mercredi, 11 novembre 2020
L’amuse-gueule, ma Muse aussi.
Ce matin, j’étais dans le lit, en train de mourir tranquillement d’un crise cardiaque quand j’eus l’idée malencontreuse de me plaindre à haute voix.
La lumière de mes jours, au lieu d’être inquiète a pesté.
Bon, elle n’a pas tort en ce sens que je supporte mal le confinement et plus encore d’être frappé de maux que je n’ai jamais connus.
Bref, je supporte mal le confinement et plus encore de n’avoir plus vingt ans.
Donc, la lumière de mes jours me demande de quoi je souffre.
De crise cardiaque évidemment.
Je vais mourir dans la minute, c’est sûr.
Elle me demande ce que je ressens exactement.
Je le lui décris.
« Tu as une douleur intercostale ! Simplement ! J’en ai souvent et je ne te le dis même pas ! Alors dors Minou !!!! »
Je me suis tourné.
Retourné.
Remis dans l’autre sens.
Puis levé…
J’ai regardé à la fenêtre.
C’est le 11 Novembre.
Le ciel est gris.
Une pluie fine tombe.
Le temps semble s’être mis à l’unisson du pays tout entier qui pleure la disparition du plus illustre de ses citoyens.
Une foule silencieuse se presse au pied de l’immeuble.
Les hommes, le regard baissé pour cacher leur chagrin accompagnent leurs femmes aux yeux pleins de larmes.
Tous sentent déjà le pays partir à vau-l’eau, abandonné par celui qui s’est donné tout entier à la lourde tâche de le guider à travers les écueils de l’histoire de la blogosphère.
Vous ne me trouvez pas extra dans le rôle de Michel Droit, lectrices chéries ?
09:49 | Commentaires (15)
mardi, 10 novembre 2020
Mon dieu quel malheur, d'avoir un mari bricoleur...
Adrienne a parlé ce matin d’un « voisin bricoleur ».
Le voisin bricoleur est une sorte de peste.
Un peu comme la petite sœur d’Heure-Bleue qui, dans une maison ne voit jamais un abri chaleureux et confortable mais un carrelage à laver, un tapis à brosser, des vitres à nettoyer, une cuisine à ranger et dans des chaussures des fauteuses de traces.
Elle brique et range du matin au soir, sans trève ni repos.
Sa maison sera une tombe bien rangée...
Le « voisin bricoleur » ne voit souvent que des étagères à scier, des clous à planter, des chevilles à insérer dans des murs récalcitrants et des trous à percer.
Bref, le « voisin bricoleur » vous pourrit la vie, surtout la vie des dimanches qui n’est déjà pas terrible…
Mais ce « voisin bricoleur » m’a rappelé un autre voisin bricoleur.
De voiture celui-là, un voisin dans l’immeuble de ma jeunesse à la Porte de Clignancourt…
Un des voisins, celui du deuxième étage, avait une épouse plutôt gironde mais à la vertu discutable.
Comme toujours dans ces cas-là, tout le monde le savait sauf lui.
Même moi je le savais car j’avais selon l’expression maternelle « les oreilles qui traînent ».
Ce voisin, Monsieur M. mais le Monsieur M du deuxième, pas celui du troisième avec ses deux filles et son fils, ni le « Monsieur M » patron de James Bond, avait acheté, pour meubler les dimanches de sa famille, une Panhard « Dyna » d’occasion.
D’occasion car dans le quartier, les seuls à pouvoir s’offrir des voitures neuves étaient les boulangers et les voyous.
Cette Dyna donc, si le quartier l’a entendue, je ne suis pas sûr que quelqu’un l’ait vu rouler.
Le « père M. » passait, à peine le printemps arrivé et le soleil revenu, ses dimanches non pas « dans » mais « sous » la voiture.
Il animait le passage de bruits de tapotement, de clefs heurtant le métal, de jurons et de « ssshhhh » quand il s’écorchait une main.
Je le regardais de la fenêtre du quatrième, ses jambes dépassant de la voiture, sortant de sous la voiture en une reptation bizarre qui faisait dire à mon père que ce voisin amusait « s’il faisait ça à la mère M., elle serait drôlement contente… »
Ma mère, qui avait l’oreille extrêmement fine, arrivait d’un pas vif et engueulait mon père car « quand même Lemmy, tu as des enfants ! Des filles en plus ! »
Il n’arrangeait rien en ajoutant « C’est justement parce que j’ai fait des enfants que je sais que la mère M. aimerait bien que… »
Ma mère lui collait une tape sur le bras, haussait les épaules et retournait à son occupation en bougonnant.
Nous, on continuait à regarder « le père M. » bidouiller sa voiture.
Vers cinq heures, ma mère est arrivée et nous nous sommes serrés à la barre d’appui.
« Le père M. » se mettait enfin au volant et tentait de démarrer la « Dyna ».
Devant la mauvaise volonté de ce moteur, il soulevait le capot. Et manipulait avec douceur des pièces inconnues de moi.
La voiture démarrait alors dans un bruit de tôles froissées que je n’ai jamais entendu sortir d’une autre voiture.
Mon père a commencé « tu vois bien que j’avais raison ma poule, la mère M démarrerait comme ça s’il … »
Ma mère l’aurait piétiné. Elle lui redonnait une tape sur le bras, il disait « Aïe ! » pour de faux et ça s’arrangeait.
Au moins pour un temps.
Ce n’est que plus tard que j’ai saisi le sel de ces réflexions.
Il n’empêche qu’il n’avait pas tort.
Si Mr M. s’était préoccupé de sa femme avec le soin qu’il apportait à sa « Dyna », il ne se serait peut-être pas promené avec une paire de cornes qui amusa le quartier pendant des années.
Je me demande si je ne tiens pas de mon père cet « esprit mal tourné » qui agace parfois, si ce n’est souvent, Heure-Bleue...
10:02 | Commentaires (11)
lundi, 09 novembre 2020
Devoir de Lakevio du Goût N° 56
Vous connaissez, je pense, Monsieur Edward Burne-Jones, oncle par alliance de Rudyard Kipling et peintre « préraphaélite » contemporain de Lawrence Alma-Tadema.
Il n’a pas peint que ces délicieuses rousses romantiques à la peau qui attire le baiser.
Il a aussi engendré un fils qui a dessiné pour inciter le lecteur à s’intéresser à l’œuvre de son cousin Rudyard Kipling.
Qu’a-t-il donc pu susciter dans l’esprit de celui qui regarde ce dessin ?
Quant à moi il m’inspire quelque histoire…
Tout avait pourtant bien commencé…
Elle était parfaite.
Elle était exactement telle je l’avais rêvée.
Parfaite.
Une peau qui attirait irrésistiblement les lèvres.
Du moins les miennes…
Un regard qui…
Elle me l’avait joué « Je suis écologiste, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme… »
Puis, après elle avait ajouté avec un regard mutin « Tu vas voir, je vais te le prouver… »
Oh pour ça elle était intarissable sur les grenouilles bleues, les fourmis rouges, les souris vertes qui couraient dans l’herbe, tout ça…
Puis elle avait continué dans sa veine écologiste avec une bluette sur « une zone humide pas loin du tout dont il fallait prendre grand soin ».
Apparemment on n’a pas pensé à la même chose ni à la même façon d’en prendre grand soin.
La soirée a continué comme ça, sur un malentendu qui se révéla ma foi fort agréable.
Elle dût être convaincue du bien-fondé de ma vision des choses car elle se laissa aller contre moi qui me suis écroulé sur le divan sous la pression de ses mains.
Les choses allaient avec délicatesse, sans cette hâte tempétueuse qui trahit l’homme au point qu’on ne sait s’il est impatient ou égoïste…
Comme je n’étais plus un gamin, je n’allais certainement pas me laisser entraîner dans le piège évident qu’elle me tendait avec autant de talent que de douceur.
Ce n’était pas la première à le tenter mais celle-ci n’aurait pas plus de succès que les autres.
Je ne me laisserai pas ligoter par ses bras ni prendre au lasso du câlin enveloppant pour me faire emmener à l’abattoir de l’autel ou de la mairie !
Cela dit, elle s’y prenait bien, la bouche entrouverte et le regard mendiant elle s’approcha de moi.
La douceur de ses lèvres sur mon cou manqua me faire défaillir.
Je me alors suis détendu et ai fermé les yeux.
Je me suis dit « C’est bon ! » quand elle dégrafa ma chemise et me fit frissonner en passant les doigts sur ma poitrine.
C’est quand je sentis une torpeur inquiétante m’envahir après avoir ressenti une légère et délicieuse piqûre sur le cou que l’intelligence me revint.
Trop tard hélas, j’eus à peine le temps de penser « Ah la s… ! Un vampire ! » avant de sombrer.
Je me suis réveillé à la nuit tombée.
Mais combien de nuits après ?
Une soif de sang cannibale me tenaillait.
Pourquoi ça alors que je détestais ça la veille ?
Ou avant la veille, je ne sais plus…
07:05 | Commentaires (24)
dimanche, 08 novembre 2020
Mauvaise note...
J’avais une idée de note.
Une de ces idées qui vous viennent dans un demi-sommeil.
Une de ces idées qui promettent une note exceptionnelle.
Un peu comme un soleil d’août sur un vignoble qui vous promettrait une vendange de Romanée Conti comme on en voit une fois par siècle.
Bref, j’avais une idée, elle s’est enfuie.
Je déteste ça !
Je n’ai que rarement une idée, souvent elle est saugrenue mais si en plus elle m’échappe sur le chemin de mon clavier, ça ne va pas du tout !
Mais de quoi diable voulais-je donc vous parler ?
De notre périple dans Montmartre hier après-midi ?
Bon, je vous en ai moult fois parlé mais que voulez-vous, quand on habite ce quartier on s’y promène…
Ah si ! Il m’en revient un soupçon.
Après nous être promis de gravir un jour prochain la gigantesque volée de marches qui mène du square Caulaincourt à la rue éponyme, nous avons continué de remonter la rue Lamarck jusqu’à la rue Caulaincourt de notre pas de sénateur fainéant.
Menés par la flemme autant que par la gourmandise, nous avons parcouru la rue jusqu’à la boulangerie qui fait ce délicieux feuilleté au jambon, ce petit hors d’œuvre qui est « léger sur la langue et si pesant sur les hanches ».
Nous avons continué jusqu’à la rue des Abbesses, poussés par l’envie de passer un petit moment sur un des bancs de la petite place où se joignent les rues des Abbesses, Lepic et Joseph de Maistre.
« Caramba ! Encore raté ! » comme aurait dit Zantafio, ce renégat.
Roulés nous fûmes !
Plus de banc sur cette place.
Je suis sûr qu’un conseiller de la mairie, jeune et prêt à marcher des kilomètres sans souffler -et surtout sur la figure de beaucoup d’autres- pour arriver à un poste intéressant, a réussi à convaincre la mairie de supprimer ces bancs.
Je me demande si ceux de la place Dancourt devenue place Charles Dullin ne sont pas intervenus là aussi pour faire supprimer tous ces bancs qui gênent certains riverains.
Ceux qui causent la mauvaise réputation du « bobo parisien ».
Ces « faux bobos », ces emmerdeurs qui viennent habiter rue de Lappe parce qu’ils en trouvent l’ambiance animée et chaleureuse et qui en font fermer les bistrots et petits bals parce que ça les empêche de dormir.
Ces imbéciles qui ont chassé de nombre de quartiers leurs habitants pour prendre leur place et en ont surtout chassé l’âme qu’ils étaient venus chercher…
Bon, ce n’est pas du tout l’idée que j’avais eue et qui m’a échappé mais il fallait bien que je fasse ma page d’écriture.
Alors…
09:56 | Commentaires (7)
samedi, 07 novembre 2020
Supporter le confinement n’est pas si aisé…
Le – mauvais – jeu de mots est facile mais si vrai…
Même moi j’ai parfois du mal à me supporter.
Pire, je me demande comment Heure-Bleue arrive à me supporter.
Hier, après notre sortie quotidienne, particulièrement sinueuse pour maintenir « la distanciation physique » et éviter les rapprochements avec d’autres car nous sommes sortis au moment de la sortie des classes, nous sommes revenus lestés des choses habituelles.
Heure-Bleue, saisie de la frénésie qui sied à la bonne ménagère en regardant la pile de linge à repasser, se précipita donc sur le fer à repasser, déplia la table à repasser et soudain hurla « Mais qu’est-ce que ça pue !!!! »
Elle me tendit un gant de toilette, censément « bon à repasser », encore fumant de vapeur et me le mit sous le nez.
Eh bien… Comment dire…
Respirer certains parfums n’est pas un sport de fillette.
Alors, que je vous dise.
Pour paraphraser ceux qui disent « Je ne suis pas raciste mais… » je vous le dis, lectrices chéries, « Je ne suis pas particulièrement délicat mais… »
Mais certaines odeurs me soulèvent le cœur !
Et ne prenez pas cet air surpris, j’ai un cœur !
L’odeur de linge qui a mis trop de temps à sécher dans une atmosphère trop humide fait partie de ces molécules qui m’agressent le nez.
Heure-Bleue me mit donc sous le nez ce gant de toilette puis le remit dans le panier de linge à laver.
Le séjour empestait au point que j’ai remplacé la peste par le choléra en allumant une bougie « parfumée » au monoï.
Oubliée aussitôt qu’allumée, son odeur écœurante ne se rappela à notre souvenir qu’après le repas.
La bougie, que je pensais avoir éteinte avant le dîner, hélas brûlait encore.
J’ai attrapé la boîte un peu sèchement.
Je me suis envoyé une giclée de bougie sur la main.
En vieil habitué de la marche sur les braises, j’ai seulement dit « sshhhh… M… ! » mais une autre giclée de bougie est partie sur le plancher.
Et évidemment quelques gouttes sur ma chemise.
La lumière de mes jours, alertée par le « ssshhhh… M… » a dit « Qu’est-ce que tu as ENCORE fait ? »
Je lui ai dit et, me rappelant une leçon de ma mère, je la lui ai répétée.
« Tu vois, mon fils… Si tu mets de la bougie sur un vêtement, tu prends un buvard, tu le mets sur la tache de bougie, tu prends le fer à repasser, sur « Fil », bien chaud quoi, et tu repasses sur le buvard qui absorbera la bougie… »
Avec ma mère ça marchait.
Il y avait souvent des grèves EDF et les bougies servaient souvent les soirs d’obscurité.
J’aimerais bien que ça marche aussi avec moi…
09:26 | Commentaires (11)