Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 05 juin 2017

Ricci ? C’est fait pour les femmes bouclées…

De rien, Livfourmi, de rien...

lakevio.jpg

C’est un parfum.
C’est ce parfum qui m’a sorti de mon bouquin.
Un parfum que je n’avais plus senti depuis des années et des années.
Je me suis demandé qui pouvais porter ce parfum de Nina Ricci né juste après-guerre.
J’ai refermé mon livre en rêvassant à la seule femme que j’ai connue portant « Cœur Joie ».
Ça faisait longtemps mais il était resté dans ma mémoire pendant toutes ces décennies.
J’ai mis mon bouquin dans la poche de mon blouson et me suis mis à lever le nez pour trouver qui pouvait bien porter ce parfum.
Ce parfum dont j’avais toujours trouvé qu’il rendait les femmes troublantes.
Mieux, il avait ce pouvoir qu’a parfois le regard qu’un homme porte sur celle qu’il aime de la rendre irrésistiblement belle.

La rame arrivée à la station, les portes se sont ouvertes et cette senteur délicieuse fut remplacée un instant par d’autres, moins séduisantes mais plus capiteuses, trop capiteuses.
Je me suis fait la réflexion que certains pensent assurément que « sentir bon » c’est d’abord « sentir beaucoup » puis les portes se sont refermées.
J’ai perdu « Cœur Joie » de vue, plutôt d’odorat alors j’ai ressorti mon livre de la poche et ai continué ma lecture.
A la faveur d’un léger mouvement de foule j’ai eu le nez chatouillé de nouveau par ce parfum.
Si souillé qu’il fut par les autres senteurs je l’ai reconnu immédiatement.
J’ai eu du mal à rester dans mon bouquin.
Ce parfum, bien trop délicat pour être bêtement une odeur, me tenait prisonnier.
Il me fallait absolument voir qui le portait.
J’étais sûr qu’il ne pouvait habiller qu’une peau claire.
Ce n’était pas un parfum de « mate », c’était un parfum de « claire ».
Ce n’était même pas affaire de cheveux ou d’yeux, non, c’était juste une question de peau.
Pour ce que j’ai remarqué souventefois, « Poison » et « Shalimar » n’habillaient joliment qu’une peau mate mais « Cœur Joie » comme « L’air du temps » n’habillaient  élégamment et légèrement qu’une peau claire. 
J’ai fait du regard le tour des gens qui se pressaient autour de moi.
Je n’ai rien vu de particulier jusqu’à la station suivante.
C’est la que je l’ai vue quand la cohue s’est éclaircie.
Elle était brune et me tournait le dos mais à la minuscule part de son cou découverte par sa chevelure, j’ai su que c’était elle.
Quelques personnes sont descendues, me laissant le passage jusqu’à la vitre de la porte opposée, celle qui ne s’ouvrirait que quand la rame, arrivée au terminus,  partirait sur l’autre voie.
Je me suis approché, mon livre à la main, guidé par le parfum.
Quand je fus arrivé près d’elle, mes yeux se sont clos un instant et j’ai inspiré lentement et silencieusement.
C’était bien elle.
Je l’ai parcourue du regard.
J’ai toussoté.
Elle s’est tournée vers moi, laissant pendre son livre au bout d’un bras superbe de pâleur transparente.
C’était une assez jolie femme.
Bien sûr elle était brune et avait des yeux bruns.
Je le sais, je l’ai bien vu quand elle m’a regardé par dessus ses lunettes de soleil.
Mais elle avait une peau qui allait si bien avec « Cœur Joie »…
Si j’avais parié avec moi, j’aurais gagné.
Merci beaucoup Madame Ricci.