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samedi, 05 septembre 2020

47ème devoir de Lakevio du Gout

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Traverser le pont du Carrousel un matin de printemps et découvrir l’entrée du Louvre sans une voiture.
Qu’en pensez-vous ?
Aimeriez-vous voir ça ?
Je l’ai vu et fait mais il n’est pas sûr que le rêver soit moins beau
Si vous ne l’avez pas fait, imaginez-le et dites le lundi, racontez votre rêve.

vendredi, 04 septembre 2020

J'espère faire plaisir à Alainx...

C’était la dèche.
La vraie dèche, celle des années cinquante…
Il est sorti de « la 3M » boulevard Sérurier et est allé jusqu’à la station de métro « Porte de Pantin ».
Il a tendu d’un air absent sa « carte de semaine » au poinçonneur.
Le disque rayé qu’il avait dans la tête lui répétait sans cesse « mais comment on va faire, bon dieu ? Comment on va faire… »
Il ne faisait pas chaud en ce soir d’avril et il gardait la main dans la poche de son pantalon, palpant les quelques pièces qui traînaient dans le fond de sa poche.
Quand la rame est arrivée à Gare du Nord il a sorti la main de sa poche et ramassé le « sac seau » bleu foncé posé à ses pieds, celui qui contenait son « bleu » et sa gamelle.
Dans le long couloir qui menait à la ligne « Porte de Clignancourt-Porte d’Orléans » il marchait lentement.
Il n’était pas seulement fatigué, il marchait lentement parce qu’il faisait bon dans les couloirs du métro.
Il se sentit mieux, au détour de l’embranchement « Direction Porte de Clignancourt » et eut même soudain ce petit sursaut de joie qui lui étreignait le cœur quand survenait quelque chose quand ce qu’il voyait lui redonnait foi en l’avenir, même si ces temps-ci l’avenir semblait plus fait d'une poignée de pâtes que de gigot d’agneau.
Les fleurs !
Ce sont les fleurs qui l’ont rasséréné.
Celles que la dame essayait de vendre, fleurs jetées en vrac sur une clayette qui tenait sur deux tabourets.
Il s’est arrêté, heureux de son idée.
Il était tellement sûr que ça lui ferait plaisir.
Il a regardé les branches de lilas déjà fripé.
Les jonquilles étaient tristes à pleurer, aux pétales déjà bruns.
Il a posé son « sac seau » sur l’asphalte du couloir et plongé la main dans sa poche.
Puis il les a vues.
Fraîches, il les a montrées à la dame et a demandé « elles sentent bon ? ».
La dame a saisi le petit bouquet et lui a mis sous le nez.
Il a humé longuement l’odeur de printemps, a serré les pièces dans la main qu’il a sortie de sa poche et dit « c’est combien ? » inquiet de n’avoir pas assez d’argent dans la poche.
La dame a regardé et a dit « ça ira, va… ».
Il a donné ce qu’il avait et est reparti d’un pas plus vif.
Il est descendu à « Simplon », a traversé le boulevard Ornano, a pris la rue Neuve de la Chardonnière, est passé devant le passage Kracher et a tourné à gauche un peu plus loin.
Il a monté les quatre étages et a frappé.
- Tiens ma poule. 
- Mais t’es fou Lemmy ! T’es fou ! Des violettes !
- Oui ma poule, des violettes.
- Mais enfin Lemmy ! On n’a presque plus de sous !
- Ça va aller ma poule, t’en fais pas… On s’en est toujours sortis…
Elle a soupiré et a eu ce sourire bizarre qu’elle avait parfois, celui avec juste les lèvres qui remuent.
Puis elle l’a embrassé et dit « allez, déshabille toi et viens à table… »

jeudi, 03 septembre 2020

Monsieur Boulant.

Un jour Monsieur Boulant est mort.
Ça m’a fait de la peine car j’aimais bien Monsieur Boulant.
Il avait été « chef » dans une entreprise, « chef comptable » je crois.
Il en avait été poussé dehors car son métier s’accommodait mal d’une consommation excessive de vin.
Monsieur Boulant était notre voisin de palier et m’avait fait entrer chez lui un après-midi.
Oh, n’y voyez rien de risqué, c’est simplement que sa porte était ouverte car il était « occupé à « mi-étage ».
Que je vous dise, lectrices chéries, dans notre immeuble, il y avait souvent des clefs sur les portes et des portes ouvertes pour raison simple : Le « confort » était à mi-étage.
Trois appartements par étage, chacun mesurant environ vingt-cinq mètres carrés, soit un « lieu d’aisance » pour six appartements.
Ça me paraissait largement suffisant puisque l’école maternelle n’en offrait pas autant…
Monsieur Boulant, cet après-midi était donc « à mi-étage », j’ai regardé depuis la porte ouverte comment était sa maison.
On voyait, face à la porte, sa cuisine qui, comme chez nous était une sorte de boyau sombre à peine éclairé par une petite fenêtre au-dessus de l’évier et meublé d’un placard accroché au mur et d’une cuisinière à gaz « presque blanche ».
En tournant la tête, j’ai vu un salon qui me parut luxueux avec ses deux fauteuils de cuir et un buffet plein de sculptures, un peu comme  celui de ma grand-mère.
J’ai entendu la chasse d’eau alors je me suis reculé sur le palier.
Monsieur Boulant est arrivé d’un pas pesant, soufflant difficilement.
Il m’a souri de ses dents jaunies et m’a dit « Alors mon garçon ? Tu veux voir comment c’est chez moi ? »
Il m’a fait entrer et j’ai trouvé que chez lui il y avait de la place.
Puis je suis sorti tandis qu’il allait à la cuisine se servir du vin dans un verre comme celui de la cantine.
Comme disait ma mère « Lemmy ! Monsieur Boulant boit ! »
Mon père, lui disait « Ma poule, je ne suis pas une boule en bois ! » et elle haussait les épaules en levant les yeux au ciel.
Mais c’était vrai que Monsieur Boulant buvait.
Il y avait des matins où, quand ma grande sœur partait à l’école, elle ouvrait la porte et criait « Maman ! Le père Boulant a encore « dég…vomi sur le paillasson ! »
Il n’empêche que « le père Boulant » m’a donné un jour les quelques francs qui manquaient pour acheter un vieux machin aux Puces du Marché Malik.
Il était gentil Monsieur Boulant.
C’est peut-être pour ça qu’il buvait beaucoup de vin.
C’est du moins ce que disait mon père.
Ma mère était moins indulgente.
Un jour, la porte de Monsieur Boulant est restée ouverte trop longtemps.
Ma mère a dit à mon père « Quand même, Lemmy, c’est ouvert depuis hier soir, tu devrais aller voir. »
Mon père est allé voir, il est revenu à la maison et a dit « Empêche les enfants d’aller voir, je descend téléphoner aux flics, le père Boulant est mort… »
Des gens sont venus, bruyants, j’ai entendu des craquements et ils l’ont emmené dans un grand cercueil de bois peint en ce « marronnasse » des couloirs de commissariat de l’époque.
J’y pense encore parfois, « au père Boulant ».
Il avait un gros manteau comme on en voit aujourd’hui dans les films sur « l’Occupation », de ces gros manteaux de laine, lourds, épais et rêches.
Il était gentil Monsieur Boulant.

lundi, 31 août 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 46

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Finies les vacances !
Elle retourne à la fac.
Moi aussi.
Hélas, pas la même.
Nous partions.
Chacun de son côté...
J’ai allumé une cigarette.
Je n’ose pas la regarder, elle part…
De façon assez surprenante j’ai mal, je me demandai pourquoi.
Elle n’était pas la première pour qui j’avais eu « un béguin » comme disait encore ma grand’mère.
En y réfléchissant un peu elle n’était même pas particulièrement jolie.
Elle avait néanmoins ce « quelque chose ».
Quelque chose de troublant qui me dit à l’instant à voix basse ce qu’est la beauté, la vraie beauté et où elle se cache.
Je n’ai jamais pensé à ça auparavant, à ce qu’est la beauté.
Là, je garde les yeux sur ses jambes suggérées par ce pantalon « corsaire » qui en fait ressortir la forme et le côté si tentant de leurs courbes.
Je les connais bien, ces jambes, mieux que je ne la connais elle.
J’en sentais encore la douceur sous mes doigts et rien que ça m’émouvait.
Mais à l’instant, autre chose me transportait.
Là, tandis que nous nous disons adieu sans nous regarder, sans même dire le mot, sans même nous toucher, j’ai su.
Il m’a suffi de me rappeler l’après-midi où, assis dans la clairière, elle a acquiescé sans un mot, d’un battement de cils.
L’acquiescement dans un regard émouvant.
J’ai su alors que la beauté même pouvait tenir dans le regard, le seul regard.
Depuis je repensais à ce regard et à tous ces autres regards.
Tous ces regards, étonnés, rêveurs, tournoyants, perdus, souriants, qui suivirent et qui désormais s’adresseront à d’autres, présents, plus proches, nouveaux.
Que par moment toute la beauté du monde tienne pour un instant, un instant seulement et pour qui la perçoit, dans un regard m’étonne chaque jour…

Bon, je suis « fleur bleue » vous le savez, ne croyez donc pas que je vais changer maintenant.
Il faut bien que quelqu’un regarde le monde en pensant à autre chose qu’à la rentabilité de nos actes ou de nos idées…

 

samedi, 29 août 2020

Sonate d’automne.

Ouais, mais en plus gai quand même…

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Ce matin, il fait un temps d’automne.
Il y a ce je ne sais quoi dans l’air qui me pousse à la rêverie.
La rêverie va s’arrêter très bientôt car il nous faut aller plus haut pour acheter quelques légumes et fruits.
Le temps est idéal, pas trop chaud pour la lumière de mes jours ni trop frais pour moi.
Le temps est doux.
Nous irons donc plus haut, la lumière de mes jours à mon bras.
Hélas, rêvasser avec un masque a ce petit quelque chose qui vous gâche la promenade…
Respirer l’ambiance de la ville, apprécier ce léger vent qui accompagne souvent ce temps un peu gris qui donne un ton vaguement mélancolique aux rues parcourues d’un pas lent.
Je ne vous avais pas dit que j’aimais ce moment de l’année ?
Ce temps qui dit la fin de l’été, la rentrée, les séparations de fin de vacances, les amours cessantes, la naissance de nouvelles et l’espoir de la perpétuation de celui qu’on vit.
J’aime l’automne.
Celui du temps doux, celui des coups de pied dans les feuilles mortes, celui du craquement de ces mêmes feuilles mortes sous mes pas.
Hélas, respirer mon haleine qui va devenir fétide à force de réclusion dans le masque m’empêche de sentir l’odeur des feuilles mortes qui se ramassent à la pelle tandis que j’espère ne pas avoir à dire « les amours mortes et les regrets aussi ».
Enfin, du moment que je ne vois pas la pluie effacer les pas des amants désunis…
J’ai envie d’aller au Jardin des Plantes.
Il y a dans les allées plein de feuilles mortes, plein d’amoureux sur les bancs.
Et j’aime l’idée de passer un moment dehors, dans la verdure et surtout sans masque.
Même si prendre ensuite le 63 jusqu’à Michel Debré, faire une centaine de mètres jusqu’à Saint Germain des Prés se fera avec le masque sur la figure.
S’arrêter pour prendre un café à la terrasse du « Québec ».
En profiter pour écouter les piliers de comptoir pester contre le port du masque entre deux « p’tite Côtes » et trois « tu nous r’mets ça ? ».
Puis traverser le boulevard Saint Germain, passer devant les « Deux Magots » qui n’est plus qu’un piège à touristes jouant à se « parisianiser » depuis la mort de François Nourissier, ce faux « Hussard » qui s’y montrait complaisamment à la terrasse.
Je me demande d’ailleurs s’il n’était pas payé par les « Deux Magots » pour attirer le client avide de reconnaissance sociale...  
Enfin monter dans le 95, juste devant l’église Saint Germain des Prés et revenir à la maison.