mercredi, 18 mars 2020
Je vais redevenir beatnik.
Hier, premier jour de « résidence surveillée avec permission de sortie pour raison impérieuse.»
Nous avons toujours, Heure-Bleue et moi une « raison impérieuse » pour aller traîner mais là, c’était plus difficile.
Notre santé est assez bonne pour sortir et assez chancelante pour que la pharmacie soit une « raison impérieuse » alors nous sommes descendus.
Nous n’avons rien trouvé.
Il paraît, d’après les dires de la boulangère, que « le Carrouf d’en bas » a été livré, que cinq camions ont rempli le magasin.
Comme nous ne manquons pas encore de papier toilette nous avons remonté la rue Lamarck jusqu’à la rue Damrémont.
La tentative d’acheter des légumes se solda par un échec retentissant.
Le marchand de légumes, un Chinois, m’a confié :
- Je n’ai presque plus rien à vendre, pas de livraisons, alors je ferme et pars en vacances.
- En Chine ?
Il s’est départi de son calme.
- Ça va pas, non ?
Alors j’ai laissé tomber.
Je n’ai pas toujours envie de sortir mais ce qui me gêne le plus, c’est qu’on me l’interdise..
Ce matin, en faisant ma toilette, je me suis rendu compte que je commençais à ressembler à Hagrid, le gardien hirsute de Pudlard, le pote de Harry Potter.
Après m’être lavé les cheveux j’ai eu la surprise désagréable de voir mon rasoir les accrocher dès qu’il approchait des oreilles.
Ce confinement a quelque chose de rafraîchissant : La mode « Hippy » est de retour !
Du moins dans la coiffure…
Un autre détail rappelle les années soixante, le silence des rues.
Un peu plus prononcé toutefois car s’il y a la même circulation modérée, il y a peu de monde dans les rues.
Nous, qui habitons contre le cimetière de Montmartre, constatons le même silence de part et d’autre du mur qui nous en sépare.
Même les corbeaux semblent retenir leurs croassements.
La radio diffuse tout de même des nouvelles qui sont par moment réjouissantes.
Il semblerait que les populations européennes aient trouvé une occupation pour combler l’ennui du confinement.
J’ai ainsi appris incidemment qu’il n’y avait pas que le papier toilette qui avait contribué à l’augmentation du PIB.
La radio m’a annoncé le plus sérieusement dumonde que les ventes de la version moderne de la machine du bon docteur Mortimer Granville avaient explosé.
Heure-Bleue, toujours pragmatique a soulevé une question d’importance en ces temps de livraisons compromises.
« Mais comment diable se sont-ils procuré ces sex-toys ? »
Nous savons tous deux ce qu’il convient d’en faire mais la question est là : Comment sont-ils arrivés chez les clients ?
Cela dit, en période de confinement, leur usage peut faire partie « des raisons impérieuses »…
10:05 | Commentaires (19)
mardi, 17 mars 2020
Confinement... Finement c'est pas sûr...
Que je vous dise, lectrices chéries.
Nous allons maigrir.
Et pour cause, il est quasiment impossible de faire les courses à pied -ah ah ah !- et absolument impossible de les faire en ligne avec un espoir d’être livré dans un délai raisonnable, sauf à avoir l’appétit rôdé d’un Biafrais des années soixante.
« On » voulait bien nous livrer mais dans une semaine au plus tôt alors nous nous sommes déplacés.
On est allé au Monop’ de notre coin.
En entrant, à considérer les gondoles, je me suis dit « Tiens ! Ma mère est ressuscitée ou bien la métempsycose, ça marche ! »
Vides les gondoles, même les conserves avaient disparu !
Curieux, j’ai regardé d’un peu plus près.
La panique avait dû être sévère parce que pour pousser le chaland à acheter des boîtes de salsifis et d’épinards hachés, faut avoir drôlement peur de manquer !
Nous avons fini par trouver un peu à manger.
Nous avons été sages tout de même parce que les rayons les mieux garnis restant ceux du foie gras et des whiskies, on s’est abstenu de les vider…
J’ai néanmoins fait une constatation digne de figurer dans les ouvrages d’anthropologie : Le piéton peut, dans certaines conditions, être aussi con que l’automobiliste dans toutes les conditions.
J’en eus la preuve hier à l’une des caisses de Monop’.
Vous avez sûrement fait l’expérience, au volant de votre charrette, de la pluie qui commence à tomber tandis que la file de voitures avance.
Vous avez dû constater que dès que vous levez le pied pour augmenter la distance qui vous sépare de la voiture qui vous précède il se trouve toujours une andouille pour se glisser dans l’espace que vous venez de libérer.
Eh bien dans la queue à la caisse, c’est pareil.
Vous augmentez la distance de sécurité, suivant par là les consignes de la Santé Publique.
Eh bien il se trouve toujours une andouille pour venir se placer entre vous et votre prédécesseur.
Alors que j’étais resté muet -ce qui est rare- devant tant de bêtise, Heure-Bleue s’est emparée de ma « carte de bancal » et est allée trouver un employé qui s’est empressé de faire tout le boulot à notre place, y compris mettre nos achats dans notre caddy.
Puis nous sommes revenus à la maison, surpris de voir le square totalement silencieux, vide d’enfants, d’adultes, de chiens…
Nous avons ensuite écouté notre président nous dire que nous pouvions « malgré tout sortir pour prendre de l’exercice » tandis que peu après, le ministre de l’Intérieur nous précisait qu’on allait risquer une amende salée si nous sortions pour autre chose que travailler, se soigner ou acheter à manger.
Bref, le train-train habituel.
Tout de même, les pépiements des petits, les piaillements des filles et les grognements des garçons manquent le matin devant l’école fermée…
10:14 | Commentaires (11)
lundi, 16 mars 2020
Devoir de Lakevio du Goût N° 30
Ces deux là font quand même une drôle de tête, même s’ils nous tournent le dos, ça se voit, ça se sent, ça se sait.
Que diable arrive-t-il ?
Faites nous part de ce que vous en pensez lundi.
Devoir de Lakevio du Goût No 30
Nous sommes là, tous deux, comme deux andouilles !
On pensait être tranquille…
Oh ! Pour ça on est tranquille !
Pas un chat à l’horizon.
En plus on a faim.
Pour tromper notre faim on a fini par aller vers la plage puis on s’est arrêté sur ce talus et on a regardé la mer dont le ressac se jetait sur les rochers en contrebas.
C’était joli, évidemment.
C’était même beau.
Non mais quelle idée de couillon d’aller s’enfermer dans cette maisonnette en location pour respecter les consignes de « distanciation sociale » et de « confinement ».
Ah ça, pour être confiné on est confiné.
La seule chose qu’on fait c’est violer la consigne de « distanciation sociale » mais seulement nous deux.
Il n’y a rien d’autre à faire.
Dans ce hameau de bord de mer, il n’y a qu’un supermarché à quelques kilomètres.
On s’était dit « Chic ! Ça va faire comme si on était sur une île déserte mais avec tout le confort de chez nous ! »
J’ai ajouté avec un regard lourd comme l’humour de Jean Roucas « Je serai Robinson Crusoé ! »
Elle avait faim, alors elle m’a regardé de travers en me jetant « Ne compte pas que je joue Vendredi ! »
Puis nous avons pendant une heure tenté de faire des « courses en ligne ».
En ligne… C’est comme la pêche au coup, avec les lignes il y a des délais.
On avait commencé à regarder sur tous les sites qui pratiquaient la livraison à domicile.
Le défilé des produits était désolant…
Chaque image était « floutée » et barrée d’un « Bientôt disponible » désespérant.
Le sommet fut atteint quand, après avoir choisi ce qui était disponible, si on peut dire « choisi », j’ai cliqué sur « Choisir votre créneau de livraison »
Là aussi la notion de choix était toute relative.
Pas moyen de changer de date.
On avait le droit de « choisir » d’être livré le « Lundi 23 mars ».
Rien qu’à lire l’écran du smartphone on a commencé à avoir des crampes d’estomac.
Nous mourrons de faim avant de mourir du CoVID-19…
11:03 | Commentaires (20)
dimanche, 15 mars 2020
Tendre jeudi. Enfin presque...
Ambre-Neige disait vendredi dernier être allée se promener dans la forêt de Montmorency.
Plus précisément faire le tour de l’étang qui borde le « Château de la Chasse ».
Ce « Château de la Chasse » a ravivé chez moi un souvenir qui eut pu être un souvenir pénible.
Que je vous dise, lectrices chéries.
Ce château, sis à Montlignon n’est qu’à une encâblure de Domont.
Or, à deux stations de train de là, à Sarcelles, j’avais un copain. B.
C’était mon copain quand j’étais dans ma première cinquième.
Il prenait le train tous les matins pour se rendre au lycée.
Je dis « tous les matins » car il lui arrivait de me rejoindre aussi le jeudi…
Il traversait ainsi de bonne heure des villes aussi étranges et inconnues de moi que Groslay ou Deuil-la-Barre.
J’allais de temps en temps chez lui le jeudi.
Il habitait un appartement qui me semblait immense, avec plus de deux pièces, avec « les cabinets » dans la maison et pas dans l’escalier, il y avait aussi une salle de bains avec l’eau chaude qui coule du robinet et pas de la bassine sur le gaz, il avait aussi une chambre séparée de celle de ses parents.
Le luxe total en somme.
En plus de cette habitation luxueuse il avait aussi des idées moins luxueuses.
Et une propension à faire autant de bêtises que moi.
Il me proposa un jeudi du troisième trimestre d’aller chez lui.
Il avait une idée géniale.
C’était de fait une idée absolument géniale.
J’allais donc chez lui.
Dans le train, les passagers regardaient avec commisération ce petit garçon qui avait encore sur l’œil droit un pansement assez gros pour envelopper un genou adulte, résultat de l’expérience aérospatiale malheureuse de la fin du premier trimestre.
Je descendis à Sarcelles, allai chez B. qui me dit « attends-moi, je prends un truc important ! »
Il revint de la cuisine -grande la cuisine, j’en bavais d’envie- avec une grosse pelote de ficelle.
« Tu vas voir. » m’affirma-t-il.
Je le suivis jusqu’à la gare, il me demanda si j’avais un peu de sous.
J’avais.
Peu mais largement assez pour acheter un aller-retour Sarcelles-Domont.
Arrivés à Domont il me demanda « Tu connais pas le Fort de Domont ? »
Non… Je ne connaissais pas. Alors je le suivis jusqu’à une forêt pleine d’écriteaux proclamant « Danger ! Munitions enterrées ! Ne pas s’éloigner des sentiers ! »
Évidemment, quelques centaines de mètres parcourus, la première chose que nous fîmes fut de sortir du sentier.
« Te tracasse pas, je connais » me dit B.
Dans un coin plein de buissons, il m’entraîna et nous commençâmes à fureter.
Il cria soudain « Ça y est ! J’en ai une ! »
Une grenade ! Une vraie, une avec la goupille encore dedans.
Nous cherchâmes parmi les noisetiers ce qui conviendrait le mieux à la réalisation de notre brillant projet : Un noisetier dont deux branches adjacentes seraient assez basses pour éviter les éclats.
Nous trouvâmes.
Je tins la grenade pendant qu’il liait la ficelle à la goupille de la grenade.
À l’époque nous ne savions évidemment pas que ça s’appelait une goupille et notre science nous parvenait d’illustrés comme « Battler Britton », célèbre pilote de chasse anglais.
Nous coinçâmes la grenade dans le « lance-pierre » formé par les branches et déroulâmes la pelote de ficelle jusqu’à atteindre une distance qui nous sembla assez grande.
Nous nous mîmes à plat-ventre et B. me donna la pelote et tendit la ficelle.
Il tira d’un coup la ficelle et nous mîmes nos mains sur les oreilles.
Rien…
Pendant plusieurs secondes.
Alors que nous allions nous relever pour voir, l’explosion retentit et nous fûmes couverts de débris de branches et de feuilles de noisetier.
Nos genoux s'entrechoquèrent restrospectivement, nous poussâmes un soupir de soulagement et jurâmes de ne pas recommencer l’expérience…
Mais ce fut un jeudi super chouette !
08:05 | Commentaires (14)
samedi, 14 mars 2020
30ème devoir de Lakevio du Goût.
09:32 | Commentaires (8)