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samedi, 14 décembre 2013

Les réseaux soucieux…

A la lumière des commentaires sur mon dernier billet, je me demande ce qu’aurait été la conversation –et vos commentaires, lectrices chéries- si j’avais dit à l’accorte dame du restaurant « Bonjour Isabelle ! »
Oui, elle s’appelle Isabelle.
Comment je le sais ?
Il suffit d’attendre en buvant son café et de jeter un mot de temps en temps en feuilletant son journal.
C’est bien le diable si, au second café, en disant « Je pourrais avoir un autre express serré, s’il vous plaît ? Euh… » vous n’entendez pas « Isabelle, je m’appelle Isabelle. »
En fait il suffit d’être bien élevé…
Pour ce que j’ai constaté, ça marche à chaque fois.
Après, il suffit d’écouter, c’est fou ce que les gens ont envie de parler. Surtout d’être écouté.
Ils ont plein de choses à dire et semblent n’avoir que rarement une oreille complaisante.
Je sais d’elle, par exemple qu’elle s’est fait jeter de son précédent boulot et que le tribunal des prud’hommes devrait lui rendre justice ces jours-ci.
Ne me demandez pas de détails sur les bisbilles entre son ex-boss et elle, je ne vais pas assez souvent boire un café dans ce salon de thé pour avoir tous les détails.
Pour en revenir à vos commentaires et à la propension des gens à parler à des inconnus, n’allez pas croire Brigitte ou Liliplume.
On ne peut pas dire qu’Heure-Bleue soit jalouse.
Je dirais plutôt qu’elle éprouve une certaine réticence à prêter ses affaires.
Surtout quand ses affaires, c’est moi.
Mais elle n’est quand même pas la femme de Catilina ni la version femelle d’Othello.
Bon, il arrive qu’elle me dise parfois, dans la rue ou le bus, là où mon attention est suffisamment sollicitée par la population pour que j’en devienne imprudent, qu’elle me dise :
- Tu as vu, celle…
Et je réponds trop vite, bien trop vite, mes hormones marchant plus vite que mes jambes :
- Celle à la jupe verte ? Avec les longues jambes et des cheveux ro…
- Ah… Je me disais aussi… Tu ne pouvais pas ne pas la remarquer. Tu ne changeras jamais.
Ce qui ne me déplairait pas si elle n’ajoutait « vieux machin ! Ne rêve pas, c’est pas du mouron pour ton serin… »
Me ramenant illico à ma triste condition de vieux gamin avec une cervelle d’un vingtaine d’années dans un corps d’une soixantaine d’années. Corps auquel il manque des pièces…
Heureusement qu’Heure-Bleue ne vaut pas plus cher.
Si elle croit que je ne la vois pas regarder en douce de jeunes hommes bruns, au teint mat, aux yeux de braise et au menton bleu…
En plus, ces salauds ont trente piges tout au plus.
La vie est cruelle.
Surtout quand elle s’allonge…

vendredi, 13 décembre 2013

Déjeuner à côté de chez Tiffany.

Hier nous avons déjeuné avec une blogueuse qu’on connaît depuis…
Bon, je ne dirai rien.
Oui, lectrices chéries, si je dis depuis combien de temps on la connaît, vous allez croire qu’elle est vieille, alors que pas du tout.
Elle est juste à peine moins brune que la première fois que je l'ai vue.
Oui, à l'époque elle était brune.
Surtout qu’elle aussi fait partie de mes lectrices chéries.
Je ne peux donc pas laisser entendre des choses qui risqueraient de me l’aliéner et faire sombrer mon blog dans le fond de la couche sédimentaire de trucs sans intérêt qui tapisse le Web.
La compagnie était agréable, la présence de deux femmes à table m’a évité de me mettre en frais de conversation.
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dès que deux femmes sont à table, il suffit d’écouter.
On apprend plein de choses sur des sujets aussi divers que les éviers ou le chauffage au bois.
Je fus déçu, je n’en ai entendu aucune « habiller » une troisième…
Et pourtant, j’en connais des qui…
Un moment, la dame qui aide le restaurateur est venue à notre table et j’ai échangé quelques mots avec elle.
Surprise d’Heure-Bleue qui la regarda de haut en bas :
- Tu la connais ? 
- Bien sûr ! Je prends un café ici de temps à autre.
- Mais tu ne me l’avais pas dit !
Et notre blogueuse de rassurer Heure-Bleue d’un « Tu ne crains rien, elle n’est pas rousse… »
Heure-Bleue, toujours féroce, a lâché « Oh… Maintenant il est moins exigeant, il regarde un peu tout… »
Et après on viendra me parler de « couple fusionnel ».
Je t’en foutrais, moi, du « couple fusionnel »…

mercredi, 11 décembre 2013

Drame inattendu : Juliette vient de flinguer Roméo.

Le commentaire que Juliette a laissé sur ma note d’hier m’a quelque peu estourbi.
Voyons Juliette, si tu avais lu « Le nouvel inconscient » de Lionel Naccache tu aurais remarqué un détail épouvantable dans l’espèce humaine.
Nous avons été, contrairement aux animaux,  doté d’intelligence, même si c’est très relatif chez certains.
Du coup, nous avons été amenés à agir plutôt que réagir...
 Ce qui ne va pas sans difficultés. Notamment sur la façon qu’a notre cerveau de « scénariser » le monde pour pouvoir appréhender la réalité d’une façon qui nous permette d’y vivre.
Ce préambule tarabiscoté pour te dire, d’une façon plus simple, que nous sommes des bestioles qui ont inventé les sentiments en plus de l’eau chaude et du tire-bouchon.
J’ai déjà longuement tartiné sur le tire-bouchon, ce truc qui prouve merveilleusement l’inexistence et l’inutilité du bon dieu.
Non Mab ! Pas sur la tête !
Et dis à Lakevio que j’ai des lunettes !
Pour en revenir à ce commentaire de Juliette, je comprends bien, ma grande que nous sommes menés par nos hormones.
Je le constate en regardant la sortie des élèves du collège qui fait face à l’école primaire chaque fois que je vais chercher Merveille.
Cela dit, Juliette, tu t'étais déjà rendue célèbre en clamant à la face du monde une information que tu aurais dû garder pour toi.
Alors imagine un peu comme nous devrions réécrire quasiment tout ce qui fut écrit, récité, chanté et filmé depuis que Mr de Cro-Magnon a griffonné sur les murs de sa grotte.
Imagine un instant Pétrarque parlant de Laure.
Non comme on a pu le lire :

Ce fut le jour saint où, en deuil du Créateur,

Le soleil vint à décolorer ses rayons,
Quand, ne me gardant pas, je fus fait prisonnier,
De vos beaux yeux, Dame, je me vis enchaîné.

Mais avec ta vision de la chose ça donnerait :

Je la croisai alors, du plus bel ADN,
Elle put me tenter et ne s’en priva point
Son joli patrimoine, habilement caché,
Pour génétique qu’il fut m’a tout à fait tenté


Franchement, est-ce sérieux ?
En tout cas, ça perdrait salement de son intérêt.

Imagine Tristan et Isolde, au lieu du philtre d’amour bu par erreur un truc du genre « Elle a vu tout de suite qu’ils étaient compatibles alors ils se sont accouplés au lieu d'aller la marier bêtement avec le roi Marc. »
Pareil avec Roméo et Juliette.
On sait bien que c’est affaire d’hormones et, plus tard, d’accord de névroses, mais quand même…
Dis moi, Juliette, tu t’es précipitée sur le patrimoine génétique de ton mari ou bien t’es tu laissée tenter par son ramage ? Hmmm ?

mardi, 10 décembre 2013

Pourquoi tu m'aimes ?

Hier, soir, après avoir convenu qu’à quatre-vingt-quinze ans, Nelson Mandela avait largement l’âge de faire un mort et qu’on n’allait quand même pas se taper une semaine de cérémonies funèbres.
On ne se sentait pas non plus une folle envie de déclarer une semaine de deuil à la maison.
Alors Heure-Bleue et moi, peu adeptes de nécrophilie hystérique, avons décidé de regarder autre chose que des informations qui n’en sont pas.
Après avoir zappé, nous somme arrivés sur M6.
Et là nous avons été agréablement distrait par des histoires de ménage.
Une saynète nous a amusés un moment.
N’a amusé votre Goût adoré qu’un tout petit moment seulement car je vois venir de loin les chamailleries…
L’héroïne de cette saynète, une Lily, demande à son mari :
- José ? Pourquoi tu m’aimes ?
Et notre José de s’embarquer dans des « Oui tiens au fait… » qui vont l’amener directement à « l’Hôtel du cul tourné » pour trois semaines au moins.
Hélas, trois fois hélas, votre serviteur avait bien subodoré.
L’attaque d’Heure-Bleue n’a pas tardé, doucereuse et vicelarde.
- Au fait, Minou, pourquoi tu m’aimes ?
Puis, se ravisant :
- D’abord, est-ce que tu m’aimes ?
Entre une bouchée de pain et une bouchée de chou chinois braisé, il n’était pas aisé de donner à la réponse le côté tendre et romanesque voulu.
Mais bon, j’ai rattrapé le coup, croyant en être quitte pour la peur.
- Alors ?
- Oui ?
- Pourquoi tu m’aimes ?
- Parce que c’est toi.
- Ah mais non ! Tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! Ça fait plus de quarante ans que tu me dis ça !
J’ai contrattaqué :
- Et toi ?
- Ben euh… Parce que ! Voilà ! Mais toi ?
- Je te l’ai dit, parce que c’était toi, parce que c’était moi…
- Ah non ! Ça ne va pas recommencer ! Tu ne vas pas me la jouer « Montaigne et La Boétie » !
- Bon…
- Avec toi il n’y a jamais moyen de savoir !
J'ai été sauvé par le gong qui a sonné sur Arte qui donnait « Un mariage de rêve », un très chouette film tiré d'une nouvelle de Noel Coward.
Je me suis bien gardé de dire qu’en la matière,  si on savait, ce serait un très mauvais plan…
D’ailleurs elle le sait bien puisqu’elle ne sait pas.
Ou fait semblant de ne pas savoir.
Allez savoir, lectrices chéries…

lundi, 09 décembre 2013

Les maux et la langue.

Je relisais hier en début d’après-midi la note dont, lectrices chéries, je vous avais gratifiées.
Ce n’étais pas l’admiration pour mon talent épistolaire qui m’y avait poussé mais la soif de savoir ce que vous en aviez dit.
Tout en même temps, j’écoutais à la radio une de ces émissions dont le dimanche est riche. Ces émissions qui semblent avoir été concoctées tout spécialement pour prolonger les grasses-matinées à coups d’endormissement en sursaut de l’auditeur.
Probablement aussi pour permettre aux pigistes de survivre en ne se rendant aux Restos du Cœur que deux fois par semaine.
Pourquoi cette remarque mesquine sur le talent des pigistes ?
Eh bien parce qu’une écoute un peu attentive pendant la préparation du déjeuner a amené une question à la lisière de la conscience de votre Goût préféré.
Les pigistes sont-ils, ou elles, payés au mot ? Voire au signe.
Et pourquoi cette question existentielle ?
Parce que, depuis un long moment maintenant, je remarque que les expressions telles « les territoires de la ruralité » ou « les passeurs de lien » semblent pousser comme de l’ivraie dans le discours déjà pauvre en froment des « speakers », occupés que sont ces derniers à remplir le temps d’antenne en évitant les sujets qui risquent d’amener l’auditeur à se demander pourquoi il ne s’est pas encore précipité pour acheter une fourche et courir à l’Elysée. Ouf !.
Une écoute un peu attentive me renseigne, la mode est à remplacer « campagne » par « territoire de la ruralité » et « instituteur » par « passeur de lien » ou « professeur des écoles ».
En procédant de la sorte, non seulement vous arriverez facilement à rendre trois pages au lieu d’une mais ça risque, si l’auditeur est assez nunuche, de vous donner l’auréole d’intello dont vous avez bien besoin pour rassurer la lumière de vos jours et assurer la prochaine commande de la station qui sera ravie d’avoir réussi grâce à vous à tartiner pendant cinq minutes au lieu de deux…

Eh oui, lectrices chéries, vous ne vous en rendez peut-être pas compte mais si, au lieu de dire :

Dans les campagnes, les instituteurs sont plus enclins à pousser les élèves sur le chemin de l’usine qu’à les pousser à étudier car le modèle n’est plus la réduction des inégalités mais à l’augmentation de la richesse de quelques-uns.

Vous dites :

Dans les territoires de la ruralité, les professeurs des écoles ont fait le choix de modérer le flux d’apprenants vers les études de second cycle et les ont orientés vers des unités de production car le paradigme économique à changé qui montre un déséquilibre croissant entre le capital et le travail, au détriment de ce dernier favorisant ainsi la croissance du patrimoine existant plutôt que la création de patrimoine sur une assiette plus large.

Eh bien, si vous faites ça, vous aurez noyé la moitié des auditeurs, l’autre moitié aura ricané ou haussé les épaules en levant les yeux au ciel, mais vous aurez rempli votre contrat : Tartiner beaucoup en disant peu.
Ça ravit l’intello à pas cher qui vous signe le « bon à payer » en bas de votre facture.
Ce « bon à payer » étant quand même l’essentiel…