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samedi, 02 mai 2020

Lover dose....

J’ai appelé ma grande sœur.
Elle n’a pas perdu la tête.
Ça m’a rassuré.
À propos de cette robe « vichy » à carreaux blancs et mauves, ce n’était que le besoin de raconter un souvenir qui s’est invité dans son esprit en rangeant quelques affaires.
Ce qui m’a le plus surpris ne fut pas qu’elle se souvint de cette robe « vichy », non.
C’est qu’elle put conserver depuis l’été 1961 un cadeau fait par ce jeune Anglais dont elle garde encore un souvenir ému.
Garder une boîte de bois laqué, de belle facture pour ce qu’il m’en souvient, contenant quatre baguettes laquées elles aussi et incrustées de nacre, pendant près de soixante ans me semble extraordinaire.
D’autant que j’ai été moi-même incapable de conserver nombre de mes propres pièces que j’ai commencé à perdre à un âge tendre…
Ma grande sœur donc, rangeait chez elle et trouva cette boîte.
Les souvenirs l’assaillirent et un doute – faible néanmoins- s’invita dans son esprit d’archiviste de la famille.
Cette robe était-elle bien comme elle se la rappelait ou bien seulement comme elle se l’imaginait ?
La dernière fois que je l’ai appelée, la question la tracassa et elle m’en a parlé.
C’était au moins la troisième fois qu’elle m’en parlait.
Ça m’inquiéta.
Quand elle me dit hier « j’ai rangé mes affaires, tu sais que je suis très conservatrice, j’ai regardé encore une fois la boîte que David m’avait envoyée… »
Elle ajouta après un soupir « C’est quand je l’ai retrouvée que cette robe m’est revenue et que je me suis demandé si cette robe vichy avait bien des carreaux blancs et mauves ».
Je l’ai rassurée, c’était bien cette robe qu’elle portait ce jour là.
Elle m’a rassuré aussi, elle n’avait pas perdu la boule.
Elle avait seulement gardé l’habitude de tout ranger, tout classer.
Ses souvenirs comme ses cahiers, ses photos et ses affaires.
Elle avait toujours eu ce côté « bien rangé », celui qui l’avait conduite à décrocher son brevet de comptable.
Elle m’a aussi parlé, avec des sourires et de petits soupirs dans la voix, d’un autre cadeau dont elle ne m’avait pas parlé jusqu'à présent et qui m’a amené à me poser des questions sur la relative sagesse de ma grande sœur.
Mais bon, elle avait dix-neuf ans…

vendredi, 01 mai 2020

37ème devoir de Lakevio du Goût.

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Bien que nous soyons le 1er mai, jour chômé par excellence, je vous propose ce devoir pour lundi.
Magritte avait eu vent du « Covid-19 » j’en suis sûr.
Les amants qu’il a peints en sont la preuve.
Quelle sensation peut laisser un baiser quand on respecte les « gestes barrière » ?
Imaginez donc la chose.
Tentez-la.
Puis supputez ou racontez l’effet du coronavirus sur ce baiser.
Surtout un baiser « protégé » de cette façon…
À lundi…

mercredi, 29 avril 2020

En vrac

 

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Je vous ai déjà parlé de ma grande sœur il me semble.
Eh bien elle m’inquiète.
Je me doute que vous n’en avez rien à faire mais elle m’inquiète.
Je l’ai appelée il y a peu et elle m’a parlé.
Normal vous direz-vous.
Est-ce si vrai ?
« Tu te rappelles cette robe « vichy » à carreaux mauves et blancs ? » a-t-elle attaqué bille en tête quand je l’ai appelée.
Elle vit dans un bled improbable du Gers où n’ont accepté de vivre que deux-cent-quinze personnes.
Elle a trois filles que j’ai toutes vues mais avec qui les relations sont distendues.
Comme son mari ne va pas fort et cause peu, je lui téléphone pour savoir comment sa vie se déroule.
Eh bien, ma grande sœur vieillit !
Et je suis inquiet.
Non parce que elle est née en 1942 et qu’elle m’a parlé de robe « vichy », l’association « 1942 » et « Vichy » causant un déclic dans ma cervelle prompte aux associations douteuses.
Plutôt parce que cette histoire de robe « vichy » à carreaux mauves et blancs revient un peu trop souvent dans la conversation.
Ça me rappelle ma mère qui, dès qu’elle sortait de la chambre « où elle n’avait pas fermé l’œil depuis… » depuis 1947 si je l’écoutais, commençait non par « Tiens !  Mon fils ! Tu es là ? » mais par « Avec maman, au bateau… »
Commençait alors une longue litanie sur la vie sur une péniche entre 1921 et 1939.
Vie bien plus merveilleuse dans laquelle elle se réfugiait trop souvent.
Ce n’est que plus tard que j’admis que ma mère avait perdu la boule.
Ma grande sœur m’inquiète donc, parce que je me souviens parfaitement de cette histoire de robe « vichy ».
Elle avait dix-neuf ans, était une jolie fille et était tombée amoureuse d’un Anglais, étudiant en médecine venu en France parfaire sa connaissance du français et si possible d’une Française…
Il est reparti, embauché par son pays pour faire la guerre en Birmanie, tout ça avec promesses d’attente et de retour.
Évidemment, dix mille kilomètres de distance ne favorisent pas le rapprochement et les lettres s’espacèrent puis cessèrent.
Ma grande sœur tomba dans les bras les plus mauvais qui soient pour la consoler et ça se passa mal.
Elle me parle donc de notre père, qui maintenant est aux cieux et fut le seul à avoir vu dans quels mauvais bras elle s’était réfugiée.
Et me reparle de cet été 1961 où nous étions allés voir ma mère à Lariboisière, accompagnés de « Deïvid » car il s’appelait « David ».
Elle portait, avec toute la grâce d’une jeune fille de dix-neuf ans amoureuse, cette robe « vichy » à carreaux mauves et blancs.
Le fameux David qui n’est jamais sorti de sa mémoire la regardait comme un gâteau.
Même moi je m’en étais aperçu.
Mon père aussi…
Aujourd’hui, je vais encore appeler ma sœur et je sais qu’elle va me parler de cette robe « vichy » à carreaux mauves et blancs.
Et ça, ça m’inquiète…

mardi, 28 avril 2020

Déconfinement décrit…

Ouais, j’ai honte…
Mais que voulez-vous, je ne peux résister...

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Que je vous dise…
Heure-Bleue n’a pas de tension dans les yeux.
Heure-bleue n’as pas de tension artérielle exagérée, c’est même parfaitement normal.
Moi non plus.
Il n’y a de la tension qu’à la maison.
Le confinement ne réussit pas à l’appartement.
Qui répercute sur ses habitants.
On aurait dû savoir que c’était grave…
Quand on a l’impression d’une sortie dans le monde en prenant le bus pour aller chez le médecin, c’est que quelque chose ne va pas.
La lumière de ma vie supporte mal le confinement.
Quant à moi, je ne supporte pas du tout.
Vous imaginez bien qu’avec un appartement occupé par Heure-Bleue qui ne supporte pas la sensation d’être prisonnière et  votre serviteur qui ne supporte pas d’être enfermé, on va pouvoir appeler la maison « el Pao », ce village où, d’après Buñuel la fièvre monte et où ce n’est pas la fièvre du samedi soir…
On va donc aller faire un peu de ravitaillement histoire d’éviter le coup de pied malencontreux de l’une dans les testicules de l’autre et le coup de pied involontaire mais si pratique dans le ventre de l’autre.
On a déjà prévu une super consolation ce soir.
N’allez pas imaginer des trucs, il s’agit de s’offrir un « restaurant à la maison ».
Nous commanderons quelques plats qui nous font déjà saliver dans un restaurant vietnamien de la rue Caulaincourt qui nous avait déjà fait nous pâmer devant les senteurs qui en sortaient avant-hier après midi.
Ils nous l’apporteront.
Je ferai le service
Ça devrait être super bien.
Je vous raconterai ça plus tard.
En attendant, on devra écouter le Premier Ministre se prendre les pieds dans le tapis du déconfinement, roulé plus serré qu’il ne le pensait.
Puis on ira au Monop’ se ravitailler pour les jours qui viennent.
Et je commanderai notre « dîner au restaurant de chez nous »…

lundi, 27 avril 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 36

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La soirée est animée.
Trois hommes et une femme semblent pris par une conversation passionnante.
Sur quoi peut-elle bien porter ?
Racontez donc cette conversation et les répliques qu’elle vous a inspirées.

Mais... Mais... Mais ce type est en train de toiser mon mec !
Avec sa gueule de bellâtre et ses lunettes noires, il ne se rend pas compte qu’il est ridicule !
Et l’autre là, avec sa petite moustache et son embryon de sourire, qu’est-ce qu’il a ?
On dirait que lui aussi il se fout de mon mec.
Sa petite bouche pincée, sa moustache clairsemée et ses petits yeux, ça sent le pingre ça.
Le pingre de tout.
Même sa barbe hésite à pousser...
J’ai envie de tirer mon mec par le bras et qu’on s’en aille, mais non…
Comme toujours cet idiot continue, il veut absolument convaincre.
Il devrait laisser tomber,  surtout que démontrer à un couillon qu’il l’est n’est pas de bonne politique.
En tout cas ce n’est pas la meilleure façon de s’en faire un ami.
Pourtant, on dirait que ça commence à marcher un peu, il a dû trouver un argument quelconque.
Même l’autre petit c… à moustache le regarde autrement maintenant.
Un peu trop même, je trouve.
Je vais prendre la main de mon mec, au moins ce petit couillon à moustache saura.
Je me méfie de ces types, ils te sourient un poil et hop ! Ils te soulèvent ton mec !
Je m’approche avec mon verre en faisant la gueule.
Un cocktail de fruits, je préfère.
Alors qu’ils picolent tous des machins genre quatre points de permis dès le deuxième.
Inutile de dire qu’ils me regardent comme une intruse.
Bon, je n’aurais pas dû jeter mon cocktail à la figure du grand échalas à lunettes noires.
C’est sûrement à cause de ces lunettes qu’il ne m’a pas vue.
Sinon il n’aurait pas dit si fort en tournant la tête vers moi « Mais regardez cette femme là, bien renfrognée ! Encore le genre à faire l’amour du bout des fesses ! »
En attendant, le bout de mes fesses, ce n’est pas lui qui le touchera !
Pauv’ tache, va !
Et mon mec au-dessous de tout.
Il est allé jusqu’à présenter des excuses au « serpent à lunettes ».
On est rentré en silence.
Bon, j’aurais dû attendre d’être présentée, ça aurait évité les histoires.
Maintenant mon mec n’a plus de boulot.
Le « serpent à lunettes » est son boss.
Et alors ?
J’aurais dû lever ma robe, peut-être...