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samedi, 24 novembre 2012

Bande décimée…

Jeudi, jour béni des écoliers de ma génération, Heure-Bleue, une blogueuse qu’on aime et moi sommes allés voir l’expo « Les Bohèmes ».
Le rez-de-chaussée était consacré aux bohémiens.
C’est sans doute pour flatter leur goût d’être prêt à lever le camp qu’on à placé l’exposition, à eux consacrée, plus près de la sortie.
C’était très chouette, à quelques détails près.
Le pire détail étant la musique, choisie avec un goût qui va du pas terrible à l’épouvantable en passant par le « hors sujet ».
Leur histoire tourmentée nous était joliment contée.
La chanson s'était évidemment trompée...
Quand Dalida nous hurle « D’où viens-tu Gitan », pas question de répondre « Je viens de Bohème ». Aujourd’hui, il vient du métro ou du commissariat.
En revanche à « Où vas-tu Gitan », ça marche, il peut répondre sans sourciller « Je vais en Bohème », en avion en plus…

Le talent des peintres n’est plus à démontrer. Ils ont saisi l’image, certes, mais aussi l’âme bohémienne.
Clairvoyance entachée des préjugés habituels.
Si les peintres de l’époque revenaient aujourd’hui, aucun doute qu’ils nous feraient de magnifiques toiles, toiles montrant de jolies bohémiennes captant l’attention du benêt opulent tandis qu’une vieille bohémienne lui étoufferait son i-Phone…
J’ai remarqué aussi, en lisant les commentaires et explications fournies, que la route est droite, comme dirait Raffarin, et tous les chemins mènent au Rom.
Je n’ai pu qu’admirer la perspicacité de Confucius à propos de cette vieille histoire de lanterne et d’expérience.
Il semble en effet que les mêmes politiques soient appliquées, de Louis XIV à Manuel Valls.
C’est sans doute à cela que l’on reconnaît la « France terre d’accueil »…
Le second étage était, lui, consacré à « la bohème ».
J’ai été estourbi d’entrée par la kitschitude des décors.
Un misérabilisme surjoué qui a semé le doute dans mon esprit.
M’étais-je trompé d’expo ? Etais-je entré par mégarde dans une de ces associations qui veulent faire le bonheur des pauvres en leur montrant combien ils ont de la chance de vivre dans des galetas insalubres mais « so romantic » ?
Il semblait toutefois que le décorateur avait fait attention à ne pas choper des maladies en poussant trop loin la vraisemblance.
Le papier peint était déchiré avec un soin jaloux, histoire de laisser dans la mémoire du mécène le souvenir d’un « architecte d’intérieur » plein de talent et qu’on pouvait payer une somme rondelette sans regretter ses sous.
Cela mis à part, j’ai été ravi de constater que la rue du Chevalier de la Barre n’avait pratiquement pas changé entre l’an 1900 et mes années de lycée.
Je l’avais reconnue sur le champ.
Aujourd’hui il y a juste un peu plus de boutiques.
Les marchands se sont déplacés du Temple au Sacré-Cœur…
J’ai voulu voler le manuscrit de « Ma Bohème ». Pas moyen, malgré la fatigue évidente des gardiens –supporter la musique hors de propos pendant des heures doit être épuisant- ils semblaient avoir l’œil.
Pas vu le célèbre « Melancholia » de Verlaine. Béatrice A. avait dû faire du charme au commissaire pour en interdire l’exposition, servie par l’exemple d’un mari évaporé qui l’avait bien eue avec cette histoire de « qui m’aime et me comprend » mais qui, malheureusement n’était justement « ni tout à fait la même ni tout à fait une autre »…
Bref, votre scribe préféré, qui n’était pourtant pas allé là pour avoir quelque chose à vous raconter, a passé trois heures délicieuses, si délicieuses que, comme les dix-huit jours de Juliette Gréco, « finalement ça m’a semblé court »…

 

mercredi, 21 novembre 2012

Rêve parti…

Aujourd’hui, on a visite au Monop’, histoire que vérifier que les pauvres dont me parle Heure-Bleue ne vont pas gaspiller les sous de l’aide sociale en achetant du vin.

Nous voici donc au premier étage, celui du « schmattes », placé là pour éviter que les pulls en cachemire ne sentent le saucisson ou le pâté.
Ma douce moitié chérie –ces temps-ci, j’ai intérêt à être un peu faux-cul suite à l’édition de quelques notes sur ma jeunesse folle, Heure-Bleue n’est pas une mégère mais on ne peut pas dire non plus qu’elle soit apprivoisée…- me dit « Ah ! Il faut absolument que je t’achète des T-Shirts ».

- Pourquoi ça, ils sont très bien mes T-Shirts !
- Ils sont devenus gris et troués de partout !
- Et alors ? Sous la chemise, ça ne se voit pas !
- Et aussi parce que je viens encore de transformer un de tes T-Shirts en chiffon à poussière.
- Qu’est-ce qu’il avait ?
- Des trous sous les bras qui descendaient à mi-torse.
- Ouais mais ils sont vachement doux !
- Tu ne ressembles à rien avec ça !
- Tu veux simplement supprimer chez moi ce côté « bête sauvage » qui plaît tant aux femmes…
- Non, je veux surtout éviter de mourir de honte quand on ira chez le médecin…

Mais où est donc passé le bon vieux temps où l'épouse jurait « amour, fidélité et obéissance », surtout obéissance, à son seigneur et maître ?
Tout fout le camp...

 

mardi, 20 novembre 2012

L’os de sèche...

Pas toujours sage, votre Goût préféré, lectrices chéries…
Votre serviteur fouinait dans ses souvenirs pour savoir par quel cheminement tortueux il en était venu à arrêter de cloper vers ses cinquante-sept ans.

Et là, le souvenir de la première « sèche », de la première bouffée et autres plaisirs vraiment minuscules lui a sauté à la figure comme un pavé sur le casque d’un CRS.
En quatrième, au cours d’un troisième trimestre bien entamé –rappelez-vous comme il faisait beau au printemps quand on entrait dans l'adolescence- un soleil de milieu de matinée, particulièrement printanier nous poussait à nous dire « C’est idiot de donner un temps pareil à un cours de sciences nat’ ».
Nous étions trois ou quatre à avoir décidé que finalement, le Sacré-Cœur serait autrement enrichissant en matière de sciences naturelles que les salles de classe du lycée.
Profitant de la récré de dix heures, nous sortîmes en douce sans nous demander un instant comment nous reviendrions l’après-midi…
Nous voilà partis, pas si fiers que ça en fait, en direction du Sacré-Cœur, l’animation de la rue Steinkerque nous redora un peu un moral déjà entamé par le remords. Les boutiques de souvenirs, déjà ouvertes, attendaient le touriste et nous regardions de minables statuettes de plâtre peint en remontant la rue.
Le jardin du Sacré-Cœur –qui s’appelait encore « square Willette »- était assez dépeuplé, on n’y voyait que quelques vieilles gens venues réchauffer leurs os au soleil de ce matin de mai.
Nous nous mîmes à l’écart sur quelques chaises mises comme « les chariots en cercle » des westerns pour éviter la curiosité malsaine des gardiens.
Pourquoi cette discrétion obligée ?
Parce que nous avions décidé de nous lancer dans la vie «  de grand ».
Comment ça ?
Eh bien, lectrices chéries, les trois néophytes de notre bande des quatre avaient décidé de suivre l’initié. Celui qui « l’avait déjà fait » -mais non, pas ça, pfff… vous ne pensez qu’à ça-, celui qui avait déjà fumé.
L’état de notre fortune, misérable, nous avait permis l’achat d’un paquet de « P4 » et, mieux, pour les chochottes, dixit l’expérimenté de la clope, un paquet de « Highlife ».
L’initié avait déjà dans la poche une petite boîte d’allumettes, performance risquée en ces temps où chaque lycée avait son Big Brother.
Et nous voilà, commençant par les « P4 ». Rien que l’allumage posait problème. J’avais beau avoir un père fumeur, je ne voyais pas trop comment on amorçait la cigarette, la flamme ne l’allumait pas.
Le professeur de clope nous expliqua qu’il fallait « quand même tirer un peu » .
Au bout de trois allumettes, votre serviteur se retrouva avec une cigarette allumée entre les lèvres.
Ne sachant toujours pas quoi faire.
« Celui qui savait » me dit alors « c’est fastoche ! Tu aspires un grand coup avec la bouche en gardant la cigarette dans la bouche ».

J’en tousse encore…

Je n’ai allumé la seconde cigarette qu’à vingt ans passés, ça allait bien avec le café et ça aidait à gérer le stress des exams.
Mais je me demande encore si les « P4 » n’étaient pas fabriquées avec les mégots ramassés dans la rue…

lundi, 19 novembre 2012

Epîtres selon le-Goût

Voilà de quoi il s’agit.
En fait,  lectrices chéries, je devais avoir dix-neuf ans, ma sœur cadette en avait dix-huit et fréquentait assidûment le garçon qu’elle devait épouser plus tard.
Un peu trop assidûment aux yeux des parents des deux puisqu’on nous invita, à l’automne 1968, à faire connaissance, dans le coin du garçon –vers Saint-Etienne- , avec la famille du garçon.
Ils se fréquentaient même si assidûment qu’un jour, au moment de mettre la clef dans la serrure je fus arrêté net, dès le palier, par un chant que normalement on n’entend pas et que surtout on n’entend pas sortir d’une chambre avant que monsieur le maire n’y ait mis bon ordre.
Si ma mère avait eu idée des connaissances de son oie blanche supposée et préférée, elle aurait traîné le garçon à la mairie sur le champ, un fusil dans le dos.
Je suis donc redescendu boire un café au bistrot en bas de chez nous pour ne pas déranger.
C’est dire si les études dont je vous entretiens depuis cet été sont sérieusement suivies dans la famille…

Quand les parents de nos deux tourtereaux se sont rencontrés, il y eut une petite fête dans le restaurant d’un petit bled du côté de Saint-Etienne.
Il y avait quelques amis des parents du futur mari dont un couple qui avait une fille de dix-huit ans itou.
On lui aurait donné le bon dieu sans confession et j’avais sympathisé avec elle.
Nous avons dansé ensemble tous, absolument tous, les slows de la soirée.
A son détriment –je plaisante- elle était très brune, à son avantage, une peau diaphane et des yeux clairs, de ceux qui justement me chavirent.
Les meilleures choses ayant une fin, nous nous sommes séparés sur un léger baiser sur la joue mais non sans qu’elle ne m’ait donné, à ma demande, une adresse où lui écrire pendant la semaine.
Elle était interne dans une pension de bonnes sœurs du coin.

Nous avons donc commencé à nous écrire –moi le premier, vous savez bien comment je suis- et échanger des lettres régulièrement, à raison d’une tous les deux ou trois jours.
Eh oui, pas de portable, pas de mail, pas de téléphone fixe ne restaient que les lettres...
Ces lettres, de convenues au début devinrent plus affectueuses.
Puis, les semaines passant nous avons commencé à échanger des poèmes.
Enfin des lettres d’amour.
Ça dura plusieurs semaines, puis, comme disent les accroches de PurePeople sur le Web, ça devint de plus en plus « hot ».
Nous étions devenus les champions de l’hexamètre licencieux, de l’alexandrin érotique, de l’octosyllabe leste.
On s’envoyait des sonnets d’enfer, experts que nous étions devenus de l’acrostiche cochon.
On écrivait des poèmes à lire en diagonale, d'autres encore dont la lecture du dernier mot de chaque vers ne laissait aucun doute sur ce que nous ferions si nous nous retrouvions seuls un moment.

J’ai encore souvenir d’une petite suite d’alexandrins plus que lestes - je m'en souviens parfaitement mais ne comptez pas sur moi pour vous les écrire- envoyés par une jeune fille finalement aussi au fait que moi de ce qui pouvait advenir à deux jeunes gens en bonne santé s’ils se retrouvaient dans un lit.

Petit poème qui prouve qu’elle n’était pas aussi ignorante que ses parents l’auraient souhaité.
Inutile de dire que quand je recevais ce genre de lettre, j’étais dans une forme éblouissante pour la journée…
Quand nous avions fini de nous expliquer par courrier tout ce que nous pouvions faire pour pallier notre absence, nous avions vraiment très chaud, surtout quand nous nous écrivions que comme notre mère nous avait fait des doigts, ce n’était pas pour rien et que c’était un excellent moyen de vérifier que ce que nous racontions produisait bien l'effet escompté…
Bref, nous étions devenus  parfaitement libertins dans nos écrits en moins de deux mois.
Tout cela aurait pu se solder par une belle histoire sans la malchance qui fit qu’un jour, crac ! Plus de réponses du tout.
J’envoyais toujours aussi régulièrement des lettres qui restaient sans réponse.
Je finis par abandonner, la mort dans l’âme.
Ma sœur se maria l’année suivante et, lors de la réception, le frère de son mari m’apprit que la fameuse brune (M.) avait été virée de son école de bonnes sœurs avec pertes et fracas parce qu’une de mes lettres et les brouillons des siennes avaient glissé sous son lit et avaient été trouvées bien sûr par une des sœurs…
Elle fut donc jetée « pour mauvais esprit » et « conduite immorale » et mise par ses parents (des bigots terribles, fâchés du coup avec les beaux-parents de ma sœur) dans une « pension-prison » avec censure du courrier.

Tout cela pour dire qu’il n’est pas besoin de contact ou de vue permanente pour être séduit ou pour séduire, il suffit d’évocation.
L’écrit est finalement aussi dangereux que le toucher ou la vue…
Je suis sûr que c'est pour préserver la moralité de la jeunesse qu'on supprime les postes dans l'Education Nationale.
Rien qu'à lire ce que sont capables d'écrire ceux qui ont eu des professeurs, reconnaissez, lectrices chéries, que ça fout la trouille, non ?

jeudi, 15 novembre 2012

Papy et grand-mères d'alors...

Hier, comme prévu, Merveille est allée au Jardin des Plantes.
Hier, comme pas prévu du tout, pas de Grande Galerie de l’Evolution. Je dois avouer à ma grande honte que si Heure-Bleue et Manou n’avaient pas été là, j’aurais attendu que personne ne regarde et j’aurais giflé Merveille.
A ceux qui l’auraient vue en larmes, j’aurais expliqué d’un air désolé qu’elle était tombée dans l’allée.
C’est un peu ma faute aussi, quelle idée de passer par l’allée Cuvier. J’aurais dû me rappeler qu’elle menait aussi à la ménagerie…
Et que les ménageries sont des aimants à gosses, un peu comme certaines notes d’Heure-Bleue sont des aimants à couillon.
Et pourquoi, en cette période de l’année, la Grande Galerie de l’Evolution a la préférence du Goût ? Parce que le-Goût, lectrices chéries, est frileux comme un chat et que cette galerie est non seulement chauffée mais qu’on y est à l’abri du vent.
J’ai réussi néanmoins à échapper à la bise quelques minutes. Mais seulement parce que Merveille a été par moment sensible au vent glacial sur son petit cou qu’elle maintient malgré tout découvert.
Bon, je la comprend, elle a un très joli cou et tient absolument à ce que les gamins qu’elle croise le voient…
Elle m’a demandé, des renseignements devant chaque cage car Heure-Bleue et Manou ne lui semblaient pas à la hauteur en matière d’explications zoologiques.
Si petite et déjà machiste, on se demande après pourquoi les hommes restent si nunuches et persuadés de leur supériorité…
Merveille est incapable de me laisser tranquille, même quand elle m’a demandé, devant l’enclos de l’émeu
- elle est bizarre l’autruche, papy, pourquoi elle est comme ça ? 
- Parce que ce n’est pas une autruche, c’est un émeu.
- Et pourquoi ça s’appelle un émeu ?
- Parce que c’est émouvant…
- Je pourrai le dire à la maîtresse demain ?
- Euh… Non…Vaut mieux pas…
- Tu me dis encore des bêtises, pfff, tu es quand même un drôle de papy, ça va être un problème, nous deux…
Et elle rit. J’adore quand elle rit, j’en profite pendant que la petite souris n’a pas encore besoin de passer.
D’abord parce qu’un sourire « brèche-dent » est moins séduisant et puis parce que, d’expérience, cette affaire de souris est encore un truc qui coûte un œil.
Merveille est quand même une enfant très au fait des problèmes de maintien de la diversité biologique et des façons de la respecter – j’avais pu la voir à l’entraînement dans un carrosse au manège du Jardin d’Acclimatation la semaine dernière-.
Au Jardin des Plantes, par exemple, elle s’est bien gardée de faire le rapprochement entre certains manteaux et le  « léopard noir  ou « la panthère blanche de la Chine du Nord »…
Puis, comme souvent lorsque le temps passe, Merveille s’est découvert, selon ses propres termes, « une petite faim ».
Nous pensions naïvement que Merveille voudrait un pain au chocolat quelconque mais non…
Nous avons fini dans un McDo, gelés comme les relations USA-Corée du Nord.
Elle devant un « cheese burger », Heure-Bleue et Manou devant un « p’tit wrap » tandis que votre serviteur se contentait, d’un « sundae ».
Enfin, j’étais heureux d’être à l’abri du froid.
Mais pas de Merveille, on ne peut tout avoir…
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