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samedi, 24 août 2024

Jeux de dupes

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Vendredi nous avions rendez-vous avec une blogueuse amie au square d’Anvers avec l’idée de boire un café puis d’aller sur ce petit marché installé le long du square.
La marque des ans est évidente sur ce quartier.
Le lycée qui s’est échiné à me mettre dans la tête des choses qui s’en sont enfuies, est habillé de filets sur toutes ses faces.
Ce monument dédié au savoir date de 1821 et jusqu’il y a quelques années en assez bon état est quasiment en ruines.
Éviter qu’un moellon de cinquante kilos de pierre de taille ne tue un passant était assez avisé…
Vendredi, je fus donc scandalisé en passant devant « mon » lycée.
Le voir dans cet état de délabrement m’a fendu le cœur et m’a fait douter de la jugeote de ceux à qui nous confions imprudemment nos impôts.
Le souvenir des Jeux Olympiques m’a cruellement rappelé que l’on a trouvé un milliard et demi d’€uros pour permettre à une poignée de sportifs de nager dans la Seine.
Notre « État en faillite » selon le mot de notre ministre des Finances est perpétuellement à la recherche d’économies qu’il ne trouve apparemment que dans la poche des moins lotis…
Je me demande alors comment en dix ans à peu près, cet État qui n’a pas été fichu de trouver quelques dizaines de millions d’€uros pour garder en bon état ses lycées a trouvé les neuf milliards qui ont financé notre « parenthèse enchantée » selon les mots des media.
La Corée du Nord, état qui s’embarrasse peu de principes désuets comme les libertés publiques, le respect de la vie et autres billevesées règle de façon expéditive les problèmes domestiques.
Combien d’entraîneurs d’équipes sportives ont été exécutés après la défaite de leur équipe dans une compétition internationale.
Je frémis à l’idée de ce qui attendrait notre ministre des Finances si notre pratique était la même…
Ah... Le square lui aussi a changé, c’est devenu un jardin à « herbes folles » alors qu’avant, les « herbes folles », c’était nous....

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vendredi, 23 août 2024

On n’est jamais trahi que par les chiens…

Ouais… Bon… Mais je n’allais pas rater un mauvais jeu de mots, hein ?
La note d’Adrienne ce matin m’a rappelé un épisode canin
Il y a longtemps, nous avons habité Chatou.
Un appartement avec une vue magnifique sur la Seine et sur l’île dite « Île des impressionnistes ».
L’endroit était certes agréable, une sorte de « ghetto pour opulents ».
Hélas, près de chez nous une maison était plus habitée par des chiens que par leur maîtresse car il s’agissait d’une maîtresse.
Ces chiens était apparemment seuls trop souvent à leur goût.
Ils nous pourrissaient donc les nuits et me poussaient à penser que les abandonner au bord d’une route n’était pas si idiot comme idée…
La lumière de mes jours pestait régulièrement après ceux de la maison voisine.
Un jour suivit une nuit pire que les précédentes.
Elle eut une idée qu’elle mit en pratique le jour même.
Partant vers la librairie, elle s’arrêta devant la maison où habitait ce fichu clébard.
Elle sonna, sonna, sonna... jusqu’à ce qu’une femme demande d’une voix ensommeillée « Oui… Qui est-ce ? »
La lumière de mes jours répondit, assez vivement j’en suis sûr « C’est votre voisine, celle que vos chiens empêchent de dormir. »
La porte s’ouvrit sur une femme d’assez mauvaise humeur et mécontente d’être sortie du lit avant midi et après une nuit trop courte.
La femme de ma vie lui asséna alors « Vos chiens m’empêchent de dormir la nuit ? Eh bien je sonnerai chez vous tous les matins jusqu’à ce que vos chiens cessent d’aboyer la nuit ! »
La dame, qui avait un nom de papesse de la mode, fut donc réveillée chaque matin, se précipitait pour voir Heure-Bleue s’éloigner vers sa librairie.
Cette dame se rendit enfin compte que le bon vieux temps de la féodalité s’était évanoui et se débrouilla je ne sais comment pour faire taire ses chiens.
Chatou était redevenu calme.
Très calme.
Trop calme pour nous même si, d’après un ami New-Yorkais venu à la maison admira de notre balcon ce qu’il appelait « A million dollars view ».
Quelques temps plus tard on organisa un vote à la maison.
Un score soviétique fut obtenu : 100% des suffrages réclamèrent un retour à Paris.
L’Ours et sa mère trouvèrent rapidement un appartement.
Nous avons donc, poussés par un chien, déménagé pour la énième fois… 

mercredi, 21 août 2024

Le temps passé.

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« Il s’est glissé dans nos pensées et à notre insu à travers ces jours traversés ».
C’est comme ça que commence la chanson de Jonasz « Le temps passé ».
Ça m’est venu à l’esprit cet après-midi quand le 80 a remonté la rue de Saint Petersbourg alors que nous allions traîner rue de Caulaincourt boire un cvafé au « Rêve » près du cimetière Saint Vincent.
Comme toujours quand le bus roule, je regarde les gens, les trottoirs, les boutiques et, évidemment les immeubles et surtout ce que parfois ils dévoilent de la vie de ceux qui les habitent.
Cet après-midi le bus était étrange.
D’abord les passagers étaient calmes et silencieux.
Et même courtois puisque chaque nouveau passager saluait civilement le machiniste.
Assis face à la lumière de mes jours, nous échangions quelques mots quand nous sommes arrivés place de l’Europe.
Là, tiré par je ne sais quel instinct, j’ai levé les yeux et regardé à travers la vitre.
Le bus a fait le tour de la place, est passé sur le pont de l’Europe qui n’a guère changé depuis que Caillebotte l’a peint, puis a emprunté la rue de Saint Pétersbourg qu’enfant j’ai connue comme « rue de Leningrad ».
L’immeuble de « La Poste » passé, à la station « Bucarest » le bus s’est arrêté.
Je vous ai déjà parlé de cet immeuble, le « 7 rue de Saint Pétersbourg »  qui me remue chaque fois que je regarde le premier étage, ce premier étage où un lustre vieillot diffuse une lumière chiche ?
Oui,  c’est bien celui-là.
Celui où la lumière est si chiche qu’habituellement elle n’atteint pas même les murs.
Celui qui me rappelle un copain dont la mère me semblait très belle et jouait du piano.
Eh bien cet après-midi, le chemin du souvenir s’est transformé en route neuve et sans passé.
Le bus s’est arrêté un peu après la station, mon siège juste face à l’immeuble.
J’ai eu le cœur transpercé d’un coup face à cet immeuble qui avait soudain perdu l’âme qui l’habitait.
Il m’avait toujours semblé émouvant, lié à je ne sais que quels moments de ma vie.
J’ai revu cette pièce dont le plafond et les murs étaient d’un blanc terriblement passé par les ans.
C’est un « blanc gris ».
On voit que c’était blanc mais les ans l’avaient maquillé de triste.
La pièce n’est pas bien grande mais je suis sûr qu’elle est très agréable.
Le lustre était plus que suranné bien sûr qui peinait à illuminer sur le mur que je voyais à gauche de la fenêtre, un magnifique trumeau aux dorures écaillées.
Sur le mur, à droite de la fenêtre, une bibliothèque, toute simple, faite de bêtes étagères de vrai bois, massif et sombre.
Cette bibliothèque était pleine de livres.
De livres de toutes sortes, des anciens et des simplement vieux parce qu’achetés neufs il y longtemps.
J’ai pensé alors que le bus s’en allait que j’aurais peut-être dû descendre du bus il y a quelques années.
La porte de l’immeuble se serait peut-être ouverte et mon copain en serait sorti.
Il m’aurait reconnu et nous serions allés ensemble boire un expresso.
Je n’aurais plus eu mal au genou.
Tout avait disparu soudain, l’immeuble avait été « réhabilité » autrement dit on lui avait retiré toute vie passée.
On l’avait « tué », je ne vois pas d’autre mot…
Il y a des jours, comme ça, où le calme dans un bus retire le voile des années et montre alors des choses qui passent inaperçues faute d’attention aux marques du temps…

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Mais il y a pire ! 
Depuis un peu plus d’un an maintenant un nouveau drame me frappe : Je n’arrive plus à mettre mes chaussettes debout !
Et ça, c’est vraiment la marque des années.

mercredi, 14 août 2024

La réalité dépasse l’affliction.

 

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Hier, nous sommes allés récupérer un pantalon dans une boutique pas très loin de l’Opéra.
Il avait la particularité d’avoir une jambière plus courte que l’autre et se décousait tout seul rien qu’à le sortir de l’emballage…
J’avais dit à la lumière de mes jours « ce truc est une fabrication destinée directement aux soldes… Ça ressemble à un pantalon, ça a la couleur d’un pantalon, ça se porte comme un pantalon mais c’est fiable comme une promesse électorale… »
Ma remarque de mauvais augure s’est avérée et nous étions alors allés rapporter cet ersatz de vêtement là où il fut acheté.
La boutiquière était charmante et nous remit le pantalon dûment réparé puis nous papotâmes un moment avec elle et allâmes flâner du côté des Galeries Lafayette en passant par la rue des Mathurins.
C’est là qu’un immeuble à « moucharabieh » attira notre attention plus que d’habitude.
Cet ancien « Bains turcs » du XIXème siècle était affublé d’une affiche de la Mairie de Paris avisant de travaux importants.
Nous avons continué d’avancer dans la rue jusqu’à ce que la lumière de mes jours remarque une autre affiche de la Mairie de Paris nous avisant que la société « Galeries Lafayette », à qui appartient tout le pâté d’immeuble, avait entamé le remplacement d’une résidence étudiante occupant les étages supérieurs de l’immeuble par une « résidence pour touristes ».
On avait remarqué que l’Éducation Nationale était depuis quelque temps le parent pauvre de l’équipement du pays.
On avait réalisé avec le Covid que les étudiants étaient souvent dans une précarité scandaleuse dans un pays développé.
On sait maintenant qu’une entreprise parmi les plus riches du pays préfère abriter des touristes avides de produits de luxe et pouvant régler des notes d’hôtel conséquentes que permettre à des étudiants dont certains sont appelés à devenir leurs futurs dirigeants de vivre ailleurs que dans des galetas insalubres ou hébergés au hasard de rencontres…
Nos élites, toujours soucieuses d’échapper à l’accusation de « socialisme déguisé » peuvent être tranquilles, nul actionnaire ne pourra les accuser de les spolier d’un dividende diminué pour cause de générosité irresponsable.
Cette affiche les verra sans doute soupirer de soulagement, allant jusqu’à ajouter in petto « Ouf ! On a encore échappé à une lubie de « partageux » ! Peut-être même à un retour subreptice du communisme ! »

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dimanche, 28 juillet 2024

Le cadeau

C’est à Alainx que je dois de me rappeler ce que peut représenter un cadeau.
Je lui ai donc dit que la valeur d’un 45 tours ne tient pas à son prix mais à ce qu’il représente pour celui qui offre et celui qui le reçoit...
Je l’ai appris à mon tour à propos d’un autre évènement.
Je vous ai raconté il y a des années cette mésaventure aérospatiale qui me valut de passer le second trimestre de ma première cinquième à l’hôpital Bichat.
J’y perdis l’œil droit et gagné un séjour de deux mois à l’hôpital.
J’arrivais donc après les vacances de Pâques dans ma classe auréolé de la gloire du héros qui avait risqué sa peau dans la conquête de l’espace.
J’avais un pansement sur l’œil droit qui, de blanc le matin passait au gris foncé vers l’heure de la sortie, cinq ou six heures selon qu’il y avait étude ou pas.
J’avais un ami, perdu de vue depuis, qui avait le bon goût de me plaindre et de faire attention à ce qu’aucun objet ne m’atteigne le visage au cours de nos jeux parfois brutaux.
C’est là qu’il me souvient ce qu’il fit pour moi et du cadeau qu’il me fit.
Quelques films dits « en relief » apparaissaient de temps à autre sur les écrans parisiens.
Pour percevoir un relief qui, aux dires de spectateurs, était très relatif, il fallait acquérir une paire de lunettes spéciales.
Elle avaient toutes une monture de plastique noir de qualité médiocre et une épaisse feuille de plastique vert pour un œil et une autre de plastique rouge pour l’autre œil.
Cet ami, après avoir vu un dimanche un de ces films en relief pensa à moi, équipé malheureusement d’un œil gauche en tout et pour tout.
Il pensa surtout à un bricolage qui, pour inefficace qu’il fût prouvait l’amitié que nous nous portions.
Ce lundi, à la première récré, celle de neuf heures, il tira de son cartable une paire de lunettes étrange qu’il m’offrit en me disant « tu verras, avec ça ça va coller ! »
Se rappelant que seul œil qui fonctionnait était le gauche, il avait retiré les « verres » de plastique, puis après les avoir soigneusement superposés et « scotchés », les avait sciés verticalement par le milieu.
Il avait ensuite mis côte à côte un demi-verre de chaque couleur à la place de l’œil gauche et avait collé l’assemblage à la monture.
L’esthétique en était douteuse mais l’idée que je pourrai voir de nouveau en relief lui paraissait garantie.
Quand il m’a tendu ces lunettes, je fus à la fois interdit et ému.
Je savais que J. m’avait fait là un cadeau d’une grande importance.
Hélas, ces lunettes ne m’ont jamais permis de voir correctement quoi que ce soit mais c’est resté un cadeau sans prix.
C’est lui qui, plus tard me tira au « cinéclub » voir « Le secret de l’élève Nuylas » et plus tard encore m’emmena à « La Casita » où j’appris d’autres choses…