
« On » vient de m’enjoindre de faire le lit, et fissa !
Puis d’aller faire ma toilette, et vite fait !
Puis de faire mon thé et le boire, et en vitesse !
Oui, nous devons aller à Paris.
Près de la Bastille.
A côté de chez ma cousine, la fille de la tante folle.
Bon, toutes mes tantes étaient folles.
Pas toutes, une ne l’est pas et elle survit.
Bon, c’est la plus jeune...
Mais c’est aussi la moins sympathique, celle qui regardait tout le monde haut et que je n’ai pas vue depuis… Depuis…
Mais qu’Heure-Bleue a vue à l’enterrement de ma grand’ mère et m’a confirmé la chose.
Ma cousine aussi m’a dit qu’elle était restée comme ça.
L’air condescendant du dromadaire.
Si si, cette bestiole dont le maintien fait penser à Valéry Giscard d’Estaing recevant des éboueurs à dîner.
Bref, nous allons à Paris voir une copine de fraîche date.
Je suis sûr que ça va être chouette.
J’ai remis soigneusement mon carnet dans la poche de mon blouson, avec le stylo.
On ne sait jamais…
En plus, je vais pouvoir regarder les murs et les vitrines, toujours riches de petites réflexions qui m’amusent, me plaisent, ou non.
J’ai même déjà vu des graffiti qui montrent qu’on peut glisser une méchanceté avec talent, pas comme une giclée de vinaigre bas de gamme…
Eh oui, il y a des Voltaire et des Talleyrand qui écrivent sur les murs, à Paris.
N’empêche, vous avez vu ce soleil ?
10:33 | Commentaires (9)
jeudi, 10 mars 2016
Le malade roi...
Ce matin, j’ai ouvert un œil, frais et dispos.
Bon, j’ai ouvert les deux, même s’il y en a un que ça sert à rien que je l’ouvre.
En réalité j’ai été réveillé par deux choses.
D’une part, huit heures s’étaient écoulées depuis mon endormissement.
D’autre part, la lumière de mes jours, quand elle est éteinte, voit son sommeil plus bruyant quand le jour se lève.
Non qu’elle se mette à ronfler, non, c’est seulement que ça y ressemble quand même.
Alors je pose une main sur elle et elle prend une respiration calme et silencieuse.
Peut-être rêve-t-elle à quelque chose de peu agréable et me sentir la calme ou la rassure.
Pas dingue quand même, il m’arrive de penser que je suis peut-être un mec si ennuyeux qu’elle se remet à dormir profondément dès que je la touche…
Ce matin, j’ai posé la main sur son épaule découverte.
Elle a la peau fraîche, du moins celle de l’épaule droite.
Quand c’est sur sa hanche ou sa taille que je pose la main, ça me réchauffe.
La main…
J’ai pensé que j’avais oublié d’appeler ma grande sœur hier pour lui souhaiter son anniversaire et j’ai chuchoté « oh merde ! »
Dans la lumière du jour déjà levé mais collé au drap par la flemme, j’ai pensé d’un coup à Berthoise.
Elle n’occupe pas habituellement mes pensées surtout quand je suis au lit mais je ne sais ce qui m’a remis en mémoire un après-midi passé avec elle.
Je m’en souvenais comme d’un moment épuisant à essayer d’avoir l’air intelligent, l’air de comprendre, tout ça.
Il était question de chamailleries qui étaient, si je me souviens bien, « le ciment de notre couple », Heure-Bleue et moi.
Alors je me suis levé, ai allumé la radio, préparé le petit-déjeuner.
Comme d’habitude.
Et c’est à son craquement que je me suis fait la réflexion que si notre couple était cimenté, mon genou droit était entartré…
10:38 | Commentaires (12)
mercredi, 09 mars 2016
Aujourd'hui, pas de cas rosse.
ImaginerJ’ai lu hier chez Imaginer, quelque chose qui m’a interpellé.
Elle me dit
« Marcher vite n'empêche pas d'admirer la ville, les façades, les vitrines. Je t'assure que marcher vite (voire courir) n'empêche pas de profiter de l'environnement;-) »
Eh bien, Imaginer, je suis sûr que tu n’aurais pas vu toutes ces petites choses qui font que Paris est une ville à nulle autre pareille.
Et c’est une occupation prenante que l’arpenter.
Oui, je ne fais pas que cramer des spaghetti, je fais d’autres bêtises et je regarde autour de moi.
Non, Imaginer, Paris n’est pas une ville qu’on traverse au pas de charge, c’est une ville où l’on flâne.
Ça permet, Journée internationale de la Femme oblige, de remarquer des choses intéressantes, comme ça :
De repérer des choses poétiques comme ça :
Des choses attendrissantes comme celle-ci.
Ou celle-là:
Et même des choses drôles comme celle-là.
09:19 | Commentaires (12)
mardi, 08 mars 2016
Pâtes brisées…
Eh bien non, lectrices chéries ! Ce n’est pas un dessous-de-plat surréaliste et fait maison avec un fil de fer de récupération.
Ce sont des spaghetti.
Plus précisément ce furent des spaghetti.
Spaghetti que j’ai oubliés dans la casserole.
Casserole que j’ai oubliée sur la plaque.
Plaque de vitrocéramique que j’ai oublié d’éteindre en partant…
Pas longtemps pourtant, un petit moment.
Il n’était pas huit heures du soir quand j’ai enfilé mon coupe-vent pour aller fêter l’anniversaire de Merveille chez JJF et l’Ours.
Bon, il était minuit bien passé quand nous sommes revenus à la maison.
Et ça sentait très fort et très mauvais.
Heure-Bleue ne m’a même pas disputé en arrivant.
Elle a juste fait « pfff… », tordu le nez, levé les yeux au ciel et ouvert la fenêtre.
Elle n’a même pas pris un air étonné.
Il eût pourtant été de circonstance…
Je me suis précipité pour éteindre la plaque et porter la casserole sur le balcon.
Je me suis dit aussi que l’obligation légale d’avoir un détecteur de fumée s’était montrée d’une inefficacité remarquable quant à l’aptitude à ameuter les voisins…
Et pourtant à chaque tentative de faire un steak sur le grill ce bidule couine à tue-tête.
Après avoir tenté vainement de rendre son aspect immaculé à la casserole en y faisant bouillir de l’eau de Javel, j’ai dû me résoudre à la jeter à la poubelle.
Un casserole d’à peine treize ans…
Bon, vous voyez les « spaghetti » ?
Eh bien l’intérieur de la casserole était comme ça.
L’assiette posée sur la casserole pour éviter que l’eau ne s’évaporât trop vite était aussi comme ça.
La lumière de mes jours pense que je ne réussirai pas à récupérer l’assiette.
J’ai pourtant presque réussi.
Encore deux ou trois séances et ce sera fait.
Quand j’ai connu Heure-Bleue, ce n’était pas l’enthousiasme de Vénus voyant débarquer Mars qui l’a précipitée dans mes bras il y aura … bref un bon moment…
Vous imaginez bien, lectrices chéries, que ce ne fut donc pas une entreprise si aisée que la convaincre qu’après tout, j’étais une super affaire.
Alors vous pensez bien que ce n’est pas le dessous d’une assiette qui va me décourager…
06:40 | Commentaires (14)
dimanche, 06 mars 2016
Call of duty...
Ah non Lakevio !
Tu ne m’as pas fait ça !
Ça, c’est vache !
J’en ai encore mal au mollet droit.
Mais si, tu sais bien, quand on vient de la rue Steinkerque et qu’on remonte le jardin du Sacré-Cœur par l’allée sinueuse qui longe la rue Ronsard.
Je suis sûr que tu connais cette allée.
Eh bien regarde le, ce gosse, Lakevio.
Il a quoi ? Dix ans ? Onze ans peut-être ?
Je suis comme toi, Lakevio, je le vois, il a encore sa culotte courte de velours côtelé.
Une de ces culottes marron foncé qu’il cessera bientôt de traîner.
Et encore, aujourd’hui c’est le printemps alors ça va.
Il semble content d’avancer le long de l’allée qu’il remonte d’un pas lent.
Non qu’il traîne la patte, non, simplement il regarde attentivement dans les buissons tout le long de l’allée.
Il donne un coup de pied dans le journal qui vient de glisser du banc devant lequel il passe, poussé par un petit coup de vent.
Oui, il fait ça le gamin, le bras droit allongé par un cartable lourd d’un énorme Gaffiot.
C’est le cartable du mercredi, le jour de la correction de la version rendue le lundi.
Tu le vois ce gosse, Lakevio ?
Je suis sûr que tu le vois, il regarde dans les arbustes s’il peut voir les oiseaux.
Il les entend mais ils sont invisibles.
Et ce cartable, bon sang ce cartable qui, à chaque pas, lui bat le mollet…
Quand il arrive presqu’en haut de cette allée qui longe la rue Ronsard, il s’arrête un moment. Il s’assied sur la première marche de l'escalier qui mène à la rue et pose son cartable entre ses jambes. Le fermoir d’une des poches du devant lui griffe la jambe, il pousse un peu le cartable mais ne bouge pas.
Le gosse se demande seulement s’il va sortir là du jardin ou continuer jusqu’en haut, jusqu’aux escaliers de la rue Utrillo et la sortie de la rue Muller.
Oui, il ira jusque là car sortir la où il est l’amènerait à prendre la rue Del Sarte jusqu’à la rue de Clignancourt et il n’aime pas.
Or la rue Del Sarte pue le pipi.
D’aussi loin qu’il se souvienne, même plus petit quand sa grande sœur l’emmenait au Sacré-Cœur, la rue Del Sarte sentait le pipi et il n’aimait pas ça.
En plus elle était laide comme tout, les immeubles étaient noirs, comme tous les autres du quartier mais en plus ils avaient quelque chose de triste.
Tous. Absolument tous !
Tandis que la rue Muller, elle, lui semblait bien mieux.
Alors le gamin s’est relevé, a passé une main, pleine de taches d’encre de stylo qui fuit, dans ses cheveux pleins d’épis et est reparti dans l’allée, vers la rue Utrillo et la rue Muller.
Il la prendrait jusqu’à la rue Ramey.
Il aimait bien la rue Ramey, surtout ce petit carrefour ou un panneau magique scintillait au moindre souffle de vent.
Il s’est toujours demandé comment ça marchait mais il trouvait ça très beau, surtout avec le soleil de printemps.
Alors, heureux, il oublia le battement du cartable contre sa jambe et se dépêcha d’atteindre la rue Ramey.
Il savait bien, lui, pourquoi on venait du monde entier pour voir Montmartre…
10:17 | Commentaires (13)