Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 24 août 2017

Quasi grosso, quasi modo...

De rien, Mab...
Ces deux photos montrent les deux petites à quelques années d’écart.
Même endroit, mêmes flamants roses…
Le monde ne change pas si vite, finalement.

300165694.jpg

20170823_155947.jpg

On les a d'abord emmenées au McDo à côté du Jardin des Plantes .
- Qu’est-ce qu’il y a dans ton McDo ?
- Du poulet…
- Du poulet comment ?
- Du poulet mamie…
- Il y a du fromage avec ?
- Non mamie…
Puis :
- Tu ne manges pas mamie ?
- Je mangerai dans le train.
- Ah non ! On ne mange pas dans le train !
Elle devait avoir de vagues souvenirs d’histoires de torchons à carreaux et de casse-croûte.
- Mais non, juste une pomme.
Heure-Bleue et moi avons fini nos « p’tit wrap ».
Merveille et P’tite Sœur ont fini leur « Happy meal ».
Nous sommes sortis et avons traversé la rue Buffon pour entrer dans le Jardin des Plantes.
- Elle était drôlement gentille avec sa grand’ mère, la jeune fille.
- Qui ça ?
A demandé Merveille.
- Nos voisines au McDo.
- Ah… « Casher woman »…
A platement remarqué Merveille pendant que P’tite Sœur nous attendait impatiemment.
Merveille l’a emmenée dans ce que la petite a immédiatement appelé « ma cabane », le prunus extraordinaire dont les branches s’étendent jusqu’au sol et forment un abri entre l’allée Lacroix et l’allée Haüy.
Elle n’a accepté d’en sortir que pour aller à la ménagerie.
Les premières feuilles tombaient déjà sur l’allée Cuvier, me rappelant plein de bons moments.
C’est là que je me suis aperçu que P’tite Sœur à des sympathies étranges qui vont de la « mygale à genoux rouges » aux crocodiles.
J’ai voulu piéger Merveille avec le pluriel de « caracal » mais Heure-Bleue a tout fichu par terre en lui disant que :
- Non, ton grand-père te raconte des âneries, un caraco c’est ce que tu as sous ta robe, le pluriel de « caracal » c’est « caracals »... Pfff… Vraiment. 
- Je sais mamie, il m’a déjà eue quand j’avais huit ans avec l’émeu qui s’appelle comme ça parce que c’est émouvant…
A part ça, plutôt grâce à tout ça, ce fut une chouette journée.


lundi, 21 août 2017

Les salles s'y fient...

lakevio.jpg

De tous les noms qui encombrent ma mémoire, celui de deux amis me reviennent avec acuité.
J’ai croisé le premier chez les Frères.
Je me rappelle que c’était un lundi matin.
Je ne l’avais pas remarqué, occupé que j’étais à poser ma valise sur le porte-bagage au dessus de la rangée des sièges du car.
Il m’a donné un coup de valise en la levant.
Il était un peu plus petit que moi alors je l’ai aidé à pousser sa valise jusqu’au porte-bagage puis nous nous sommes assis.
Quand le car a démarré, il m’a dit :
- Si tu veux, bon, on va se parler…
Je l’ai regardé.
C’était un garçon, bon, c’est normal, chez les Frères il n’y avait que des garçons.
Il avait la figure pleine de petits grains de beauté et des yeux tout bleus.
Alors on a commencé à se parler.
- Comment tu t’appelles ?
- Ben… LeZ., tu sais bien…
- Non l’autre, ton autre nom.
- Loïc, et toi ?
- Patrice.
- C’est d’où, ça, Patrice ?
- Ben d’ici, de Paris, et toi t’es d’où ?
- De Bretagne. C’est beau, la Bretagne.
Je ne savais de la Bretagne que le nom écrit sur la grande carte Vidal-Lablache de la classe, alors j’ai demandé :
- Il y a des Arabes en Bretagne ?
- C’est quoi des Arabes ?
Il m’a dit comment c’est la Bretagne.
Je lui ai dit comment c’est les Arabes.
Jusqu’à V. nous avons parlé.
Un jour il m’a passé de son pipi parce que j’avais juste la bouteille de « Roja Flore » et que j’avais oublié de faire pipi dedans pour l’analyse…

J’ai croisé le second dans mon quartier.
Vous vous en foutez, je le sais…
A part mon ami Loïc, perdu de vue dès la fin du premier trimestre au lycée Michelet qui me voyait bien ailleurs que dans son dortoir, j’étais entouré dans mon quartier d’une foule de Michel, André, Roger, Jean-Pierre, Jean-Jacques.
Je n’avais évidemment pas le droit de parler à la foule des Mohammed, Mouloud et autres Rachid, des fois qu’être arabe, ça soit contagieux…
J’ai fait la connaissance de Bernard alors que je faisais les courses dans le quartier avec ma mère et que je regardais les photos du cinéma « Ornano Palace », là où j’avais vu « Les dix commandements ».
Nous avions engagé la conversation timidement sur Stewart Granger car évidemment, « l’Ornano Palace » proposait un vieux western.
Tout aussi évidemment nous ne fûmes « pas d’acc’ » parce que « Robert Vaughn, quand même, y tire mieux ! »
Un peu qu’il tirait mieux, d’ailleurs « Les sept mercenaires » le prouvaient…
Quand sa mère vint le prendre, on se donna rendez-vous pour le jeudi.
Ma mère ne dit rien mais n’agréa pas franchement jusqu’à ce que Bernard lui dise poliment « Au revoir madame ».
Quelques années plus tard, il quitta l’école pour un travail d’apprenti mécanicien à la RATP toute proche et nous restâmes amis.
C’est lui qui, un après-midi d’été de sa dernière année d’école me confia quelque chose qui me fit considérer autrement mon prénom.
Bernard R. me confia tristement un jour qu’on était assis sur un banc du square Clignancourt, ce havre de paix quasiment bourgeois :
- Pfff… T’as du pot, toi.
C’était bien la première fois qu’on me disait que j’avais du pot.
J’allais au lycée, j’avais des devoirs, j’avais perdu un œil avec une fusée et ma mère m’achetait des habits choisis rien que pour me faire honte.
- Pourquoi j’ai du pot ?
- Ben tu t’appelles pas Bernard…
- C’est chouette Bernard ! Yen a plein !
- Ben justement… Toi au moins…
- Quoi moi ?
- Toi, ton nom « y fait classe », d’abord y en a pas beaucoup…
- Ah ?
- Ben t’es le seul que je connais…
Depuis, j’aime bien mon prénom.
Un jour Bernard a été kidnappé.
Une blonde et pâle Anglaise l’a trouvé à son goût et l’a emmené chez elle.
Elle lui a fait au moins un enfant.
Je l’ai revu une fois à Paris.
Il y a longtemps maintenant mais je ne les ai jamais oubliés.

dimanche, 20 août 2017

Ça va bouillir.

DSC7987.jpg

Avant-hier,  la lumière de mes jours et moi écoutions « La marche de l’Histoire ».
Étonnamment, nous avons écouté avec attention « Zappy Max » dont nous pensions qu’il n’avait plus mal aux os depuis un moment.
Il nous a surpris par une vivacité d’esprit et un optimisme étonnant chez quelqu’un qui accuse quatre-vingt-seize printemps.
Bon, ces quatre-vingt-seize printemps se remarquent quand même à un détail qui m’a frappé :
C’est le seul homme que j’ai entendu dire de vive voix « les personnes du sexe » pour parler des femmes.
Je n’avais lu « les personnes du sexe » que dans les romans antérieurs aux années trente…
Des milliards de souvenirs nous sont alors revenus.
Ce salaud de Kurt von Straffenberg, dont le rôle était tenu par Gérard Sire, était connu sous le sobriquet de « le Tonneau » dans « Ça va bouillir » gracieusement offert par la lessive « Sunil », celle qui « ajoute l’éclat à la blancheur ».
C’est une musique qui a brusquement surgi des profondeurs de ma mémoire.
L’ouverture de Fidelio.
Une voix qui se prenait pour une voix de soprano vantait les mérites de la lessive « Tide », née en 1946, sur la mélodie de Fidelio.
Elle affirmait avec sérieux que  « Tiii-deee, Tid-eeee, Tide bout plus blanc que tout ! » et terminait sa misérable prestation en disant d’une voix étonnée « même mon mari l’a vu ! »
Heure-Bleue s’est rappelé deux succès inoubliables de Zappy Max : le « Crochet Radiophonique » et « Quitte ou double ».
Nous avons laissé tomber avant de larmoyer sur l’accent de Pierre-Jean Vaillard et l’émission « Rendez-vous à cinq heures ».
Je pense que c’est le temps nuageux d’aujourd’hui qui me rappelle les dimanches des années cinquante où je m’ennuyais ferme…

vendredi, 18 août 2017

Une bonne pâte…

spaghetti.jpg

De rien Mab
Ces temps ci, je renverse, je casse et j’ai « du beurre dans les mains » selon l’expression consacrée.
Ce midi, j’ai failli renverser la sauce piquante.
Heure-Bleue, testant mon féminisme, remarque ironiquement « tu as tes règles, Minou ? »
Patient et calme, ainsi que le recommandent tous les sites qui militent contre les violences faites aux femmes, j’attends la suite.
Je sais que sous peu, elle va sortir un de ces double-sens dont elle a le secret et qui tombent toujours au bon moment.
Après s’être extasiée une fois de plus sur ma capacité à commettre des maladresses,  la lumière de mes jours tend la main.
Elle est trop petite et son bras est donc trop court pour qu’elle puisse ramasser un spaghetti tombé sur la nappe près du plat.
Je la regarde officier.
Que dis-je, je l’admire.
Et la merveille arrive, inattendue mais espérée.
« Minou, je suis trop petite, je ne peux pas atteindre ta nouille ! »
Je regarde Heure-Bleue attentivement.
Même pas un regard intéressé.
Je sais qu’elle n’a pas un instant songé à ce à quoi j’ai pensé immédiatement, nourri que je suis à la poésie particulière qui sous-tend les chansons des Charlots.
Néanmoins, un je ne sais quoi dans mon expression la pousse à se demander ce qu’elle a bien pu dire.
Le visage de la lumière de mes jours s’éclaire.
Elle a enfin vu ce qu’on pouvait retirer de cette nouille opportunément posée par inadvertance sur la nappe.
Vous voyez que moi aussi je peux être doué en matière de double sens.
Mais c’est laborieux chez moi.
C’est si spontané chez Heure-Bleue.
C’est pour ça que j’ai décidé de lui en laisser la charge.
Je sais que mes espoirs ne seront jamais déçus.
Cela dit, il est heureux que la fenêtre fut heureusement fermée pour nous permettre d’écouter la radio sans gêner les voisins.
Imaginez un peu le regard de nos voisins, nous croisant dans le couloir, après avoir entendu :
« Minou, je suis trop petite, je ne peux pas atteindre ta nouille ! »...

mardi, 15 août 2017

« Touche pas à la femme blanche ! »

Vous savez quoi ?
Une fois de plus.
Heure-Bleue, avec qui je me crois tout permis me jette à la face alors que je passe derrière elle « Touche pas à la femme blanche ! »
C’est probablement la quatre-cent-dix-huit-mille-neuf-cent-seizième fois depuis 1974, date de sortie du film de Ferreri.
Pourquoi est-il resté dans nos échanges ?
Eh bien, d’abord Heure-Bleue est blanche.
Elle est aujourd’hui blanche mais quand le film fut tourné, elle était très blanche.
Très pâle même, avec cette… Bref, je vous ai déjà parlé de cette peau.
Le film lui-même, fut tourné près de chez nous, dans le trou énorme qui faillit engloutir Saint Eustache et allait donner naissance au Forum des Halles.
Marcello Mastroianni regardait (et pas que, d’après les suites) une Catherine Deneuve magnifiquement diaphane.
Tout était donc idéalement fait pour que j’entendisse régulièrement pendant des décennies ce fameux « Touche pas à la femme blanche ! »
Souvent même, comme aujourd’hui par exemple, l’idée affleure à peine la surface de mon esprit en voyant la lumière de mes jours en tenue légère qu’elle sait.
Elle me tourne le dos, je passe, je la caresse du regard, en douce.
Et j’entends « Touche pas à la femme blanche ! »
Je me pose deux questions.
Comment sait-elle ?
Puis, que se passerait-il si d’un coup je cessais de penser à ce à quoi je pense quand je la vois peu vêtue.
Comment prendrait-elle l’inanité de me jeter « Touche pas à la femme blanche ! » alors que justement je n’y pense pas ?
Je me le demande.
Mais bon, tant que je pense, que je passe sans un mot et que j’entends « Touche pas à la femme blanche ! » tout va bien…
Il sera temps d’y penser quand je n’y penserai plus…