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samedi, 28 mars 2020

Je vois la vie en rosse...

De rien Mab, de rien...
Hier j’ai été appelé par « Europe 1 ».
Ouaip ! Je vais devenir célèbre !
« Europe 1 » fait comme si c’était moi qui avais appelé, histoire sans doute d’avoir quelque chose à prouver à des annonceurs qui paient une fortune pour faire vanter leurs produits.
J’étais en train de préparer le dîner quand mon « smartphone » a fait entendre sa musiquette assez laide.
Une dame que je ne connais pas mais à la voix agréable et dont je sais qu’elle s’appelle Nathalie Lévy,  m’a dit
- Bonsoir Patrice, vous êtes à Paris et vous avez grmbll… ans !
Comme j’ai à peu près l’âge d’Heure-Bleue et qu’elle déteste que ça se sache, j’ai fait semblant de ne pas entendre et me suis contenté de répondre à la dame :
- Ce n’est pas gentil de répandre des nouvelles comme ça…
Elle a dit – comment peut-elle le savoir ? –
- Vous avez, nous dit-on, une occupation pour ces jours de confinement, voulez-vous nous en parler ?
Comme j’ai l’esprit mal tourné je me suis plaint :
- Nous n’avons plus l’âge, hélas, d’occuper nos journées à tenter de faire des bébés…
- Euh… On nous avait parlé d’autre chose…
A-t-elle tenté pendant que derrière elle s’élevaient des rires.
- On nous a dit que vous teniez chacun un blog.
- Ah oui : Mais bon, on préfèrerait faire des…
- Merci beaucoup Patrice… Prenez soin de vous. Donnons la parole à un autre auditeur…
Pourtant je voulais seulement lui dire qu’on préfèrerait faire des promenades…
Mais que diable a-t-elle donc pensé ?
Bon, à dire vrai, un charmant jeune homme de cette station m’appelle de temps à autre.
Alors il m'arrive de répondre au téléphone certains soirs pour lui rendre service.
En plus il me fait des compliments, ça change...
Je n’écoute jamais « Europe 1 », il le sait mais il est quand même obligé de se renseigner auprès d’un auditeur vaguement gauchiste dont le nom et le téléphone lui ont été donnés par un ami commun sinon il n’aurait que l’opinion d’un « réac » à se mettre sous le micro.
Ouaip ! « Europe 1 » est une station de « réacs » pas comme « France Inter » qui est une station de « gauchistes ».
Quand l’une parle des affres du patronat à l’idée de payer des gens pour rester chez eux, l’autre parle de l’angoisse du salariat de ne pas voir arriver sa paie.
À chacun sa géhenne.
Pour les uns c’est « donner », ils n’ont pas l’habitude.
Pour les autres c’est « manger » ils ont peur de perdre l’habitude…

vendredi, 27 mars 2020

32ème devoir de Lakevio du Goût

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Dites-moi, lectrices chéries, vous ne trouvez pas que ce dessin d’Albert Marquet, est un beau symbole d’évasion ?
En ces temps d’emprisonnement généralisé racontez nous une histoire de liberté récouvrée.
Si c’était fait lundi, ce serait bien.
Mais je ne force personne, hein !

jeudi, 26 mars 2020

Eschatologie est ce scatologie ?

Bon, mauvais jeu de mots je le concède mais Mab n’est pas là pour me disputer, alors…

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Bon, ce n’est pas une histoire de fin du monde non plus...
Nous sommes passés au « mini Carrouf » sans faire la queue.
Nous avions besoin de quelques vivres introuvables la dernière fois que nous sommes sortis pour le ravitaillement.
Toujours pas d’œufs ni de pâtes.
J’espère que le « mini Carrouf » va être livré en papier toilette.
Oui lectrices chéries, au risque de vous sembler un peu scatologique, avant le besoin de liberté, un autre risque d’apparaître, cruellement vital.
Eh oui ! Hormis la nourriture et l’oxygène, la biologie a des lois auxquelles Nietzsche et Platon eux-mêmes ont dû se plier...
C’est là que j’ai pensé que nous aurions peut-être nous précipiter pour dévaliser les gondoles.
D’où le manque qui guette l’étagère prévue à cet effet dans la petite pièce qui jouxte la salle de bains.
Ça explique la situation.
Il y a bien une autre solution mais…
Le kiosque où nous achetons Télérama est fermé qui aurait pu nous rendre le service attendu.
Il y a bien le « Bureau de tabac- Maison de la presse »…
Hélas il est assiégé par des « grumeaux », je ne vois pas d’autre mot, de gens qui allument réciproquement leur clope en se crachant dessus au point qu’il est prudent d’éviter le trottoir.
Pour des raisons évidentes il ne me reste qu’à atteindre les quotidiens qui paraissent encore...
Et là un problème de conscience surgit.
Pour des raisons politiques évidentes, je ne peux utiliser « Libération ».
Mon respect de la pluralité de la presse m’empêcherait d’user du « Figaro ».
Il y a bien « Présent » qui conviendrait parfaitement pour cet usage.
Hélas, connu honorablement de mes voisins, pour un instant encore, j’hésite à sacrifier ma réputation...
On connaissait le dilemme du tramway.
Celui du PQ vient de réveiller ma conscience...

 

mercredi, 25 mars 2020

Confit né

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Non seulement la nourriture va manquer mais la compagnie aussi.
Heureusement qu’il y a toujours un vieux c… pour faire preuve de jalousie.
Avant-hier ou samedi nous étions passés chez le pharmacien.
Dans notre rue, celle qui guide vers le « Biocébon » de l’angle de la rue Caulaincourt   là où va faire ses courses « l’horrible bobo » selon le terme favori de l’envieux de base privé de musées dont il n’a rien à cirer en temps normal, nous cheminions, Heure-Bleue et moi.
Nous avancions, son bras passé sous le mien, tels l’ivrogne et son vélo qui ne peuvent avancer l’un sans l’autre.
Un vieux, un vraiment vieux car il avait au moins dix ans de moins que nous, nous apostropha.
Oui lectrices chéries, dix ans de moins, car il avait encore l’âge d’être un vieux con, après normalement ça passe, on devient philosophe…
Ce vieux donc, nous double et nous engueule, nous reprochant l’absence de « distanciation sociale » et surtout, vu son regard jaloux et coléreux, le bras de la lumière de mes jours serrant le mien.
Peu enclin à m’écraser d’habitude, malgré une envie de rire, je ne pus me retenir de lui jeter « Pfff… Ça fait bientôt cinquante piges qu’on couche ensemble !  Ça ne va pas changer demain ! »
Le plus satisfaisant fut l’air offusqué du quidam.
On a, comme ça, de petites satisfactions de temps de crise…
J’en ai retiré qu’il devait être confiné dans sa vie depuis un moment, depuis bien avant de coronamachin.
Le pôôôvre…

mardi, 24 mars 2020

Les voraces et les coriaces.

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Je vous l’avais dit : C’est « Le huitième jour ».
Hier, emporté par l’envie de chercher des histoires pour rien à des gens à qui je ne veux pas de mal, j’ai failli lancer une querelle à propos d’un sentiment que le christianisme classe parmi les vertus théologales et que je classe parmi rien…
Et pour cause, le christianisme soulève chez moi autant de méfiance que le discours d’un « comité scientifique » qui décide aujourd’hui de choses avec une prudence qu’on aurait préféré voir appliquée en matière de fabrication et de stocks de masques et de réactifs…
Bref, je préfère pour ma part faire confiance à Gustave Flaubert qui, dans « La tentation de Saint Antoine » écrivait à propos de ce sentiment « Cette belle espérance, qui consiste à croire sans preuve, à adorer ce qu'on ignore et à attendre avec ferveur ce qu'on ne sait pas du tout. »
Ce qui correspondait tout à fait à ce qu’en avais retiré les rares fois où je m’étais laissé aller à ce genre de rêverie.
Puis, me ressaisissant, j’ai laissé tomber.
Ce qui m’a évité une querelle inutile, dispendieuse en temps et stupide.
Nous avons tous nos préjugés.
J’ai appris depuis longtemps aussi, ce qui permet de relativiser, que ceux qui ont des préjugés sont surtout des gens qui ont des opinions qui ne sont pas les vôtres.
Alors on gagne du temps et, si ça ne permet pas de se rabibocher après des divergences d’opinion, ça évite de se fâcher avec d’autres, ce qui n’est pas si mal…
Même Chateaubriand qui n’était pas un gai luron, en disait « La vérité doit demeurer ensevelie dans le sein du sage, comme l’Espérance au fond de la boîte de Pandore. »
J’ai donc « lâché l’affaire » et suis parti avec la lumière de mes jours vers le Monop’ pour m’épargner la vision des étagères désertiques du frigo au moment de la préparation du dîner.
Les rues désertes, la queue résignée devant le magasin, n’eut été le soleil éclatant, nous eussent plongés, elle et moi, dans une bande d’actualités anglaise pendant « The Blitz ».
J’ai été néanmoins époustouflé par la santé de fer d’une vieille dame qui cherchait désespérément un bureau de tabac.
Je me suis demandé d’où elle venait car une vieille dame oubliée par le temps, affligée de claudication et avec des habitudes de pétuneur et résidant dans le coin aurait dû connaître tous les buralistes dans un rayon de deux kilomètres.
En arrivant devant la boulangerie, nous sommes revenus au XXIème siècle : Nous avons vu une voiture !