vendredi, 10 janvier 2020
C’est le 22ème devoir et aussi…
10:16 | Commentaires (7)
mardi, 07 janvier 2020
La petite porte du square…
Le sujet du dernier « devoir de Lakevio du Goût » n’est pas arrivé par hasard.
Comme souvent, c’est l’image de cette allée du jardin du Sacré Cœur qui a ramené à la surface de ma mémoire cette petite porte.
Bon , je sais bien que ce jardin s’appelle « square Louise Michel » depuis qu’on s’est aperçu que le square Willette glorifia trop longtemps un pisse-ligne antisémite.
Il était temps…
Cette « petite porte du square » fait mon admiration depuis la première fois que j’en vis une.
La première que je vis fus celle du square Clignancourt, ce havre grand bourgeois du quartier, entouré qu’il est d’immeubles haussmanniens magnifiques et fréquenté par des enfants « normaux ».
Entendre par là « Pas ces gosses mal élevés, cette graine de voyous de la Porte de Clignancourt ! »
Dès l’instant où j’y suis entré, tenant la main de ma mère car même ma grande sœur était trop petite pour qu’on la laissât aller seule traîner son petit frère dans les rues, je fus frappé par cette porte.
Je ressentis pour la première fois de ma vie cette tentation : Celle de comprendre « comment ça marche », ce signe terrible qui désigne ces âmes perdues, celles qui veulent comprendre et penser, pas celles qui doivent croire et accepter.
Je venais d’entrer dans le monde de ceux qui ne suivraient pas Saint Augustin dans la voie pernicieuse de ce « croyez et vous comprendrez ».
Qui aurait pensé qu’une petite porte de square suffirait à transformer un petit garçon sage en un petit garçon curieux et expérimentateur ?
La main tenu par celle qui me regardait et disait soudain, sans raison que je comprisse, « Viens ma chair ! Viens mon sang ! » et me serrait sur son cœur qui était grand et confortable, je suis entré dans le square.
Je fus saisi aussitôt par cette magie.
Ma mère poussa « la petite porte du square » et entra.
J’étais derrière elle et lui tenait la main.
Je me suis arrêté soudain et j’ai regardé le miracle : À peine lâchée par ma mère et sans aucune intervention que je pusse discerner, la porte revint à sa position initiale.
À l’époque, l’entretien en était fait régulièrement aussi quand la « petite porte du square » regagna sa position fermée, ce fut sans un bruit, à peine un rebond élastique et souple.
Ma mère me tira un peu plus fort et je la suivis, la tête tournée vers l’arrière, là où j’avais vu le miracle se produire.
Je l’ai revu souventes fois depuis et ai été enchanté de la simplicité des moyens mis en œuvre pour qu’il se reproduisît.
Et je me demande chaque fois que je vois ces « petites portes de square », arrivées à leur fin et remplacées par de nouvelles portes, pourquoi on les a « améliorées ».
Saisis par la frénésie de la « normalité », on a remis les « « petites portes du square » droites, leur axe perpendiculaire au sol.
L’axe n’étant plus non légèrement penché comme il sied, la pesanteur ne referme plus « la petite porte du square » mais reste dans la position où on l’a lâchée permettant aux enfants de s’échapper dès qu’un parent le perd de vue un instant et la photo le montre clairement…
13:49 | Commentaires (8)
lundi, 06 janvier 2020
Devoir de Lakevio du Goût N° 21
Lectrices chéries !
Je ne relèverai les copies qu’en fin d’après-midi car je dois aujourd’hui aller à l’hôpital voir « mon éreinteur » et les transports en commun, ces temps-ci, hein...
Je reconnais ce banc.
Je me suis souvent assis dessus.
Je respirais lentement à l’époque, la poitrine polluée seulement par les fumées des poêles qui chauffaient la ville et les voitures en nombre raisonnable qui sillonnaient les rues.
Je respirais alors lentement et profondément.
Je ne reprenais pas mon souffle, non, j’étais simplement bien.
Et sur ce banc devant lequel je suis si souvent passé, j’en ai vu des gens assis.
Des hommes à l’air triste, faisant semblant de s’intéresser à un journal, le chagrin débordant parfois de leurs yeux.
Des femmes à l’air triste, les yeux pleins de toute la misère du monde.
Des garçons attendant que des filles passassent.
Des filles, faisant semblant de ne pas entendre les compliments des garçons qui passaient.
Je me suis assis sur ce banc.
Il était juste à l’endroit qui convenait.
J’avais si souvent traversé le boulevard de Rochechouart, remonté la rue de Steinkerque, pris sur la droite et traînassé dans le jardin du Sacré Cœur…
Ce banc près de la sortie dans cette allée sinueuse parallèle à la rue Ronsard était là depuis les années 1930.
Il était juste de l’autre côté de la grille et du ravin de fausse roche tapissé de lierre et de d’arbustes qui s’accrochaient là je ne sais comment.
Je m’y suis assis souvent, parfois mon cartable entre les jambes, parfois rien du tout, me contentant d’écouter les oiseaux.
Toujours attendant quelque chose mais ne sachant jamais quoi avec certitude…
Je suis sûr que vous avez, toutes et tous, dans la tête une allée comme ça, où vous avez attendu quelque chose sans même savoir quoi.
Regardez le bien, ce banc, vous y êtes.
Vous ne le savez pas mais vous y êtes.
Peut-être pas celui là mais un semblable.
Il est sous vos fesses et dans vos rêves depuis tant d’années
Il a quel âge, ce gamin assis que je connais depuis toujours ? Dix ans ? Onze ans peut-être ?
Je le vois, il a encore sa culotte courte de velours côtelé.
Une de ces culottes d’enfant qu’il troquera bientôt contre un pantalon de garçon.
Je m’assois à sa place et prends le journal abandonné là par un autre rêveur sans doute.
Je le feuillette et constate avec désespoir que le monde n’a que peu changé en plus d’un demi-siècle.
Alors je me dis que je vais me lever bientôt et remonter l’allée d’un pas lent, l’œil curieux dirigé vers les buissons qui bordent l’allée.
Puis je sais qu’arrivé au bout de l’allée je ne pousserai pas la petite porte de grillage qui retomberait bruyamment et lourdement car la cale de caoutchouc est usée depuis toujours, depuis avant mon entrée au lycée.
Cette petite porte qui donne sur « la vraie rue », la rue Muller, celle qui est pavée et qui sent le pipi dès qu’il fait soleil.
Je ne vais pas cette fois descendre la rue Muller jusqu’à la rue de Clignancourt que je parcourais jusqu’à tourner à gauche dans ce passage horrible qui menait jusqu’à celui où j’habitais.
Je vais au contraire continuer l’allée jusqu’à la sortie sur la rue Lamarck, avec la même petite porte qui retombera aussi bruyamment et pour la même raison.
Et je la descendrai jusque chez moi, lentement, chaque regard vers la rue des Saules ou dans les escaliers de la rue de la Fontaine du But faisant revivre d’autres promenades, d’autres flâneries.
Revivre d’autres sentiments dont je ne sais s’ils regardent l’esprit ou l’âme.
Enfin si, je le sais, plus exactement je le saurai selon qu’ils me serreront ou dilateront la poitrine, s’ils font naître un sourire ou mouiller ma paupière.
Voilà tout ce que je vois dans cette vue proposée par Jackie Knott.
Des années d’attente.
Des années de peine.
Des années de chance.
Des années de bonheur, émaillées parfois de chagrin.
Jamais des années de malheur.
Peut-être que je suis plus doué pour le chagrin que pour le malheur, allez savoir…
Ou je ne les ai pas remarquées mais ça m’étonnerait, j’ai toujours fait très attention à ce qui vit autour de moi.
Il n’empêche, cette rue Muller, sentait quand même grave la pisse alors je suis bien content d’être passé par la rue Lamarck !
06:50 | Commentaires (37)
dimanche, 05 janvier 2020
Question de mode...
Nous revenions tranquillement des achats de quelques vivres.
Il s’est mis à pleuvoir alors que nous remontions la rue Eugène Carrière.
Ça n’a étonné personne car si « 10% de risques de précipitations » sont prévus par la météo, nous pouvons être sûrs que la pluie tombera quand nous serons soit à mi-chemin de la maison, soit trop loin pendant l’aller pour en revenir sans être trempés…
Néanmoins, c’était une pluie étrange, une sorte de crachin dense, très supportable jusqu’au moment où on se rend compte qu’on est rapidement « rincé à cœur ».
Puis, arrivés rue Carpeaux, la pluie a cessé, ce n’était qu’une « ondée de crachin ».
Nous avons donc ralenti et nous sommes dirigés vers la boulangerie d’un pas de flâneur, la température étant douce, c’était agréable.
C’eût été plus agréable encore si une « folle du smartphone » n’avait cru bon de conseiller quelqu’un d’une voix de stentor.
Elle tenait sans doute à faire profiter le quartier de conseils qui vaudraient un contrôle de la Sécu à n’importe quel assuré voire n’importe quel médecin.
Le bras de la lumière de mes jours se mit alors à exercer sur le mien une de ces pressions croissantes qui sont chez Heure-Bleue le signe d’une tension croissante.
Et la dame de pérorer avec la voix de Mélenchon à la Bastille.
- Mais reste chez toi !
- … (on ne sait ce que dit l’interlocutrice.)
- Mais mets toi en arrêt maladie !
- … (on ne sait ce que dit l’interlocutrice.)
- Mais mets toi…
- EN MODE SILENCIEUX !!!
A conseillé Heure-Bleue ce qui m’a fait sursauter…
Nous avons parcouru le reste de la rue dans un silence de tombeau.
J’ai bien ri…
Finalement, malgré la pluie, c’était bien ces courses au Monop’…
13:53 | Commentaires (5)
vendredi, 03 janvier 2020
C'est la rentrée alors... Devoir No 21.
10:27 | Commentaires (8)