lundi, 04 novembre 2024
Devoir de Lakevio du Goût N° 198
Je suis tombé sur un dessin d’Alcide, artiste dont j’ignorais totalement l’existence.
Ce dessin, probablement inspiré par le risque de voir l’extrême droite arriver à l’Élysée m’a rappelé l’époque où les Algériens vivant en France étaient l’objet de remarques racistes quand ce n’était pas d’agressions ou d’accusations diverses.
Ce dessin m’a rappelé quelques scènes vécues dans l’enfance.
Mais à vous ?
Je sais que parmi les premières choses dont on avertit « l’étranger » qui arrive à la Gare du Midi à Bruxelles est souvent « Faites attention aux Marocains ».
Les saints étant une petite minorité de la population, il est probable que le dessin donne une idée de ce que risque de devenir la société sous peu, vu la façon dont s’étend la pensée qui a mené à ce dessin…
Que vous ayez été témoin ou qu’un souvenir plus ancien vous revienne, on verra bien lundi ce que vous en pensez…
Ce dessin me rappelle une discussion avec Bernard.
Je vous ai déjà parlé de Bernard, si je me souviens bien.
La scène que vous propose Alcide n’avait aucune chance de se produire car au moment où se passe la scène que je me rappelle, les filles « bien », entendez par là des « vraies Françaises » n’avaient déjà aucune chance de rencontrer un garçon à l’école, alors « un Arabe »…
Je vous ai aussi parlé de ma mère qui fut longtemps persuadée que « les Arabes » étaient une « engeance à éviter ».
Mon père avait beau lui expliquer que « les Arabes » étaient comme vous et moi mais en moins riche encore que nous, rien n’y faisait.
Néanmoins, elle se contentait d’en parler comme « les Arabes », n’utilisant jamais des appellations comme « bougnoule » ou « bicot ».
Bernard m’apprit un jour un autre nom, peu flatteur évidemment, au détour d’une conversation qui relatait une bagarre dans son école.
Il me dit propos de cette bagarre « Figure-toi que machin a collé un bourre-pif à un melon ! Heureusement que le pion ne regardait pas ! »
Placé par ma mère à l’abri de ces déviances langagières chez mes fondus du bon dieu, je restai interdit, assis à côté de lui sur un banc du square Clignancourt.
« J’ai rien compris à ton histoire… C’est quoi « un melon » ? Un « bourre-pif » je devine, un coup de poing, quoi. »
Bernard m’a regardé comme s’il avait engagé la conversation avec un Martien.
Il a soupiré et commencé « Un melon c’est un Algérien, un bicot quoi, tu vois ? »
Et je ne voyais pas…
Mais pourquoi « un melon » ?
« Tu vois, les bicots y z’ont toujours un béret sur la tête, et sur le dessus il y a cette petite queue qu’on dirait que ça leur fait la tête comme un melon, tu vois, là ? »
Je voyais…
Mais si jamais je disais ça à la maison, ma mère m’aurais dit « Tu crois qu’avec ton père on se saigne aux quatre veines pour t’envoyer chez les Frères pour que tu parles comme ces voyous de la Porte de Clignancourt ? »
Bien heureux si j’échappais à une taloche…
Maintenant que le racisme, est institutionnellement défendu par certains partis, on adoucit les mots mais la détestation, toujours là, elle, au lieu de frapper « les bougnoules », « les nègres », « les bicots », les « niakoués » ou les « rastaquouères » ne frappe qu’une catégorie : « Les immigrés »
Quand je pense que nous vivons dans un monde essentiellement peuplé d’étrangers alors que les vraies gens, nous, ne sommes que soixante millions, ça fait peur, non ?
Et encore, un parti clame qu’une part non négligeable d’entre nous ne sommes guère que « des Français de papier »…
Et les mêmes nous ressassent que nous sommes un pays chrétien.
Bon, le message du Christ semble avoir été un poil dévoyé.
Sans doute parce que le Christ était malgré tout un étranger, un Juif en plus, alors hein…
09:08 | Commentaires (13)
vendredi, 01 novembre 2024
Devoir de Lakevio du Goût N°198
Je suis tombé sur un dessin d’Alcide, artiste dont j’ignorais totalement l’existence.
Ce dessin, probablement inspiré par le risque de voir l’extrême droite arriver à l’Élysée
m’a rappelé l’époque où les Algériens vivant en France étaient l’objet de remarques
racistes quand ce n’était pas d’agressions ou d’accusations diverses.
Ce dessin m’a rappelé quelques scènes vécues dans l’enfance.
Mais à vous ?
Je sais d’expérience que parmi les premières choses dont on avertit « l’étranger » qui arrive à la
Gare du Midi à Bruxelles est souvent « Faites attention aux Marocains ».
Les saints étant une petite minorité de la population, il est probable que le dessin donne une idée de ce que risque de devenir la société sous peu, vu la façon dont s’étend la pensée qui a mené à ce dessin…
Que vous ayez été témoin ou qu’un souvenir plus ancien vous revienne, on verra bien lundi ce que vous en pensez…
19:05 | Commentaires (8)
lundi, 28 octobre 2024
Devoir de Lakevio du Goût No 197
Mr Renoir en peignant « La loge » porte un regard qui me semble critique sur ce couple dont je ne sais s’il est au concert ou au théâtre.
Mais à quoi pensent donc les deux moitiés de ce couple ?
Écoutent-ils ?
Regardent-ils ?
Songent-ils mais à quoi ?
Nous en saurons plus lundi j’espère…
Nous sommes censés être là, ensemble pour, selon ses parents à elle, apprendre à nous connaître.
Selon mon père nous sommes là pour « faire connaissance ».
Selon nos parents respectifs, toutes, absolument toutes, les conditions sont réunies pour faire « un beau mariage ».
Mais personne ne s’est demandé si elle avait une quelconque envie de partager sa vie avec moi.
Pour ses parents, il est surtout question de lier deux fortunes et assurer la pérennité de l’entreprise dont ils pensent que j’ai les capacités de la gérer.
Quant à moi, j’enverrais volontiers promener tous ces projets qui me promettent une vie d’ennui, de comptabilité et de morne vie conjugale tant cette fille semble paralysée…
Je l’ai regardée à la dérobée et je me permis un mauvais jeu de mot in petto en me disant que malgré mon peu d’inclination à son endroit il n’en allait pas de même à son envers.
Je dus néanmoins admettre que je ne la connaissais pas, nous n’avions jusqu’à ce soir aucune conversation autre qu’une appréciation neutre sur le temps qu’il faisait.
Ah si ! Cet éclat de rire dans son regard quand j’ai trébuché en descendant de la calèche.
J’ai pensé à ce moment que peut-être elle n’était pas l’oie que ses parents tentaient de caser pour assurer l’avenir de l’entreprise.
Toujours à la dérobée, j’ai apprécié son attention au drame qui se nouait dans « La Traviata » qu’on donnait là.
J’allai jusqu’à poser mon bras sur le dossier de son fauteuil pour voir sa réaction.
Gardant toujours son air sérieux dont je savais désormais qu’il était un masque, elle se rapprocha de moi et joignis ses mains sur ses genoux.
Si j’avais su où poser ces fichues jumelles, j’aurais posé ma main sur les siennes.
Elle dut le sentir car un léger sourire affleura sur des lèvres qu’elle avait fort jolies et tout à fait tentantes.
Je ne sais pas si cette affaire allait se terminer par un mariage mais je pensais que finalement, ce ne serait pas limité à une épreuve de comptabilité à perpétuité qui me contraindrait à des compensations charnelles payantes ou à un divorce pour « non respect des obligations inhérentes au mariage à commencer par le devoir conjugal ».
Finalement, l’agonie de Violetta souleva tant d’émotion chez ma voisine qu’elle ne put s’empêcher de poser sa main sur la mienne, au risque de faire tomber mes jumelles.
Mon dieu, cette peau…
Rien qu’elle me poussa à accepter que ma vie active soit consacrée à la survie de l’entreprise de mes futurs beaux parents.
Plus qu’à espérer que je ne la rebuterai pas...
09:32 | Commentaires (9)
dimanche, 27 octobre 2024
C’est en croissant qu’on devient boulanger…
Vous ne savez pas ce qu’est une note sans aucun intérêt mais à la conclusion inquiétante ?
Alors bonnes gens écoutez, la triste ritournelle, des acheteurs errants en proie à leurs tourments
Hier, la lumière de mes jours m’en a appris une bien bonne.
Une nouvelle qui donne confiance dans le genre humain.
Pendant que je choisissais un morceau de poisson, la femme ma vie était allée chez le boulanger qui lui vend selon elle le meilleur pain de Paris.
Elle me rejoignit chez le « légumier » avec un je ne sais quoi d’interloqué dans le regard.
Ce « légumier » m’avait accueilli de façon quasiment obséquieuse après la constatation pénible que gruger un bon client n’est pas rentable surtout pour lui avoir refilé pour trop cher un légume bon pour la boîte à compost dès le déballage…
Je fus donc quant à moi généreusement servi de bons légumes pour moins cher que d’habitude et sortis joyeux de l’échoppe.
La lumière de mes jours me servit alors une nouvelle « estourbissante » propre à rallumer les feux du mois de Mai 1968.
Elle entra donc dans sa boulangerie favorite hélas vide de tout client, peuplée des trois employées habituelles, debout et inoccupées, ne sachant comment soulager leurs jambes.
- Ils sont tous partis en vacances ? Leur demanda Heure-Bleue.
- Oui… » répondit la plus familière avec qui elle avait sympathisé.
La meilleure moitié de moi-même tenta alors une proposition qui les affola.
- Mais pourquoi ne vous asseyez vous pas à une table avec un café pour papoter en attendant le chaland ? Le temps serait moins long et plus agréable !
- Mais on ne peut pas !
- Pourquoi ça ?
Là, la vendeuse familière montra discrètement le plafond de la boutique et dit tout bas :
- Les caméras, on ne peut pas s’asseoir même quand il n’y a personne…
Ainsi, dès qu’une boulangerie fait du bon pain, elle grandit, multiplie les boulangeries et ne trouve rien de mieux à faire que « fliquer » ses employés pour être sûr que l’on ne gaspille pas l’aumône qu’on leur verse à rester assis alors qu’il n’y a personne.
Et les mêmes « dignes représentants de l’esprit entrepreneurial » n’ont rien de plus pressé que copier la façon dont l’Extrême-Orient traite les esclaves qui assurent une fortune qu’ils viennent claquer en France dans les magasins de luxe.
À cette nouvelle, les inévitables plaintes de ceux qui se disent dépouillés dès qu’il est question de leur réclamer les cotisations sociales dont on leur a fait cadeau depuis des années ou les impôts sur le revenu correspondants me semblent indécentes.
C’est là que je me suis dit que notre patronat, après avoir exporté le boulot dans des pays quasiment esclavagistes entraînant l’explosion du chômage est en passe d’importer l’esclavage dans les domaines où ne peut exporter le travail histoire d’occuper les chômeurs qu’ils ont délibérément créés…
10:10 | Commentaires (4)
vendredi, 25 octobre 2024
197ème devoir de Lakevio du Goût.
09:18 | Commentaires (5)