mercredi, 17 septembre 2025
Le garçon bouché…
Vous savez ce qu’est « un vieux con » ?
Outre que, comme toujours, c’est celui qui ne pense pas comme soi, il arrive tout de même d’en croiser un qui le prouve immédiatement.
Ainsi Heure-Bleue et moi revenions tranquillement de notre visite chez le médecin, celui qui exerce près de la mairie du IIIème.
La promenade était agréable et nous sommes arrivés à l’arrêt du 20.
C’est là que cette histoire de « vieux con » prend naissance.
Assis à l’arrêt du bus avec deux autres personnes, nous regardions, désolés, l’état lamentable de la statue de Marianne, pas Faithfull, l’autre, la nôtre.
Le socle finira pas disparaître à cause de la fréquence des nettoyages nécessaires après le passage de ceux qui ont à faire savoir qu’ils ne sont pas d’accord avec telle ou telle décision politique.
Le problème de ces désaccords étant qu’ils se manifestent surtout par la dégradation d’un monument qui justement est là pour représenter le peuple.
Désolés, donc, devant l’aspect du symbole de la République, nous vîmes arriver un type, « the râleur » qui pesta devant l’état de la statue, regrettant « la place d’avant quand il y avait des voitures et tout ça c’est la faute à Hidalgo ! »
Il continua seul un moment, pestant après tout et son contraire et trouva enfin un sujet qu’il pensait entraînant.
« Vous avez vu comment c’est la circulation maintenant ? Sur les quais, la police et les pompiers ne peuvent pas avancer ! »
C’est là qu’il nous apprit que l’incendie de Notre Dame était finalement « la faute à Hidalgo avec la limitation de la vitesse sur le périphérique et tous ces travaux ! »
Heure-Bleue a remarqué que limiter la vitesse à 50 km/h sur un boulevard où on peut à peine atteindre 30 km/h ne lui paraissait pas une raison sérieuse pour expliquer l’incendie de Notre Dame.
C’est là que j’aurais dû me taire.
Hélas, j’ai osé mettre en doute la responsabilité de Madame le Maire de Paris dans le drame car elle n’est pas responsable de la police ni des pompiers.
Après nous avoir expliqué «combien « c’était mieux avant » et dit qu’il était né en 1969, le type s’est alors lancé dans une diatribe contre le gauchisme de Radio France et de messieurs Legrand et Cohen.
L’erreur fut de lui faire remarquer que l’espionnage d’une conversation privée et son caviardage par une revue d’extrême-droite n’était pas un gage d’objectivité…
Hélas trois fois hélas, le type était un téléspectateur de CNews, persuadé que l’ultragauche nous guettait.
Pire, il est monté dans le même bus que nous.
De la race des taquins compulsifs, je ne pus m’empêcher de le relancer à petites touches qui marchent si bien.
Alors je me suis fait disputer par Heure-Bleue qui a changé de place pour me surveiller alors que j’avais enfin croisé un « vieux con » qui avait vingt ans moins que moi…
09:38 | Commentaires (4)
lundi, 15 septembre 2025
On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment.
Le Cardinal de Retz n’avait pas tort, j’en ai fait l’expérience…
J’avais entendu hier ou avant-hier à propos d’un film une phrase qui m’a laissé perplexe.
De fait elle m’a surtout fait rire
D’abord sur la façon dont l’auteur d’icelle a appris le français puis sur la signification de ladite phrase.
« C’est un huis clos à l’extérieur dans un immeuble. »
Ouais, le mec a dit ça.
À force d’entendre les invités causer comme ça sur France Inter, j’en arrive à faire des efforts désespérés pour causer comme on m’a appris à l’école.
Des bêtises comme éviter les oxymores, respecter la concordance de temps et faire des phrases à peu près correctement, construites avec un sujet, un verbe, un complément et surtout, car un prof ne le supportait pas, l’usage du « double sujet », tel un candidat à une élection aboyant « Les Français ils veulent »…
Cette bévue radiophonique m’a alors rappelé un souvenir.
Tout comme l’ambiguïté est l’âme du discours de député ou du politicien en campagne, c’est aussi un des nombreux talents d’Heure-Bleue.
Vous savez sans doute que depuis des décennies, le talent inné de la lumière de mes jours pour la phrase ambiguë force mon admiration et ses meilleurs « double sens » restent gravés dans ma cervelle.
Ainsi, cette bribe de conversation d’il y a quelque temps.
Il était question d’un plat que j’avais préparé et qui avait laissé un souvenir agréable.
Ce soir-là, donc, elle me demanda de lui préparer le même plat :
- Minou, ce soir tu me refais ce truc comme j’aime ?
- Hmmm ?
- Si si, ce truc comme tu m’as fait hier soir, c’était super…
- Bien sûr, bien sûr, tu m’as déjà vu te refuser ça ?
Et j’ai « soupiricané ».
Hélas assez fort pour que la lumière de mes jours, brusquement éclairée, lance :
- Pfff… Mais c’est pas possible… Tu ne changeras jamais !
Je sais bien que c’est faux, je me rase tous les matins et je sais bien que j’ai beaucoup changé depuis 1971…
Je n’avais rien de particulier à écrire et rêvassais devant mon écran quand m’est revenue cette récente bévue radiophonique…
07:30 | Commentaires (9)
mardi, 09 septembre 2025
La découverte du consensuel…
De rien Alainx, de rien, c’est un plaisir…
Hier fut un jour de travail de forçat.
Après les tâches matutinales habituelles comme le petit déjeuner, ranger les vaisselle du dîner, faire le lit puis la toilette, nous nous sommes trouvés soudain devant la vacuité courante qui précède le déjeuner.
Après que je l’ai préparé, que nous l’eûmes dégusté – là je me vante c’était très quelconque- je nous ai trouvé une occupation palpitante et indispensable : Aller chercher des produits dangereux mais efficaces et bien plus abordables que les produits doux mais lamentablement inefficaces et horriblement chers prévus pour le même travail.
En deux mots, j’ai traîné Heure-Bleue jusqu’à la place de Clichy chez Cas..rama acheter de l’acide chlorhydrique et de la soude caustique à 99% pour déboucher nos lavabos et éviers et détartrer ce qui en avait besoin.
La place Clichy n’a pas changé depuis mon enfance, seules peut-être les « filles de joies » se sont déplacées vers les « salons de massage » des rues adjacentes histoire de laisser la place aux « livreurs de paradis artificiels » en vélo qui se cachent à peine de faire leurs petits travaux de mise en sachet de leurs « paradis illégaux ».
Restent tout de même le Lycée Jules Ferry, celui qui servit de décor au « Diabolo menthe » de Diane Kurys, si près de la vérité malgré l’erreur des nappes à carreaux dans des réfectoires qui n’en n’avaient jamais vu…
Ce lycée a néanmoins perdu à l’entrée de rue de Douai le café « La Taverne du Régent » qui faisait son charme et évitait les rendez-vous au square Berlioz trop surveillé par les profs du lycée.
La population présente devant le lycée est très différente de celle de mon adolescence.
Les garçons papotent, les filles aussi, et ensemble.
Il n’y avait plus la ségrégation que les ados de ma génération et des précédentes avaient connue.
Mon « lycée de garçons » avait un avantage indéniable.
Il était à mi-chemin entre le « Lycée de jeunes filles Jules Ferry » et le « Lycée de jeunes filles Lamartine ».
Les relations n’étaient pas aisées à nouer mais elle me semblent avoir eu l’avantage de permettre à la fois de suivre les cours attentivement et de rêver à la façon de suivre les filles tout aussi attentivement mais pas au même instant…
Ceux qui disaient naïvement « on n’est pas de bois » ne parlaient pas tous de la même chose…
Bref, ce passage devant le lycée et sa population devant l’entrée m’a fait toucher du doigt la différence qu’il y avait entre les lycées parisiens des années soixante-dix et ceux d’aujourd’hui…
Les relations entre les filles et les garçons ne me semblent pas aujourd’hui plus décontractées, ni plus douces, simplement plus faciles grâce à leur proximité permanente.
13:45 | Commentaires (10)
samedi, 06 septembre 2025
Elle n’a Dieu que pour ses saints…
Bon, je ne pouvais pas la rater, même si j’ai honte…
Avant-hier nous sommes allés faire quelques courses avec un ami rue de Lévis.
« Quelle nouvelle ébouriffante ! » vous écriez-vous, j’en suis sûr.
Et, comme chaque fois, nous nous arrêtons au café de l’angle de la rue de Lévis et de la rue Legendre.
Rien de bien extraordinaire évidemment sauf un détail.
Vous savez que la différence essentielle entre Heure-Bleue et moi ne réside pas seulement dans les différences habituelles entre hommes et femmes ; non.
Elle réside essentiellement dans la façon de regarder le monde.
Heure-Bleue observe les lieux avec attention et dispose d’une cartographie interne bien différente de la méthode de Michelin ou de l’IGPN.
Je suis sûr par moment, quand je la sens hésitante sur la direction à prendre et soudain décidée qu’un Monoprix est tout proche même s’il est encore invisible.
Au point que je pense que si l’entreprise Monoprix disparaissait, la lumière de mes jours serait irrémédiablement perdue dans le Paris où elle est née et où elle vit.
Quant à moi, ce ne sont pas les lieux qui attirent le plus mon attention mais les gens.
Que ce soit leur allure, leur accoutrement, leurs mouvements, leur parfum ou leur odeur, ils attirent mon attention.
Et, pour en arriver où je voulais en venir, nous étions assis à la terrasse de ce bistrot quand deux filles en sont sorties, et se tournées l’une vers l’autre pour se séparer pensais-je.
Mais non, elles se sont regardées comme font les amoureux, faisant disparaître le monde alentour puis se sont embrassées, toujours comme font les amoureux, ceux des bancs publics.
Ce qui m’a surpris, ce n’est pas un baiser entre ces deux filles, quand on est arrivé adolescent dans le Marais et qu’on y a vécu plus de vingt ans, ce n'est pas ce qui va me surprendre.
Ce qui m’a surpris en réalité c’est que dans ce coin particulièrement conservateur, à deux pas du Parc Monceau, il se trouve un couple qui sort de l’ordinaire admis de ce quartier resté si proche de la mentalité bourgeoise du XIXème siècle.
L’esprit du lycée Carnot l’aurait-il emporté sur l’esprit de l’école Sainte Ursule ?
À part ça, nous avons fait nos courses et atteint l’arrêt du 163 où le banc est désormais squatté par trois vieilles depuis que le banc qui les accueillait habituellement a été retiré par la voirie sous un prétexte futile du genre « c’est pour pas que les clodos y s’endorment dessus ».
Je me demande si ça n’offusquait pas les « nouveaux urbains », le genre à faire taire les cloches de l’église Saint Charles de Monceau alors que les autochtones s’en foutent depuis toujours…
09:37 | Commentaires (3)
mercredi, 27 août 2025
On ne vit pas seulement de pain. Beaucoup de vain, aussi…
Ce matin, j’ai lu, comme chaque matin, les blogs que je lis tous les matins.
Un, m’a particulièrement touché, Jean-Jacques666.
Un blogueur, Suisse de son état, qui me fait l’honneur de passer chez moi et d’y laisser parfois un commentaire, m’a particulièrement gâté.
Il m’a causé le grand plaisir d’exhumer un court métrage de 1957 « La Seine a rencontré Paris ».
Une Seine dont, pour ce qu’il m’en souvient, avait des quais beaucoup moins bien « rangés » qu’aujourd’hui.
Il est vrai qu’ils servaient bêtement de quais, destinés à contenir le fleuve et accueillir de quoi fournir à Paris les marchandises nécessaires.
Je me rappelle y avoir vu vers le qui de Grenelle dont j’appris plus tard qu’il s’appelait dès le bord de l’eau « Le Port de Grenelle » d’énormes tas de charbon destinés à chauffer et empoisonner l’atmosphère de Paris.
J’avais vu ça en allant plus loin que l’aquarium du Trocadéro, avant que le quai ne devienne la voie George Pompidou, cet autoroute qui supprima les quais jusqu’au pont du Garigliano.
Ces quais ne servaient pas encore de vitrine pour vendre une ville qui n’a jamais été à vendre.
Ces quais ont vu, très rarement il est vrai, mon père tenter d’attraper autre chose qu’une rhume en y allant avec sa canne à pêche.
Alors qu’on y a vu depuis les années soixante, des quais servant d’abri aux jeunes et moins jeunes gens occupés à se raconter des histoires tendres dont on finit toujours pas constater qu’il s’agit de surtout de convaincre l’autre moitié de la paire qu’il y a des endroits plus secrets où s’abriter, moins romanesques mais tellement plus confortables et surtout à l’abri des curieux.
Fort heureusement, les mêmes jeunes gens viennent se raconter des histoires les yeux dans les yeux et se tiennent toujours par la main.
Je le sais, on les voit depuis le café de la Samaritaine…
11:21 | Commentaires (8)





