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mardi, 21 janvier 2014

Mickey mahousse.

Hier soir, ma souris repassait.
Comme presque tous les soirs.
Enfin ceux où elle a le courage de déplier la planche à repasser et que nous n’avons pas passé la journée à traîner.
Donc Heure-Bleue repassait et, pour se donner du cœur à l’ouvrage elle a pris l’habitude de mettre un DVD d’une de ses séries favorites.
Ces temps-ci c’est « Friends » qui remporte ses suffrages.
Ça se passe habituellement très bien mais ce soir-là l’épisode a mal tourné.
Surtout pour votre serviteur adoré, dit « Le Gout ».
En effet, il était question dans cet épisode d’un Cubain francophone. Le type qui justement fait craquer les claires. Brun, mat, l’œil de braise.
En plus, ce salaud avait les deux, lui…
Ce Cubain papote avec notre héroïne, lui cite Verlaine, la regarde langoureusement et commence à lui expliquer qu’il est tout à fait capable de lui créer un poème exprès, sur la beauté de ses lèvres, la douceur de sa peau, etc.
Bref, le « latin lover » est prêt à tout pour vaincre le blocus qui empêche les relations détendues entre Cuba et les USA depuis la Baie des Cochons.
Encore que cette histoire de cochons…
L’héroïne, bien qu’américaine commence à fondre.
C’est là qu’Heure-Bleue, chez qui cette histoire de poème a ravivé quelque chose, me jette :
- Pfff… Ouais…
- Quoi ? Demande « Minou ».
- Tu m’en a écrit, des poèmes…
- Et ?
- Et pas qu’à moi ! Alors hein…
C'est là que j'ai eu le tort de sourire.
Elle m'a jeté :
- Ah mais ne crois pas que ça marcherait encore !
- ... ?
- Tu veux que je te rappelle à qui d'autre tu en as écrit ? Et dit ?
- Euh...
- Non !
Je me suis attelé à la confection du dîner.
Il y a des moments comme ça, dans la vie de famille où l’idée d’être transparent, voire invisible, semble plutôt une bonne idée…
Mais l’idée de jeter en douce certains DVD ne semble pas si mauvaise non plus…

lundi, 20 janvier 2014

Mal armé...

Ce matin, l’oreille frappée par un commentaire, l’œil attiré par une petite annonce et la cervelle occupée par des pensées indignées, je ne peux m’empêcher de faire des rapprochements dont je m’empresse de vous faire part, lectrices chéries, afin de susciter chez vous ce sursaut d’indignation qui vous va si bien et vous maintient en forme.
 
« Le succès de la lutte contre le chômage passe par un niveau de formation élevé. »
Quelque chose me laisse toutefois rêveur.

«  Cherche ingénieur, niveau bac+5, vous serez à la tête d’une équipe de 5 personnes et aurez en charge l’étude et le développement de systèmes dans le domaine de l’avionique. 35/42 k€/an »

«  Avec une moyenne de 1,3 but par match, Bidulovic, 23 ans, entre dans la légende et vient de rejoindre le club de … pour un salaire de 14 M€ par an net d’impôts. »

Bon, vous connaissez mon amour modéré pour le sport mais je me demande si je n’ai pas commis une erreur tragique en devenant ingénieur.
Et encore, j’ai eu la chance de travailler à une époque où celui qui aurait osé proposer des salaires aussi minables à un ingénieur aurait été giflé…
Pourtant, quand j’avais quelques mois, années, décennies de moins, j’avais l’œil vif, la jambe fine et musclée, la cervelle pas encore embrumée par des bêtises comme Ophélia, La divine comédie, la loi de Lentz, la constante de Planck, La mort des amants, les quatuors Rasumovski ou les équations de Maxwell ou Hamilton, j’aurais pu, j’en suis sûr, être footballeur.
Bon, ça n’a évidemment pas que des avantages, j’aurais pu me retrouver marié avec Nolwenn…
Et puis, je dois avouer que rien que l’idée de me taper des matinées entières à arpenter un stade à petites foulées sous les engueulades d’un entraîneur caractériel et aller courir comme un cinglé pendant quatre-vingt-dix minutes une ou deux fois par semaine sous les huées d’une foule de lascars qui ne sont jamais contents tandis que des centaines de milliers d’autres, avachis sur leur canapé avec une bière dans une main et une poignée de cacahuètes dans l’autre expliqueront doctement à leur téléviseur ce que j’aurais dû faire pour marquer le second but, ça me saoule !
J’aime mieux faire partie de ceux qui ne foutent rien et éteignent la télé pour échapper à « l’analyse » du commentateur.
Quoique…
Finalement…
Ecouter un type qui n’a joué au foot que pendant les matinées stade du lycée donner des conseils à des mecs qui gagnent des fortunes en gagnant des matches a un petit quelque chose de surréaliste qui frise la poésie de Mallarmé…

dimanche, 19 janvier 2014

La diagonale du flou...

Hier, Heure-Bleue et moi, sommes revenus de notre promenade parisienne sur les genoux.
C’était le tour d’Heure-Bleue de la jouer nostalgie.
Nous avons donc erré dans le XVIIème, bu un café avenue de Villiers en papotant longuement avec un couple de Kurdes que nous ne connaissions pas et qui venait de s'installer dans le quartier.
La conversation avait commencé avec Heure-Bleue demandant à la dame si les toilettes du café étaient « acceptables ». A continué avec votre Goût adoré prévenant le monsieur que sa fille, une petite fille d’environ quatre ans, était en train de le rouler dans la farine et qu’il ferait bien de se méfier. Nous avons conversé ainsi une bonne heure avec de parfaits inconnus.
Tout cela nous a pris du temps, nous n'avons pas eu le temps de faire des courses, seulement d'acheter une baguette.
Nous sommes revenus à la maison pour nous apercevoir qu’en réchauffant ce qui restait de légumes frais et en le mélangeant avec une boîte de carottes nous aurions les légumes tandis qu’un steak haché pour l’une et une tranche de jambon pour l’autre compléterait le repas.
Ça y est lectrices chéries ! Vous pouvez reprendre un souffle stoppé net par ces aventures palpitantes…
Nous avons alors allumé le téléviseur, histoire d'être au courant de la marche du monde.
Nous avons appris que non seulement nous avions une Première Petite Camarade de Jeux mais que nous allions probablement avoir une Deuxième Petite Amie.
Puis, lassés par les nouvelles plus très fraîches vu qu’on nous les sert depuis une semaine, nous avons attendu en papotant l’émission que nous attendions.
« Echappées belles » nous promettait un voyage intéressant en Israël.
Ô surprise ! Nous avons voyagé en terre tout à fait connue.
Nous avons bien entendu reconnu Tel-Aviv, surtout « kibboutz galuyot » (« le rassemblement des exilés ») rue intéressante où j’ai travaillé quatre ans. Jaffa et le rocher où Andromède était prisonnière – tu ne peux pas nier, Persée… Ouais, bon...- et quelques restaurants où nous avions déjeuné et dîné.
C’était bien, l’effet se faisait déjà sentir à la maison, ce n’était plus l’hiver.
Heure-Bleue commençait à avoir trop chaud et moi à me sentir bien.
Tous deux, quand le voyageur s’est rendu à Akko, que vous connaissez, lectrices chéries sous le nom de Saint-Jean d’Acre, avons ressenti une bouffée de nostalgie.
Mais si, vous savez bien, quand la gorge se serre, comme ça m’arrive parfois quand je pense à tout le temps que j’ai passé à Barcelone ou à Paris. Bref, l’effet des souvenirs, quoi…
Heure-Bleue et moi, donc, avons soupiré en reconnaissant le faux Père Noël, Uri Buri, faisant un cinéma d’enfer alors qu’il fait en réalité la publicité pour son restaurant.
Son restaurant n’a pas changé. Il est probablement plus cher. Il l’était déjà.
Mais vous savez ce qu’il y a de plus beau, à Akko ? Les couleurs. Le bleu de la mer et celui du ciel. Les ciels d’Akko sont des ciels italiens, quasiment vénitiens tandis que le bleu de la mer n’est pas le bleu de la Côte d’Azur mais un bleu profond, océanien.
Et puis, Akko est aussi une ville où, en retournant vers la ville sur quelques centaines de mètres à peine, vous arrivez au « khan ».
Là, vous vous dites, en regardant les arcades de la galerie qui surplombe et entoure la petite place et le puits en son milieu, occupée seulement par le marchand d’oranges « mais bon sang ! Où sont les esclaves ? Et les sultans ? Et la foule ? » Puis ça vous revient et, tel le commissaire Bourrel, vous vous dites « Bon sang mais c’est bien sûr ! »
Eh oui, lectrices chéries, vous vous apercevez soudain que vous êtes au milieu d’un tableau de Delacroix.
Aller si loin pour se retrouver au Louvre…

vendredi, 17 janvier 2014

Chantons pour le sport...

Un commentaire de Liwymi m’interpelle :
« Quand tu étais môme, les exploits sportifs ne te faisaient pas rêver ? »
Liwymi... Tu as de ces questions...
On ne dirait pas que tu me lis depuis des années.
Ou bien tu survoles.
J’aime beaucoup Liwymi, j’aime ce qu’elle écrit, la façon dont elle l’écrit, tout ça.
Bon, on n’est jamais d’accord.
Mais elle a de si jolis yeux. Si bleus.
Bon, elle est blonde mais que voulez-vous, nobody’s perfect.
Cela dit, Liwymi, ma grande, je dois t’avouer quelque chose à propos des exploits sportifs :
Ça ne m'a jamais fait rêver. Jamais !
Ce qui me faisait vibrer, c'était la conquête de l'espace, Laïka, Luna I, les fusées Atlas-Convair.
Bref que des trucs à se casser la gueule !
Ou à se retrouver borgne…
Mais la question me rappelle avec acuité pourquoi je déteste le sport.
Il y a évidemment mille autres raisons mais celle qui suit me semble la première, le plus évidente, la plus sûre.

Tu sais, Liwymi que j’étais un petit gamin à la fin des années cinquante.
Je sais aussi que tu t’en fous mais il faut que je te dise.
Quand je suis entré au lycée, « l’horaire normal » dans les entreprises était de quarante-cinq heures.
Si « les masses laborieuses », dont mon père faisait partie, ne voulaient pas voir la fin du mois arriver le dix, il fallait « faire des heures sup’ ».
En pagaille, les « heures sup’ ».
Si possible de nuit, ça rapportait plus.
Je ne m’étendrai pas sur le fait que ça a permis au Père Noël de mettre « Le Petit Chimiste » dans mes souliers l’année suivante avec les conséquences que tu connais.
En revanche, ces horaires décalés ont eu un effet néfaste sur ma vocation de sportif.
Tu sais combien les enfants sont turbulents, surtout quand les parents voudraient un peu de calme.
Le dimanche, par exemple.
Mon père, qui bossait –je ne vois pas d’autre mot- une bonne soixantaine d’heures par semaine, et pas avec un crayon, arrivait le dimanche midi sur les genoux.
Il écoutait les informations pendant lesquelles il exigeait un silence religieux puis, le repas terminé, s'allongeait sur la banquette pour une longue sieste.
Et c’est là que le drame se noue.
Ma grande sœur n’avait pas toujours envie de nous traîner, ma sœur cadette et moi, en promenade. A seize ans on a d’autres préoccupations que les petits frères…
On aime toujours les garçons, mais plus grands. Elle montait donc des bateaux à ma mère et partait pour l'après-midi.
Mon père, pourtant aussi sportif que son rejeton, laissait la radio en sourdine commenter les inévitables matches de foot.
Ça commençait par cette chanson qui m’a agacé depuis la première fois que je l’ai entendue.
J’avais l’oreille fine et les commentaires des journalistes sportifs m’agaçaient déjà prodigieusement. Ils m’empêchaient de rêver tranquille.
Quand j’avais l’oreille attirée par les premiers ronflements de mon père, j’écoutais soigneusement. Puis, sûr que mon père dormait, j’allais tout doucement vers le poste, montais sur le coffre –le poste était perché pour être hors de la portée d’un fils bidouilleur- et éteignais la radio.
Hélas, trois fois hélas, si faible que fût le niveau, au point d’être couvert par les ronflements paternels, le fait d’éteindre le poste le réveillait en sursaut…
Ma mère arrivait du boyau qui servait de cuisine, m’engueulait, rallumait le poste et je n’avais rien d’autre à faire jusqu’au soir que lire.
Alors que j’aurais pu apprendre mes récitations, par exemple…

jeudi, 16 janvier 2014

Les coups lisses de l'exploit.

Evidemment, lectrices chéries, la note que j’ai eu le plaisir de vous écrire hier est incomplète.
Et le restera. J’y reviens tout de même.
Je voudrais rassurer Berthoise que ma note semble avoir froissée.
(Bon, Berthoise, pas la peine de dire « Oah l’autre ! Pas besoin de me rassurer ! J’ai pas eu peur, non mais qu’est-ce que tu crois ! » je te crois, mais laisse moi parler s’il te plaît, c’est mon blog, pas le tien non mais !)
Il est évident qu’il n’était pas question de déconsidérer la psychanalyse et ses officiants.
Il était seulement question pour moi de vous dire que celle à qui j’ai donné quand même une petite fortune ne me convenait pas.
Cela dit, comme je vous l’ai dit hier, à moins d’être « sévèrement taché », on a peu, pour ne pas dire aucune, illusion sur soi.
Si, peut-être.
Il arrive d’être surpris de constater sous la toise qu’on est moins grand que ce que l’on croyait ou de ne pas rentrer dans ce pantalon du 36 qui nous allait si bien il y a quoi ? A peine quarante-cinq ans ?
Pour le reste, ne rêvons pas.
Nous savons ce que nous valons. Pire, nous savons ce que nous ne valons pas.
Et, « bien plus pire » encore, la lecture de certains auteurs nous enfonce le nez dans les profondeurs de nos illusions.
Il suffit qu’elle le fasse quand on est jeune.
Du coup, quand vous êtes assez jeune pour apprendre que la plupart de nos problèmes sont dus à de sévères craquements entre ce que l’on est et ce que l’on voudrait ou croit ou paraît être, vous vous mettez à admettre ce que vous êtes.
Ça ne veut pas dire que vous cessez de faire un peu de cinéma quand le besoin s’en fait sentir.
Ça veut seulement dire que vous savez que vous faites du cinoche.
Et que vous changez de film avec l’âge et les circonstances.
Votre Goût adoré, par exemple, l’a fait.
Je suis sûr que vous ignoriez qu’il a été Steve Reeves en 1958. Bon, en fait c’était Hercule en train d’étrangler le lion de Némée. Je me souviens que Sylva Koscina jouait le rôle de Iole, mais déjà les blondes ne me branchaient pas.
J’ai aimé, j’ai même cru être, Chris Adams dans « Les sept mercenaires ».
Et je n’étais pas seul je vous assure. Si vous aviez vu les autres garçons sortir du ciné, vous auriez vu un paquet de Yul Brynner, mais chevelus, sortir en même temps que moi. On se tenait droit, on gagnait deux centimètres, facile !
Bon, en grandissant on change de héros en même temps que de centres d’intérêts.
Comme j’étais plutôt fleur bleue, même si c'était plutôt « fleur bleue avec arrière-pensées »,  j’ai été Robert Taylor un jeudi, au ciné-club du lycée.
Il faut dire qu’Ava Gardner était une Guenièvre magnifique dans « Les chevaliers de la Table Ronde ».
Et tout va comme ça chez votre serviteur.
Même si aujourd’hui, à en croire ce que j’entends parfois dans les transports en commun, nombre de gamins se voient plutôt en Rocco Siffredi dans « Anal plus » qu’en Burt Lancaster dans « Tant qu’il y aura des hommes »...
Ah ! J’allais oublier de vous dire ce qui me semble essentiel : On vieillit mais on ne grandit pas.
On n’est pas trahi que par ses articulations.
On est aussi trahi par les siens.
Oui, Heure-Bleue m’a démoli auprès de l’Ours. Elle a dit « ton père aime les trucs chiants ! »
Elle ne s’est pas plus laissé arrêter par l’œil malicieux de son fils que par celui de son mari.
Elle a continué :
- Tu te rends compte, il aime les films d’Eric Rohmer ! Et pas que « Ma nuit chez Maud » non, tous !
Et ce chien de dire :
- Ouais bon, c’est papa...
Allez lectrices chéries, il ne vous reste plus qu’à me décerner la médaille d’or de la digression.