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mercredi, 02 mai 2018

Ce matin, c'est café philtre...

 

tristan et isolde.jpg

In des Welt-Atems wehendem All,
Ertrinken, versinken, unbewußt,
Höchste Lust !

Je ne sais pourquoi, ce matin en me réveillant, me sont venus à l’esprit ces mots chantés par Kirsten Flagstad en 1952.
Ce sont les derniers mots dits par Isolde avant de mourir.
Mieux, je ne sais pourquoi, dès que le mois de mai commence, « la mort d’Isolde » me trotte par la tête.
Alors, comme tous les matins, je me suis levé et ai préparé les petits-déjeuners en « marmonnant de la cervelle » de confuses pensées du genre « mais pourquoi diable ce « Tristan et Isolde » dirigé par Furtwängler me trotte dans la tête ? »
Comme chaque fois, de vagues réminiscences me revenaient mais pas le pourquoi de la régularité de la chose.
C’est ma « plante annuelle » à moi.
Elle refleurit tous les ans.
Il en traîne quelques unes dans mon jardin plein de petits cailloux comme ça.
De ces petits cailloux qu’on n’arrive pas à retirer et qui se rappellent toujours à votre souvenir quand vous êtes en train de rêvasser à on ne sait quoi ou de marcher pieds nus.
« En même temps » comme dit un président, ça m’occupe pendant que mon lait chauffe et que je suis heureux de voir la lumière de mon quartier éclairer la cuisine.
Vous ai-je déjà dit que la lumière de Montmartre est la plus belle que je connaisse ?
Cette lumière a une étrange particularité.
Elle arrive d’un pan de ciel par la fenêtre de la cuisine et l’éclaire de façon telle que je ne sais par quel miracle elle me retire soixante ans d’un coup.
Je suis chaque fois surpris qu’il soit si facile de me retirer plus d’un demi-siècle de la cervelle et impossible de les retirer de mon genou…

mardi, 01 mai 2018

Geins ! Gis vite !

Ouais, bon...

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Heure-Bleue vous a parlé des Puces.
Je crois vous en avoir parlé aussi à propos d’autre chose.
J’aimais y aller et déambuler rue Jules Vallès. Je la descendais jusqu’à la rue du Plaisir, le marché Jules Vallès des antiquaires.
J’allais là-bas surtout pour une mine de bidouilles : « Les Docks de la Radio ».
J’y suis retourné il y a quelque temps.
J’ai été désappointé…
Le tenancier de la mine de bidouille avait beaucoup vieilli, il était assez handicapé et perdait la boule.
Michel, il s’appelait Michel, était encore dans la boutique qu’il avait laissée aux mains de gens plus jeunes et surtout plus au fait de ce qu’est le marché du « vintage ».
Celui qui me disait, en me laissant partir avec une vieille « platine » Avialex « Gamin, file moi encore cent balles, faut quand même que j’aie un peu d’affure ! » ne parlait presque plus et boitait bas.
Je ne suis pas sûr même qu’il me reconnaissait alors que je lui ai quand même pourri bon nombre de dimanches à fouiner des heures dans cette caverne d’Ali Baba.
Aujourd’hui, alors que je n’habite pas vraiment loin du Marché aux Puces, assez près pour y aller à pied en moins d’une heure et assez loin pour ne pas vivre dans ce ghetto étrange qu’est resté le quartier de la Porte de Clignancourt, je n’y suis pas encore retourné.
Ce marché avait déjà beaucoup changé quand j’y suis allé la dernière fois.
La foule de marchands de surplus américains et de chiffonniers divers qui le peuplait depuis la guerre avait depuis plusieurs années laissé la place à des fripiers et des marchands de vêtements entièrement fabriqués d’occasion.
Le peu de marchands de bidouilles qui restent se prennent pour des antiquaires et pensent que leur étalage vaut d’être exposé au musée des Arts et Techniques des Arts et Métiers.
Bref, la moindre m… y est vendue comme une précieuse relique des premiers temps de la radio.
Un bref regard sur l’endroit à l’aide de Google Maps m’a montré hier que « Les Docks de la Radio » a disparu de la rue Jules Vallès.
Cette rue qui m’avait vu comme « L’enfant » puis « Le bachelier » et enfin « L’insurgé » en 1968 risque bien de me voir désormais comme « Le retraité », dernier tome apocryphe de la série narrant la vie de celui qui traîne à la recherche de sa jeunesse dans des endroits qui l’ont vu en meilleure forme.
Quand je pense que la première fois que j’y suis allé, c’était après avoir lu dans les pages roses de la revue « Le Haut-Parleur » que cette boutique vendait des choses extraordinaires, des choses que l’on appelait « condensateur » ou « potentiomètre » et même « self » qui me semblaient merveilleuses.
Et en plus, cette première fois là, je n’avais pas encore mal au genou droit…
Tout fout le camp.
Après ce numéro de « vieux con » qui fête comme ça le cinquantième anniversaire de « Mai 68 », je vais préparer le déjeuner et nous irons, Heure-Bleue et moi, acheter le pain chez « Pain-pain », en haut de la butte.
J’éviterai de lui parler de la rue d’Orsel, elle ne me parlera pas de la rue Saint Séverin.
Ça nous évitera de nous faire une scène de jalousie printanière en ce 1er mai 2018…
Quoique…

lundi, 30 avril 2018

Les choses.

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« Pov tites choses ! »
Ioulia Alexandrovna-Kriretchka  regardait avec étonnement les choses filiformes qui virevoltaient sur l’écran.
« Les choses ». Pas un autre mot ne lui était venu à l’esprit en voyant ces jeunes femmes dont le manteau pesait deux fois leur poids.
Oh ça… Elles avaient des gestes gracieux…
Il fallait seulement oublier qu’elles avaient juste assez de muscle sur le bras pour tendre une carte American Express.
Ioulia haussa les épaules et allait retourner à sa tâche quand son imbécile de mari remarqua « Ah ! Celles-là au moins, elles ne sont pas fichues comme des déménageurs de l’Oural ! »
Ioulia regarda ses bras, les compara une fois encore à ceux des filles sur l’écran.
Elle soupira et commença à se diriger vers la cuisine en jetant un dernier regard à son mari.
Quand elle vit le regard affamé qu’il portait sur celle qui présentait une jupe fendue, une môme de quinze ans au plus, elle ne résista pas.
Elle revint vers lui et, lui administrant une gifle magistrale, lui lança « au moins tu sauras pourquoi tu préfères les filles sans muscle ! »


Je sais, c'est un devoir de fainéant mais ce tableau ne m'inspire pas du tout.

dimanche, 29 avril 2018

Et l'air aère...

De rien Mab...

Vendredi nous sommes allés chercher une lettre recommandée.
Comme l’immeuble où nous habitons est assez foutraque, l’étiquette « Le Goût & Heure-Bleue », qui devait être apposée il y a six mois sur l’interphone ne l’est toujours pas.
Le facteur a donc laissé un avis de passage nous enjoignant d’aller chercher le poulet dans un bureau de Poste qui évidemment n’est pas celui près de chez nous...
Les supputations allèrent bon train.
J’ai vérifié auprès de la banque que les impôts avaient bien prélevé à la date prévue « une livre de chair, tout près du cœur » comme le précisait le contrat du marchand de Venise.
Nous sommes alors partis tranquillement à pied vers la Poste juste derrière la Mairie du XVIIIème.
En chemin j’ai dit à Heure-Bleue « C’est peut-être Foncia qui nous rendent les sous de la caution… »
Plus terre à terre, la lumière de mes jours a dit « tu vas voir, ils vont essayer de nous faire cracher des sous qu’on ne doit pas. »
Alors que j’imaginais déjà à haute voix un héritage tombé impromptu, un oncle d’Amérique nous léguant un droit de tirage illimité sur les comptes de Warren Buffet et Bill Gates, le 80 est arrivé qui nous a lâché rue du Mont-Cenis, là où la rue Caulaincourt devient la rue Custine.
En passant devant chez Imaginer je lui ai envoyé un SMS pour lui dire « un café ? »
Elle devait être dans le pâté car nous avons eu sa réponse en sortant de la Poste.
Hélas, si le café d’Imaginer n’est pas le « ristretto » que je préfère, elle a toujours en réserve des gâteaux qu’elle trouve je ne sais où et qui sont la preuve que le diable est toujours un super cador en matière de tentation.
Elle a dégotté je ne sais où des palets bretons.
C’est épouvantable, quand on entame le premier on a déjà peur qu’il soit trop petit alors qu’on l’a dans la main.
Comme je suis « bien élevé », je me suis arrêté à six.
Bon, en réalité, il y en a douze dans le paquet et l’amour de la vie d’Imaginer est bien plus fort que moi et a quelque chose de Joe dans « Friends », vous savez bien : « Joe pas partager son manger ! »
Bon, j’exagère, il n’est pas comme ça.
N’empêche, j’aurais volontiers englouti ces douze palets bretons.
Des vrais, des « pur beurre », pas des pâles copies de supérette, des qui font que tu sais d’où viennent les kilos qui te surprennent le matin.
Après de longs papotages agréables et saupoudrés de palets bretons, nous sommes passés rue du Poteau faire les courses du dîner.
Le « Prisunic » qui avait disparu avant que je ne quitte le quartier a gardé la même tête au premier étage sur rue.
Le Monoprix a changé de trottoir mais est toujours là.
Ce fut une promenade vraiment chouette que revenir à pied jusqu’à la maison.
Bon, pour en revenir à mon mouton de départ, Heure-Bleue avait raison.
Foncia nous réclame des sous qu’on ne lui doit pas.
Après avoir eu l’expéditrice de la lettre au bout du fil, il est ressorti de notre conversation qu’ils font leur boulot comme des cancres et on devrait me rappeler mercredi pour de plus amples informations…

 

vendredi, 27 avril 2018

La gare demeure mais ne se rend pas !

Non, lectrices chéries, je ne vais pas vous parler de la SNCF mais d’un truc aussi vieux que le train.
Lectrices chéries, je meurs !
Hélas, surtout pour moi, dans la plus grande douleur.
La lumière de mes jours vous a brièvement informées que porter des cartons avait eu chez moi un résultat inattendu.
Il n’a pas hélas redonné sa forme d’antan à ce coussin unique, rond et confortable qui remplace ce délicieux et élégant ensemble de six petits carrés fermes qui me valut quelques regards intéressés.
Non, ce déménagement a déchiré un coin du coussin !
C’est affreux car non seulement il va falloir me rapiécer, comme si votre serviteur couturé avait besoin d’une reprise supplémentaire mais les malheurs arrivant généralement en escadrille, j’ai attrapé quelque chose de plus sérieux qu’un rhume mais moins grave que la peste pulmonaire.
Alors je tousse.
Et quand je tousse, ça me fait mal.
Et quand j’ai mal, je peste.
Et quand je peste la nuit, ça réveille Heure-Bleue.
Et quand je réveille Heure-Bleue elle râle.
Bilan ? Non seulement je meurs mais en plus on se fout de moi…
L’humanité me semble alors un ensemble triste et qui n’a rien à foutre de mon sort.
Heure-Bleue vient de me lire le billet qu’elle émet à l’instant.
Le mimétisme conjugal est une chose qui me surprend chaque fois.
On ne se disputera bientôt plus.
Ce sera la fin d’un couple uni par un océan d’incompréhension et maintenu par des dissensions incessantes.
Comme en plus nous devenons « durs de la feuille », on ne s’entendra jamais aussi bien que quand on ne s’entendra plus…
Mais qu’est-ce qu’on est bien.
Surtout qu’il fait beau, qu’on habite dans la plus belle ville du monde et qu’en plus on est ensemble.
Si ça ne tiraillait pas quand je tousse, je dirais que je suis heureux.

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