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lundi, 13 juin 2016

Pour solde de tout conte...

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Déjà petite elle savait qu’elle allait se marier avec un prince.
Un vrai, un comme ceux des contes de fée.
Un qui serait beau, avec une peau mate comme celle de ce garçon à deux rangs d’elle dans sa classe.
Elle en était sûre.
Malgré un premier réflexe de dégoût qu’elle avait rapidement surmonté, elle avait embrassé une grenouille pendant ses premières vacances « de grande », en colo.
Les échecs, pour répétés qu’ils fussent, n’avaient pas entamé son moral ni annihilé ses espoirs de finir enfin dans les bras d’un prince.
Puis elle avait grandi, quitté l’école pour l’université et avait trouvé sa voie dans la zoologie.
Elle avait assez de connaissances maintenant pour savoir qu’il était peu probable qu’une bestiole quelconque se transformât en prince avec un bisou.
Néanmoins, un soir, quand le dernier assistant du laboratoire avait claqué la porte elle s’était surprise à ouvrir l’aquarium de la rainette, la prendre et déposer un léger baiser sur ses lèvres.
Rien…
Elle soupira, prit sa veste, donna un tour de clef et quitta la fac des Sciences.
Elle remonta la rue Linné jusqu’à la rue Lacépède où elle habitait en se disant qu’elle avait embrassé trop de grenouilles dans sa vie et qu’à trente ans il était temps de passer à autre chose.
Sur le chemin elle acheta une tranche de jambon, une tartelette aux pommes et une canette de Coca Zéro.
Elle retourna sur ses pas et acheta une petite boîte de miettes de thon pour le chat puis arriva chez elle.
Elle était seule.
Depuis toujours, seulement un peu plus depuis la mort brutale de ses parents.
Elle était restée là, dans l’appartement où elle avait grandi et où elle comptait bien un jour amener un prince.
Celui ci surgirait de façon inattendue, quand elle aurait perdu espoir, ce qui ne saurait tarder vu que la rainette du labo trépasserait dès demain matin. 
Elle dîna tristement avec Bidule, le chat.
Lui avait rapidement avalé le contenu de la petite boîte et essayait maintenant de lui voler un morceau de jambon.
Elle le lui céda avec un sourire et aussitôt qu’il l’eut avalé il vint s’installer sur les genoux de sa maîtresse.
Elle se leva, débarrassa la table, fit la vaisselle et, après un passage par la salle de bains, partit se coucher.
Une atmosphère étrange s’abattit soudain sur le quartier.
Ce n’était pas le silence d’un soir normal de Jardin des Plantes.
Une lumière bizarre tombait de nuages et éclairait son lit d’une couleur inhabituelle.
Allongée elle lisait quand la lumière varia brusquement et prit une teinte orangée qui l’inquiéta.
Bidule sauta sur le lit et chercha un abri sur sa poitrine.
Elle le prit dans ses bras et l’embrassa doucement sur le museau.
L’éclair qui traversa à grand fracas la fenêtre brisa une vitre et elle se sentit soudain écrasée par le poids d’un corps.
La lumière revint, normale et éclaira une scène qu’elle n’aurait jamais imaginée, même dans ses rêves « prinçomaniaques » les plus agités.
Elle était allongée sur son lit, la chemise de nuit en désordre.
Un homme, aussi beau qu’elle l’avait rêvé, était couché contre son flanc, nu comme sa mère l’avait fait.
Il la regardait avec des yeux pleins d’amour.
Elle le regarda avec des yeux pleins d’attente.
Puis elle ferma les yeux et attendit.
Il osa poser ses lèvres sur les siennes.
Ce fut le début du baiser le plus sensuel qu’elle ait jamais connu.
Son ventre fut parcouru de frissons, ces frissons d’attente qu’elle désespérait de connaître.
Même ses seins se comportèrent bizarrement.
Elle se colla contre lui et entrouvrit les lèvres.
Le moment fut parfait.
Un peu plus de deux mois plus tard, elle donna naissance chez elle à quatre chatons et, assez bizarrement, à deux rainettes vertes.
Elle ne pensa même pas à cacher les uns ni les autres…
De toute façon, qui penserait qu’elle était leur mère ?
Elle regarda le prince Bidule, sourit rêveusement à la pensée qui la traversa et l’idée de commencer une autre portée immédiatement la tenta, quoi qui puisse naître…

Bon, ce n’est pas ce que j’avais eu comme idée au départ mais ça s’est écrit tout seul, alors…

 

samedi, 11 juin 2016

Traitement des os usés...

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Hier j’ai déjeuné d’un des meilleurs « döner » que j’aie jamais mangé.
Non pas le sandwich fait de cette « pita » ovalisée habituelle, non.
Il était fait du genre de celle qu’on appelle « irakit pita » en Israël.
C’est une espèce de crêpe un peu épaisse faite de la même pâte que la « pita » qui nourrit le pourtour méditerranéen de la Grèce à l’Égypte.
Hier, donc, ce döner était une merveille du genre, la crêpe en question, avant son garnissage, était rapidement frottée contre la viande qui tournait sur la broche.
La coupe de la viande n’était pas faite par un robot ni cette sorte de « tondeuse à viande » qu’on voit parfois.
Non, elle était exécutée de main de maître par l’officiant armé d’un couteau à décourager les mauvais payeurs.
Largement arrosé comme toujours à l’eau du robinet, ce déjeuner fut délicieux.
Le restaurant était un des nombreux de ce quartier plein de souvenirs.
J’ai amené Heure-Bleue prestement dans ce restaurant du tronçon de la rue des Petites Écuries situé pile poil entre la rue du Faubourg Poissonnière et la rue d’Hauteville.
Nous étions descendus du 26 au square Montholon et avions descendu la rue du Faubourg Poissonnière jusqu’à la rue des Petites Écuries.
Animées cette rue ! Moins que dans ma jeunesse mais toujours pleine de vie, remplie de gens qui travaillent dans des tas de petites entreprises et des élèves du lycée Lamartine, de l’autre côté de la rue Lafayette.
Bref, ce fut super bien. Je n’ai même pas eu le temps de rêvasser à des jours enfuis comme souvent quand je passe dans ce coin qui sert de frontière entre le IXème et le Xème.
Puis, la lumière de mes jours m’a entraîné par la rue Richer vers les passages Verdeau et Jouffroy où on a acheté deux cartes postales comme celles que ma tante Olga vendait dans son café.
Un moment, Heure-Bleue a voulu s’arrêter à la terrasse d’un café.
Comme nous étions rue du Faubourg Montmartre, bien que « La Casita » n’existât plus depuis des lustres, j’ai demandé un « diabolo-fraise ».
Poussé au crime par Heure-Bleue, je me suis laissé tenter par une glace au caramel.
Un moment, Heure-Bleue a poussé un soupir et a eu une de ces trouvailles langagières qui m’enchantent.
- Minou, j’ai mal aux jambes, là, comme si j’était fatiguée des jambes…
- On a marché, ma Mine, et il fait chaud, tu ne supportes pas la chaleur.
- Oui mais les mains aussi…
- Ah ?
- J’ai le « syndrome des jambes lourdes ».
- Mais non, c’est pas ça.
- Si, si j’ai le « syndrome des jambes lourdes » mais aux mains…
Oui, elle est comme ça la lumière de mes jours, elle a le « syndrome des mains lourdes ».
Alors on a traversé les passages du coin, toujours pleins de souvenirs, des siens, des miens, des nôtres et nous avons fait quelques courses sur le petit marché de la place de la Bourse en allant passage Vivienne où j’ai acheté le vin chez « Legrand, Filles & Fils ».
Le melon était une pure merveille mais cette fois ci on a fait attention à ne pas vider la bouteille d’un vin qui était délicieux

vendredi, 10 juin 2016

Une Europe de lestes…

Ah non !
Équipe de France dont je me fous comme de l’an 52 avant JC, laissez gagner les Roumains !
Je ne veux pas entendre, à chaque petite faute d’un joueur français, un joueur roumain crier en faisant signe à l’arbitre ce « S’iiil vouuuus plaîîît… » qui les rend si agaçants dans la rame qui m’amène à la gare Saint Lazare.
Non, qu’on m’épargne ça !
Ce n’est pas que je n’aime pas les Roumains, non.
Je trouve même que c’est, comme disent les livres de géographie des années cinquante « un petit peuple très industrieux ».
Même si je dois dire que c’est à mon insu que je leur ai donné en quelques années deux téléphones portables et une carte Visa.
Le genre de truc qu’on n’ose pas dire à haute voix sous peine de passer pour un de ces odieux xénophobes qui remplissent les troupes de Marine Le Pen.
Ce qui ne m’empêche pas de me dire in petto que la Roumanie c’est pas un pays, c’est un métier…
Heure-Bleue me rappelle d’ailleurs à l’instant ce proverbe juif qui dit « Si tu serres la main d’un juif roumain, tu as intérêt à compter tes doigts après. »
Déjà que je n’aime pas le foot, des supporters roumains se sont invités sur mon écran pour me jeter à la figure que « la France est sale ».
Et là, je ne sais pourquoi, peut-être le souvenir de ma carte  Visa envolée, allez savoir…
Eh bien lectrices chéries, là donc disais-je un étrange réflexe me pousse à mettre la main dans ma poche pour vérifier que mon portefeuille s’y trouve encore.
Ouais bon, je sais…

mercredi, 08 juin 2016

Les crocs favorisent le rot 2016…

De rien Mab, c’est pour t’aider à sécher ton rez-de-chaussée…

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Je ne sais pas combien de temps dure « l’Euro 2016 ».
Je sais seulement que c’est trop long.
Je n’aime pas le football.
Le football est un sport qui m’a pourri les matins de trop de jeudis.
J’attendais avec impatience le retour des jeudis où « on avait piscine ».
Je suis quand même un peu de mauvaise foi car au moins un de ces jeudis où « on avait stade » m’a permis de me débarrasser d’une veste entièrement choisie par ma mère exprès pour décourager n’importe quelle fille de s’accrocher à un bras recouvert de ce tissu monstrueux avec son « lamé turquoise » d’un mauvais goût très sûr…
Bref, je n’aime pas le foot.
Les infos du soir s’étaleront complaisamment sur le but marqué ou raté par tel ou tel « immense génie du sport qui redonne au football ses lettres de noblesse et rend enfin au sport sa grandeur. »
Quand j’allumerai ma radio le matin, je suis sûr que même Patrick Cohen sera obligé de causer du match de la veille.
Le fond de ma pensée ?
J’en suis sûr, « l’Euro 2016 » est une épreuve lancée par les lobbyistes des brasseurs, des fabricants de cacahuètes salées et de chips aidés par les fabricants de canapés en faux cuir.
Avez-vous pensé que cinq cents joueurs vont, sous couvert de sport, favoriser la survenue d’accidents vasculaires dans une Europe de cinq cent millions d’habitants.
Et comment ça ?
Eh bien à cause d’abus de machins trop gras et trop salés avalés machinalement par des « sportifs » avachis dans des canapés.
Tout ça sous le regard désabusé de femmes qui ont renoncé depuis longtemps à expliquer à leurs mecs que ce serait mieux pour leur santé qu’ils remuassent dans un lit plein didées avec leur femme plutôt qu’ils s’avachissent sur un canapé plein de miettes avec une bière.
Ah ! Vous n’aviez pas pensé à ça, hein, lectrices chéries ?

lundi, 06 juin 2016

« She is so crate »

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C’est ma mère qui l’avait repérée.
Elle lui semblait parfaite.
Faussement effacée, un peu obséquieuse, juste ce qu’il fallait pour lui plaire.
Je sais qu’elle était faussement effacée car elle avait le regard bien trop dur pour qu’il y ait un peu de cœur derrière son absence de seins.
C’est peut-être pour ça qu’elle avait plu à ma mère qui avait toujours détesté les gens de caractère affectueux.
Surtout les filles.
Surtout celles qui m’auraient intéressé.
Mais là, celle-ci lui avait plu. Elle l’avait même convaincue de poser et, plus difficile encore, convaincu mon père de l’immortaliser sur une toile qu’elle-même était allée acheter au BHV, plus bas dans la rue.
Sur le mur de la pièce du fond, là où je posais plutôt des affiches, elle avait accroché cette toile.
Mon père savait qu’il n’était pas un créateur mais était un bon copiste et pas mauvais « photographe ».
Il avait parfaitement su rendre le côté « pétasse » de cette blonde.
Il savait que cette fille n’avait aucune chance de me plaire mais il l’avait gardé pour lui.
Après tout, c’était à moi de me débrouiller.
Comme moi il détestait cette façon de toiser le monde qui, selon son expression,  donnait envie « de lui faire passer toutes les dents du même côté de la gueule » d’une seule gifle.
Histoire de lui faire avaler ce sourire vaguement méprisant qui semblait plaire à ma mère pourtant de tempérament susceptible.
Et puis, honnêtement, cet accoutrement de fausse petite fille était à vomir.
A la regarder de plus près, je lui aurais « fait confiance comme à un coupeur de bourse ».
Non seulement elle ne me plaisait pas mais j’étais sûr que si j’avais eu envie de savoir ce que cachait sa robe bleue, il m’aurait fallu passer un marché où j’aurais perdu ma chemise plutôt que mon caleçon…
Alors non, vraiment non.
D’abord, les blondes c’est pas mon « trip »…