Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 26 décembre 2020

Un conte de Noël.

Briac.jpg

« Ah les c… ! Ils n’ont vraiment rien compris ! »
Ainsi pensait Jésus le jour de son anniversaire.
Il continua à ruminer tout en se disant qu’être en rogne ça ne faisait pas très sérieux pour quelqu’un qui avait prêché « Aimez vous les uns les autres… »
Mais bon, « en même temps » comme disait un Président qui se prenait pour son père, personne n’est censé savoir ce que je pense.
Le Christ continua donc à ronchonner en regardant le monde sans l’indulgence qu’il aurait dû normalement témoigner.
Sa mère, le sentant d’humeur grincheuse, lui fit un bisou et se rassit à la gauche du père tout en se disant qu’elle ne voyait pas pourquoi son fiston était assis à la droite du père alors que c’est quand même elle qui s’était tapé le boulot.
Elle regarda quand même son fils affectueusement et, comme toute mère juive se dit « Il est beau mon fils ! Il n’a pas changé ! »
Il est vrai qu’il était encore jeune et serait jeune encore longtemps vu qu’il avait trente-trois ans, même si c’était ainsi depuis deux mille ans.
Il se sentait en forme, d’un coup.
Le monde tournait tranquillement sur son orbite quand il se lança du ciel en s’en remettant à son père pour l’atterrissage.
Bien qu’il fut théoriquement comme son père, omniscient, le Christ se demanda où il avait atterri.
La plaque indiquant « Avenue Raymond Poincaré » ne lui dit rien du tout, quelques boutiques en une langue qu’il connaissait vaguement lui dit qu’il avait atterri en France.
Non que cette vieille histoire de « Fille aînée de l’Eglise » l’ait convaincu mais un regard périodique sur le monde lui avait montré qu’il y avait autant de truands dans l’enceinte du Vatican que de mafieux à l’extérieur.
Et puis, les autres pays se disant chrétiens ne valaient pas vraiment plus cher que les pays qui n’avaient rien à cirer de son enseignement qui était pourtant simple :
« Aimez vous les uns les autres comme moi-même je vous ai aimés ! »
Justement, à propos d’amour, il avait été mal avisé de dire à Marie Madeleine ce « Noli me tangere » qui l’avait probablement vexée…
Rien qu’y repenser, l’idée de revenir sur Terre lui fit penser à des trucs fort éloignés de ce qu’il vivait depuis trop longtemps.
Il descendit l’avenue d’un pas lent et croisa une sorte de synagogue avec une décoration qui lui parut du plus extrême mauvais goût.
Toutes ces croix ! Ça lui rappelait un très mauvais souvenir…
Il eut une pensée peu charitable pour son père mais fut distrait par l’entrée dans l’édifice de femmes particulièrement accortes.
D’autant plus accortes que, bien que le temps fut plus frais qu’en Palestine les femmes y étaient nettement moins couvertes.
Le souvenir de Marie-Madeleine le tenailla…
« Noli me tangere »… Non mais quelle andouille il avait été !
Mais si mais si ! Au contraire, Marie-Madeleine ! Touche-moi ! Mais touche-moi nom de Moi !
Il entra dans l’église où, sur une espèce d’estrade accrochée à une colonne, un type en robe noire racontait des trucs.
Il sursauta en entendant une histoire salement romancée de sa naissance.
L’assistance écoutait respectueusement le prêcheur.
Le mec en robe noire redescendit et, tandis qu’un gamin en robe lui aussi, agitait une clochette, dit aux fidèles « Ite missa est ! »
Ça fit comme à la fin de l’école, tout le monde se rua avers la porte.
Jésus demanda à une dame en joli manteau « Où sommes-nous ? ».
« Saint Honoré d’Eylau, monsieur ! »
Comme il était jeune, bronzé et bizarrement accoutré d’une toge, la femme se détourna rapidement et dit à son voisin « Encore ces étrangers, on est envahi ! En plus ils sont pauvres, on va encore nous demander de les aider ! »
Oubliant qu’elle ne faisait rien d’autre que les boutiques de l’avenue Victor Hugo voisine et employait déjà des étrangers qu’elle oubliait de payer, elle ajouta « Ils n’ont qu’à faire comme nous, travailler ! »
Le Christ, scandalisé les suivit dehors et leur cria, exaspéré « En vérité je vous le dis, vous ne m’avez pas compris mon message ! »
L’assistance fut surprise.
Un homme hargneux hurla « Encore un de ces partageux ! On va régler ça tout de suite ! »
Il se dirigea vers un chantier tout proche et en revint avec deux grandes planches.
Les autres hurlèrent « Ouais ! Une croix ! »
Ils le reclouèrent en hurlant « Communiste ! Gauchiste ! Assisté ! »
Bref, ce fut un Noël somme toute habituel dans le monde…

jeudi, 24 décembre 2020

Le chartier embourbé…

chartemb.jpg

Je ne suis pas un expert en matière de commerce.
Encore moins en matière de restauration.
Quoique je me demande comment peuvent survivre des commerces que j’entends depuis que je suis enfant pester après la maigreur de leur chiffre d’affaires et de la famine induite par l’absence de marge, absence induite par la rapacité d’un état vautour.
Survivre disent-ils…
Surpris je suis donc ces temps-ci à entendre le montant pharaonique du chiffre d’affaires revendiqué et des pertes abyssales afférentes à sa disparition.
L’état, dans un élan aussi gigantesque que surprenant vint donc à leur secours.
Du moins en répandit-il la nouvelle…
Aussi les commerces ainsi prétendument secourus poussèrent-ils un « ouf » de soulagement qui s’entendit au fin fond de nos campagnes, pardon « territoires de la ruralité ».
Je ne sais ce qui m’a le plus surpris à écouter
ce matin une dame, cheffe cuisinière de son état.
Était-ce sa naïveté de croire que l’État allait leur verser les sous qui les récompenseraient de leur soumission à l’ukase leur disant de fermer leurs établissements ?
Était-ce la soudaine compréhension de l’État devant la détresse de ceux qui concourent activement à la croissance du PIB ?
Je fus détrompé illico à l’écoute de notre célèbre « maîtresse-queux ».
Les commerçants ont à leur tour fait l’expérience courante chez le bénéficiaire de la CAF se heurtant au kafkaïen dédale paperassier.
Pour ce qui est de l’État, en revanche aucun changement.
Notre tutélaire puissance a gardé ce talent envié par tous les organisme associatifs chargés d’aider le public et qui, eux, donnent ces aides.
Ce talent d’annoncer à cor et à cri des aides gigantesques destinées à tous ceux dans le besoin en ayant soin de différer le règlement y donnant droit et plus encore les règlements destinés aux bénéficiaires.
Ah ! Mais quel talent !
Nous serions la première puissance mondiale s’il était mis au service du pays plutôt qu’au service du Ministère des Finances.
Le talent du Ministère des Finances, en matière d’aide, semble essentiellement consister à ne pas l’accorder.
Ah ! Cet art de faire de l’aide un immense damier !
Ce damier fichu de telle sorte que personne ne pourra, quelle que soit son habileté, rentrer dans une des nombreuses cases qu’il devra cocher pour toucher ces sous.
L’aide semble fichue un peu comme les tarifs de la SNCF.
C’est-à-dire comme un Loto truqué.
Si vous êtes astucieux et avez de l’entregent, vous allez avoir un tarif avantageux.
Sinon, si vous avez réellement besoin de quelque aide, notre État, censément gaspilleur pour cause de redistribution forcenée, se comporte comme le Royaume-Uni sous le gouvernement de Margaret Thatcher.
Ou comme le chartier de La Fontaine à qui Hercule recommandait « Aide-toi, le ciel t’aidera. »
Traduit en langage « libéral » très en vogue chez des Wauquiez ou des Le Maire, ça donne quelque chose comme « Démerde-toi ! D’abord, c’est ta faute ! Mentalité d’assisté, va ! »
Le même Ministère s’étonnera, une fois la crise passée que les mêmes commerçants se remettent à « faire du black » avec entrain et disent à un gouvernement surpris et impécunieux comme toujours « Aide-toi, le ciel t’aidera. »

mardi, 22 décembre 2020

Je voudrais pas crever.

reiser.jpg

Hier matin j’écoutais la radio.
La matinée était entamée mais j’écoutais.
Puis, tandis que je passais devant la salle de bains où je jetais un regard comme chaque fois que je sais la lumière de mes jours y être, la dame dans le poste qui semblait me connaître au point de traduire ma pensée rappela ces vers de Boris Vian.

Je voudrais pas crever
Avant d’avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J’en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux

J’ai pensé « Mais c’est ça ! Exactement ça ! » puis j’ai continué mon chemin vers le séjour.
Ce matin, je me suis levé et ai regardé par la fenêtre.
Alors que, selon les mots de ma grand’ mère maternelle, « il fait un temps à se jeter dans le canal », j’ai préparé les petits déjeuners en écoutant la radio où les nouvelles sont d’autant plus mauvaises que notre ministre de l’Agriculture expliquait que la véritable écologie consistait à saloper la nature à coups de pesticides, d’herbicides et de remplacement des forêts d’essences variées et anciennes par des arbres à croissance rapide et à abattage fréquent de façon que la nature soit enfin un truc rentable car on n’allait tout de même pas se laisser bouffer le marché sur le dos par des étrangers non mais !
Puis, une fois le moral atterrissant enfin sur le plancher, j’allais me prendre la tête dans les mains façon Rodin quand j’ai regardé le blog d’Alainx.
Bien m’en prit !
Il avait mis le doigt sur ce qui me tracasse depuis la mi-mars où les « tactiles » ont été condamnés à « interdiction de séjour » dans le pays.
Bon, je dis la mi-mars alors que de fait chez moi c’est depuis toujours…
Et c’est à ce moment que la strophe entendue hier m’est intégralement revenue et m’a semblé, plus encore traduire ma pensée.
Il m’a semblé important de vous le dire en espérant que vous aussi vous ne voulez pas crever avant d’avoir usé sa bouche avec vos lèvres, etc.
Quant à moi, j’aimerais bien être à la place de ce « Monsieur Pierre » rencontré un jour de brouillard.
Vous voudriez savoir ?
Alors lisez donc « L’herbe rouge » de Boris Vian…
Je vais quant à moi retourner voir chez Alainx la collection de baisers qu’il a gracieusement mise à la disposition de la « blogosphère ».
Il y en a qui savent ce qui est important dans la vie…

dimanche, 20 décembre 2020

Pas de pavés ? Pas de plage !

Réaliste-impossible.jpg

 

Depuis plusieurs présidents de notre République, le pouvoir tient absolument à effacer jusqu’au souvenir de Mai 68, de peur sans doute que les plus jeunes remarquent qu’on peut secouer son joug et faire avancer les choses sans attendre que des barbons se réveillent dans l’Assemblée.
Un slogan de ce mois propice à l’émeute hurlait  en majuscules sur le parapet du « Pont Neuf »

« Soyez réalistes ! Demandez l’impossible ! »

Cette aussi jolie que clairvoyante maxime reste étonnamment vraie et tout aussi utopique ces temps-ci en remplaçant le mot « impossible » par « possible ».
Alors méfiez-vous parce que quand on lit dans le Figaro

« Cette crise marque la fin du capitalisme néolibéral »

Et surtout quand Mr Matthieu Pigasse, ex-DG de la Banque Lazard et aujourd’hui à la tête de la banque américaine Centerview juge :

« Il est urgent d’inventer une société dont la priorité absolue serait un meilleur partage. »

Ça me fait sursauter.
Un peu comme si j’apprenais brutalement que le loup, devenu végan, laissait tomber l’agneau.
Ça suscite chez moi quelque méfiance, non sur le sens de « partage », qui est assez clair mais sur le sens de « meilleur partage » dont j’ai pu apprécier la conception chez nombre de financiers et d’industriels…

samedi, 19 décembre 2020

On ne nous transporte pas on nous roule !

la-ligne-6-de-metro-parisien.jpg

Le confinement me pousse à réfléchir à ce que j’ai entendu à la radio.
Et c’est pas brillant car hier, pendant que je préparais le petit déjeuner de la meilleure moitié de moi-même, le petit poste qui me truque les nouvelles du monde m’a appris incidemment qu’une institution qui me transportait sans problème autre qu’assurer son service sept jours sur sept sauf grève impromptue va « être ouverte à la concurrence ».
Oui lectrices chéries, la TCRP que connaissaient mes parents qui était devenue la  RATP après la guerre de 39-45, va désormais devoir rapporter des sous au lieu de transporter des usagers et assurer des conditions de travail humaines à son personnel.
Je dois avouer à mon grand dol que Michel Houellebecq, qui avait parlé ce jour-là au lieu de se laver les cheveux qui en ont grand besoin, avait raison qui avait dit « le monde d’après sera comme le monde d’hier. Et même un peu pire… »
Il avait même plus encore raison qu’il le pensait.
« Le monde d’après » semble parti pour être comme « le monde d’avant-hier » plus encore que « le monde d’hier ».
Il paraît que nous serions devenus « raisonnables ».
Enfin, à l’exception notable des cheminots et des « hératépiens », ces chiens qui se battent comme des chiffonniers et « nous prennent en otage » pour conserver des « privilèges indus » et obtenus grâce à la menace et à « la lâcheté de gouvernements à la solde de Moscou ».
Quel dommage que le slogan « Sous les pavés la plage » qui va fêter ses cinquante-deux ans dans six mois soit tombé en désuétude.
C’est un des effets pervers de « l’évolution des mentalités vis a vis de l’économie », ça rend un peu nunuche, en fait ça bouche carrément l’entendement.
Même, on pourrait dire de la « communication politique » ce qu’un autre slogan cinquantenaire disait de la publicité : « La publicité vous prend pour des cons. La publicité vous rend cons ! ».
Ça arrive à faire croire à une forte proportion d’électeurs qu’une régression sociale, quand c’est affublé du substantif « réforme » et que ça va dans le sens de l’accroissement des inégalités, c’est bon pour nous.
Ça arrive même à nous faire voter contre nos intérêts, c’est dire...
On remarque parfois çà et là des monuments de naïveté, du type « l’éthique devient une valeur de l’entreprise » ou « la transparence fait son entrée dans la gouvernance des entreprises ».
Il m’est même arrivé de lire dans un article des Échos des bluettes comme « la responsabilité sociale fait son entrée dans le monde de la finance » alors que des banques se voient citer dans d’autres journaux comme « blanchisseuses de sous » et « évadeuses fiscales » sous des tropiques enchanteurs…
Quoi que pensent les thuriféraires de notre Président, qui applaudissent à des « réformes » qui vont bientôt les frapper à leur tour, il ne faut pas rêver.
Depuis quand une entreprise que l’État a bâtie et financée pour le bien de tous doit-elle mettre à la disposition d’entreprises privées qui, quasiment sans investissement, se verront offrir un marché et des infrastructures que le contribuable aura payées ?
Pour ce que je constate de « l’ouverture à la concurrence » que ce soit dans la distribution d’énergie ou les transports, il semblerait qu’il ne s’agisse pas tant d’assurer les missions qui sont les leurs que d’éliminer des syndicats qui dérangent les visées de groupes qui verraient bien le public remplir leurs caisses au lieu d’assurer une vie décente à ceux qui font leur travail en permettant au contribuable d’être transporté, chauffé et éclairé.

Encore un effort et, si nous n’y prenons pas garde, notre Président qui pour l’instant nous maltraite , va nous sous-traiter...
On devrait se rappeler que depuis moult années millénaires, l’expérience montre que l’on obtient jamais que ce que l’on prend.
Il est même inutile de le demander gentiment, c’est systématiquement « Non ! »
Donc...