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jeudi, 18 mai 2017

Je me souviens…

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Je ne sais pourquoi la rue Turgot me revient à l’esprit.
Peut-être le mois de mai.
Nous sommes le 18 mai, mais quoi ?
Ce coin reste obstinément accroché à ma mémoire comme une poche de ma veste était restée à une poignée de porte.
On croit qu’on l’en a détachée mais les conséquences de cet arrachage me marquent.
Je ne sais si c’est à cause du carrefour au bas de cette rue du IXème et du café où j’attendais parfois le 85.
Mais c’est comme ça, cette rue revient régulièrement flotter à la surface de ma mémoire, tirée par l’unique neurone qui me reste aujourd’hui.
Quelque chose qui me fait penser que la mémoire est comme une bibliothèque.
À la naissance, bien que pleine d’étagères, elle est vide.
Presque vide.
Sur une étagère du bas il n’y a qu’un micro-dictionnaire.
« Ouiinn », « Maman », « Papa »
Il y a aussi un mini-Bescherelle.
« Manger », « Dormir », « Toucher », « Entendre », « Sentir », « Voir ».
La bibliothèque se remplit chaque jour.
Pendant longtemps, elle est bien rangée.
Hélas comme toutes les bibliothèques de grands lecteurs, le bordel s’y installe.
Les années passent, les rayonnages se remplissent.
Puis, quand il n’y a plus de place sur les étagères, « on fait des piles ».
Les piles se multiplient avec les années.
Plus il y a d’années, plus il y a de tas informes à côté des piles.
Vient un moment où on a besoin d’une information dont on sait qu’elle est là, cachée au milieu du balagan.
Mais où ?
Tant que c’était rangé sur les étagères, ça allait.
Quand c’est dans les piles, ça va encore, suffit de trouver la pile.
Alors on fouine, on sait que ce n’est pas sur les étagères mais dans les piles.
Peut-être même dans les tas qu’on se met alors à fouiller.
Assez drôlement, on tombe sur un souvenir en cherchant dans un tas et, par je ne sais quel miracle il y a « une table des matières du tas » bien pratique qui permet de retrouver le déroulement de moments de vie…
Aujourd’hui, j’ai fait écrouler un tas par inadvertance.
En me penchant pour le relever, mon regard est passé sur une étagère.
J’ai vu un souvenir.
Les pages collées par les ans, je n’y vois que « Rue Turgot ».
Pas plus.
Un jour ça va sécher.
Il s’ouvrira…
 Je ne sais pas ce que vous en pensez mais c’est l’effet que ça me fait.