jeudi, 13 février 2020
Famille, je vous hais !
Tout allait bien.
Les petites étaient charmantes.
On avait même eu la patience de ne pas pousser P’tite Sœur sous un bus, tout ça.
Merveille avait mangé des moules au roquefort.
Puis le côté « fish » des « fish n’chips » de P’tite Sœur.
Puis avait goûté ma « friture de petits poissons ».
Elle avait clos le déjeuner sur une gaufre pleine de crème chantilly.
Tout allait bien.
Nous avons parcouru à pied tous les kilomètres nécessaires pour finir les tours de manège qui restaient d’hier.
Merveille a profité de mes sous et d’un moment d’inattention pour engloutir un pain au chocolat.
Puis, nous sommes revenus à la maison.
J’ai aidé Merveille à faire ses deux autres « mini-versions » latines.
C’est au moment du dîner, finalement pas si éloigné du déjeuner que ça a commencé.
Merveille a commencé à se sentir mal après la première entrée.
Elle est partie se coucher en piaillant.
Ça a évidemment paniqué P’tite Sœur qui se voyait privée brutalement de son esclave.
Merveille s’est précipitée vers moi pour avoir un câlin qui aurait dû la guérir sur le champ.
Alors, soupirant telle Madame Récamier, elle s’est assise sur mes genoux.
Elles ont téléphoné aux parents.
J’ai appelé « SOS Médecins » à dix heures et demie du soir pour rassurer les parents, Merveille et P’tite Sœur.
« On vous envoie un médecin ! » a juré la dame du standard en raccrochant.
Le téléphone a sonné à une heure et demie du matin et n’a réveillé que moi…
Le médecin m’a demandé s’il devait venir.
Je n’en savais rien…
Je suis allé dans la chambre où toutes les trois dormaient.
Je les ai réveillées et demandé « Alors, le médecin ? Il vient ou non ? »
Quelques grommellements m’ont répondu.
J’ai compris « Bof, chais pas… » et « Non… » et un « Oui… » endormi.
Ce matin, les deux petites dorment, ces hyènes.
Je suis allé dans la chambre surveiller Merveille.
Elle a la peau des joues fraîche et douce comme la rosée.
Elle a la respiration calme et silencieuse.
Elle a les paupières closes et sans trace d’une ride.
Bref, elle a devant elle une brillante carrière d’emmerdeuse.
Talonnée de près par P’tite Sœur.
Je les hais !
11:03 | Commentaires (14)
mardi, 11 février 2020
J’ai failli y perdre mon latin.
« Magnam domini iram servi timent. »
Ouaip, lectrices chéries, c’est ce qui m’a réveillé en sursaut cette nuit.
Les choses avaient commencé hier midi chez les enfants.
Nous étions à table quand Merveille a dit :
- Ah, j’emmènerai mes devoirs de latin et tu m’aideras, hein papy ?
- Bien sûr Merveille.
L’Ours a fini d’avaler sa bouchée et a dit, mezzo voce :
- Papy ? Le latin ? Et tu dis que je suis ch… ? Ben là tu vas voir…
Hier soir, sur la table encombrée de jouets et dessins divers, Merveille a posé le texte de sa « mini version ».
Ça m’a fait sourire parce qu’on avait des versions plus longues en sixième.
« Magnam domini iram servi timent. » était-il écrit sur le cahier de Merveille, une merveille de soin car les miens étaient souvent épouvantables, remplis qu’ils étaient de textes écrits à la va-vite dans le métro.
Fort de mes souvenirs, j’ai avalé ma gorgée de vin et dit à Merveille « Les esclaves craignent la grande colère des maîtres » !
Elle a noté, faisant preuve d’une confiance aveugle dans les talents de papy et sûrement d’un peu de flemme.
Je suis passé à autre chose puis j’ai préparé le canapé où je vais passer les nuits de la semaine.
Malmené par le confort relatif du tapis de noyaux de pêche qui fait office de matelas sur ce canapé, j’ai lu un peu puis éteint la lampe.
Je fus réveillé en sursaut par un cauchemar.
Une prof de lettres, celle qui m’avait collé un zéro en composition de récitation pour se venger de ma flemme, me hurlait dans les oreilles.
« Monsieur le Goût ! « Domini » ne peut être qu’un complément d’attribution ! C’est un génitif singulier ! Singulier Monsieur ! Le génitif pluriel est « Dominorum » ! Deuxième déclinaison et déjà des erreurs ! »
Je me suis dit en me rendormant « Demain, première heure, enfin heure où Merveille sera vraiment réveillée, genre midi et demi, lui dire que c’est « du maître », pas « des maîtres ».
Sinon, l’auréole de papy va pencher du côté ou elle va tomber, déjà qu’elle est mal accrochée ces temps-ci…
Pour l’instant, je suis en train de me dire que quand on se récite tout seul la déclinaison de « dominus, domini » au point de constater que le génitif pluriel en est « dominorum », c’est que la cervelle commence à déconner sévèrement…
09:43 | Commentaires (10)
vendredi, 07 février 2020
Une histoire rasoir...
Maintenant que j’ai pris l’habitude d’écrire sur rien, ça va être difficile.
Oui, lectrices chéries, aujourd’hui j’ai quelque chose à dire sur quelque chose que j’ai acheté pour faire quelque chose sur une chose que j’ai l’habitude de faire.
« Ah ben ça c’est quelque chose ! » vous dites vous avec votre sens habituel de l’à propos…
Que je vous dise, ce matin je me suis rasé.
Bon, comme tous les matins puisqu’il me semble vous l’avoir dit avant-hier à propos d’autre chose.
Mais là, il y a quelque chose d’autre, de différent des autres matins.
Revenons un instant à hier. Nous sommes allés faire quelques courses, histoire de ne pas mourir de faim et aussi de rester présentables.
Rester présentable consistait en l’achat de lessive, assouplissant, bref les produits habituels.
Plus, évidemment quelque chose, soit de la mousse à raser et des rasoirs.
Las, les rasoirs habituels faisaient défaut.
J’ai donc acheté les rasoirs disponibles.
Des rasoirs étranges, copies d’autres rasoirs, les habituels, mais hélas les seuls disponibles.
Des merveilles devaient elles êtres, des choses à trois lames, des qui rasent plus doux et qui sont dotées d’un « indicateur s’usure coloré ».
« L’indicateur d’usure » est à prendre ici dans un sens qui n’est pas celui prévu par le publicitaire.
Il serait plutôt à prendre dans le sens que lui donne la Banque de France car il indique plus le moment où on doit renouveler l’achat que celui où la lame vous arrache la figure.
Ce matin, je vous parle d’expérience car je me suis servi de ces… de ces… de ces choses…
Eh bien, lectrices chéries, depuis que les gouvernements ont décidé d’être « efficaces », c'est-à-dire de nous mettre tous à jeûner en dehors de la période de Carême, je dois vous dire que ce que nous craignions tous est arrivé !
J’ai inauguré ce matin quelque chose qui m’était sorti de l’esprit depuis que Gillette était passé de la « Gillette Jaune » au rasoir « Mach III », autant dire depuis mes quatorze ans.
Ce qu’on m’a vendu pour des rasoirs m’a ramené d’un coup à l’époque soviétique.
Cette époque où se raser était une épreuve que seul mon père supportait avec bonne humeur.
Cette… cette chose… ce truc qu’on m’a vendu pour un rasoir m’arrache la figure.
À l’époque bénie où j’avais la peau souple et douce et où ce duvet qui soulignait mon appartenance à la moitié mâle de l’humanité « faisait sale » j’avais demandé à mon père de me retirer cette « moustache ».
Ce fut ma première rencontre avec la « Gillette Jaune » qui n’est pas l’épouse du « Gilet Jaune ».
Je fus heureux de voir arriver sur le marché le rasoir « multi-lames ».
J’ai redécouvert ce matin un des drames de l’adolescence : Les premiers rasages…
J’ai regardé : Ces foutus rasoirs n’ont même pas de marque alors qu’ils étaient rangés sur l’étagère « Wilkinson Sword », ce qui m’a immédiatement fait penser que décidément, celui qui a rempli la gondole n’est pas une épée…
11:19 | Commentaires (12)
jeudi, 06 février 2020
Ceci n'est pas un devoir...
De rien, Magritte, de rien…
Quand vous aurez un moment, quand vous voudrez regarder cette rue, dites ce qu’elle vous inspire.
Nous avons le temps.
Ce sont les vacances scolaires à la fin de la semaine.
Nous aurons Merveille et P’tite Sœur à la maison pour quelques jours.
Et nous devrons les occuper.
Nous aurons aussi des anniversaires à fêter.
Mais je passerai de temps en temps vous lire.
09:59 | Commentaires (8)
mercredi, 05 février 2020
Le fondu enchaîné ou démêlés avec l'image ?
Ce matin, car c’est encore le matin il n’est que neuf heures et demie, j’ai une absence d’idée de note en tête.
Une vague mélancolie m’étreint.
Il y a comme ça quelques moments de l’année qui me plongent dans le « spleen ».
On appelle ça « Le spleen » parce qu’il fut un temps où on pensait que si on se sentait mal dans sa peau, enclin à l’élégie, triste sans raison, bref « ado sans l’être » c’est parce qu’on avait la rate qui battait la campagne en boitant…
Donc, il y a plusieurs moments dans l’année qui me mettent dans cet état dont je ne sais s’il est triste, malheureux, simplement mélancolique ou tout bêtement parce qu’on a été réveillé en sursaut par des cris, comme ce matin.
Il va pourtant falloir que j’écrive quelque chose !
Mais quoi ?
Mystère…
Pourquoi ?
La di-sci-pli-neuuu ! Nom de dieu !
Je m’en vais faire ma toilette, après on verra.
Oui car je dois vous dire qu’une fois rasé, mon moral est (un peu) meilleur.
Ça me fait la peau aussi douce que celle de P’tite Sœur.
En moins souple mais en plus mou…
Oui lectrices chéries, c’est comme ça.
Que je vous dise.
Avant le rasage, je regarde avec circonspection le type mal peigné qui me fait face dans le miroir.
Après rasage, ça ne s’arrange pas forcément car je me demande où est passé l’Apollon qui occupe normalement ma place devant le lavabo.
Ma toilette faite, je cherche un caleçon…
Je sors de la salle de bains, vêtu de ma seule innocence, un peu comme quand ma mère m’a fait mais en moins bon état.
Les rideaux ne sont pas encore tirés, ce qui m’évite d’apparaître tout nu à la fenêtre en face du collège ce qui est un très mauvais plan.
Je connais ces gosses parfaitement, j’ai été l’un d’eux…
Depuis que nous avons déménagé, il n’y a plus un arbre pour me cacher à la vue des voisins.
Un bref instant de la fatuité du mâle d’avant réalisme me saisit à l’idée qu’il soit besoin d’un arbre pour cacher ma… virilité.
Puis l’objectivité m’a saisi en même temps que la fraîcheur.
Un peu triste quand même.
Je me suis dit que certains jours il n’y a pas grande différence entre un cache-sexe et un cache-misère…
10:29 | Commentaires (12)