mardi, 13 février 2018
Ce n'est pas un régime pour m’aigrir…
De rien Mab, de rien.
Ma mère avait raison…
Pas pour tout.
Pour assez peu de choses en réalité.
Mais je m’en suis tout de même rendu compte hier après-midi.
Nous nous étions levés à l’aube.
Bon, vers huit heures et quelques.
Nous devions être prêts pour aller voir le dernier film de Woody Allen à la séance de midi moins le quart.
Il y a peu de monde.
Nous étions six dans la salle à voir « The wonder wheel »
J’ai aussi appris à cette occasion qu’il est plus intéressant d’être matinal qu’être bancal ou vieux.
C’est bien d’avoir quelques satisfactions comme ça quand on « déjeunit ».
Car nous ne vieillissons pas, non, nous « déjeunissons »…
Bon, ça fait mal pareil au genou qui déconne mais ça me paraît plus facile à supporter.
Eh oui lectrices chéries, n’oublions pas que « devenir vieux » rapproche de la tombe alors que « déjeunir » nous éloigne de l’enfance.
Ça compte, quand même…
« The wonder wheel » est un film qui donne envie de se jeter dans la Seine, mais avec grâce tout de même.
Woody Allen montre bien la grosse, l’énorme, nuance entre le « savoir-faire » et le réel talent.
Ce film peint la vie en noir.
Mais si bien.
C’est beau comme les romans et les poèmes de Carver.
Ce type qui « écrivait le blues », cette ambiance indéfinissable et mélancolique, faite de couples à la dérive, d’enfants qui sombrent, de familles désunies qui finissent par se désagréger dans le drame.
Et qui sait les amours ratées qui ne laissent que le goût amer de l’échec dont on est seul coupable.
La faute initiale qui retombe chaque jour sur la tête du pécheur ou de la pécheresse.
Eh bien Woody Allen sait faire des films comme ça.
Des films qui sont au cinéma ce que le « blues » est à la musique et Carver à la littérature.
En sortant on a voulu se remonter le moral avec le « döner » à côté du Wepler.
Bon, le « döner » était très « blues » lui aussi, rien à voir avec notre Turc préféré de la rue des Petites Écuries.
Et c’est en revenant que le drame s’est noué.
Il nous a fallu aller dans plusieurs magasins pour trouver six œufs.
Même chez Carrouf, il n’y avait pas un seul œuf ! Pas un !
Vous vous rendez compte, lectrices chéries ?
Pas un œuf !
Avec des explications variées allant des « conditions climatiques » aux « intempéries » en passant par « l’impossibilité des transporteurs d’assurer l’approvisionnement » et les « problèmes de livraison ».
Les rayonnages étaient pleins de trous !
La lumière de mes jours a dit « mais on dirait que c’est la guerre ! »
Et c’est là que j’ai dit « ma mère avait raison ! »
Dès qu’elle était inquiète, elle nous envoyait chercher « de la farine, des pâtes, de l’huile. Et n’oubliez pas le sucre, hein ! Deux kilos de chaque ! On sait pas combien de temps ça va durer mes enfants… »
Mais au moins elle attendait la guerre, la prochaine, « sûrement encore avec les Arabes » comme à Suez en 1956.
Elle n’aurait pas soulevé un cil en cas de tempête de neige.
Alors avec dix centimètres sur une route, elle nous aurait juste mis un pull de plus.
Mais j’aurais encore eu droit à ma culotte courte en velours côtelé.
Oui, celle-là même, celle avec le petit trou au fond de la poche droite…
Bref, ce Woody Allen est aussi bon que ce qu’on attendait.
C’était bien…
07:35 | Commentaires (11)
lundi, 12 février 2018
Aujourd'hui, des lyres et des astres…
Je sais Mab… Je sais…
Il n’y a pas une semaine, j’étais sorti de Selfridges en me demandant quoi faire de ces trois heures à tuer.
Je n’avais pas envie de descendre jusqu’à Oxford street, d’ailleurs, ce n’était pas la bonne ligne qui passait à Marble Arch, je cherchais à rejoindre la Circle Line.
Alors j’ai remonté Baker street d’un pas de promeneur en direction de la station Baker street.
Trois heures ! Trois heures à tuer avant mon rendez-vous !
Je me suis souvenu de ce petit musée devant un square du coin…
C’est ça ! « The Wallace Collection » !
J’y avais déjà vu pas mal de choses.
Mais ce jour là, j’y ai fait une découverte.
Elle était là.
Absorbée dans la contemplation des « Hasards heureux de l’escarpolette » de Fragonard, je l’ai regardée, elle.
Puis je me suis approché pour être sûr que c’était bien le tableau de Fragonard que j’avais reconnu.
C’est quand j’ai vu son air vaguement choqué que j’ai dit « Oh ! Vous savez, tous les Français ne sont pas comme ce garçon… »
Elle m’a regardé et, passé le premier moment de surprise qu’on lui adressât la parole sans y être convié, a lâché précautionneusement « Hmmm… Je n’en suis pas si sûre… »
Elle a continué sa visite.
J’ai repris la mienne de mon côté.
J’admirais le portrait de « Mrs Robinson » de Mr Gainsborough quand elle s’est arrêtée à côté de moi.
J’ai alors osé lui dire « vous voyez bien que les Anglais sont comme les Français, ils résistent mal à la tentation… »
Elle a eu un air faussement étonné je l’ai presque entendu penser « Oh ! Ce toupet ! ».
Elle a haussé les épaules, a dit « Quand même pas ! Chez nous on… » et s’est tue.
J’ai pouffé et répondu « Si j’en crois les livres d’Histoire, le prince de Galles n’a pas été indifférent au charme de Mary Robinson… »
La conversation s’est engagée plus sérieusement et nous avons bataillé le long des murs où les coups de canif des aristocrates britanniques et français s’étalaient complaisamment.
Elle a laissé passer l’heure de son train.
J’ai raté mon rendez-vous.
Nous avons passé un long moment à boire du thé dans un salon de Marylebone Lane.
C’est pour ça que ce soir je l’ai vue quand je suis arrivé devant Paddington Station.
Elle m’avait dit qu’elle m’attendrait là mais ce soir elle est arrivée avant moi.
C’était une vision délicieuse que celle de ces cheveux s’échappant de son chapeau, tous ces tons roux qui rehaussaient l’éclat d’une chevelure que je savais flamboyante.
Si occupé à la regarder que j’étais trempé quand je me suis enfin approché d’elle.
J’ai aimé l’air de soulagement, son sourire et l’éclat de ses yeux bleus quand elle a passé son bras sous le mien.
Vraiment, quelle riche idée ce fut, cette visite à la « Wallace Collection »…
Nous y retournerons et en sortant, nous passerons chez Selfridges.
Ils ont le thé et le « sherry » qu’elle aime et qu’elle n’arrivera jamais à appeler « Xérès » et les « single malts » que j’aime et dont j’écorche le nom malgré ses leçons…
07:05 | Commentaires (14)
dimanche, 11 février 2018
Hier nous avons musé au musée…
« Il ne neige plus ! On va dehors ! » A décidé la lumière de mes jours après quelques jours où sortir était un véritable pensum.
Nous avons donc pris le 95, ce bus magique qui passe près de chez nous et nous mène directement au Louvre, aux Tuileries, au musée d’Orsay.
Même au musée du Luxembourg moyennant un peu de marche.
Gentille comme tout, Heure-Bleue a bien voulu passer par « La grande galerie » quand nous sommes allés au Louvre.
J’aime beaucoup « La grande galerie » du Louvre.
La salle des antiquités grecques et romaines qui y mène dès qu’on a vu la « Victoire de Samothrace ».
Mon dieu ce que j’ai pu traîner au Louvre…
C’est par « La grande galerie » que je suis passé la première fois que ma grande sœur m’a emmené au Louvre.
C’est là aussi que mon père s’est rendu célèbre par une remarque sur la fourrure d’une dame.
Puis que j’ai vu ma mère sur des escarpins, ce qui était extrêmement rare.
Mes parents aimaient beaucoup que ma grande sœur m’emmène au Louvre.
Pendant ce temps là ils avaient la paix et puis :
C’est beau.
C’est chauffé.
C’est instructif.
Et surtout, surtout…
C’est gratuit.
Enfin, « c’était »…
Parce qu’aujourd’hui ça « coûte un bras » d’errer dans les galeries du Louvre.
Ça me surprend car bien que ce soit l’un des plus grands et plus riches musées du monde le Louvre ressemble de plus en plus à un centre commercial dans lequel on peut voir en payant cher des œuvres d’arts.
Depuis mon enfance « La grande galerie » n’a pas vraiment changé.
J’ai revu, toujours accroché au même endroit « Le serment des Horaces ».
Dans la salle des antiquités grecques et romaines, la statue de Narcisse dite « Hermaphrodite Mazarin » est toujours là.
Enfant, elle m’avait surpris et ma grande sœur avait été bien embarrassée par mes questions…
Lectrices chéries, comment appelleriez vous une jeune femme aux petits seins, aux traits délicats et équipée d’un membre viril ?
À part une « Brésilienne », je ne vois pas…
Comme toujours depuis que j’y vais en compagnie, au bout de deux heures, parfois deux heures et demie, j’ai entendu « j’ai trop chaud, on sort ? »
Ça m’arrange aussi parce que deux heures et demie à trépigner ça m’use le genou droit.
Alors nous sommes sortis.
Là, je n’ai pas eu chaud du tout.
Mais le froid va si bien au teint d’Heure-Bleue.
Autant le froid me rend olivâtre et éteint.
Autant le froid la rend rose et lumineuse.
Si vous aviez vu ses yeux…
C’était bien.
Vraiment bien…
11:16 | Commentaires (4)
samedi, 10 février 2018
Ce n’est pas un métier de faire du ciné…
Ce n’est pas un métier de faire du ciné…
Ouais Mab, je sais, j’ai déjà honte mais si tu ne trouves pas, je te soufflerai la solution…
On va aller voir le dernier Woody Allen dimanche.
Ce matin, en préparant les petits déjeuners, j’attendais des informations.
Après que la « Pythie Météo » m’a annoncé « un froid de gueux » ce qui a commencé à me plomber le moral, un type est venu geindre au micro.
J’ai eu peur d’un coup qu’on ait donné la parole à un désespéré de peur qu’il ne se pende sur le champ.
Mais non…
Le type me disait « Sooyyeeez narcissiiiique… »
Oui, il me le disait comme ça, avec des points de suspension.
Il avait le ton geignard de ces mendiantes Rom qui paslmodient sur les trottoirs des « s’iiil vôôôô pléééé » en espérant susciter autre chose qu’un haussement d’épaule ou un coup de pied.
J’aurais pensé qu’un type devait vous dire « Soyez narcissique !!! » sans qu’il soit nécessaire d’ajouter « Nom de dieu ! » tant il était implicite.
Là, le pauvre le psalmodiait.
Et il insistait en plus !
« Sauvez vous… » qu’il disait.
Tu parles d’une injonction au bonheur !
J’avais envie de lui tendre mon mouchoir.
D’ailleurs, il aurait mieux fait de s’adresser à une agence de publicité pour vendre son bouquin parce qu’avec sa façon de nous demander d’être narcissique, il allait pleurer pour de bon.
En plus, c’est un conseil idiot.
Comme si on avait besoin de conseils pour être narcissique.
Sauf au fond de la déprime évidemment, là où on se sent dans le même état que ce qu’on trouve entre l’anus et le papier.
Franchement, même si on est raisonnablement modeste, la simple constatation que les super cadors qui conduisent le pays se plantent régulièrement fait que je me sens moins bête que je ne le craignais.
Mais là, ce type…
En plus il est philosophe.
Je suis sûr que c’est un stoïcien qui s’est nourri de Sénèque.
Il a fallu que j’aie un cancer pour lire « De la vie heureuse ».
Et encore, il est resté dans les toilettes après la scintigraphie qui disait « z’avez rien, c’est parfait ! »
Je ne sais pas si vous avez lu Sénèque, lectrices chéries.
Laissez tomber, c’est la prédiction de la vertu anglo-saxonne-protestante.
Genre « Si tu prends un plaisir quelconque c’est sûrement un péché alors laisse tomber… »
Je vous donne donc un autre conseil : « Péchez ! »
En plus c’est souverain pour le teint et l’humeur.
09:58 | Commentaires (16)
mercredi, 07 février 2018
Oaahhh les boules !
Quand je me suis levé, un poil avant potron-minet mais un peu après le jour, le silence m’a frappé.
Ma rue n’est pas habituellement bruyante mais ce matin, on aurait dit ma salle de classe chez les Frères après une question interdite.
Un silence « tombesque » régnait.
Je suis allé à la fenêtre, « gelé comme un excrément maghrébin ».
Ne soyez pas surprises par l’expression, lectrices chéries, c’est seulement que le politiquement correct qui frappe encore plus fort ces temps-ci m’empêche d’écrire « gelé comme une merde arabe ».
Gelé donc, j’ai écarté le rideau et fus surpris de la blancheur des toits, de la chaussée et des trottoirs de ma rue.
À la vue de tant de blancheur, j’ai eu la chair de poule et n’ai pas songé un instant à toutes ces billevesées sur la pureté et patin et couffin qui accompagnent habituellement la neige dans les récits.
Je me suis recouché.
Pour peu de temps.
Les enfants, qui le matin sont endormis et ont la chance que leur sac à dos connaisse le chemin de l’école, m’ont sorti de ma matutinale somnolence.
En pleine forme, les mômes, ce matin piaillaient à qui mieux mieux.
Je me suis relevé, ai passé « mon petit gilet moche » comme dit Heure-Bleue et suis allé de nouveau regarder à la fenêtre.
J’ai prudemment écarté le rideau, seulement à hauteur de mon visage.
Oui, c’est pour éviter que ces gamines fassent semblant d’être horrifiées à la vue « du mec du troisième étage en calbute devant sa fenêtre, tu te rends compte ce vieux cochon ! »
Ma prudence était bienvenue.
Les trottoirs et le toit des voitures étaient dévastés par les gamins!
Une bataille, que dis-je une guerre de boules de neige opposait les deux camps habituels.
Les garçons sur « mon » trottoir, les filles sur le trottoir en face échangeaient des tirs nourris.
Des projectiles froids et blancs volaient de tous côtés.
Bref, c’était chouette.
J’ai même eu un moment envie de descendre.
Puis je me suis rappelé que je n’allais plus au collège…
09:50 | Commentaires (8)