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samedi, 17 octobre 2020

Silence du matin, chagrin...

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Ce silence du matin me gêne.
Et même il me dérange.
Des choses me manquent chaque jour.
On n’entend plus les enfants le matin.
Leurs pépiements un peu avant huit heures mettaient de la vie dans la rue.
Même, les hurlements des « pions » à huit heures cinq appelant les retardataires à allonger le pas me manquent.
Ça doit être grave si même les « pions » sont silencieux.
Heureusement, quelques évènements heureux se produisent sous nos yeux.
La veille, alors qu’Heure-Bleue et moi regardions par la fenêtre, attirés par le bruit, nous avons revu les deux adolescents qui nous avaient charmés il y a quelques jours.
Toujours seuls au monde malgré le flot des élèves qui s’écoulait autour d’eux, donnant l’effet d’un îlot au milieu du courant.
Ils se tenaient comme s’ils dansaient un « slow immobile », les bras de l’une autour du cou de l’autre qui la tenait, les bras autour de  la taille, et se regardaient comme un enfant regarde une vitrine de jouets.
Quand le flot des élèves se fut tari, ils baissèrent leur masque.
Heure-Bleue m’a dit « regarde s’ils sont mignons, ce sont ceux de l’autre jour… »
Roméo et Juliette se sont fait des bisous sur les lèvres.
Chacun est reparti de son côté.
Chacun a fait quelques pas, a tourné la tête, s’est arrêté, puis est retourné vers l’autre.
Re-bisous sur les lèvres.
La douleur de la séparation faisait pleurer leur cartable…
Et c’est là, qu’Heure-Bleue et moi, avec la communauté de pensée qui résulte d’une vie passée ensemble, avons dit d’une seule voix « Qu’est-ce que j’aimerais avoir leur âge… »

Hélas, la réalité nous rattrape.
Ce matin, en me réveillant j’ai dit « Aïe » car il y a toujours quelque chose d’endolori chez moi maintenant.
Je me rappelle alors qu’à leur âge, je disais au réveil « M… ! Mon devoir de latin ! », celui que je faisais parfois dans le métro.
On a toujours quelque chose d’endolori le matin.
À un âge c’est un genou, à un autre c’est le cœur…

vendredi, 16 octobre 2020

53ème devoir de Lakevio du Goût

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Dans cette toile de Matteo Massagrande, la chambre ne vous rappelle peut-être rien.
Peut-quelque chose.
Vous en direz plus lundi, j’espère.
Bon week-end, lectrices chéris.
Et lecteurs, bien sûr…

jeudi, 15 octobre 2020

C'est le premier pas qui coûte...

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Je lis ce matin que les personnels soignants de l’APHP ne sont pas contents.
Je conçois bien que des gens dont le boulot est difficile et de surcroît risqué ne soient pas contents d’être largement sous-payés en regard de la moyenne des salaires européens de cette profession.
Je poursuis donc ma lecture et apprends avec stupeur que nombre de personnels n’ont pas encore reçu la prime de 1000 € promise au mois d’avril.
Mieux – si l’on peut dire -, une bonne part des infirmières libérales qui avaient été réquisitionnées par l’hôpital public lors de la surcharge du système hospitalier ne recevront pas cette prime, le prétexte avancé étant « elles ont travaillé moins de vingt-cinq jours pendant la période ».
Tu as passé un week-end chez toi en mars ?
Tu as travaillé vingt-quatre journées de quatorze heures au lieu de vingt-cinq journées de dix heures au lieu de sept heures ?  
Paf ! plus de prime !
Je me demande comment la plupart des députés ou des sénateurs prendraient la chose si on leur versait une indemnité au prorata de leur présence à l’Assemblée Nationale ou au Sénat.
Ne parlons pas des dégâts sur leurs indemnités s’il était question de mesurer leur travail et non leur présence…
La suite de l’article me dit qu’aucun des quinze mille postes supplémentaires dont l’embauche a été promise n’a été jusqu’aujourd’hui pourvu.
Ce qui ne m’étonne pas outre mesure.
Le pouvoir de décision est une chose, le pouvoir d’exécution en est une autre…
Pour embaucher quinze mille infirmières, infirmiers ou aides-soignants, il faut qu’il y ait des candidats.
Or, l’interview récemment entendue sur ma radio de gauchistes vieux et post-soixante-huitards m’a éclairé sur le manque de candidats.
Une infirmière, punie de vacances pour cause de Covid, expliquait pourquoi elle songeait à une future carrière de fleuriste ou équivalent.
Elle disait, au bord des larmes :
« Je n’ai pas quitté l’hôpital, même à la maison où je rentrais épuisée, prenais une douche et me couchais. Pratiquement pas vu ma famille, mon mari, mes enfants. J’ai travaillé soixante-dix heures par semaine payées trente-sept. Et encore, pour toucher mon salaire – 2500 € après des années de carrière -, il m’a fallu aller le réclamer auprès d’un agent administratif tatillon qui mégotait sur chaque ligne ! »
Il n’est pas étonnant qu’après des années de promesses non tenues, une pingrerie inadmissible de gens qui ne manquent de rien et se rémunèrent grassement sur l’argent du contribuable, les candidats à un poste à l’APHP ne se précipitent pas sur des postes où ils seront applaudis aux fenêtre mais mal payés et où le maigre salaire consenti sera à négocier âprement, €uro par €uro auprès d’une administration tatillonne plus soucieuse de la rentabilité de l’hôpital que de la santé des patients et du respect de ses personnels…
Cela dit, que ce soit à Bercy, Ségur ou Matignon, Qu’ils ne perdent pas leur temps à avoir honte.
Ce n’est pas la peine, on a honte pour eux…

 

mercredi, 14 octobre 2020

Jouet pas cher... Enfin, ça dépend...

Je viens de lire le commentaire que PassionCulture a eu la gentillesse de laisser chez moi.
J’apprends qu’il n’a aucun souvenir du temps passé à l’école maternelle.
Je vois plusieurs raisons possibles à cela.
- Il est trop vieux pour se le rappeler, mais il écrit de telle façon qu’il ne peut pas être vieux.
Du moins pas si vieux que ça.
- Il n’est pas allé à l’école maternelle.
Ce qui est dommage car c’est quand même l’occasion de jouer avec des enfants qui ne sont pas de la famille et surtout pas sous l’œil inquisiteur et méfiant de sa maman…
- Il n’est pas encore à l’école maternelle.
Mais ça m’étonnerait, nous sommes assez peu à savoir lire et encore moins écrire avant d’aller à l’école maternelle.
Sauf si on est maîtresse d’école maternelle évidemment…
Il y a pire : J’apprends que ce pauvre garçon s’est fait sévèrement disputer pour avoir « joué au docteur avec la petite voisine en face ».
Alors s’il est un jeu instructif et propice à la connaissance de « ceux qui sont différents » comme on dit dans les associations humanitaires, c’est bien celui-là.
Le pauvre enfant qui n’a pas eu le droit de jouer au docteur se voit obligé bien souvent d’attendre des années pour le faire et sera terriblement surpris et se fera probablement disputer pour avoir mal joué.
Mais pas par sa maman…
D’autant que, quand on y réfléchit un peu, c’est quand même un jeu où il n’y a rien à acheter, tout est disponible sur place.
C’est le moins cher qui soit.
Enfin… Le moins cher qui soit tant qu’on est à l’école maternelle ou en primaire.
Parce que plus tard, c’est un jeu qui a vite fait d’avoir des conséquences assez dispendieuses…
Un grand merci à Centerblog pour l’image qui suit et illustre si bien mon propos...

 

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mardi, 13 octobre 2020

Consommation des sens…

Vieux Paris - Enfants garcon et fille a Montmartre en 1948.jpg

C’est un mardi comme il y en a un par semaine, calme et vaguement ennuyeux.
J’ai donc fait ce que je fais d’habitude.
Le petit déjeuner d’Heure-Bleue, puis le mien, puis…
Et enfin je vais vous lire…
Mais d’abord et avant tout, je vérifie que nos blogs fonctionnent.
Ils fonctionnent.
Je regarde le mien et je vois la photo prise par Boubat à Paris alors que je n’étais pas loin de naître.
Je la regarde de nouveau et je me rappelle soudain pourquoi elle m’a accroché la mémoire.
Pour plusieurs raisons.
D’abord parce que l’endroit me rappelle furieusement celui où j’ai grandi.
Ces immeubles noirs et lépreux, ces pavés perpétuellement humides d’on ne sait quoi et qui sont glissants d’un bout de l’année à l’autre sont de ceux que j’ai vu jusqu’au-delà de mon adolescence.
Mais surtout, ce sont cette petite fille et ce petit garçon.
Même leur vêture était de celles que j’ai connues.
La petite fille m’a rappelé Malika.
Je vous ai déjà parlé de Malika.
Elle avait quelque chose d’extraordinaire.
Alors que dans ma famille, nous comptions douze yeux bruns dans des visages plutôt mats, Malika avait deux yeux bleus posés sur un visage à la peau si claire que la première fois que je l’ai vue je suis resté ébloui.
Nous étions arrivés ensemble à l’école maternelle et la maîtresse nous avait mis côte à côte.
Mieux encore : Pour entrer en classe, on nous faisait mettre en rang par deux devant la classe et chacun devait tenir la main de son ou sa camarade de rang.
J’en ai encore le cœur qui bat…
Malika n’avait pas les cheveux rangés et avec un ruban comme la petite fille de la photo.
Elle avait des cheveux bouclés d’un noir de jais qui faisaient ressortir la pâleur de sa peau et le bleu de ses yeux.
Il ne devait pas y avoir chez elle d’yeux bruns ni de cheveux raides pleins d’épis car elle me regardait comme mes sœurs ne me regardaient jamais…
En plus, quand on s’asseyait à notre petite table à deux places liée à un banc à deux places lui aussi, elle ne me lâchait pas la main.
En y réfléchissant, la maternelle, c’est terrible !
Hélas, la cruauté de l’Éducation Nationale se fit sentir dès la sortie de la maternelle.
Une ségrégation féroce fut de mise à Paris jusqu’à la fac.
Voilà où m’a mené cette photo qui a un poil de plus que mon âge…