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samedi, 18 avril 2020

35ème devoir de Lakevio du Goût.

Lectrices chéries, ramassage du devoir mardi seulement car Adrienne veut montrer quelque chose lundi.
Eh oui, je fais attention à ce que me disent mes lectrices chéries…

Devoir de Lakevio du Goût _35.jpg

De « confinement » à « enchaîné » il n’y a qu’un songe.
Cette photographie du Russe Gueorgui Pinkhassov vous inspire-t-elle ?
Ce serait gentil de commencer ce qu’elle vous a inspiré par cette remarque d’Oscar Wilde :
« Discerner la beauté d’une chose est le plus grand raffinement que l’on puisse atteindre »
Et si vous le terminiez par ces deux vers d’Agrippa d’Aubigné
« Mon penser est bizarre et mon âme insensée
Qui fait présente encor’ une chose passée. »
Ce serait parfait.
Entre les deux, libre à vous.

vendredi, 17 avril 2020

Déconfinement…

À l'aller, l'Opéra :

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Au retour, la République :

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Hier, on a profité de ma toux persistante pour aller voir notre médecin.
C’était super !
Pour une fois qu’on avait une excuse pour se balader en plein printemps dans une ville déserte et magnifique…
Les bus étaient quasiment vides et gratuits !
Nous ne les avons attendus que peu de temps et le trajet fut aussi long que d’habitude mais bref.
Je sais, lectrices chéries, ça laisse une impression étrange cette formulation mais c’est comme ça, nous avons parcouru le même nombre de kilomètres mais en un temps record.
Le temps était « magnifique et le soleil radieux qui illuminait une ville dont les rues  quasiment vides disaient le drame qui frappait le pays » comme disent les bouquins de la collection Harlequin.
Bon, il faisait beau et les piafs du square du Temple cuicuitaient à qui mieux mieux qui n’avaient plus à craindre que les chats qui apparemment les dérangeaient moins que les hommes.
Le bassin, qu’on voyait depuis les grilles closes, était entouré de canards gras comme des bénédictins qui glandaient au soleil.
Un vrai printemps en somme mais sans humains pour arpenter les rues en nombre.
C’était parfait et nous avons savouré la promenade qui nous mena du square du Temple au carrefour de la rue de Turenne.
Le médecin, après m’avoir interrogé et ausculté longuement  m’a donné une dose d’antibiotiques propre à assommer un cheval.
Puis, comme la lumière de mes jours était avec moi dans le cabinet, il a constaté chez elle qu’elle souffrait surtout d’anxiété.
Nous avons ensuite papoté comme chaque fois de l’état du monde.
Enfin, lui surtout de l’état de ses masques qui lui manquent cruellement et qu’il porte trop longtemps…
Nous sommes sortis et avons repris le chemin de la place de la République d’un pas tranquille sous un ciel bleu et transparent comme on ne l’avait que rarement vu depuis l’enfance.
Arrivés sur une place de la République aussi vide que la place de l’Opéra, nous avons été un peu vexés de voir que la maréchaussée nous ignora superbement.
Pas un seul contrôle !
À vous dégoûter de faire ce pénible exercice d’écriture manuscrite quasi nycthémère nécessaire pour avoir des ausweis à jour…
Nous sommes rentrés en flânant, même le bus flânait qui nous ramena de la République à Saint Lazare.
J’ai acheté en passant une bouteille de vin dans une boutique quasi vide tandis qu’Heure-Bleue achetait une baguette dans une boulangerie vide elle aussi.
J’ai préparé un dîner léger fait surtout de restes et d’un « mini-concombre » pour Heure-Bleue et nous avons attendu vingt heures et ses applaudissements qui me surprennent chaque soir.
Non que je trouve anormal d’applaudir les soutiers du pays qui le rendent vivable.
C’est seulement que je trouve bizarre d’applaudir chaleureusement ceux qu’on appelle aujourd’hui « héros », des gens qui sont infirmières, brancardier, caissières, livreurs, camionneurs, aides à domicile, etc. bref, tous ces gens qu’on a agoni chaque samedi quand on les a vus vêtus de gilets jaunes, arrosés de gaz lacrymogènes et éborgnés. L’espèce humaine est vraiment étrange…

jeudi, 16 avril 2020

Aérophagie...

Heure-Bleue lisait hier soir.
Un passage du livre qu’elle lisait l’a fait sursauter.
Elle l’a lu à haute voix et nous avons dit ensemble :
- Ce n’est pas possible ! Elle connaissait ton père !
- Ce n’est pas possible ! Elle connaissait mon père !
Il y était question d’un dîner entre gens censément « bien élevés ».
Il y était aussi question d’un convive malheureusement doté de problèmes respiratoires qui s’exprimaient par des souffles qui n’étaient pas toujours ceux prévus par l’architecture de l’organisme.
Le convive laissa donc échapper au cours de ce dîner un de ces pets sonores, longs et majestueux qui font se retourner les gens dans le métro voire dans une rue animée.
Et c’est avec ce culot qui nous a fait penser irrésistiblement à mon père que ce convive, son forfait commis, se tourna vers sa voisine de table et annonça à haute voix « Ne craignez rien Madame, je dirai que c’est moi ! »
C’est tout à fait le genre de chose qui faisait bondir ma mère.
Elle aurait dû pourtant être habituée, elle qui déjà dut aller chercher mon père au commissariat pour se marier avec…
Il y a des choses et des gens auxquels on ne s’habitue jamais.
C’est sans doute pour ça qu’elle passa les dix-sept dernières années de sa vie à s’ennuyer…

mardi, 14 avril 2020

Elle est malaaaadeee... Complètement malaaaadeee...

Hier, Heure-Bleue a été malade.
Le déjeuner est apparemment le coupable.
Heure-Bleue à l’estomac sensible.
Je le sais, il suffit parfois que je commette une parole malheureuse.
Je sais à son regard qu’elle va mettre un temps fou à la digérer et qu’elle lui restera sur l’estomac un certain temps.
Néanmoins, elle fut hier réellement malade.
J’étais sorti acheter quelques denrées indispensables à la survie tandis qu’elle restait à la maison car elle était déjà un peu pâlotte.
Je ne lui ai pas dit, évidemment que je l’aimais encore plus quand sa peau était plus pâle que de coutume où elle est pourtant très claire.
Je pressentais que ce ne serait pas accueilli avec toutes les démonstrations d’affection qui me ravissent.
Alors je suis parti faire ce ravitaillement seul, face à un monde hostile et plein de maladies qui n’attendaient que ma sortie pour se ruer sur moi.
Je suis tout de même revenu avec ce qui manquait et ai trouvé la lumière de mes jours inquiète.
- Minou ! Je suis malade, j’ai vomi ma Rico !
- Ah !
J’ai rangé les courses après m’être lavé les mains et avoir lavé ce qui se lavait c’est-à-dire tout vu que je n’ai pas trouvé de produits frais.
C’est à ce moment précis, celui où je me suis relavé les mains après avoir refermé la porte du réfrigérateur que j’ai vu la lumière de mes jours se pencher sur l’évier et vomir.
Quand je pense au soin que j’ai mis à confectionner ce « goulash » et la couleur horrible que ça prend dans l’évier de la cuisine…
J’ai été alors ramené à la condition habituelle, voire naturelle du garçon puis de l’homme.
Je suis sûr que c’est une inclination innée qui pousse la gent mâle de l’espèce à ce rôle immuable quoiqu’ingrat.
Celui que j’ai vu tenu par mon père, puis par moi et enfin par l’Ours.
Oui lectrices chéries !
Nous sommes voués par la Nature à ce rôle parfois salissant mais qui ne nous rebute jamais pour des raisons qui restent mystérieuses.
Le rôle dévolu au type qui tient le front de la fille, de la femme pendant qu’elle est penchée sur l’évier, le lavabo, la baignoire, les toilettes.
Le rôle dévolu au type qui tient les cheveux de la fille, de la femme pour qu’ils ne soient pas tartinés de vomi.
Le rôle dévolu au type qui ramasse le vomi dans l’évier, le lavabo, la baignoire.
Le rôle dévolu au type qui nettoiera l’évier, le lavabo, la baignoire, les toilettes.
Bref, j’ai tenu mon rôle normal.
Pour une fois que c’est un rôle masculin où les hommes ont le beau rôle et en plus utile, faut en profiter…


lundi, 13 avril 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 34

devoir de lakevio du gout_34.jpg

Dites quelque chose sur ce printemps magnifique dans une ville déserte.
Une histoire qui commencerait par :
« L’air était moins étouffant que la veille et j’ai même cru sentir la caresse d’une brise, en marchant sous les arcades, jusqu’à la place de la Concorde. »
Et dont les derniers mots seraient :
« Malheureusement je ne crois pas qu’il suffise de traverser la Seine. »


L’air était moins étouffant que la veille et j’ai même cru sentir la caresse d’une brise, en marchant sous les arcades, jusqu’à la place de la Concorde.
Tout au long de la rue de Rivoli j’ai marché lentement, le nez agacé par une odeur douceâtre et un peu écœurante.
Elle semblait baigner toute la rue, j’ai hésité à traverser la rue pour lui échapper, ce qui de toute façon eut été inutile puisque le jardin des Tuileries était fermé.
J’ai donc continué mon chemin passant devant l’ancien Musée de la Marine jusqu’à la rue Royale.
J’ai regardé au loin l’église de la Madeleine, le kiosque de l’angle de la place était ouvert mais vide, comme la rue.
Je me suis tourné vers la place de la Concorde, vide elle aussi, mais toujours cette odeur douceâtre qui commençait à me soulever le cœur, un peu comme celle qui s’échappe des boucheries mal tenues.
Je me suis rapproché des grilles des Tuileries pour échapper à cette « douce pestilence » qui adhérait au nez, aux vêtements.
J’ai longé les grilles jusqu’à l’entrée du souterrain et ai marché jusqu’au pont de la Concorde.
Je l’ai franchi.
J’étais seul sur ce pont que je n’avais jamais vu sans une voiture ou un piéton.
Je voyais au loin l’Assemblée Nationale dont le fronton était embrumé par la fumée qui s’élevait d’un bûcher élevé devant le bâtiment.
L’odeur changeait et devenait à la fois plus agréable, comme celle d’un rôti en train dorer, de « revenir » comme disent les cuisinier.
Hélas elle devenait en même temps plus gênante, inquiétante, quelque chose qui rappelait la mort.
J’ai pensé « Non ! Ils n’ont pas fait ça ! Les imbéciles ! »
Il m’était venu un instant à l’esprit qu’une bande d’émeutiers avait tenté d’incendier l’Assemblée Nationale.
Arrivé au bout du pont, à mettre le pied sur le quai d’Orsay j’ai failli vomir, mon estomac vide se révoltait en spasmes contre l’odeur et la vue du spectacle qui se déroulait en silence devant mes yeux effarés.
Trois hommes, armés de gaffes piochaient dans l’amas de corps en décomposition qui se trouvait près de l’entrée du boulevard Saint Germain et les posaient sur le bûcher qu’il arrosaient de temps à autre d’huile comme s’il s’agissait de faire rissoler les corps plutôt que les carboniser.
Cette épidémie allait laisser des traces, c’était sûr...
Et puis, il fallait bien se débarrasser de tous ces morts qui formaient des tas sur la rive droite et auxquels je pensais échapper en empruntant le pont de la Concorde.
Malheureusement je ne crois pas qu’il suffise de traverser la Seine.