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mercredi, 08 janvier 2014

La délicatesse du hérisson.

Hier je vous ai relaté les tribulations de Merveille et son papy.
Obnubilé par l’esprit de Merveille, esprit particulièrement clairvoyant puisqu’elle tout de suite trouvé qui était le plus apte à être le roi, j’ai oublié de vous parler d’un échange qui nous a laissés rêveurs, Heure-Bleue et moi.
Nous étions sur le chemin qui mène chez les enfants à l’heure de sortie des collèges.
Vous savez que les adolescents ont, ces temps-ci, du moins certains, une tendance à hurler plutôt que parler.
Nous avancions quand sont apparus, à quelques dizaines de mètres de nous, deux adolescents. Ils avaient au mieux treize ans. Un garçon et une fille. Un Africain et une Gauloise blonde.
Apparemment, la fille niait au garçon qu’il pût avoir une relation autre qu’amicale avec son amie.
Lui, « percé jusques au fond du cœur d’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle », vous savez combien les garçons ont l’amour-propre prompt à la rayure à ces âges-là, a cette répartie sublime de délicatesse :
« Nan mais t’es dingue ! En classe t’étais à côté d’elle ! T’as carrément maté un film de cul tellement c'est qu’on est en couple ! »
La fille a sorti une réplique du même tonneau que je n’ai pu apprécier car Heure-Bleue, frappée par l'élégance langagière de la déclaration me disait « Ah non ! Il ne faut surtout pas que Merveille aille au collège dans ce coin ! »
C’est déjà le second collège qu’il faut éviter à Merveille si on ne veut pas qu’elle soit transformée en voyoute ou en victime…
Mais allez savoir, dans ces établissements, comme les filles semblent aussi délicates que des scorpions et aussi grossières que leurs commensaux, peut-être que ça endurcirait Merveille…
Encore que je n’aime pas l’idée de transformer en bête féroce inculte et dotée d’un accent faubourieno-zyva une petite fille civilisée, délicate et parlant correctement.
Mais bon, la lutte pour la survie, hein…
Surtout que, curieux comme je suis, je me demande ce que donnerait une dispute où Merveille dirait à l’Ours « Je m’en bats les couilles ! » avec l'accent du 9-3
Ça promet du spectacle.
J’aime le théâtre, justement…

 

mardi, 07 janvier 2014

Bon anniversaire, nos vœux les plus sincères…

Hier, je suis né.
Bon, ne commencez pas, lectrices chéries, on ne va pas chipoter pour quelques années de décalage.
L’avantage de naître le Jour des Rois, c’est la galette.
L’inconvénient de naître le Jour des Rois, c’est qu’elle commence à manquer.
Après les festivités de Noël et du Jour de l’An, le Jour des Rois on n’a plus rien…
Sauf moi qui suis donc né ce jour-là dans l’indifférence générale d’un monde complètement déglingué.
Hier donc, nous sommes allés chez les enfants manger la galette que nous avions achetée tout exprès.
Nous étions autour de la table tandis que Merveille, chougneuse sauf quand elle est dans les bras de papy, était sous la table, égrenant les noms au fur et à mesure que les parts de galettes passaient dans la main de l’Ours.
C’est là que j’ai eu mon super cadeau d’anniversaire.
Merveille a eu la fève.
C'est aussi bien, elle a toujours détesté ne pas être reine...
Heure-Bleue et Manou ont alors dit «  Allez Merveille, choisis ton roi. »
Heure-Bleue a soufflé « Papa ? » histoire de rabibocher un père et une fille jalouse de son envahissante petite sœur.
Merveille a secoué la tête et a dit doucement « Non, c’est papy… » en se mettant sur mes genoux.
Papy, votre Goût adoré si vous préférez, a manqué s’étouffer. Moitié de fierté, moitié de miettes de pâte feuilletée.
Merveille a ajouté « Bon anniversaire Papy ! Tu es mon roi ! »
J’ai failli tomber de ma chaise.
Puis Manou a ajouté « Allez, fais un bisou à ton roi ! »
Et Merveille m’a surpris.
« Mais je ne peux pas lui faire un bisou, à mon roi ! Il est déjà marié avec mamie ! »
Franchement, lectrices chéries, ce n’était pas un bon anniversaire ?

lundi, 06 janvier 2014

Amor, amor..

Lectrices chéries, mes amours, je suis dans une mauvaise passe.
Et une mauvaise passe, c'est un peu comme une femme amoureuse.
S'il est aisé d'y entrer, on a du mal  à en sortir...
Oui lectrices chéries ! Je suis une victime expiatoire du mimétisme conjugal.
Au début du mois d’avril 2014, il y aura longtemps maintenant –elle ne veut pas que je parle d’années…-  que mon regard qui, à l’époque était d’onyx, a croisé le regard d’Heure-Bleue qui, à l’époque était d’émeraude.
Que croyez vous qu’au cours de ces nombreuses années il arriva ?
Que celle qui vient de murmurer dans le fond « des kilos ! » sorte immédiatement, avoir raison n’est pas suffisant !
Donc, disais-je, qu’arriva-t-il ?
Eh bien, alors que j’ai pourri la vie de ma moitié à coups d’aventures plus ou moins fumeuses, de déménagements foutraques, d’idées bizarres mais surtout, surtout en la faisant me plaindre –je ne vous connaissais pas encore- pour cette affection gravissime chez l’homme, plus en tout cas que chez la femme : Le rhume !
Eh bien, vengeance mesquine du destin, le rhume qui la terrasse aujourd’hui a sur elle l’effet qu’il a habituellement sur moi.
C’est dire si elle est chiante depuis ce matin…
Dès le premier raclement de gorge et le rappel d’un déjeuner récent, bien qu’elle n’eût pas cité de nom, j’avais cru déceler quelques réflexes de haine à l’attention de Liliplume.
Mais bon… Vous savez bien que je ne suis pas le genre à chercher des histoires, hein ?
Donc, pour en revenir à cette affaire de rhume, vous savez maintenant, lectrices chéries qu’Heure-Bleue enrhumée est au moins aussi emmerdante que le Goût dans le même état.
Mais moi c’est normal…
Qui c’est le chef ? Hmmm ?
Cela dit, je vais devoir désormais me charger de toutes les corvées pour la semaine qui vient.
Et m’écraser car une idée lui est venue, après avoir eu la même réaction à une réflexion d’un nul à ch… au journal de vingt heures.
Nous nous étions exclamés à l’unisson « Non mais quel c… ! » quand ce nul s’est étonné que des femmes puissent faire leur boulot même quand elles ont des enfants.
Du coup, il est venu à l’idée d’Heure-Bleue des trucs genre « Mais c’est pas possible, on peut pas vivre l’un sans l’autre ! »
J’ai acquiescé, mais prudemment…
Elle a insisté, disant :
-  Mais si ! Je ne pourrais pas vivre sans toi ! Il faut que nous mourions ensemble ! Absolument ! Comme le couple du Lutetia !
- Oui mais…
- Si si Minou ! Ensemble !!
- Il va y avoir un problème…
- Quoi ? A-t-elle dit, inquiète d’un coup et surtout prête au combat.
- Si tu meurs la première et que je n’ai pas envie de te suivre, enfin, pas tout de suite, il y a toutes ces histoires de repassage, tout ça, dont je ne saurai me dépêtrer…
Là, notre amour a pris du plomb dans l’aile.
Une attirance qui avait tenu plus de… Bref,  longtemps, a craqué.
Et pourquoi ?
Pour ne pas repasser mes caleçons.
Vraiment, l’amour quand on y regarde de près, c’est très surfait…

dimanche, 05 janvier 2014

Le pays bas, c’est les dames ou les échecs ?

Le pays bas, c’est les dames ou les échecs ?
Maintenant que je suis (à peu près) réveillé, je vais enfin pouvoir faire part aux foules avides d'avoir de mes nouvelles, de ce qui m'use les oreilles depuis quelque temps.
Oui, malgré l'Epiphanie, on dirait bien que c'est la galette qui va manquer le plus...
Il ne pouvait venir qu’à un esprit « formaté HEC », c'est-à-dire acquis à tout sauf l’intérêt général que la seule politique à appliquer était la « politique de l’offre ».
Sous le prétexte qui ne s’est jamais vérifié que « la production fait la demande de produit » et donc ne pouvait que créer de l’emploi.
Cette méthode qui a enrichi les traders et les banquiers depuis Reagan n’a concouru aux dernières nouvelles qu’à remplir les guichets de Pôle Emploi.
Même si la « politique de la demande » initiée par Keynes s’est essoufflée, elle a permis de vérifier que pour embaucher, les entreprises n’ont pas besoin d’argent mais de commandes et de clients.
Evidemment qu’elles accepteront tous les sous qu’on leur proposera ! Mais elles n’embaucheront pas pour autant, faute de clients solvables.
Je suis effondré de voir  les « Reaganomics » appliqués férocement par un gouvernement socialiste alors que les USA pratiquent un « keynésianisme » à peine déguisé.
Déjà que sous prétexte de « réduire la précarité de « l'emploi des jeunes », il a été rendu inexistant selon la logique imparable sortie d’un cerveau d’Enarque : Pas d’emploi donc pas de précarité d’emploi !
On ne parle pas de l’emploi des pas jeunes puisqu’à partir de moins de cinquante ans, vous êtes trop vieux…
Restait le problème de l’emploi des moins jeunes : Il est toujours trop cher.
Le CDI est donc devenu un frein à l’emploi, selon nozélites écoutant un patronat qui prétend continuellement que « si on avait le droit de virer –qu’il a- on créerait des emplois ». Depuis 1980 on a pu constater exactement l’inverse….
Ça me rappelle un temps où, pour nos gouvernants, il s'agissait d'abreuver de subventions des agriculteurs qui avaient la chance d'être surreprésentés à l'Assemblée.
Aujourd'hui, une autre classe tout aussi minoritaire est l'objet de toutes les attentions et grâce à un lobbysme effréné est en état de surreprésentation. Le cas rêvé, celui du pouvoir réel mais sans comptes à rendre aux électeurs.
Ceux de cette classe obtiennent des diminutions de « charges », acceptent toutes les aides destinées à diminuer le chômage et prennent toutes les subventions proposées.
Avec nos sous, ils financent les délocalisations car ils se sont aperçus que l’esclavage sera toujours moins cher que le salariat...
Alors avant les élections municipales, histoire de rappeler que le pays n'est pas constitué que de requins sachant naviguer entre les aides, les subventions et les diminutions de charges, je trouverais assez normal qu’une manifestation soit organisée.
J’adorerais voir le réveil en sursaut de ceux dont Beaumarchais disait « vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus. »
Nous devrions pouvoir leur montrer que si cinq mille manifestants ne dérangent que les manifestants, cinq millions de manifestants signaleraient efficacement que les manifestants sont aussi des électeurs...
Et que les élections ne sont jamais qu’en mars 2014.
Donc pas très loin…

samedi, 04 janvier 2014

Des chaussons aux paumes...

De tous les personnages qui meublaient le voisinage de mon enfance, deux ou trois restent gravés dans ma mémoire.
Un type notamment, un nommé Maillot.
C’était un suppôt actif de la classe ouvrière.
Non qu’il travaillât beaucoup mais il manifestait souvent. Il tirait parti d’une ressemblance frappante avec le général de Gaulle au point que les agents en pèlerine ne l’interpellaient que quand il ne pouvait plus marcher.
En fait quand ils devaient le ramasser dans le caniveau.
Il était si souvent à quatre pattes que les jeunes gens du coin lui conseillaient de se mettre des chaussures aux mains…
Les jours de grande forme, il arpentait le début de la rue Championnet. Il titubait de « l’Ecole de Jeunes Garcons » qui jouxtait « L’Ecole de Jeunes Filles » jusqu’à la place Albert Khan en hurlant « De Gaulle au poteau ! De Gaulle au poteau ! ». Il était grand, comme son célèbre sosie, affublé du même appendice Cyranobergeracien et d’une grande gueule qui réveillait le quartier dès potron-minet car il avait la cuite matutinale.
Quand il avait le petit déjeuner mauvais, il descendait de chez lui et arpentait la rue en zigzagant et en hurlant un mécontentement  qu’il attribuait immanquablement à « Mon Général » et à sa politique en Afrique du Nord.
A croire que tous ceux –dont ma mère- qui trouvaient qu’il y avait trop d’Algériens dans le quartier finançaient son vin à la tireuse.
Ce « vin à la tireuse » était la boisson commune des gens du quartier car le « vin en bouteille » était réservé aux jours de cérémonie ou aux réceptions d’amis ou de la famille.
Pour en revenir à Maillot, j’avais une douzaine d’années quand, en revenant du lycée, j’appris la nouvelle.
« Maillot a dévissé ! »
Une voisine de ma mère, « Française de souche » comme on dit aujourd’hui au FN, malgré tout fâchée avec certaines locutions de sa langue maternelle, particulièrement « se rendre compte », lui asséna ce jour-là « Non mais vous vous rencontrez, madame S. ? Maillot est mort ! »
Oui, à l’époque, on ne nous quittait pas, on ne disparaissait pas, on mourait, tout bêtement. Ma mère, pragmatique, maugréa « il est tombé, la tête sur le bord du trottoir ? »
Madame M. la renseigna, ce qui n’était pas si aisé car Maillot avait à peu près trois résidences. Souvent le commissariat du XVIIIème, parfois les urgences de l’Hôpital Bichat et plus normalement un des nombreux galetas du quartier. Il n’en sortait que pour boire et hurler après le monde.
Madame M. s’étendit un peu plus sur les circonstances de la fin de Maillot.
Il était paraît-il tombé dans l’escalier en sortant de chez lui. Ma mère, craignant le fait divers horrible, me mit la laitière dans les mains et m’envoya sur le champ chercher le lait à « La Laiterie Parisienne ».
C’est là que j’appris les circonstances de la mort de Maillot.
Son voisin, à qui une cliente venait de dire « Il a fini par mourir de trop boire ! » a pris sa défense.
« Ah mais non Médèèèème –il parlait « précieux » aux dames mariées - il est tombé dans l’escalier en s’enfuyant pour échapper aux pieuvres qu’il y avait chez lui ! C’était pas la première fois qu’il y en avait ! »
Et l’autre de répondre « Bref, il était encore bourré et il s’est cassé la gueule… »

Exit Maillot…