dimanche, 22 novembre 2020
Plat de pauvre.
Il est difficile de trouver quelque chose à raconter ces temps-ci.
Quand on a une vie normale, on n’a pas toujours le temps d’écrire.
Quand on a cette vie anormale, on n’a rien à écrire.
Bilan ? Alors que les jours continuent de raccourcir, les journées semblent de plus en plus longues…
Même la cuisine ne semble plus un dérivatif suffisant.
Du moins pour notre génération car les plus jeunes, à constater le nombre de naissances prévues, ont trouvé de quoi s’occuper…
À propos de cuisine, j’ai préparé un « pot au feu » hier.
Bon, vous n’en avez rien à cirer, c’est évident.
Néanmoins, en déballant la viande achetée avant-hier après-midi, je dois dire que je suis resté un poil estourbi.
Vendredi, je n’avais pas prêté autrement attention en tapant le code de la carte, au montant affiché sur le petit terminal astucieusement placé sous une lampe digne d’un bureau du KGB.
Ma pente naturelle me poussant à la confiance, les balances émettant des tickets dûment renseignés et les marchands, même s’ils ont parfois une « morale élastique » ne vont pas jusqu’à donner des facturettes au montant différent de celui indiqué par les balances, j’ai donc tapé mon code sans inquiétude ni curiosité particulières.
Je fus d’autant moins curieux que tout avait été conseillé et choisi par le boucher sur la demande de la lumière de mes jours.
Nous avons continué les courses d’un pas léger et d’un sac lourd.
Et voilà…
Hier soir, je me lance dans une séance d’épluchage proprement dantesque.
Après avoir face à moi une montagne, bon , un monticule, de légumes, j’ouvre la porte du réfrigérateur et prends les paquets de la boucherie.
Je regarde le ticket.
La tête me tourne.
J’ai failli me précipiter sur mon PC et me connecter à la banque pour savoir combien d’années de prison je risquais pour un dépassement de découvert autorisé.
Eh bien, lectrices chéries mes amours, je peux vous dire que le « pot au feu », que je prenais naïvement pour un « plat de pauvre » est devenu un « plat de pauvre doté de moyens conséquents »…
Certes, la viande – élevée dans les prés de Montmartre- et les légumes, eux aussi superbes exemples de la « production locale » aux dires du marchand, tout était délicieux.
Néanmoins… Néanmoins insisté-je, il eut été préférable que nous nous orientassions vers quelque chose comme un « cheese burger » acheté en « click and collect » au McDo de la place de Clichy.
Parce qu’après y avoir regardé de près, ce « plat de pauvre » coûte pour deux dîners, le prix d’un dîner libéralement choisi chez « Gallopin » ce restaurant du côté de la Bourse où nous devons aller fêter notre prochain anniversaire de mariage ou la prochaine sortie du confinement.
Je me demande seulement si jeter les épluchures à la poubelle ne fut pas une bêtise…
10:03 | Commentaires (8)
vendredi, 20 novembre 2020
Leurre de la promenade...
Ouais... Mais c'est exactement ça...
Vous savez quoi, lectrices chéries ?
J’ai envie de prendre le bus.
Non que j’aie un but particulier en tête, non…
Plus exactement, je n’ai pas de destination géographique précise en vue.
Un but, en revanche, j’en ai un : Voir, voyager.
Bien sûr, comme souvent depuis… Depuis huit mois, je monte.
Je monte la rue qui me mène vers la place des Abbesses.
Je descend la rue qui me mène vers la place de Clichy.
Je monte la rue qui me mène au cimetière Saint Vincent.
Je passe parfois rue d’Orsel où je vois ce restaurant qui est devenu un « restau à couscous » alors qu’il servait de la cuisine dont je n’avais rien à faire, occupé que j’étais à regarder les yeux de ma convive.
Je m’arrête parfois place Charles Dullin que je m’entête à appeler place Dancourt.
Chouette place ou je pouvais m’asseoir sur un banc, mon cartable entre les jambes, puis m’asseoir ma main tenant une autre main, puis assis contre la lumière de mes jours.
Il n’y a plus de bancs.
Ils ont été retirés parce que la vue de clochards assis et buvant heurtait la vision qu’avaient de Paris des touristes mal renseignés à coups de clichés pleins de peintres et de Tour Eiffel.
Alors je veux prendre le bus.
Voir le boulevard de Bonne Nouvelle, le boulevard Poissonnière, y voir la station qui s’appelait « Boulevard Montmartre » rebaptisée « Grands Boulevards » pour rappeler quelque chose à des gens de passage.
J’ai envie de traîner, de flâner le nez au vent.
Lire ce qu’ont écrit sur les murs des poètes de passage.
Même si l’inspiration leur fait souvent défaut.
J’ai envie de m’appuyer au parapet du pont de la Concorde et regarder la Seine.
Voir au loin la Tour Eiffel et le pont Alexandre III quand je regarde vers l’ouest.
Voir les Jardin des Tuileries et au loin les tours de Notre Dame quand je regarde de l’autre côté.
Ressentir ce petit pincement quand je regarde la place de la Concorde et l’entrée des Tuileries.
J’ai envie de prendre le bus pour retourner dans les rues du Marais ou du Quartier Latin.
J’ai envie d’errance.
L’enfermement ne me vaut rien.
Et le reste de la famille me manque.
Terriblement...
Se voir allouer une heure de promenade dans une rayon limité vous a un côté Fleury-Mérogis qui me pèse chaque jour un peu plus…
On va finir par croire les vieux qui se lamentent « C’était mieux avant ».
10:26 | Commentaires (16)
58ème devoir de Lakevio du Goût
07:55 | Commentaires (3)
jeudi, 19 novembre 2020
« Click and collect », mais quoi ?
Hier, nous avons profité du dernier jour de temps hors de saison pour aller chercher le pain chez Pain-Pain.
Pain-Pain est une sorte de réserve, non pas d’Indiens mais de tentations.
Ils ont des gâteaux que rien qu’à les regarder le pancréas se bloque, le foie mouline de toutes ses petites cellules hépatiques pour traiter cet afflux brutal de cholestérol, bref, un coup d’œil à la vitrine prépare votre prochain accident cardiaque.
Sages comme il nous arrive de l’être, nous n’avons acheté que notre baguette et sommes repartis, Télérama dans le fond et la baguette dépassant du cabas.
On aurait dit, au béret et au fichu près, un couple de Français vu par un journaliste américain en retard d’une guerre…
Pour changer, nous n’avons pas repris la rue des Abbesses mais avons descendu la rue des Martyrs.
Il n’y avait personne.
Michou ? Fermé.
Madame Arthur ? Fermé.
Arrivés au carrefour ou le boulevard cesse d’être « de Rochechouart » pour devenir « de Clichy », pas une trace de la foule habituelle.
Pas un bistrot ouvert.
Étrangement, seules les boutiques de « génito-distraction » étaient ouvertes, leur entrée barrée par une petite table arborant un écriteau « click and collect » rutilant.
Nous avons déambulé lentement le long du boulevard, Heure-Bleue fut surprise du prix des guitares électriques, dont elle ignorait tout et n’avait sûrement aucune idée du prix d’une « Gibson Les Paul » qui la laisserait pantoise…
Au cours de ces pérégrinations, nous avons eu la chance d’apprécier l’humour involontaire de certaines situations.
Passant devant une boutique dont la vitrine proposait divers jouets et engins destinés à agrémenter les soirées à deux ou plus, la lumière de mes jours s’est arrêtée.
Tandis qu’elle remarquait benoîtement qu’il n’était pas question de se tartiner de produits étranges qui allaient sûrement la brûler là où elle était sensible, j’ai regardé le boulevard.
C’est là que j’ai remarqué cette camionnette d’une entreprise au nom si parfaitement adapté à la vocation de la boutique devant laquelle elle était garée que nous avons eu là notre fou-rire quotidien.
Puis j’ai préparé le chou du « producteur local » accompagné de « saucisse au couteau » que nous dégusterons ce soir…
Ce fut une bonne journée.
Comme Elle dit, « c’était bien ».
Surtout ce fou-rire…
09:47 | Commentaires (7)
mercredi, 18 novembre 2020
Libéré... Délivré... Confiné...
J’aime beaucoup le blog d’IsabelleZ.
Je la connais.
Elle habite un coin que je connais depuis toujours.
Enfin, depuis que j’ai trois ans environ.
Pas elle, évidemment, elle est beaucoup plus jeune.
IsabelleZ regarde son quartier, proche de Montmartre, d’une autre façon.
Elle prend des photos.
De belles photos.
De si belles photos qu’elle me fait reculer de plus d’un demi-siècle dans une enfance qui n’a jamais réellement pris fin chez moi.
Je regarde toutes les rues qu’elle a prises en photo et qui entourent le Sacré Cœur.
Toutes me rappellent quelque chose.
Je n’en vois pas que les images.
J’en vois la vie.
J’en sens les odeurs.
Qui n’étaient bien souvent que celles de la vie qu’on cache habituellement.
Celle de la soupe de légumes qui me chatouillait les narines en sortant de l’étude.
Trop souvent celle du pipi…
Je ne sais pourquoi, les rues Muller et André Del Sarte me donnaient l’impression de traverser une pissotière.
De toutes les rues photographiées par IsabelleZ, je revois aussi les couleurs.
Une dominait toutes les autres : Le noir des immeubles avant que Malraux ne décide que Paris devait être nettoyé de la crasse déposée par le chauffage.
Il y a un petit carrefour à une des sorties du jardin du Sacré Cœur que j’aimais beaucoup.
C’est là qu’Heure-Bleue s’est fait voler un portecarte par une « gitane ».
C’est un petit carrefour qui, depuis que je le connais, est toujours « en été ».
Je ne sais pourquoi, dans mon esprit il y fait toujours beau.
Même quand j’y passe et que le temps est nuageux.
Ce doit être la magie du lieu à laquelle est mêlé le souvenir d’un oncle qui chantait en nous promenant « Un garçon part en vadrouille, au bord d’un étang ».
Il s’arrêtait sur ce petit carrefour, et continuait « Il marche sur une pierre qui roule et fout le camp dedans… »
C’était le petit frère de mon père.
Il était super bien, il jouait à Hercule dans « Les travaux d’Hercule » vachement bien.
Il est vrai qu’il était très fort mon oncle.
Puis il nous reprenait par la main, ma sœur cadette et moi et on descendait la rue Muller, celle qui sentait le pipi et qu’IsabelleZ a prise en photo.
Au bout de la rue Muller on tournait dans la rue de Clignancourt qu’on descendait jusqu’au passage au coin duquel il y avait « le chiffonnier ».
Le fameux passage Kracher, celui qu’on n’avait pas le droit de prendre, ni mes sœurs ni moi « car on allait se faire enlever par des Arabes » selon ma mère.
Voilà où m’entraîne le blog d’IsabelleZ.
10:31 | Commentaires (4)