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jeudi, 21 janvier 2021

Le Tartuffe.

Vous connaissez Xavier Gorce, lectrices chéries ?
Mais si, sûrement, il dessine, plus exactement dessinait pour « Le Monde » des choses comme ça :

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Il m’est arrivé de n’être pas d’accord avec le journal mais jamais je n’aurais pensé qu’il abandonnerait face aux tribunaux populaires qui peuplent les réseaux sociaux.
Xavier Gorce a l’art de mettre un doigt ricaneur sur nos tartufferies.
Il le faisait jusqu’hier dans un journal qui s’est trompé parfois, comme en mars 1968, une semaine avant que « Dany le Rouge » ne fonde le « Mouvement du 22 mars » qui allait s’épanouir pleinement deux mois plus tard quand il a titré ça :

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« Le Monde » s’est trompé parfois mais au moins ne gaspillait pas ses sous en photographies, tentait de rester rationnel et pour cela faisait appel à des « plumes » réputées pour leur esprit pénétrant.
Las, hier ce journal a décidé de censurer Xavier Gorce sous la pression des juges autoproclamés des réseaux sociaux.
Quand la « bien-pensance » remplace à elle seule la police et la justice, on devrait se méfier.
Chaque fois que ça s’est produit, sont arrivées des milices, rapidement suivies et soutenues par la police et la justice, ces dernières perdant le sens de leur nom illico.
Chaque fois que je lis « les internautes sont indignés », je me demande ce qui a pu les indigner.
Surtout quand je sais qu’ils se délectent de vidéos de meurtre ou autres sévices et que les « modérateurs » qui se révèlent plutôt « censeurs » suppriment tout soupçon de poil pubien ou d’aréole sur une image.
Et ces « internautes » – comprenez « les andouilles qui s’érigent en juge de n’importe quoi » – font plier des media qui publient des dessins qui ne sont cruels que parce qu’ils les décrivent dans leur imbécillité.
« Le Monde » devait-il vraiment se confondre en excuses sur ce dessin à quoi on ne pouvait guère que reprocher de pointer le doigt sur la bêtise de ces « indignés de profession » qui vivent dans un monde qui n’est peuplé que de « quelquechosophobes » ?
Doit-on vraiment baisser les bras devant cette armée de « gnangnans » pisse-froid et féroces qui font preuve d’une étroitesse d’esprit qui fait passer les fidèles de Saint Nicolas du Chardonnet pour un forum libertaire ?
Personnellement, j’aimais bien ce dessin.
Peut-être justement parce qu’il montre à quel point on peut se poser des questions pile-poil à côté du sujet…

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mercredi, 20 janvier 2021

Promenade

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Vous savez quoi ?
Aujourd’hui je vais rêver une longue promenade que je pense vous faire partager avant d’en faire une courte le long du boulevard des Batignolles jusqu’à Villiers pour aller au Monop’ préféré de la lumière de mes jours.
En attendant je  m’en vais aller jusqu’à la rue Caulaincourt, passer au-dessus du cimetière de Montmartre mais, arrivé place de Clichy, je ne prendrai pas le boulevard de Clichy, celui qui mène à Blanche, Pigalle puis Anvers.
Non, je descendrai la rue de Douai, je vérifierai si ce marchand d’instruments de musique est toujours là.
Je ne l’ai pas vu depuis longtemps, il vendait des amplis de guitare « Orange ».
Il y a encore de nombreuses boutiques qui vendent des instruments mais pas le « Mellotron » qu’essayait Jacques Dutronc dans cette boutique quand je l’y ai croisé  à la fin des années 60.
Je continuerai à descendre jusqu’à la rue Pigalle et avancerai jusqu’à la rue Condorcet.
Je continuerai lentement, flânant jusqu’à la rue Pierre Sémard mais je m’arrêterai un instant au croisement de la rue de Rochechouart.
Je sais que là, il y a une petite place où un bistrot qui a changé de nom s’appelle aujourd’hui « Jolis Mômes ».
Je connais bien ce bistrot, et depuis longtemps, je sais qu’il a rapetissé parce que le coin de la rue a cédé la place à une agence immobilière.
Je continuerai ainsi à flâner jusqu’à la rue Pierre Sémard et je la descendrai.
J’en profiterai pour voir ce qu’est devenue cette boutique d’appareils dits « Haute Fidélité » où pour la première fois de ma vie j’ai entendu des enceintes Altec, c’était extraordinaire.
Après être passé sous la rue de Bellefond, car c’est ainsi à Paris, il y a quelques rues qui passent sous d’autres rues, je longerai le square Montholon jusqu’à la rue Lafayette.
Là, j’hésiterai un instant car je ne sais pas si j’ai envie de m’arrêter au square Montholon ou si je préfère le petit jardin plus haut, place Frantz Liszt, au bout de la rue d’Hauteville.
Finalement, après quelque hésitation, j’irais jusque là-bas, c’est le jardin de l’église Saint Vincent de Paul.
Comme c’est un rêve de promenade, il fera beau, un beau temps de printemps.
J’entrerai dans le jardin après avoir monté ces marches que j’ai gravies mille fois et je m’assiérai sur un banc.
Comme il fera beau – rappelez-vous, je rêve ma promenade- je suis sûr que je retrouverai cette sensation délicieuse, assis sur le banc, abrité du soleil par des frondaisons largement trouées.
Quasiment avachi comme un ado, les yeux mi-clos, regardant le bleu du ciel.
Je m’y vois déjà, assis sur ce banc, les jambes allongées, les talons dans le sable de l’allée alors que le trou dans le feuillage me laisse voir le bleu du ciel et qu’un nuage arrive.
Je ferme les yeux et j’attends.
Le nuage passe et l’air frais me balaie légèrement, soulevant un vague frisson chez le frileux que je suis.
Puis, quand le nuage disparaît, une vaguelette d’air tiède vient me caresser le visage, un peu comme une main douce.
C’est super.
Enfin j’aime.
C’est vraiment une chouette promenade, vous ne trouvez pas ?
Quand notre sortie de prison sera prononcée, je la ferai, c’est sûr.
Enfin, si la réclusion générale prend fin un jour…

lundi, 18 janvier 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 64

Au fait, c’est bien quand vous me dites « Youhou !!! J’ai fait le devoir ! »
Ça m’évite d'aller à la pêche sur le Web au risque d’oublier des devoirs, blessant ainsi involontairement des participants.

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Je vous propose de dire ce que vous inspire cette toile de Mr Vettriano.
Une histoire qui commencerait par :
« Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. »
Et qui finirait par :
« Elle en retira qu’il n’avait que l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur. »

À lundi donc.

« Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. »
Cette phrase de Flaubert lui était spontanément venue à l’esprit quand il m’a abordée d’un « Un peu seule, je dirais, non ? »
Elle a ri de bon cœur.
Il aurait pu penser la partie gagnée si elle n’avait pas dit « Mon dieu ! Mais vous avez quatorze ans ou quoi ? »
À voir son air désarçonné, elle le prit en pitié et lança avec un peu de dédain dans la voix :
- Qu’est-ce que vous essayez de me vendre ? Un aspirateur ?
- Non Madaaame ! Je n’ai rien à vendre…
Elle se tut un instant, attendant la suite.
Il s’est enfin décidé :
- Mais je peux vous proposer quelque chose !
- Ah ?
- Oui ! Moâââ… En personne !
- Vous parlez d’une affaire…
Elle regarda néanmoins la mise de l’homme.
Elle en pensa qu’il ne craignait pas trop les fins de mois et son « trois-quarts » manifestement en cachemire lui inspira confiance.
Elle réfléchit quelques instants et elle se dit que ma foi, il la sortirait de son ennui et donnerait corps à ces rêves qui la laissaient languissante au matin tandis que ronflait à son côté cet ennuyeux bonhomme…
Il haussa un sourcil.
Elle lui indiqua le tabouret de bar voisin.
Il s’y assit d’un mouvement un peu trop précieux.
Elle pensa qu’il montrait par là une éducation un peu trop récente.
À peine assis il osa :
- Alors ? C’est gratuit vous savez !
Elle sourit.
- Si c’est gratuit, c’est à considérer…
La gratuité, dans ce genre de situation, elle savait ce que c’était.
Elle avait même une idée précise de ce que ça lui coûterait.
À moins que…
Au moins il avait l’air propre sur lui et elle était sûre que ce n’était pas une brute.
Alors elle se décida :
- On y va ?
À son air surpris et vaguement scandalisé, elle sut qu’il n’était pas coutumier de cette façon de faire et lui sourit gentiment.
Il régla les consommations sans même regarder l’addition, revint du comptoir et la prit par la main.
Il demanda
- Où va-t-on ?
- Mais chez vous, mon ami ! Chez vous !
Oh pour ça il n’était pas une brute.
Mais mon dieu que le temps lui dura.
Elle eut tout le temps d’admirer les moulures du plafond pendant que le pauvre homme s’échinait maladroitement…
« Gratuit... Heureusement ! S’il avait dû vivre de son talent, il serait mort de faim... » pensa-t-elle.
Quand ce fut – enfin - terminé, elle s’échappa, lui sourit gentiment, se rhabilla, prit son sac à main et partit.
Quand lui revint à l’esprit l’image de ce faux matamore elle en retira qu’il n’avait que l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur.



 

dimanche, 17 janvier 2021

Il a neigé.

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Anita, dite « Fauvette » dans une vie antérieure, avait raison quand hier soir, à l’heure du couvre-feu, elle m’a écrit « J’ai l’impression que demain, tu vas pouvoir nous raconter : hier il a neigé à Paris... »
De fait, il a neigé hier.
J’avais commencé par le traditionnel donc prévisible « Oh ! Il neige ! » qui a suscité chez Heure-Bleue un neutre « Ah ? »
Je n’ai pas osé lancer cette réplique de « Ni vu ni connu » lancée par Louis de Funès « Ce n’est pas pour me vanter mais il neige… »
En revanche, j’ai créé un dicton qui s’est révélé prophétique car les températures prévues étaient plutôt clémentes.
J’ai donc annoncé avec l’air sérieux qui sied au déconneur « Neige du matin, gouillasse du soir ! »
On a donc attendu la limite pour sortir acheter le pain…
Vous nous auriez vus, lectrices chéries !
Heure-Bleue et moi, avançant lentement, tandis qu’au lieu « de traces sombre sur l’épais tapis de flocons immaculés » comme on dit dans les « Lagarde et Michard » nous nous tenions l’un à l’autre sur un trottoir boueux, tel l’ivrogne et son vélo…
Heureux de nous voir à cette heure où il pensait devoir clore son échoppe, le boulanger, fermé le dimanche et désolé de voir encore fondre, non seulement la neige mais son chiffre d’affaires, nous offrit un flan qu’il n’aurait ni le temps de vendre ni le cœur de jeter.
Nous sommes revenus d’un pas hésitant jusqu’à la maison.
J’allais écrire, emporté par la vague aventurière qui parfois me pousse à dire des bêtises :

Et puis m'en revenir plus tard
Narrer mon aventure aux curieux de rêves
En élevant comme Sindbad ma vieille tasse arabe
De temps en temps jusqu'à mes lèvres
Pour interrompre le conte avec art...

Puis je me suis dit que, finalement, je n’étais pas allé en Asie suivre les rêves de Mr Klingsor chanté par Régine Crespin sur une musique de Berlioz.
Non, j’étais seulement monté sur la petite place chercher le pain, la lumière de mes jours accrochée à mon bras.
Mais quand même, Anita a eu raison : Je vous ai raconté qu’il a neigé hier…

samedi, 16 janvier 2021

Les temps sont durs alors le temps dure…

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Comme vous le pensez à juste titre, lectrices chéries, je n’ai rien à vous dire.
Pourtant…
Si vous saviez comme j’aimerais vous conter des histoires comme dans les films de Lelouch…
Avec votre serviteur, tenant la lumière de ses jours par la main sur une plage, courant dans le sable encore humide de la dernière vague découvrant l’estran…
Ou bien votre serviteur, encore lui, au bras de la lumière de ses jours, flânant dans des forêts verdoyantes et vides de foule, donnant de temps à autre un léger coup de pied dans un monticule de feuilles tomenteuses.
Oui, j’aime bien, ça fait plutôt « gens bien » de mettre « estran » et « tomenteuses » dans un récit je trouve.
Ou encore, toujours joyeux, votre serviteur parcourant les rues de la butte Montmartre, se demandant s’il va tenter de battre le funiculaire en une course où je gravirais ces fichues marches qui mènent jusqu’à la place du cardinal Dubois.
Enfin, je gravirais ces marches d’un pas allègre si un souffle cachectique ne coupait net mon entrain.
« Cachectique » ausi, ça pose et c’est pas toujours facile à caser dans un texte mais bon…
Comme je trouve « Dubois » très commun, je pense que finalement, je monterai la dernière volée de marches pour arriver rue Azaïs.
« Azaïs »… Quel joli nom…
C’est celui d’un philosophe naïf au point de croire qu’il avait découvert à lui seul l’alpha et l’oméga de toute chose ici-bas.
Mais il avait un si joli nom.
J’aurais bien vu ce nom habiller une danseuse de cabaret.
Danseuse croquée par Toulouse-Lautrec dans un sens et par Degas dans les deux sens.
C’eût été plus classieux que « La Goulue ».
Sinon, lectrices chéries, à part rêvasser à ça, me chamailler avec la lumière de mes jours pour savoir qui va aller faire le lit – de fait c’est presque toujours moi – et aller chercher le pain, que voulez-vous que je fasse ?
Alors, comme je n’ai rien à vous raconter, je vous en fais tout de même part…
C’est dommage, ça aurait été bien…