Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 avril 2024

Notre monde disparaît !

moulin rouge 1.jpg

Déjà, l’incendie de Notre Dame de Paris au printemps 2019 était un signe de l’effacement de ce monde.
Bon, heureusement il reste la Sagrada Familia qui ne sera jamais terminée.
Puis, notre ministre des Finances, levant le nez de son dernier ouvrage, trouve que les Français, surtout les plus pauvres coûtent trop cher, que les vieux meurent trop tard, que les plus riches paient trop d’impôts et que la Santé Publique serait plus efficace si elle devenait la Santé Privée.
Le fait que « Santé Privée » signifie surtout que si tu n’as pas de sous, ce sera « Privé de Santé » ne le gêne pas.
Un trou de plus donc dans ce qui faisait de notre pays un pays civilisé, un pays où « solidarité » n’était pas un vœu pieux ou seulement applicable aux mieux lotis.
Cette cathédrale qui me vit passer, dans une indifférence vexante, quasiment chaque matin pour aller à Jussieu crama au grand dam des agences de tourisme qui n’ont rien à cirer du bon dieu mais beaucoup du résultat net, disparut soudain dans les flammes.
On arrive enfin au bout de sa restauration.
Las, un autre malheur, tout aussi dévastateur pour les CA des agences de tourisme que pour mes souvenirs de lycéen s’est produit cette nuit.
Tous ces mois où j’ai remonté le boulevard de Rochechouart puis celui de Clichy jusqu’au lycée Jules Ferry pour retrouver une âme-sœur, je me suis arrêté devant le Moulin Rouge pour en regarder les ailes tourner.
J’en profitais évidemment pour souhaiter qu’elles protègent les amoureux aussi efficacement que le prétendait la chanson.
Bon, je peux vous le dire, ça les protège moyen…
Eh bien, ces « ailes des moulins protègent les amoureux » mais surtout les passants en tombant sur le boulevard à un des rares moments où il est désert.
Là, c’est le coup de Jarnac, ce coup vicieux qui fait perdre tout espoir de victoire.
Les ailes du Moulin Rouge !
Non mais vous rendez-vous compte ?
Bon, même le Sacré Cœur ou la Madeleine pourtant passablement laids ne mériteraient pas d’être abattus.
Pourtant… Bref…
Mais le Moulin Rouge !
Tout fout le camp !

moulin rouge.jpg

mardi, 23 avril 2024

Réhabilitation.

immeuble.jpg

Il y a peu, nous avons pris le 80 boulevard Haussmann avec l’idée d’aller rue Caulaincourt dans une boulangerie qui fait un feuilleté au jambon « à tomber ».
Il passe rue de Saint Pétersbourg que j’ai connue sous le nom de rue de Leningrad jusqu’en 1991.
Pourquoi je vous parle de ça alors que vous n’avez rien à faire du trajet du 80 ?
C’est parce que le 80 après avoir fait le tour de la place de l’Europe, avance rue de Saint Pétersbourg, passe devant le bureau de Poste puis devant un immeuble qui me serre le cœur chaque fois.
Je vous en ai déjà parlé.
Je le regardais attentivement depuis la vitre du bus.
Le premier étage me faisait ressentir cette impression étrange du souvenir.
Cette impression bizarre du souvenir simple qui, pour une raison inconnue devient soudain un souvenir poignant.
Pourtant je ne connais rien de cet immeuble.
Il m’était totalement inconnu.
Sauf qu’il est en moi depuis des décennies.
Cet immeuble est ancien, un immeuble haussmannien mais contrairement aux autres immeubles de la rue il était resté noir de crasse.
Il était comme ces immeubles des années soixante, avant que Malraux n’ait décidé que Paris serait une vitrine aux immeubles propres et sans linge aux fenêtres.
Hélas, trois fois hélas, ce qui devait arriver arriva.
L’immeuble fut « réhabilité » !
En d’autres termes, ça a pris plus de soixante ans mais on lui a retiré son âme

Cet immeuble qui me ramenait chez mon ami B. cet ami du lycée, celui qui disparut et qui précéda mon ami J. quelques années plus tard.
B. était totalement à l’opposé de moi.
Il avait une peau blanche pleine de taches de rousseur et des cheveux roux perpétuellement en désordre.
B. est venu une ou deux fois chez moi.
Je suis allé plus souvent chez lui.
Il habitait rue Gérando, cette petite rue qui va de la place du Delta qui n’existe plus au square d’Anvers qui est défiguré.
Je ne sais plus exactement à quoi nous jouions mais nous jouions.
Assez tranquillement je dois dire, nous n’étions ni coureurs ni batailleurs alors le salon restait calme.
Le salon ? Il était grand et me semblait luxueux.
Dans mon esprit, les parents de B. étaient « riches », et un piano dont on m’apprit qu’il n’était que « demi-queue » occupait un large coin du salon et une vraie bibliothèque occupait tout un mur.
La mère de B. me semblait très belle et jouait du piano.
Elle m’en a joué quelques fois les jeudis où j’étais chez B.
Peut-être parce qu’elle savait que je l’écoutais.
J’écoutais bouche née et plein d’admiration tandis que B., sans doute parce qu’il voyait sa mère tous les jours, lisait sans prêter attention à la musique.
Ils habitaient au premier étage et un lustre éclairait la pièce toute la journée car la rue Gérando n’est pas très large.
Je crois que c’est ce qui me saute à l’esprit quand le 80 passait devant cet immeuble de la rue de Saint-Pétersbourg.
Il y a quelques jours je l’ai revu, plus exactement j’ai rêvé de le revoir.
Il est pétant de propreté, la pierre de taille est redevenue blonde.
Le premier étage n’a plus de rideaux et est éclairé « a giorno »
Adieu les années qui habillaient les murs.
Adieu les fenêtres aux rideaux mal tirés, gris de crasse et d’années qui laissaient entrevoir un salon à peine éclairé par un lustre à cinq ou sept ampoules misérables et jaunes.

Maintenant on en voit les murs.
Propres, sans un livre, sans une étagère.
Je sais qu’en entrant dans cet immeuble je ne croiserai plus personne.
Pas un enfant d’une dizaine d’années qui vient juste de descendre l’escalier qui mène chez son copain B.

Aujourd’hui, à passer le porche, j’aurai toujours mal à ce genou, je ne reverrais pas de mes deux yeux.
Ils ont fait disparaître un monde peut-être sale et noir mais si beau…

lundi, 22 avril 2024

Rêve parti

morphée.jpg

Cette nuit, lectrices chéries et lecteurs chéris, j’ai rêvé.
Bon, je sais que globalement, peu vous chaut.
Ne vous précipitez pas néanmoins pour cliquer en haut à droite pour passer à autre chose.
Il faut quand même que je vous le dise…
J’ai rêvé de vous.
J’ai rêvé, du creux des bras de Morphée, que je vous torchais une de ces notes que vous-mêmes rêveriez de lire dès que le temps se fait plus doux, les arbres moins noirs et le ciel moins triste.
Une de ces notes qui puisse vous dire avec les mots justes cette sensation de cœur qui se serre et dont vous ne savez pas trop si c’est du bonheur brusquement ressenti ou du regret qu’il se soit déjà enfui.
Mais oui, vous savez bien comment c’est.
J’ai donc rêvé de vous dire juste ce que vous attendiez, ces brusques sautes d’humeur au passage d’une rue.
Aussi de vous faire revivre ce tressaillement que vous avez connu j’en suis sûr devant un café ou vous croisiez quelqu’un à qui vous pensiez justement.
Avec tous les rêves et les pensées secrètes qui vont si bien avec.
Oui, j’ai rêvé de vous écrire cette note.
Du fond de mon sommeil, j’étais sûr qu’elle était parfaite.
Totalement en accord avec la sensation de printemps qui arrive et qui, j’en suis sûr, vous remue l’âme autant que le sécateur de Bruno Le Maire Mab sème la panique dans le porte-monnaie du chômeur.
Seulement voilà, lectrices chéries, à peine Morphée eut-il ouvert les bras pour m’en faire choir que cette note est restée accrochée à ses mèches…
Oui, il est comme ça Morphée, il a parfois les travers d’Hermès dont la morale est élastique et l’honnêteté relative.
Du coup, je n’ai rien à vous dire ce matin…

dimanche, 21 avril 2024

La réalité dépasse l’affliction.

Et là j’entends sortir de mon poste cette merveille : « C’est une auto-analyse sur lui ».
Ouaip ! Elle a dit ça !
Je ne sais si c’est la journaliste de Télérama ou celle du Monde qui sort cette phrase avec tout le sérieux qui convient à une émission culturelle.
Bien qu’il me reste étonnamment pas mal de cheveux, j’hésite à les arracher en entendant ce genre chose.
Néanmoins, je pensais que les gens de Télérama ou du Monde avaient une réputation à tenir et que pour la tenir, éviter d’écrire comme les gens de la « presse people » était obligatoire.
Ainsi va le monde, non seulement les nouvelles sont mauvaises, on s’étripe pour des motifs futiles, on se fait la guerre pour des raisons qui échappent à ceux qui en sont les victimes.
Chercher une consolation, quelque chose qui nous montrerait qu’il y a un espoir dans l’air, que l’espèce est malgré tout une espèce intelligente, était mon « espoir matutinal du matin » comme disent les journalistes des canards intellos.
Bref, cet « espoir matutinal du matin » me laisse indécis.
Dois-je me laisser aller à mon penchant naturel de moqueur et ricaner, pester après ces gens chargés de parler et d’écrire et qui font si mal leur métier.
J’étais à deux doigts de fondre en larmes quand j’ai pensé à Mr L., ce prof de lettres qui m’enseigna des choses aussi futiles que le français, le latin, le grec, ce prof merveilleux qu’une calvitie avancée empêchait de s’arracher les cheveux en lisant nos devoirs levant les yeux au ciel.
Il m’ouvrit à la poésie ce qui m’a permis l’année suivante de me tirer honorablement des punitions d’un autre prof fou qui punissait libéralement tout manquement aux règles absconses qu’il édictait par une série de dix sonnets pour le vendredi suivant.
Ça m’a aussi permis de ne pas tenter à mon tour d’imiter, encore moins surpasser ces géants que furent pour moi Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont, Verlaine et surtout, surtout, Théophile Gautier.
Il est connu certes pour « Capitaine Fracasse » et le ‘Roman de la Momie » qu’on lit plus jeune mais plus tard on découvre que ce géant de la littérature et de la poésie avait, pour parler crûment « le feu au cil » et avait un avis circonstancié sur la chose qu’il savait décrire avec un talent que je lui envie encore.
Qui se rappelle, en dehors de « Émaux et Camées », ces petites merveilles que sont « Musées secrets » Hmmm ?
Bref, envoyer des gens à l’école jusqu’à des âges indus, leur remplir la cervelle des écrits les plus chouettes de la langue française, les obliger à connaître sur le bout des doigts chaque page du Bescherelle, du Grevisse ou du Hanse, les entraîner à discourir devant des foules ou des micros pour découvrir avec stupeur que dans une émission consacrée aux lettres, au cinéma ou au théâtre ils sont capables de foutre de tels coups de pieds dans la grammaire.
Bon, à part ça, s’il ne fait pas chaud, le soleil brille et c’est déjà ça.
Et j’ai pris une décision, lectrices chéries, oui lecteurs aussi, dès demain je ne râle plus comme un vieux.
Je ferai semblant d’être gai comme un jeune.
Enfin… Un de ceux qui échappent à la baisse de moral généralisée.
Tout devrait s’arranger, l’invité est le général François Lecointre chargé semble-t-il de nous expliquer « ce qui nous pend au nez comme un sifflet de deux sous ».
Ça devrait nous requinquer le moral pour la semaine.
Pour une fois que je souhaitais être optimiste après une flopée de mauvaises nouvelles, c’est râpé..
Bon, au moins lui que j’ai déjà entendu, il ne sort pas des trucs comme « On sent là une élévation vers le haut de la profondeur du discours » qui, sur l’instant m’a plongé dans un abîme de perplexité.

mercredi, 17 avril 2024

Pro « les go mènent ».

Oui, pour « faire la pige » à Alainx qui a pondu « un titre façon moi », je suis moi aussi féministe.

Devoir de Lakevio du Goût_11100.jpg

Cela dit, ce n’est de ça que je voulais vous parler.
Pour en revenir à mon mouton, en lisant Alainx ce matin la première pensée qui m’est venue à l’esprit n’est pas une réflexion sur le titre de sa note.
Non, j’ai seulement pensé « Ah... Toi aussi... »
Je lui ai bêtement répondu que « Les soucis, les problèmes en sont arrivés à semer du sable dans les rouages de la cervelle au point d'entraver son fonctionnement, son imagination, sa capacité de penser à autre chose que ces soucis et ces problèmes. »
Je pense que si ça continue comme ça, je vais bientôt en être réduit à ressasser des souvenirs des temps où « la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui… »
Bon, quatre des huit milliards d’humains sans compter Alainx, ont comme moi la cervelle assiégée par les soucis et les problèmes qui leur obscurcissent le ciel et les pensées.
Pourtant, à y réfléchir un peu sérieusement, même si comme tout le monde il m’est arrivé de souffrir, d’avoir des chagrins et des douleurs, voire quelques vexations plutôt cuisantes, je ne devrais pas me plaindre…
Qui n’ a eu à ramasser une veste qu’on trouve désastreuse sur l’instant et finalement assez drôle avec le recul ?
Qui ne s’est trouvé dans cette situation particulièrement désagréable de faire un mot qu’on pensait d’esprit qui attire une réplique cinglante et autrement bien tournée que celle qu’on pensait imparable ?
Hormis ces quelques situations désagréables qui pendent au nez de tout individu à la langue plus vive que la pensée, je suis plutôt moins à plaindre que nombre d’entre nous.
Que je vous dise, ce qui m’a fait le plus de peine, ce ne sont pas les plaies d’argent mais les peines de cœur, les chagrins, petits ou grands qui m’ont touché.
De l’abandon de Malika quand nous sommes sortis de l’école maternelle pour aller à « la grande école » aux quelques nuits passées à l’hôpital où j’ai accompagné mon père.
Je me souviens parfaitement de ces trois nuits où je fus réveillé par cette sempiternelle question « Tu dors, mon fils ? ».
Question à laquelle je répondais immanquablement « Je suis là papa… »
Puis « Tu vérifies que je dors, hein mon fils ? »
C’est à ce moment là que je me suis dit qu’il y avait des moments où les nuits pouvaient être simultanément très longues et très courtes…
Hormis quelques moments comme ça, je dois avouer avec un peu de honte quand je me plains, que ma vie a plutôt été heureuse.
Mais je me plains, ça doit être « un truc de vieux » qui se rend compte en voyant les rangs s’éclaircir autour de soi qu’après tout, les choses ont une fin.
Et on se dit alors « les choses ont une fin ? M… !! Mais alors moi aussi ! »
Alors on fait comme Alainx, on se rappelle les jours heureux, ces jours « la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui… »
Et on rêvasse à la relecture de ces notes que l’on a écrites il y a seulement une vingtaine d’années.
Puis on commence à se dire « M… ! Si on perd même l’espoir pour des proches, c’est un mauvais plan… »
On constate alors que bizarrement, plus les rangs s’éclaircissent plus les jours s’assombrissent.
Et que l'imagination fait défaut…