dimanche, 29 septembre 2024
Sonate d'automne
Xoulec est passé chez moi.
Je ne connaissais Xoulec que parce que je lisais ses commentaires chez Adrienne.
Comme beaucoup, Xoulec, que je soupçonne n’être plus un gamin depuis un moment, à la mémoire titillée par l’automne et le devoir que je vous ais proposé semble l’avoir ravivée plus que de coutume au point de l’inciter à participer à ce concours sans gagnant ni récompense autre qu’avoir partagé le souvenir d'un instant ou la vision d'un moment.
Je suis donc passé le lire et, ô surprise, il m’a rappelé des fins de vacances en Bourgogne.
Vacances riches en découvertes si vous vous rappelez bien ce que je vous en avais dit.
Je dois dire qu’au moment où je vous en avais parlé, les souvenirs qui affluaient n’étaient pas ceux de Xoulec quoiqu’ils fussent du même ordre…
Mais si j'aimais regarder passer les énormes charrettes pleines de paille avec les jeunes gens et parfois des enfants au sommet, je préférais passer le « père Marcel ».
Il menait ses vaches et les maintenait dans le droit chemin avec un grand bâton que j’ai tenté plusieurs fois de lui voler.
Un fois il m’en a donné un.
Un bâton super chouette, « c’t’une baguette de coudrier mon gars, c’est droit, c’est souple et très solide… »
Il connaissait le truc, Marcel.
Il savait qu’avec les autres, je ferai un arc et qu’après je courrai dans les terrains en jachère à la recherche de tiges de chardon séchées par le soleil.
Elles étaient droites comme des « i » et, correctement lestées avec un clou à une extrémité, elles faisaient des flèches tout à fait efficaces mais peu dangereuses.
Quand les garçons et les filles se promenaient, il n’y avait jamais d’arc ni de flèches.
Juste la curiosité mutuelle.
Ces vacances du côté d’Alésia étaient une autre école qui nous mènerait à des découvertes en « Sciences naturelles » autrement intéressantes dès que nous aurions un pied sorti de l’enfance…
L’automne arriverait et nous aurions appris en trois mois des choses qui nous serviraient autant dans notre vie que ce que nous apprendrions à l’école…
Le début de l’automne est vraiment un moment merveilleux et nous en sucerions le souvenir jusqu’au printemps.
En attendant, nous marcherions en traînant les pieds dans les feuilles mortes qui bruissent si bien quand le temps est sec...
Le jardin des Tuileries que je vous montre est tout à fait prévu pour ça.
Si si, je vous jure, je le fais depuis que je suis gamin...
11:52 | Commentaires (3)
vendredi, 27 septembre 2024
193ème Devoir de Lakevio du Goût.
J’aime particulièrement l’automne mais que vous inspire-t-il ?
Certains lieux me remuent le peu d’âme qui me reste, surtout celui-ci que j’ai parcouru tant de fois.
Êtes-vous plus « Ô bruit doux de la pluie, par terre et sur les toits »
Ou « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris, »
Êtes vous plus branchés Verlaine ou Verhaeren ?
Ou êtes vous simplement vous et vos rêves ou vos idées ?
À lundi, j’espère…
12:08 | Commentaires (10)
lundi, 23 septembre 2024
Devoir de Lakevio du Goût.N° 192.
Cette scène, courante dans un bar l’est beaucoup moins dans l’œuvre d’un peintre.
Elle parut amener Mark Keller à la peindre.
Quelles sont les questions qu’il a pu se poser en les voyant ?
Que pensaient les deux protagonistes qui semblent muets ?
La vie semble beaucoup plus riche en questions qu’en réponses…
Je compte sur vous pour nous éclairer lundi.
Vous êtes toutes et tous riches d’interrogations.
Je suis sûr qu’elles nous intéressent tous.
Il s’apprêtait à la servir pour la septième fois.
Il le savait avec précision, c’était son boulot.
La règle était bien connue « Une bouteille c’est six verres. »
On lui avait appris à jauger sur n’importe quel verre la quantité « 12 cl ! Fais gaffe ! »
En attendant il ouvrait la seconde bouteille et se disait « Si elle attend quelqu’un, le quelqu’un a intérêt à arriver dans moins de cinq minutes… »
Elle tendit son verre en se disant « Mais bon sang ! Il va me parler ? »
Elle remarqua alors qu’elle allait bientôt se mettre à bafouiller même en pensant…
Il ouvre la seconde bouteille et semble ne pas même m’avoir vue…
Bon sang qu’il est beau !
Il pourrait au moins me demander « Vous attendez quelqu’un ? »
Mais je t’en fous, il est juste au boulot, il se fout de qui est derrière le comptoir.
S’il ne me parle pas maintenant, je vais partir et je ne suis même pas sûre de pouvoir descendre du tabouret...
Non mais quelle idiote ! J’aurais pu commander un diabolo quelconque mais non, j’ai voulu « faire genre ».
Un grand cru de Bordeaux qui titre au moins 15°, ça, « ça avait de la gueule » comme commande…
Franchement elle est trop mignonne pour « se mettre minable » comme ça !
Je devrais peut-être lui dire… Oh ! Et puis m… !
« Mademoiselle ? Mademoiselle ? Ça ne va pas ? »
Elle a levé les yeux te là, comme on dit « j’ai été scotché » !
Enfin, il m’a parlé !
Il m’a même regardée, il a l’air vraiment inquiet pour moi.
Il a la voix douce.
Il semble si gentil qu’un sourire m’a échappé.
P… ! Ce sourire ! Il donne envie de l’embrasser tout de suite.
Je me suis contenté de demander « Vous attendez quelqu’un ? »
Puis, un peu indiscret je m’en rends compte « Quelqu’un qui n’arrive pas ? »
Tant pis, je n’aurais jamais pensé dire ça mais je n’ai pu m’en empêcher.
J’ai dit doucement « Je pense qu’il arrive enfin… »
Je suis sûre que j’ai rougi, c’est la première fois de ma vie que je fais « le premier pas »…
Bon sang ! Mais elle rougit !
« Mademoiselle ? Je ne voudrais pas paraître indiscret mais voulez vous que je vous raccompagne ? J’ai fini dans une demi-heure. »
J’ai repoussé le verre que je n’ai pas touché.
Il l’a ramassé et l’a vidé dans le bac.
« Merci beaucoup, je pourrais avoir un café ? Un vrai « ristretto » maintenant ? »
Il a souri.
Mon dieu ! Quel sourire...
Cette demi-heure va être interminable, je le sens…
09:29 | Commentaires (19)
vendredi, 20 septembre 2024
192ème Devoir de Lakevio du Goût.
Cette scène, courante dans un bar, l’est beaucoup moins dans l’œuvre d’un peintre.
Elle parut amener Mark Keller à la peindre.
Quelles sont les questions qu’il a pu se poser en les voyant ?
Que pensaient les deux protagonistes qui semblent muets ?
La vie semble beaucoup plus riche en questions qu’en réponses…
Je compte sur vous pour nous éclairer lundi.
Vous êtes toutes et tous riches d’interrogations.
Je suis sûr qu’elles nous intéressent tous.
12:26 | Commentaires (7)
lundi, 16 septembre 2024
Devoir de Lakevio du Goût No 191
Cette toile d’Anne-Françoise Coloumy, à défaut d’être nette, me renseigne.
Ce n’est pas la première fois que je vous propose de raconter une histoire sur une toile de cette dame.
Cette fois, je vous en demande une autre à propos de la toile qu’elle a peinte et que je soumets à votre imagination.
Comme vous, j’espère en savoir plus lundi…
Depuis tout ce temps que j'ai passé derrière ces portes obstinément closes, je sais maintenant.
J’ai ainsi attendu des heures, assis sur les marches d’escaliers ombres, parfois vaguement éclairés chichement par des fenêtres aux vitres sales.
J’ai aussi parlé à des inconnus dont nombre ignoraient qui habitait ou avait habité derrière ces portes.
Une fois, l’un d’eux m’a dit « A… Mademoiselle A. ? Eh bien… Hélas… »
En fermant la porte de chez lui il a dit « Je crois bien qu’elle est morte il y a près de vingt ans… »
Ça m’a paru bizarre, comme si j’avais couru toutes ces années après un fantôme dans divers arrondissements de Paris.
Je me rappelle avoir cru, l’espace de quelques heures, qu’elle était passage du Désir, puis dans d’autres rues du Xème arrondissement.
Mais non, ces portes n’avaient pas d’adresse précise, elles se déplaçaient au gré de souvenirs flous et toutes les histoires qui y étaient liées finissaient mal.
Mais là, je savais.
Je savais enfin où était cette porte, celle qui allait me dire exactement ce qui traînait dans mon cerveau depuis tant d’années et l’embrumait aux moments les plus inattendus.
J’étais devant et j’attendis d’être sûr que personne ne gravissait les marches avant de tenter d’entrer.
Bien que la poignée de la porte fut si sale qu’on eut cru qu’elle était soudée à la pommelle, elle tourna sans difficulté et la porte s’ouvrit dans un grincement qui me rendit inquiet à l’idée qu’un voisin pût m’entendre.
J’eus la surprise de ma vie !
J’entrai dans un salon où régnait un désordre épouvantable mais mort.
Sur la cheminée où aucun feu n’avait été allumé depuis des temps immémoriaux, un tas de méchants chiffons de papier attendaient sans doute qu’on les brulât…
Cet appartement avait été abandonné sans hâte et un manteau, abandonné lui aussi sur un escabeau dont je me demandais ce qu’il faisait là, excita ma curiosité.
J’en fouillai les poches pour savoir à qui il appartenait mais c’était un réflexe idiot puisque c’était un manteau de femme et ce qui aurait pu me renseigner était sans doute dans un sac à main…
Aucun des papiers qui traînaient autour, par terre, sur la cheminée ou la petite table ne me renseigna.
C’est alors que, levant les yeux, je la vis sur le mur.
J’en étais sûr, c’était elle, je l’avais reconnue immédiatement !
Celle que je cherchais partout, dont je ne sais qui avait fait le portrait, était là, sur ce mur, telle je l’avais croisée il y a longtemps, bien longtemps.
J’ai ramassé par terre une carte de visite, sans doute échappée d’un porte-document donnait une inquiétante information.
On y pouvait lire « Henri de Borniol » en caractères gras.
Et, juste en dessous, en plus petit « Depuis 1820 ».
Le dernier signe de ce jeu de piste étrange était celui d’une entreprise de pompes funèbres.
Je suis sorti de l’immeuble, tracassé par ce dernier renseignement dont j’ignorais la signification ni où il me mènerait et traversai la rue…
Je n’ai pas entendu le bus.
La dame a dit au machiniste affolé « J’ai crié mais il n’a rien entendu, on aurait dit qu’il rêvait… Qu’il avait déjà quitté ce monde… »
08:27 | Commentaires (14)