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lundi, 07 janvier 2019

J’ai reçu une carte de vieux…

Ouais, je sais…
Nous sortions de la boulangerie.
Merveille portait sur la figure tout l’agacement du monde.
Elle va avoir douze ans dans moins de trois mois maintenant et déjà elle en a assez.
Elle est épuisée à l’idée de vivre dans un monde de vieux.
Que dis-je, de vivre dans un monde d’autres, de pas comme elle.
D’ailleurs « les comme elle » l’agacent aussi .
À peine sortie de la boulangerie, elle soupire :
- Il m’a saoulée, le vieux, là, à raconter sa vie…
- Pourquoi ?
- Mais pourquoi il raconte sa vie, là ?
- Probablement parce que c’est sûrement la seule fois de la journée où il entendra une voix humaine, où il pourra parler à quelqu’un…
- Ouais…
- Oui.
- Bon, oui papy… Mais pourquoi… Pfff…
- Tu sais, Merveille, les gens ont besoin de parler et aussi qu’on les écoute.
 
- Mais quand même…
- Merveille, tes parents, tes grands-parents, nos arrière-grands-parents et tous avant eux sont passés par là.
Soupir avec yeux au ciel…
- Et alors papy ?
- Tu verras, tu vas bientôt dire « mes parents sont des cons… »
- Oh non… Mais…
- Tu vois, déjà…
- Oui mais ils me…
- Alors ? Hmmm ?
- Bon, c’est vrai, mais pas papa et maman, mais c’est vrai que des fois…
- Et ce n’est qu’un début ma biche… Tu grandis.
Nous avons continué notre chemin pour aller acheter un « concombre bio ».
Merveille est une merveille à nourrir.
Un concombre, un petit pot de crème fraîche qu’elle bidouille avec un peu de vinaigre de cidre.
C’est là que je me suis aperçu qu’elle ne me donnait plus la main comme il y a peu.
Non, elle marchait à mon côté, son bras sous le mien.
Merveille me donnait le bras !
J’avais une jeune fille à mon bras !
Et c’est ma petite-fille…
Merveille qui marche sur le bord de l’enfance et va bientôt en glisser..
Merveille en équilibre sur l’arête qui sépare l’enfance de l’adolescence.