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lundi, 26 mars 2018

Le bout lié…

Je sais Mab, j'ai honte...

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Je me suis assis sur le grand tabouret au bar, le seul qui était libre.
La fille a porté sur moi un regard plutôt aimable alors je lui ai souri. Elle avait tout juste fini son « bock ».
J’étais assez content qu’elle ne soit pas une adepte forcenée des « happy hours » où on s’envoie des bières jusqu’à ne plus voir clair.
J’ai osé « Seulement un bock ? »
Elle m’a souri et répondu « oui, ça me suffit, maintenant je vais passer au café… »
Comme souvent dans ce bar, on engageait la conversation avec des gens dont on ne soupçonnait pas l’existence la minute d’avant.
J’aimais bien l’idée de converser avec quelqu’un qui, comme moi avait du goût pour « l’express serré ».
Alors je lui en ai offert un.
Puis, la conversation allant bon train, j’ai fait ce petit signe inélégant au garçon, le doigt tournant au dessus des tasses.
Le geste qui, dans tous les bistrots de France et de Navarre, signifie « La même chose s’il vous plaît ».
Un moment, le flot de la conversation commença de se tarir.
Ce n’était pas l’ennui, non, simplement la sensation de bien-être d’un repos agréable en bonne compagnie.
Elle m’avait parlé de son travail, assez intéressant.
Je l’écoutais attentivement, c’est la seule chose qu’on m’avait apprise en pension : écouter.
Je savais donc écouter alors je l’ai écoutée.
On ne sait jamais, on apprend toujours des tas de choses des gens rien qu’à prêter l’oreille à leurs propos.
Elle m’a parlé de sa famille. Dure la famille. Très dure…
De ses frères aussi, encore plus durs. Trop durs.
Et de tristesse. Et de silence. Puis du mariage de ses parents.
J’ai dit :
- Un fiasco, non ?
- Oui, mais ce n’est pas que ça…
Je l’ai laissée parler en buvant mon « express serré » à petites gorgées gourmandes.
Il était vraiment délicieux ce café.
J’ai poussé sa tasse vers elle pour qu’elle reprenne son souffle qui était devenu contraint.
Plus de sourire.
Le silence est arrivé.
Avant qu’il ne devienne pesant, j’ai lancé d’un ton léger, histoire de changer de sujet :
- Alors, dites moi, que regardez vous d’abord chez un homme ?
Elle a chuchoté, timide :
- Sa femme…
Là elle a semblé soulagée et a souri franchement.
- Oh ! Moi aussi ! Ai-je dit.
Alors elle a ri.
La conversation fut du coup plus détendue.

dimanche, 25 mars 2018

Hors champ...

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Hier matin, désespéré par un temps de Toussaint, je voulais me jeter dans la Seine.
Puis deux choses m’ont retenu.
D’une part, la Seine est très froide et je suis frileux.
D’autre part, le soleil est apparu et les températures se sont adoucies.
La lumière de mes jours m’a alors pris par le bras et emmené promener.
C’était très chouette !
Nous avons commencé, en tournant tout de suite en bas de chez nous, à remonter la rue Lamarck.
Lentement d’abord, puis, la douceur du soleil aidant, nous avons avancé d’un pas plus alerte.
C’est là, en croisant le square Caulaincourt qui n’est pas un square mais une longue volée de marches que j’ai eu l’idée saugrenue de rejoindre le haut de la colline en passant par là.
Lectrices chéries, votre Goût préféré est cinglé !
Il y a cent-onze marches exactement puis la rue Caulaincourt est déjà là.
Heure-Bleue m’a demandé
- Et là-haut Minou, c’est quoi ?
- L’avenue Junot, ma Mine…
Nous avons traversé la rue et gravi encore quarante-quatre marches.
J’ai failli mourir d’anoxie avenue Junot.
Ça a quand même une autre gueule que claquer bêtement d’un coup de cutter cité Lumière à Bagnolet, non ?
Après, ça a été mieux, bien mieux.
J’aime faire découvrir à la lumière de mes jours ce coin fabuleux que je connais sur le bout du doigt.
Nous avons donc gravi par un autre côté la colline de Montmartre et sommes arrivés au « Moulin de la Galette » et passés par la rue d’Orchampt dont je vous ai déjà parlé à propos d’un film de Klapisch.
J'en avais parlé justement là juste avant.
Nous avons continué notre descente vers la rue des Martyrs puis l’angle de la rue d’Orsel, là où il y a « Pain Pain », dernière coqueluche d’Heure-Bleue.
Puis nous sommes remontés de quelques mètres vers la rue des Abbesses, histoire de trouver un hors-d’œuvre et rentrer chez nous.
C’est tout droit, il suffit de descendre et continuer le long du cimetière de Montmartre pour arriver à la maison.
Ce fut vraiment un très chouette après-midi.
Comme « Elle » dit « c’était bien… »


samedi, 24 mars 2018

La maison perd ses vers…

Oui Mab, je sais…

Quel temps de mince !
J’allais, comme souvent le matin avant qu’Heure-Bleue ne se réveille, lire un des poèmes de Mallarmé dont le petit bouquin est posé sur l’enceinte acoustique à côté de ma table.
Je fais ça souvent, presque tous les matins.
Posés sur cette enceinte, il y a deux bouquins.
« Poésies » de Mallarmé.
« Steph’ » qui fut prof d’anglais au lycée qui eut la lourde tâche de m’enseigner plein de choses que j’ai oubliées.
Sauf l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir.
Sur cette enceinte, il y a aussi « Aphorismes » d’Oscar Wilde.
L’un me fait rêver, l’autre sourire et souvent réfléchir.
Pour Mallarmé, j’hésite de plus en plus.
L’âge sûrement.
Il est vrai que si le problème le plus récurrent du poème, c’est la poésie, l’autre me tarabuste.
Ce sont les vers.
À dix-sept ans, les vers sont la promesse d’un rendez-vous qui va peut être conduire à satisfaire sa curiosité.
À mon âge, c’est une autre promesse.
Surtout quand ce temps rappelle plus la Toussaint que Pâques.
Oui, lectrices chéries, ce temps de mince fait que je n’ai pas le cœur à écrire quoi que ce soit.
Alors vous pensez bien que les vers, ce ne sont pas les mêmes à dix-sept ans qu’à mon âge…
Les premiers venaient si facilement et étaient si bien accueillis.
Aujourd’hui, l’enthousiasme à pressentir l’arrivée des seconds est très relatif.
Mais que voulez-vous, on a les vers qu’on peut.
Et il est trop tôt pour prendre un verre.
Rien qu’à l’idée de prendre un verre à cette heure, je suis vert !
Au diable vauvert les verres et les vers.
Je vais relire quelques un des poèmes de Théophile Gautier.
Et peut-être, pour m’entraîner, aller voir sa tombe.
Il est justement enterré à côté de chez moi, après une existence vouée à l’étude du cœur.
Il en a emprunté, des chemins pour arriver à ce cœur.
« Musée secret » nous en parle si bien.
Et même quand il parle d’Espagne, dans « La petite fleur rose » on voit bien quels chemins il compte emprunter pour arriver au cœur.
Jaime la fin de ce poème :

Mais, avant toute chose,
J'aime, au cœur du rocher,
La petite fleur rose,
La fleur qu'il faut chercher !

 

lundi, 19 mars 2018

Cet obscur objet du désir...

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Lakevio, voir ce cul me donne des idées            
Mais le dire sans mots est vraiment très tentant.
Rien que le contempler est déjà du nanan…
Aussi sans perdre une heure je vais m’y atteler.

Admirer ce séant si joliment montré
Entraîne sur le champ vers une autre vallée
Qui pour en être proche me semble inaccessible.
Et qui reste pour moi une sorte de cible…

Oh cible si celée, oh cible ciselée !
À peine devinée, difficile à atteindre.
Oh ! A peine touchée, difficile de feindre.

Il me faudra un arc adroitement bandé,
Des traits discrétement emberlificotés…
Anticonstitutionnellement décochés ? 


NB : Le compteur de mots de Word se trompe : il compte comme deux mots « vais-je m’asseoir ? »...
D’où un dernier tercet foutraque…

dimanche, 18 mars 2018

Résurrection...

Pâques approche...
Les degrés sont descendus, le moral est remonté…
Hier soir, je me suis lancé dans une entreprise hasardeuse.
Essayer de redonner goût à la vie à Heure-Bleue.
Le printemps semble s’éloigner et les piafs hésitent à « cuicuiter » comme il se doit.
Les méthodes les plus courantes pour donner du charme aux journées qu’on passe au lit paraissaient risquées.
J’ai tenté, pour ravir la lumière de mes jours, quelque chose d’autrement risqué que la sieste.
Un dîner qui lui plairait.
Un dîner différent de mes préparations devenues machinales à force d’habitude.
Un hors d’œuvre plein de fraîcheur la tentait.
Un plat plus exotique que le filet grillé lui disait assez.
Un dessert plus intéressant que le yaourt à la vanille, même « bio ».

J’ai donc bravé le froid, les éléments déchaînés et la traversée de la rue Championnet pour trouver ce qui comblerait la lumière de mes jours.
Je suis revenu, tirant mon caddy au point d’avoir le bras gauche dépassant le bras droit de dix centimètres.
J’avais trouvé de vraies tomates fraîches et avec un goût de tomate.
Avec plus de mal, j’ai dégotté une botte de coriandre fraîche, herbe qu’Heure-Bleue aime particulièrement.
Le hors d’œuvre était trouvé, tomates fraîches, saupoudrées de coriandre fraîchement hachée, sel de Guérande et poivre noir, le tout accompagné d’un filet d’huile d’olive non seulement extraite à froid d’olives d’origine européenne mais carrément d’origine  ritale.
Restait la suite.
En fouinant un peu, j’ai trouvé la sauce de soja claire, le gingembre et la ciboule.
Le « poivre de Sichuan » manquait, j’ai mis un peu plus de gingembre pour en restituer la saveur citronnée et du poivre d’Indonésie et du piment d’Espelette car Heure-Bleue n’aime de piquant que ses phrases…
Pour le dessert,  je me suis lancé dans une entreprise délicate.
J’ai tenté la « tarte aux pommes caramélisées et à la crème chiboust »
La crème en question est une entreprise délicate.
Le côté « chiboust » est finalement aisé.
Réussir une crème pâtissière est bien plus difficile.
Le hors d’œuvre et le plat furent rondement menés et assez réussis.
En revanche, j’ai raté avec une rare maestria la « crème chiboust ».
J’ai failli abandonner quand ma camarade de jeux m’a dit « essaie de la mettre au frigo, des fois ça marche ! »
Hier soir, ça n’avait pas marché.
Ce matin, en revanche, la gamelle contenait une crème tremblotante et souple.
« Youpee ! » me suis-dit.
J’ai préparé le petit-déjeuner d’Heure-Bleue, fait ma toilette et glandé un moment.
Puis j’ai lavé les cheveux de la lumière de mes jours et me suis mis à la confection de la fameuse « tarte aux pommes caramélisées à la crème chiboust ».
Les pommes caramélisées ? Impeccable !
Le mélange morceaux de « pommes-caramel blond » amène directement au diabète, j’en suis sûr.
Une fois cuite, cette tarte semblait parfaite.
Refroidie près d’une heure était paraît-il suffisant.
Je l’ai recouverte de la crème.
Ça s’est gâté.
La crème s’est liquéfiée sur la tarte.
Mais on m’a assuré que « c’est bon même si c’est trop sucré pour moi. »
Elle va mieux.
Encore fatiguée mais le moral revient.
Elle n’en est plus à « Minou, j’ai envie de rieeeennnn… »
Ne manque que le soleil.