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vendredi, 23 février 2018

J’ai du gel partout sur la peau.

Lectrices chéries, j’ai une information toute fraîche à vous donner.
Même avec un caleçon, l’innocence et la probité candide ne tiennent pas très chaud.
Ce qui n’est pas le cas des préjugés et du confort intellectuel, c’est bien connu.
 Que je vous dise, lectrices chéries, « il fait froid sa mère ! » comme disent les mômes de la porte Montmartre qui n’ont pas eu la chance d’être menés à la schlague pendant les leçons de français…
Bref, en me levant ce matin, mon premier réflexe n’a pas été de préparer les petits déjeuners.
Même pas de faire pipi.
D’ailleurs les quelques mâles de mon lectorat connaissent bien ce phénomène du bidule si recroquevillé qu’on a l’impression d’être revenu à l’âge de six ans, le truc qui essaie de rentrer à l’intérieur de son propre ventre au lieu de… bref.
Non, mon premier réflexe a été de me recoucher.
Hélas, trois fois hélas, un SMS m’a poussé à rappeler l’émettrice du SMS pour tenter de la consoler.
Évidemment, je n’ai pas réussi tout de suite.
Il m’a fallu au moins cinq minutes pour penser que j’avais réussi à la faire sourire.
N’empêche, essayez donc de téléphoner d’une voix dégagée voire enjouée quand vous portez un maigre caleçon pour tout vêtement et qu’il fait 12°C dans la maison.
Essayez donc d’avoir l’air gai quand vous vous demandez si votre interlocutrice entend vos dents claquer.
J’ai fini par allumer le chauffage et préparer les petits déjeuners.
Malheureusement, je sais qu’il va falloir affronter le blizzard.
Le pire des blizzards, celui qui fait semblant de rien à coups de ciel bleu et de temps calme.
Il fait comme dans un congélateur mais avec du soleil.
Voilà.
Je me demande si je ne vais pas me recoucher…
Mais il n’y a pas que de mauvaises nouvelles : Une de mes lectrices chéries attend un bébé.
Moi qui en ai un de quarante-cinq ans, je n’ai pas osé lui dire que le piège, c’est que c’est comme le mariage, un repas dont le hors d’œuvre est plus sucré que le dessert…

mardi, 20 février 2018

Paris gagné !

Mais non ! Ce ne sont pas les malfaisants qui me manquaient !
Même si en croiser de temps à autre ne me gêne pas plus que ça, sinon qu’aurais-je à vous raconter, lectrices chéries ?
Non, non, ce qui me manquait, ce ne sont ni l’odeur d’essence ni l’odeur d’égout qui sort parfois des grilles de la rue, ça, on le sent partout.
Ce qui me manquait, ce sont les gens, les rues et la lumière si particulière de Paris.
Celle qui change totalement selon que l’on est à l’ouest, l’est, le nord ou le sud.
Lectrices chéries, je suis presque sûr que peu d’entre vous n’avez remarqué combien la lumière peut être variée sur une surface aussi réduite.
Paris est une ville petite, comparée aux autres capitales européennes, seule La Haye est plus petite, et de très peu.
Malgré cela, Paris est une ville extrêmement variée.
Autant que Londres par exemple qui a besoin de quinze fois plus de km² pour être aussi variée.
Et puis, je vais vous dire, lectrices chéries, à part quelques pays de l’Est, je me suis promené dans quasiment tous les pays de l’hémisphère nord mais nulle part je n’ai trouvé de ville, sauf peut-être New-York, Berlin, Bruxelles, Londres ou Rome où un Parisien pourrait vivre.
Bon d’accord, on peut vivre ailleurs qu’à Paris, mais sauf les capitales européennes, franchement, vous voyez quoi, à part New-York et San-Francisco ?
Néanmoins, pour votre serviteur, aucune autre ville ne sera aussi riche en souvenirs, bons ou mauvais.
Aucune ne fera qu’en regardant un coin de rue sous un angle particulier ne me fera rater un battement de cœur.
Aucune ne me fera ressentir cette sensation de « gargoziau serré » devant certains bâtiments ni ne me fera revivre des promenades comme Paris.
Ceux qui n’ont jamais descendu la rue de la Montagne Sainte Geneviève, de Polytechnique au boulevard Saint Germain, ne peuvent pas savoir.
Pas plus que ceux qui n’ont jamais profité des bancs du Jardin des Plantes pour se foutre du regard oblique des passants honnêtes.
Jusqu’à présent, sauf rares éclipses, j’ai toujours été un usager de la RATP.
Si vous saviez combien je suis heureux de l’être redevenu avant d’être « un usagé de la RATP »…
Alors, dites-moi, lectrices chéries,  qu’est-ce qui aurait pu me forcer à vivre ailleurs qu’à Paris ?
Je vous en dirai plus quand le temps sera revenu du printemps à Paris.

lundi, 19 février 2018

Valse triste…

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Ça faisait longtemps que je n’étais pas allé là-bas.
Dans ce recoin du Xème.
Quand j’allais là-bas, je passais toujours par cet étroit passage qui reliait la rue du Faubourg Saint Martin à la rue du Faubourg Saint Denis et traversait le boulevard de Strasbourg.
J’aimais passer par le passage du Désir.
« Passage du Désir » me semblait le plus beau nom qui soit pour entrer dans un autre monde.
Je retournais là-bas de temps en temps, sans oser franchir la porte.
J’y suis allé une fois encore, contre toute raison.
Dans la lumière blafarde des réverbères, la rue ne montrait plus la trace des années enfuies.
La buée de mon souffle qui modifiait la lumière du soir rendait plausible l’arrêt du temps dans ce quartier.
Le café où j’allais avant, bien avant, éclairait encore le trottoir.
Quelques portes plus loin je suis arrivé devant l’immeuble.
La porte qui donnait sur la rue n’était pas close.
Il n’y avait plus de concierge mais pas encore de ces claviers prévus pour repousser l’étranger.
J’ai poussé la porte pour entrer dans le sombre couloir qui menait à l’escalier.
Boyau aussi sombre qu’il l’était avant.
Avant… Quand c’était avant…
J’ai monté quelques marches.
Je n’ai pas eu besoin de la minuterie.
Rien qu’à poser le pied dessus, je reconnaissais chaque marche, chaque fente du bois.
Rien n’avait changé, j’en étais sûr malgré l’obscurité.
La fenêtre palière qui s’ouvrait sur la cour éclairait chichement mais suffisamment l’escalier.
Mon souffle est devenu contraint au fur et à mesure que je gravissais les degrés de bois.
Arrivé au premier étage, je me suis arrêté.
Ce n’était pas tant pour reprendre mon souffle que pour calmer les battements de mon cœur.
Puis j’ai repris lentement mon chemin.
Je me suis arrêté au deuxième étage et j’ai attendu.
Je me suis assis sur une des marches qui menaient au troisième étage.
Pas un bruit derrière la porte.
Un long moment s’est écoulé puis la minuterie s’est allumée.
Alors je me suis levé.
Un homme est arrivé qui s’est arrêté devant la porte et a sorti ses clefs.
Il m’a vu et a lâché peu aimablement « Oui ? Vous cherchez quelqu’un ? »
J’ai demandé « Madame A. habite toujours là ? »
Il m’a regardé et dit « Mais vous venez d’où ? D’après les voisins elle est morte depuis  plus de dix ans ! »
Il a sorti la clef de la serrure et est rentré chez…
Chez qui ?
Chez lui ?
Alors que c’était chez Elle !
Alors je redescendu et, arrivé en bas je me suis adossé au mur du sombre couloir et me suis mis à pleurer…
J’ai séché mes yeux avec ma manche.
Je passerai encore par le passage du Désir.
Je sais que je reviendrai et qu’elle ne sera pas morte...

dimanche, 18 février 2018

Solidarité, mon c… !

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Ce matin, en écoutant la radio, j’ai enfin compris où étaient les choses vraiment importantes dans notre riche pays.
Il était question du recensement des SDF dans les arrondissements de Paris pour cause de « Nuit de la solidarité ».
Je ne sais pas exactement s’il était question de mettre le nez dans son caca à ce député LREM qui affirmait avec l’assurance du mec qui n’a jamais eu à dormir sur un banc « Il n’y a pas plus de cinquante SDF à Paris ».
À moins qu’il ne fût question de faire honte à un autre député LREM qui jurait, la main sur le cœur qu’il n’a pas, « Les SDF sont dans la rue par choix ».
Toujours est-il qu’une petite armée a parcouru cette nuit les rues parisiennes pour compter les sans-abris.
Il en est ressorti que non, il n’y a pas cinquante sans-abris dans Paris mais plusieurs centaines.
Il semble aussi que non, ce n’est pas un choix délibéré de dormir dans une encoignure de porte ou sur une bouche d’aération du métro.
Surtout quand on a un travail et que le choix se situe entre six heures de transport plus une fortune en carburant et dormir dans sa voiture pas trop loin du boulot…
Je n’ai pas entendu dire que ce sont les tentes fournies par Médecins du Monde ou « Les enfants de Don Quichotte » qui avaient créé l’état de SDF mais c’était tout juste.
Quant à dire tout haut que c’était l’abandon des pauvres par la société qui avait conduit MDM à leur fournir un abri, il n’en fut pas question.
On s’est seulement ébaubi sur le courage et la générosité du bien loti qui a consacré deux heures de sa soirée à compter les pauvres dans sa rue.
Je dois admettre qu’il y a eu quelques progrès depuis l’année de la création des « Enfants de Don Quichotte » où  ressortait des propos d’un minus habens du micro, probablement bien logé, que ce qui était gênant, ce n’était pas les pauvres eux-mêmes mais qu’ils soient visibles.
A court d’arguments, il alla jusqu’à parler de trafic de stupéfiants et de prostitution dont MDM serait indirectement responsable.
Ce pauvre imbécile avait l’air persuadé que le SDF moyen pouvait impunément transformer sa tente en claque et vivre de pain de fesses tandis que d’autres se gobergeraient du fruit d’un trafic de drogue plus lucratif que le RMI.
On avait tous compris, sauf les députés, qu’une fois de plus on avait confondu la lutte contre la pauvreté avec la chasse aux pauvres.
En revanche, on continue à nous rebattre les oreilles, dès que le climat se fait dur, avec « ces SDF qui refusent d’aller dans les abris».
Un député LREM s’est déjà rendu célèbre avec sa remarque sur « le choix du SDF »
D’autres, en leur temps avaient affirmé, histoire de n’avoir pas à régler le problème, «qu’ils sont trop désocialisés pour sortir de leur état de vagabondage».
Tous ces braves gens, de leur salon bien chauffé et dont beaucoup ne connaissent pas même le montant du loyer payé par le contribuable, semblent avoir oublié que les fameux abris sont des asiles desquels sont virés les SDF dès potron-minet et qu’ils devront en trouver un autre le soir. Et qu’ils y seront bienvenus à condition de laisser leur compagnon, leur femme ou leur chien à la porte.
Ils ont de la chance, finalement, ils se complaisent dans un état où on les force à rester.
Nos gouvernants, notre Etat, nos associations, si prompts à tirer la ficelle de « la morale » pour nous tirer une larme et quelques picaillons pour « venir en aide aux plus déshérités » sont assez étrangement muets devant la rapacité de bailleurs qui ont une fâcheuse tendance à trouver qu’il y a de moins en moins de bons locataires sans remarquer le fossé grandissant entre les revenus et les loyers.
Les premiers suivant au mieux l’inflation tandis que les seconds augmentent quatre fois plus vite que l’inflation...

vendredi, 16 février 2018

Boîte people...

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Quand j’ai entendu le mastroquet dire « Bon… » avec un ton de doute, j’ai levé la tête du Télérama que je feuilletais en attendant la lumière de les jours.
Je ne sais plus si c’était le quatrième ou le cinquième « petit rosé » qu’il venait de servir.
L’artiste s’est cramponnée au comptoir et, après avoir tenté vainement de retrouver les paroles de « J’ai la mémoire qui flanche » s’est lancée dans un long dithyrambe de Louis de Funès.
Heure-Bleue est revenue pile poil pour entendre « Il a tout inventé ! Même Galabru ! »
La dame s’est tournée.
La lumière de mes jours a remarqué platement « pfiouuu… La pitanche, ça marque, hein ? »
J’ai refermé Télérama, histoire de faire semblant d’être bien élevé.
Heure-Bleue l’a pris, a regardé la couverture et m’a dit « Ah oui… Je vois pourquoi tu le lisais… »
Télérama, ex-revue « catho de gôche », étant assez « cul serré », je n’attendais pourtant pas d’informations renversantes sur le sujet mais j’aime bien me renseigner.
Un surcroît de culture n’est pas à négliger…
Notre ivrognesse a éclusé d’un coup un nouveau ballon de rosé et s’est lancée dans une interprétation tremblotante de Barbara à l’attention de sa voisine qui elle se cantonnait à la bière.
En quantité elle aussi…
Alors nous nous sommes levés juste pour voir entrer une dame qui s’est adressée à la buraliste.
C’est quand elle a dit « J’ai une alternative à la cigarette à proposer ! » que la lumière de mes jours  m’a traîné dehors avant que je ne dise « La pipe ! »…
En sortant nous avons revu aux tables du bistrot quelques têtes déjà là lors de notre précédente visite au Québec.
J’aime bien ce café.
C’est une enclave qui retire quarante ans à l’environnement du coin.
Comme toujours, nous avons traversé la rue pour acheter quelques vivres au Monop’ de la rue de Rennes.
J’aurais visité deux musées, ce jour là…