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dimanche, 09 septembre 2012

Tu ne peux pas nier, Persée !

N’exagérons rien, il y a quand même des choses stables dans la vie d’Heure-Bleue et du Goût-des-autres.
D’abord une curiosité insatiable pour ce qui se passe ailleurs que chez nous et dans notre beau pays.
Ensuite une propension à faire des bêtises qui ne semble pas près de nous quitter.
Enfin une heureuse nature qui nous permet de prendre les aléas de la vie avec le flegme qui sied à ceux qui viennent de tout perdre mais à qui il reste l’idée de se dire « la prochaine fois …»
Vous êtes donc en présence d’un de ces couples de légende, constitué d’une Andromède qui a mal aux pieds et d’un Persée qui perd ses pièces…
Mais bon, du moment qu’on à l’espoir de déménager et que l’occasion de faire des âneries nous sera sans aucun doute donnée, tout va bien.
Nous vivions dans l’angoisse que Persée perde son rein ?
Nous vivrons dans l’espoir qu’Andromède puisse se faire réparer le pied droit !

Parce qu’il n’y paraît pas, mais ne pas pouvoir aller traîner à la recherche d’une dépense qui excède nos capacités de financement nous tue le moral à petit feu.
L’été, Andromède –plus connue sous le nom d’Heure-Bleue- et Persée –plus connu sous le nom du Goût-des-autres- sont trop souvent punis de Paris pour cause de pied endolori.
L’hiver, les mêmes sont punis de Paris par la frilosité de Persée qui a bien du mal à respirer dès que la température est inférieure à 15°C.

Il est temps de vêtir l’un et de réparer les pinceaux de l’autre sinon nous allons vivre reclus.
Et ça, c’est dramatique. Nous n’avons comme seule vaisselle digne d’une dispute que le service en porcelaine de Bavière de la mère du Goût. Et il y tient un peu quand même, à part les vacheries qu’elle a distillées à l’encontre d’Heure-Bleue pendant trente-cinq ans –elle a commencé dès de début- ce service  est tout ce qui lui reste de sa mère.
Pas question donc de rester enfermés, le Goût et sa moitié finiraient par se battre à coup d’assiettes. Et, à nos âges, on cicatrise moins bien.

Et quant aux réconciliations, sachant qu’il n’y a qu’un pas du sublime au ridicule, surtout un faux-pas, il importe d’être extrêmement prudent.
Or, connaissant l’état des pieds d’Heure-Bleue et la maladresse légendaire du Goût, la méfiance est de rigueur…

 

vendredi, 07 septembre 2012

En route vers de nouvelles aventures.

A la demande générale de trois lectrices chéries qui insistent pour que je ne  commence pas à piocher comme un fou n’importe où dans le jardin de notre existence,  à Heure-Bleue et moi, je me remets au début de cette passionnante aventure qu’est un redémarrage total de notre vie.
Après tout, la stabilité étant la mère de l’ennui, il faut bien faire des bêtises  de temps à autre, si ce n’est régulièrement.
Histoire de donner à l’existence le rythme trépidant qui la rend intéressante.

Fort d’une position de cadre dit « III B » dans une multinationale, je profite d’une ancienneté importante, de bonnes relations avec la « direction des ressources humaines » et surtout de la direction financière pour laisser tout tomber parce que je vais au boulot à reculons depuis trop de temps. Je m’ennuie profondément avec des gens qui passent leur temps à éviter de faire quoi que ce soit d’un peu marquant ou créatif pour ne pas se faire remarquer. Vous vous rappelez le slogan de Hewlett Packard ? «  Invent ». Le leur était plutôt « Don’t invent ! ».
Bref, je m’ennuyais ferme au travail pour la première fois depuis vingt et quelques années.
Ayant eu vent d’un programme d’aide à l’installation, je sautai sur l’occasion pour me lancer.
La législation étant particulièrement favorable et les entreprises nettement moins pingres qu’aujourd’hui, je profitai grassement en démissionnant d’un pactole.
Ça ne paraît pas, mais une ancienneté de vingt-cinq ans, les congés payés, les « jours de cadre », les « jours d’ingénieur » à prendre, six mois de préavis payés et non effectués, le tout non imposable, c’est plutôt pas mal. Ça permet, quand on a une tête de linotte et le goût du risque, de se lancer dans une nouvelle aventure au lieu d’acheter un appartement cash…
Heure-Bleue avait bien parlé de cet appartement, mais l’idée de refaire le coup de « j’ai ma librairie à moi toute seule » la tenaillait. J’avais eu quant à moi le droit à une consultation gratuite de l’expert comptable de la boîte pour lui expliquer ce que je voulais faire. Il était sûr que tout marcherait bien. A quelques détails près sur la répartition des activités sur l'échelle des temps, ça s’est avéré.
Nous achetâmes donc une librairie pour Heure-Bleue puis j’allai donner des sous à l’URSSAF avant d’avoir touché mes premiers honoraires de consultant.
A l’attention de celles qui se demandent ce qu’est un consultant, c’est normalement quelqu’un qui connaît son métier assez bien pour conseiller – pour assez cher- des entreprises qui ont un problème un peu pointu  à résoudre.
On appelle aussi hélas « consultant » le joueur de tennis qui n’a jamais pu dépasser les 16ème de finale à Roland Garros et qui vient vous expliquer à la télé ce que devraient faire Federer et Nadal dans le troisième set. L’éventail est large, vous le voyez et recouvre à peu près n’importe quoi, souvent une aptitude au « faire-savoir » plutôt qu’au « savoir-faire ».
Pour en revenir à notre triste condition de pauv’zindépendants, nous voici partis pour de nouvelles aventures. Heure-Bleue vend ses bouquins. Je me rends compte, de mon côté que l’emploi du temps prévu par l’expert comptable est un peu erroné.
Il avait écrit dans le rapport qu’il m’avait gentiment concocté que je devrais consacrer, compte tenu de mon carnet d’adresses,  environ 30% de mon temps à chercher des clients, 50% à faire le travail,  10% à l’administratif et le reste en relances diverses.
L’expérience m’a montré que je passe 10% de mon temps à chercher des clients, 30% à faire le boulot et le reste à courir après les sous qu’on me doit. Heureusement quand même, on m’en doit pas mal.
Un jour, alors que j’attendais un gros chèque d’une grosse boîte –ce qui veut surtout dire gros délai-, je reçois un appel téléphonique de quelqu’un qui cherche le Goût. Il a besoin de lui pour ses connaissances dans le domaine de l’optique et du magnétisme.
Bon, ce n’est pas à côté. On me passe le boss de la boîte qui me dit tout de go en rosbif « voilà, j’ai besoin de vous pour un projet, je vous offre dix mille US$ par mois, un appartement, téléphone, électricité et gaz payés. OK ? »
Ma première réponse est « Je suis en cours de mission, je dois terminer. Ce ne peut-être qu’après. ». Et le boss de me dire « même pour dix mille US$ ? ».
Je dois dire que je suis interloqué par son culot et je lui demande « que diriez vous si on me proposait vingt mille US$ et que je vous laisse tomber au milieu de l’affaire ? Ça vous plairait ?  Je ne fais pas ce genre de chose. ».
Finalement, ça m’a plutôt servi que desservi. Je pensais que j’en aurais pour un mois ou deux, comme d’habitude. Mais non, il a fallu qu’Heure-Bleue se débarrasse de la librairie,  loue un appartement à l’Ours –qui nous reproche de l’avoir abandonné- et attende de voir comment ça se passe avant de me rejoindre.
Je ne vous ai pas dit où je devrai exécuter ce fabuleux contrat ?
En Israël ! Plus précisément Tel-Aviv. La première fois que je m’y suis rendu, je n’avais pas vu à quoi ressemblait la ville vue d’en haut.
 Les vols suivants, j’ai pu affiner mon impression. Vous voulez savoir à quoi ressemble Tel-Aviv vu d’avion ?
Eh bien ça ressemble à un tas de commodes renversées avec les tiroirs ouverts…
Heure-Bleue me dit « non ! c’est pas vrai », mais si, c’est vrai…
Mais c'est animé. Il y a des moments où tout vole dans ce merveilleux pays.
Les oiseaux.
Parfois les pierres.
Mais surtout les boutiquiers...

jeudi, 06 septembre 2012

Chères, très chères Lili, Mab et Emilia.

J’ai décidé de vous faire plaisir.
Je ne démarrerai pas à cent à l’heure.
D’ailleurs je ne marche pas encore.
Je suis né en 1949 dans l’indifférence générale sauf, et encore peut-être, de ma maman et de mon papa.
J’étais un beau bébé de trois kilos huit cents et de cinquante-cinq centimètres -je le sais car ma maman me l'a répété à chacun de mes anniversaires jusqu'en 2005 et que je suis né le jour des Rois à onze heures moins le quart du soir, à l'époque on ne savait pas qu'il était vingt-deux heures quarante-cinq, on n'était pas moderne.-.
Déjà, je montrais d’étonnantes dispositions pour pourrir la vie de mes proches, surtout la nuit.

Ma mère s’usa les seins à m’allaiter plusieurs fois par nuit pour permettre à mon père de dormir quelques heures. J’en ai gardé depuis une forte tendance à la goinfrerie et un intérêt certain pour ce qui habille si joliment les poumons des femmes.
Ne me dites pas que je ne pense qu’à ça, je le sais.
Mais attention,  je ne pense quand même pas qu’à ça.
C'est vrai, je pense aussi à leurs jambes et à tout ce qu’il y a aux alentours.
Après avoir attendu près de trois ans d’entrer à la maternelle, j’y arrivais absolument ravi. J’avais enfin un peu plus de place qu’à la maison. Et surtout, oui surtout, il y avait d’autres enfants que ma grande sœur qui me martyrisait et mes deux petites sœurs qui me martyrisaient elles aussi mais que les oreilles en n’arrêtant pas de piailler le jour et la nuit.
Et pour la première fois je rencontrai l’amour.
Oui ! Déjà ! Elle s’appelait Malika.
Je sais, vous allez me dire  « Ouais, encore une Arabe, yen a marre d’entendre parler d’Arabe sur ce blog de mauvais demi-juif athée ».
N’empêche, c’est la première des deux seules fois où j’ai été amoureux d’une fille brune. Mais attention, elle avait les yeux clairs.
C’était la première fois que je voyais des yeux autres que des yeux bruns. Dans la rue où nous habitions, près de la Porte de Clignancourt –qui restera le repoussoir et l’exemple de ce qu’il ne faut pas devenir- eh bien, dans ce quartier il n’y avait pratiquement que des Algériens et pas de Kabyles, ce qui explique la pénurie d’yeux clairs dans le coin…

Me voici donc assis à côté d’une petite fille aux cheveux aussi noirs que les miens mais frisés et aux yeux bleus. Des yeux qui me feront me cogner dans les portes.
J’adorais, grâce à elle, rentrer en classe après la récré, ce qui aura un effet bénéfique pour la suite de mes études.
N
ous étions en rang par deux et devions donner la main à notre camarade pendant que nous rentrions. J’étais toujours à côté de Malika pour entrer en classe et j'adorais lui tenir la main. Et en classe j'étais assis à côté d'elle à une de ces petites tables à deux places avec un petit banc attaché et je détestais lui lâcher la main.

Ma vie de chercheur commençait sur les chapeaux de roues.
La tournure prise par les évènements une vingtaine d’années plus tard m’a  tout de même forcé à changer de sujet d'études.
Il faut dire qu’Heure-Bleue prétend n’être pas jalouse mais je saurai bien assez tôt qu’elle n’aime pas que je me disperse et qu’elle aime encore moins prêter ses affaires…
Mais j’y réfléchis encore et toujours.

La suite une autre fois.
Ça vous va, lectrices chéries et préférées ? Mais méfiez-vous, j’ai soixante trois ans à dérouler comme  ça
Et ça risque bien de vous saturer avant de saturer les serveurs de mon FAI…

mercredi, 05 septembre 2012

Réveil au pays du lait et du miel.

Bon, ce n’est pas tout à fait ça. Il y a deux heures de décalage avec la France à ce moment, le jour se lève brutalement. Comme si une main géante allumait la lumière. Il fait beau, un chariot passe dans la rue tiré par un cheval et crie dans une langue encore incompréhensible pour moi. Maintenant que je suis réveillé, j’attends qu’on vienne me chercher. Vers neuf heures mon mentor arrive. C’est le type qui est venu m’embaucher à Paris, je ne sais pas encore que c’est un escroc. Il semble assez gentil avec moi et m’emmène vers la boîte qui m’a confié la mission. Je traverse un parc qui s’appelle Gan Meir, ce pays me semble surtout un gigantesque bordel plein de bruit, de poussière et de cris. Sur le chemin qui mène à la rue Allenby, derrière Gan Meir, il y a ce que j’appellerai plus tard une « beit ha knesset ». L’Israélien semble être un être bizarre incapable de parler doucement. Par la porte ouverte je vois en effet un type en train d’engueuler le bon dieu avec conviction. Tous parlent fort, s’engueulent libéralement. Bien que pas très clair moi-même dans mon ascendance paternelle. Je me sens assez éloigné de ces gens. La sensation s’accentue quand on arrive rue Allenby. J’ai la preuve, qui me gêne et me ramène à mon niveau, que la supériorité intellectuelle des juifs est un mythe. Il suffit de les voir conduire pour s’en apercevoir.
J’arrive enfin dans la « start-up » qui a aperçu un truc marron passer dans le lointain et a vendu la peau de l’ours que je suis chargé de tuer. C’est un grand appartement avec une terrasse qui sert de lieu de délassement aux gens qui travaillent ici. On y fume des pétards en fin d’après-midi. La jeune femme qui m’accueille s’appelle Danielle –mais non, je ne suis pas abonné- c’est la fille de l’homme qui a créé un des premiers café de Tel-Aviv, petit bistrot qui était une véritable institution et fut vendu pendant mon séjour. Le café y est très mauvais.
Le soir est très différent, ça se passe comme le matin. Vous regardez votre montre, vous vous dites « tiens, il est six heures », le soleil est éclatant, vous allez aux toilettes, vous pissez et vous lavez les mains. En sortant il fait nuit. La main géante du matin a éteint la lumière.
Le premier soir, je sors, il refait froid. De fait il faisait au moins 25°C ce matin, près de 30°C la journée alors quand vous sortez et qu’il ne fait que 20°C et que vous êtes Le Goût, eh bien vous vous pelez de froid.
Je suis sorti seul, on m’a expliqué par où passer pour rejoindre mon appartement. Et je me perds illico. C’est là que je me suis aperçu que j’étais complètement analphabète.
Je ne suis pas dans un quartier où tout est « doublé » en caractères latin et cyrilliques. Là, il n’y a que les versions hébraïque et arabe. Pas trop pratique pour moi.
Le pire arrivera les jours suivants. Je prendrai des taxis pour aller au travail. Et je commencerai à y apprendre l’hébreu.  Le problème est que c’est « l’hébreu de la rue ».
Vous aurez une idée de l’hébreu que je baragouinerai en quelques jours  quand je vous aurai dit que c’est comme apprendre le français avec un lascar de cité du neuf-trois. Ça effrayera les gens de la boîte qui vont se mettre à m’apprendre un hébreu plus académique. Ce qui posera d’autres problèmes.
Problèmes que je vous conterai plus tard…

mardi, 04 septembre 2012

Terre Promise n'est pas toujours Terre Due...

Ça y est. J’ai un contrat de consultant. Je pars en Israël.
Enfin un coin où il fait beau. Enfin on le dit. Le pire ? Quatre heures sans fumer…
Heureusement que j’ai une grande aptitude à dormir n’importe où. « Le c… dans une bassine » dit Heure-Bleue, envieuse de cette propension génétique à glander efficacement. Elle, est restée à Paris, histoire de fermer sa librairie et ne pas abandonner brutalement l’Ours.
 

Quand l’avion arrive à Tel-Aviv, il est tard. Je suis parti de Paris par une température sibérienne, genre 4°C  à environ 15 Heures et j’arrive déçu à 21 heures. Il ne fait que 11°C à l’aéroport Ben Gourion. L’avion avait du retard, l’immigration est une foire d’empoigne et je saurai désormais qu’il faut courir vite pour descendre de l’avion, monter dans le car et rester devant la porte avant pour arriver dans les premiers face aux fliquettes, mignonnes certes, mais surtout malgracieuses. Tout juste si on ne me demande pas si j’ai des accointances avec Yasser Arafat, et que « qui t’a appris le mot  Alya » ? Et « pourquoi tu viens en Israël » ?
Là, éviter de répondre « finalement je me demande… »,  c’est très mal pris.
Je le sais je l’ai fait lors de mon nième voyage en Europe et ça m’a coûté deux heures de questions stupides.
Ceux  qui étaient chargés de me recevoir étaient sur le point de tourner les talons quand j’arrive enfin dans le hall. En plus, il pleut. On se croirait à Paris avec des palmiers. Je ne sais pas encore que c’est la dernière fois qu’il pleut avant le mois de décembre. Si ce n’est février de l’année d’après…
On m’emmène à Tel-Aviv même, dans un appartement assez sympathique dont malheureusement je n’aurai pas tellement le temps d’apprécier le confort spartiate.
Dès le lendemain matin, on vient me chercher. On était déjà allé me chercher pour mon « expertise » dans deux domaines : l’opto-électronique et le magnétisme. Je ne sais pas trop ce qu’ils veulent de moi mais pour dix mille US$ par mois, je ne vais pas chipoter. Je m’apercevrai bien assez tôt ce qui fait le charme de ce pays attachant –et parfois suscite une furieuse envie de noyer le pays sous une marée de rôti de porc- c’est cette faculté de vendre la peau de l’ours alors qu’on a seulement vu un vague truc marronnasse passer au loin.
Et de t’expliquer en plus que ça sert à rien de chasser l’ours si t’a pas vendu la peau.
Bref, j’ai l’impression  de m’être fourvoyé dans une start-up qui a vaguement eu une idée, à trouvé un pigeon pour la transformer en montagne de dollars et que ce pigeon c’est moi…