dimanche, 20 juillet 2025
Menu spécial dèche pour fortuné.
Heure-Bleue et moi avions décidé que donner un temps pareil à une salle de cinéma était un crime.
Nous nous sommes donc précipités, lentement faute de souffle, vers le 84.
Un bus à la suspension oubliée au dépôt depuis le début de l’année, nous a emmenés au croisement du boulevard de Courcelles et de la rue du même nom où nous avons attendu le 30, celui qui nous mène vers la place de Clichy.
Nous avions dans l’idée de déjeuner légèrement mais pas du « bô bun » où nous allons depuis une dizaine d’années alors nous avons traversé lentement la place et sommes passés devant « L’Européen ».
Nous sommes entrés dans la rue des Dames, pas trop bien nommée sauf à appeler « dames » celles qui font commerce de ce qui différencie les dames des messieurs, et avons tranquillement marché vers la rue des Batignolles.
Nous nous sommes arrêtés devant tous les restaurants, peu nous plaisaient.
C’est là que nous est revenu à l’esprit ce « restaurant ».
Il avait disparu, changé de propriétaire, certainement pour cause de menu fantaisiste.
Il nous avait laissés indécis, un pied dans l’ébahissement devant un tel culot, l’autre dans le fou-rire devant la nunucherie de ceux qui allaient sans aucun doute succomber à un accès de branchitude, histoire de la jouer « chuis un vrai bobo parisien moâ… »
Profitant de l’inattention courante du type qui a une idée derrière la tête en invitant une fille au restaurant, le mastroquet avait réussi une performance époustouflante.
Admirez un peu, lectrices chéries, ce menu dont je viens de retrouver la photo dans le souk de mon « disque poubelle ».
Nous n’aurions jamais pensé qu’on oserait proposer pour un prix « robuchonesque » de nous amener une boîte de sardines à partager avec la lumière de mes jours.
Partager une boîte de sardines n’est pas exceptionnel mais se fait habituellement quand on piquenique ou qu’on traverse une période de dèche sévère.
Il est en revanche assez exceptionnel de devoir partager une boîte de sardines au restaurant au prix d’un plat du jour cuisiné par un « Paki » en situation à peine régulière…
Après avoir ri un instant, nous avions rebroussé chemin en passant par l’avenue de Clichy…
C’est en voyant au loin, les frondaisons du cimetière de Montmartre que je me suis fait la réflexion que l’absence était quelque chose qui meublait beaucoup nos existences…
Nous avons grignoté quelque chose dans une gargote et avons repris notre chemin.
Le Cinéma des Cinéastes nous proposait des films qui nous poussaient à nous promener alors nous avons continué.
Nous sommes repartis vers le centre de Paris, doucement, d’un vrai pas de promeneur, admirant des immeubles superbes où nous aurions volontiers établi nos pénates.
Nous avions décidément tout pour être riche, ne nous manquait que la fortune…
Nous avions fini notre chemin, je ne sais s’il faut parler de pérégrination ou de pèlerinage, au café caché dans le passage Vivienne.
Heure-Bleue a admiré une longue veste délicatement tricotée et prévue pour estourbir le flâneur imprudent.
Je me suis contenté d’aller chez « Legrand fille et fils » acheter le vin de notre dîner.
Il était délicieux.
J’ai laissé tomber l’idée d’un magnum de Château Gruaud Larose.
09:51 | Commentaires (11)
mardi, 15 juillet 2025
Ma muse erra tôt…
Je ne sais pourquoi, ce matin, un souvenir m’étonna.
Pourquoi diable « Le bâtard de Mauléon » me revint-il à l’esprit ?
La première fois que j’en entendis parler je ne devais pas avoir plus de six ans.
Sous peu j’allais être envoyé chez les fous pour quatre ans et je serai renseigné sur la question que je venais de me poser.
« Mauléon » était-il un boulanger ?
Qui plus est, était-il un spécialiste des bâtards ?
Le bouquin était encore posé sur la table qui attendait ma grande sœur partie chercher je ne sais quoi dans la cuisine.
Enfin si, je le sais, elle revint avec un morceau de pain.
- Anne, c’est quoi « Le bâtard de Mauléon » ?
- T’es trop p’tit…
- Mais c’est quoi ? Du pain comme chez Galy ?
- Non, c’est un livre mais pas pour toi.
Apparemment, ce n’était pas un livre pour elle non plus puisqu’en entendant la clef tourner dans la serrure, elle le remit vite fait dans la niche à livres du meuble sur lequel était posé « le poste de radio ».
Évidemment, dès que je fus seul, je me précipitai pour récupérer le bouquin.
Je savais lire, bien sûr, et depuis longtemps mais l’écriture en était trop sérieuse pour moi qui préférais de loin les bagarres de « Blek le Roc » avec ces salauds de « Tuniques rouges » qui poursuivaient les « Patriotes de Portland » dans « Kiwi », mon illustré préféré ou les aventures du « Club des cinq » autrement passionnantes.
Tout cela pour vous dire que les aventures d’Agénor de Mauléon ne m’intéressèrent pas et que j’ignorerai encore un moment ce que pouvait être un « bâtard » en dehors de ce pain que ma mère nous envoyait acheter.
Je savais qu’elle achetait des « bâtards » car ils duraient plus longtemps que les baguettes qui arrivaient à la maison déjà sérieusement entamées car elles étaient autrement appétissantes que la version grosse et large qu’en était le bâtard lui-même version courte du « pain parisien de 400g » habituel de la maison.
Finalement, c’est bien plus tard en édition « Marabout » que j’ai lu « Le bâtard de Mauléon ».
C’est après avoir écrit ce bref billet que me revient le pourquoi du souvenir qui m’assaillit ce matin.
Ces temps-ci, le matin à huit heures moins cinq sur ma radio préférée, une brève émission « Un été avec… » précède de peu « les infos ».
Et cet été, c’est « Un été avec Alexandre Dumas » qui m’a rappelé cette histoire de bâtard qui n’était pas un pain.
Les connexions neuronales resteront chez moi cet éternel et passionnant mystère qui me fait écouter et lire attentivement tout ce que raconte Lionel Naccache, professeur à La Pitié Salpêtrière, spécialiste des neurosciences.
Et ma grande sœur aurait bien besoin de lui car sa cervelle frappée par les années ne marche plus très bien…
08:49 | Commentaires (4)
lundi, 14 juillet 2025
Ascenseur pour les fachos…
Profitons du 14 Juillet pour raviver des souvenirs en espérant que ce ne seront que des souvenirs...
Ça commence comme ça :
Je pense que beaucoup, à gauche comme à droite, confondent la part raciste, antisémite, antimusulmane et xénophobe des thèses de l’extrême droite avec ce qui touche probablement la majorité des pauvres gens qui votent pour le RN.
Écoutez donc la remplaçante de feu son père parler de la pauvreté, des ouvriers et des agriculteurs abandonnés par les partis de gouvernement.
Fermez-vous les oreilles quand elle part dans son délire de haine de l’immigré et rappelez-vous cette parodie de Coluche : « Mais qu’est-ce que c’est que ces Arabes qui viennent bouffer le pain de nos Portugais ! ».
Vous y trouverez probablement les vraies raisons du vote pour un parti qui, ces derniers temps, ajoute « national » à son socialisme…
Et tous nos partis de gouvernement, au lieu de se préoccuper de ces gens, n’y voient guère qu’un réservoir potentiel de voix en période électorale mais surtout une source d’emmerdements entre deux périodes électorales…
Ceux qui ont voté pour la fille de son père sont sans doute trop jeunes pour se rappeler les récriminations des nostalgiques de « l’État Français » à la francisque et de la « Révolution Nationale » encore nombreux dans les années soixante.
On évite encore les rappels de ces fameux « Chantiers de Jeunesse qui calmaient les délinquants » quand ils croisaient un gamin qui n’avait pas les cheveux en brosse ou une gamine à la jupe trop courte mais pour combien de temps encore ?.
Dans le métro quand j’allais au lycée, je les entendais râler après ces « jeunes voyous aux cheveux longs », ajoutant peu après « Ah c’est pas avec ça qu’on va relever la France ». Eh oui, déjà.
Et au lycéen ricaneur qui opposait « Eh, oh ! C’est pas nous qui l’avons mise dans cet état, la France ! » ces vieux cons rétorquaient méchamment « Mmmff… Te foutrais tout ça sur les autoroutes, moi, avec des pelles et des pioches ! Et avec les cheveux à ras !!! »
La montée des droites populistes en Europe m’inquiète.
Plus encore quand elle est soutenue par le nouveau dirigeant d’un pays censé être la représentation de la tolérance à la présence de l’étranger sur son sol.
On est tout près d’une époque où on va chercher activement des boucs-émissaires en expliquant que ce sont des solutions.
Bon, pour l’instant, ce n’est pas grave, ce sont les arabes et les noirs qui sont dans le collimateur.
Ce qui m’inquiète, c’est qu’après viennent les juifs, puis les malades puis les vieux.
Et enfin ceux qui ne sont pas d’accord.
Et là, comme je ne suis jamais d’accord avec le pouvoir et qu’en plus je suis vieux, je l’ai vu dans le regard désolé de Merveille , j’ai peur…
C’est pourtant, si la fille de son père entre à l’Elysée, ce qui nous « pend au nez comme un sifflet de deux sous » comme disait ma mamy à moi.
Et ça finit comme ça :
09:05 | Commentaires (3)
samedi, 05 juillet 2025
Le loulou et la gnôle…
La note d’AlainX à propos de cette histoire de loup devenu végan en train de papoter pacifiquement avec un agneau m’a amené à penser, ce qui, pour ceux qui me connaissent, n’est pas fréquent.
L’idée n’est pas nouvelle et lancée régulièrement à l’Assemblée Nationale avec un succès mitigé.
Cette idée de loup végan est souvent issue de cervelles un poil naïves et peu au fait des dures réalités zoologiques.
Dans ces affaires, l’agneau me semble un gros nunuche et ferait mieux de se tirer à toutes pattes pour éviter les crocs du faux végétarien.
L’Homme étant une espèce étrange, il réussit à être omnivore.
Mais omnivore de façon curieuse.
Il se repaît aussi bien de végétaux que de chairs diverses y compris celles de son congénère.
Les techniques évoluant il sut cultiver les truffes, élever des bêtes et a inventé l’esclavage de ses congénères.
Et, quand on y regarde de plus près on constate qu’il habille de mots des réalités qui le hantent depuis qu’il s’est aperçu que l’espèce est scindée en deux moitiés qui en majorité sont curieuses chacune de l’autre moitié.
Et on en a tartiné des pages et des pages, sur la beauté de l’âme, la pureté de l’esprit et le fardeau répugnant de la chair si faible et si prompte à céder aux attraits de plaisirs qui furent alors interdits à ceux chargés de les interdire à d’autres sauf si ça servait à fabriquer de nouvelles belles âmes et de nouveaux purs esprits.
Hélas, l’observation du monde qui nous entoure montre qu’on a beau essayer de se prendre pour de purs et beaux esprits, ça ne marche pas tip top.
On a beau écrire des tas de fadaises sur cette chair qui nous empêche, avec ses exigences, d'être parfaits du moins l'idée que nous avons inventée de la perfection.
L’échec de ces billevesées nous oblige de constater que nous ne sommes que des mammifères dont la seule différence avec les autres mammifères est qu'on sait qu’on va mourir...
On ne peut que constater que les mâles de l’espèce matent les femelles de l’espèce avec intérêt et n’ont rien à cirer de ces histoires de purs esprits.
La même désolante constatation s’applique aux femelles de l’espèce qui font semblant de rien et matent en douce les mâles de l’espèce en pensant à des trucs qui n’ont rien à voir avec l’esprit en question…
Les deux représentants de l’espèce se racontant des carabistouilles pour convaincre l’autre camp de laisser tomber tous ces trucs d'esprit.
D’aucuns pensent même que « esprit » est un nom de code pour « vêtements »…
Pendant ce temps-là, d’autres ont réussi à inventer des machines qui nous remplacent et nous évitent de penser, supprimant du même coup ces idées lestes qui faisaient le charme de la vie animale.
Bref, on est quand même les seuls à se pourrir la vie avec des trucs inutiles, à détruire notre habitat en rêvant à un déménagement impossible sauf dans les romans de science-fiction.
10:43 | Commentaires (7)
vendredi, 04 juillet 2025
The ratage.
Nous avons pris trois jours de week-end.
Pas en fin de semaine mais un week-end en semaine.
Bon, honnêtement nous nous sommes enfuis de Paris pour échapper à la canicule.
Nous sommes donc partis en des contrées tempérées, nous avons fui en pensant à Hugues Aufray chantant cette romance de Bob Dylan où il parle de « là-bas vers le Nord, quand les vents soufflent sur la frontière »…
Et nous avons fini à Dieppe.
De fait nous avons manqué finir à Dieppe, dans l’acception définitive de « finir ».
Heure-Bleue, habituée aux mets délicats comme le caviar délicatement posé sur un œuf fut surprise par la résistance à la digestion de la « rillette de poisson ».
Il s’agissait en réalité de sardines récupérées in extremis juste avant la poubelle, écrasées et assaisonnées assez vigoureusement pour tromper un odorat défaillant pais insuffisamment pour protéger un estomac habitué au luxe, même relatif, des endives braisées…
Ça a rappelé certains restaurants dont nous citerons pas l’origine pour ne pas porter préjudice à la « Blanche Cathay », de ceux qui empoisonneront deux tablées de clients pour ne pas jeter un sachet de crevettes.
Le lit de l’hôtel, prévu pour assurer la facilité du ménage plus que la qualité du sommeil et l’accès aisé au matelas rendait le sommeil peu reposant.
La rusticité du mobilier constitué de quelques étagères étroites et la mauvaise habitude de plus en plus répandue de considérer l’arrivant comme un voleur plutôt qu’un client gâche l’idée de pendre son pantalon ou son blouson car les cintres sont petits et ligotés à une tringle trop près du mur.
Pour résumer, nous avons claqué des sous juste pour passer deux jours à une température supportable.
Nous choisîmes même de rentrer plus tôt, c’est dire…
Un quart d’heure de réflexion dès le dimanche après midi nous aurait prouvé qu’aller deux fois dans la journée dans un cinéma nous aurait plus distrait, sans conteste plus rafraîchi et nous aurait permis de mieux nous restaurer pour le quart de ce que nous a coûté cet intermède marin.
Nous avions en outre oublié que beaucoup de plages de ce coin de Haute Normandie sont des plages de galets qui font qu’à recevoir une poignée de sable vous risquez plus une fracture du crâne qu’un peu de poussière dans les yeux.
Bref, ce voyage fut une telle Bérézina qu’il ne nous restait qu’à en rire.
Ce que nous ferons dès qu’heure-Bleue sera remise de son intoxication alimentaire…
09:54 | Commentaires (11)







