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mardi, 03 mars 2020

Le delta du nihil...

S’il te plaît, Mab, ne dis rien...

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Ce matin, en lisant le blog d’IsabelleZ, j’ai revu des endroits qui m’ont un peu chamboulé.
Elle est allée se promener et prendre en photo les lieux où j’ai traîné mon cartable, mon enfance et mon adolescence, ce qui montre que j’étais donc lourdement chargé…
Une photo m’a frappé.
Elle y parle d’une place où se croisent la rue de Clignancourt, la rue de Rochechouart et le boulevard de Rochechouart.
Cette place, je l’ai connue sous un seul nom, celui de « Place du Delta ».
Je ne sais pas même quand elle a changé de nom.
Je ne l’ai connue que sous ce nom…
C’est probablement une de ces places parisiennes qui, malgré les décisions de la municipalité au cours des siècles, conservent dans l’esprit du public le nom sous lequel elle sont nées.
Il en va ainsi de la Place de l’Étoile, de la Place Villiers et de la place du Delta.
Cette dernière a même « pris de l’ambiguïté » au cours des ans.
La rue Gérando traverse le boulevard vers le nord, ce qu’elle ne faisait pas.
La rue de Clignancourt traverse le boulevard vers le sud, ce qu’elle ne faisait pas.
Alors que le lycée du coin, dans sa grande patience, m’accueillait dans ses classes, la place était totalement vide, sauf de voitures.
Il n’y avait pas de terre-plein central et le nom de « place » convenait parfaitement.
On pava un terre-plein je ne sais quand avec l’idée d’y planter quelques arbres.
Heureusement, quelqu’un probablement né à Paris s’avisa que, si sur ce terre-plein quelques arbres ferait un bel effet, ce serait assez risqué car juste au-dessous passe la ligne 2 du Métro…
Cette place était magnifique et j’allais vous dire, lectrices chéries, qu’il y faisait toujours beau.
C’est seulement parce qu’il m’était sorti de l’esprit que je n’y passais pour revenir chez moi quand le temps le permettait et que je n’avais pas envie de traverser la colline de Montmartre.
Surtout ça me permettait de passer de longs moments devant cette boutique, aujourd’hui remplacée par un marchand de dragées et de faire-part.
Elle était située sur le côté impair du boulevard  peu avant le métro Barbès-Rochechouart et l’homme qui la tenait était très fier de présenter ces merveilles qu’étaient les magnétophones.
Une fin d’après-midi, il me fit découvrir quelque chose de moi que j’ignorais totalement.
Mais non, il ne s’agissait pas de choses graveleuses ni répréhensibles…
Me voyant admiratif devant un magnétophone Philips, il me fit entrer dans la boutique.
- Tu t’arrêtes souvent devant la vitrine, mon garçon…
Comme j’étais encore bien élevé à l’époque je lui répondis :
- Euh… Oui Monsieur…
- Tu voudrais bien savoir comment ça marche, hein ?
- Oh oui !
Il mit le cordon secteur dans une prise, alluma l’appareil et me tendit un microphone en me disant :
- Allez, raconte-moi quelque chose, si tu vas à l’école, si tu aimes ça, bref, parle !
Il appuya sur une touche, je me souviens qu’elle était rouge et les bobines ont tourné, la bande magnétique passant de la bobine de gauche à la bobine de droite.
Je racontai d’un voix hésitante, que j’allais au lycée et que j’aimais le latin, ce qui sembla le surprendre.
Il arrêta l’appareil, appuya sur une autre touche qui fit revenir la bande en arrière.
Quand il jugea qu’il était suffisamment revenu en arrière, il pressa la touche « PLAY ».
J’eus la surprise de ma vie !
J’ai détesté immédiatement la voix que je savais être la mienne.
Je me demandais comment ceux que je connaissais pouvaient supporter m’entendre.
Surtout qu’en plus j’étais – et suis encore- bavard.
Voilà, lectrices chéries, comment les photos d’IsabelleZ me promènent dans ma mémoire…

lundi, 02 mars 2020

Devoir de Lakevio du Goût N°28

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Cette toile me raconte une histoire...
Et à vous, que dit cette toile d’Aldo Balding ?
Dites lundi ce que cette image vous inspire…

 

« Ben mon colon ! Elle en fait, une tête ! »
C’est la première réflexion qui m’est venue à l’esprit quand je suis entré dans ce restaurant.
J’arrive tard, peut-être même le service est-il terminé, mais j’ai faim.
J’ai faim de tant de choses…
Je ralentis dans la rangée, j’avance plus lentement en la regardant.
Je lui trouve un air décidément trop « pincé » mais c’est probablement parce qu’elle bout intérieurement.
Ça lui donne un air peu aimable, un air qui ne pousse pas à l’aborder.
Je ne sais pas ce qu’elle rumine, je suis sûr qu’elle rumine.
Je suis indécis quant à ce qu’elle fait réellement, assise là.
Attend-elle un convive ?
Un commensal lui aurait-il fait défaut ?
Puis, regardant la table avec un peu plus d’attention je remarque la coupelle, celle qui dit qu’une addition a été déposée là.
J’avance d’un pas de plus en plus lent en continuant à m’interroger.
La coupelle, que je vois clairement maintenant, ne contient que le ticket de caisse, une minuscule « facturette ».
Le repas est donc terminé.
Devant elle, deux verres, un verre à vin, vide, et un autre plus grand, contenant encore un peu d’eau.
En y réfléchissant un peu, je me dis qu’elle a déjeuné seule.
Mon dieu, cette tête !
Ça n’incite pas à lui conter fleurette…
Pourtant, malgré cet air renfrogné je lui trouve quelque chose d’extrêmement tentant.
Peut-être parce qu’elle porte un chignon désordonné, j’ai toujours aimé les chignons.
J’ai toujours aimé les voir se défaire sous des mains expertes.
Je suis sûr que quand elle se prépare pour la nuit, elle a dans la salle de bains ces gestes que j’ai toujours trouvés magiques dont je me suis toujours demandé comment les femmes y parviennent.
Les bras relevés et les mains derrière la tête, brodant avec talent des cheveux qu’elles ne peuvent pourtant voir.
C’est le plus bel exemple que je connaisse de ce que certains appellent « proprioception », quoi que cela veuille dire…
Et puis, avançant toujours lentement entre les deux rangées de tables, je remarque sa peau.
Une peau délicieusement claire qu’on a envie de toucher.
Elle a vraiment de jolies épaules.
Plus près j’entends son souffle contraint par la colère quand elle expire par le nez.
Alors j’ose :
- Il n’est pas venu, hein…
Elle lève la tête vers moi et lâche, toujours en colère :
- Non… Il n’est pas venu, ce lâche…
Un peu refroidi, je tente tout de même, tenté par ce mouvement délicat des épaules quand elle m’a regardé :
- Un autre café ? Malgré tout ?
Elle regarde de nouveau la rue au travers de la vitrine.
Mon dieu ces épaules !
Elles donnent envie de passer doucement le bout des doigts dessus.
Elle se retourne et me dit, un peu réservée tout de même :
- Merci, avec plaisir…
C’est là que je vois qu’elle a de magnifiques yeux bleus.
Je voudrais tant qu’elle abandonne cette réserve et me permette de lui offrir plus qu’un café.
Je suis sûr qu’elle aussi a tant à offrir…

Aahhh… Faire en sorte qu’elle offre, obtenir la permission de recevoir ce cadeau et lui en offrir un qui lui agréera…

samedi, 29 février 2020

Dis, si Pline écrit...

Ouais, je sais, j’ai honte...

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Je n’ai rien à vous dire aujourd’hui, lectrices chéries !
Aussi vais-je essayer d’être bref…
Je vous avais fait part il y a peu de mes soucis en matière de rasage.
Dus tout particulièrement à l’achat de rasoirs qui non seulement étaient jetables mais surtout à jeter avant même utilisation.
Des rasoirs à trois lames sans marque mais les seuls disponibles dans la gondole à ce moment.
Que je vous dise.
La première lame tire le poil.
La deuxième lame entame le poil.
La troisième lame coupe la peau et relâche le poil.
Qui se rétracte alors et fait ressortir le poil mal coupé.
Le résultat de ce rasage « low cost » est que je me retrouve à la fin de la toilette avec le visage sanguinolent et un rasage qui a un côté « portrait anthropologique » de ceux qui ornent les commissariats.
Il y a peu, très peu, dans les allées du Monop’, je me suis souvenu de feu mon beau-frère.
Cet homme, mort trop jeune il y a environ un an et demi, était assez… Enfin plutôt franchement pingre.
Ce trait de caractère l’avait poussé à peser savamment le « rapport  qualité/prix » de tout achat.
Cette aptitude de « lanista » à organiser des combats d’oursins et de scorpions dans son porte-monnaie l’avait amené à porter son choix sur un type de rasoir.
Je me servis, lors d’un voyage de consolation de ma belle-sœur, d’un de ces rasoirs.
Incommensurablement plus modiques que les lames « Fusion » de Gillette mais Gillette tout de même.
J’en fus satisfait.
Que dites vous de cette nouvelle ébouriffante ?
Bref, je me rase tous les matins mais ce matin, je vous rase…
Mais bon, mardi prochain, Merveille aura treize ans.
J’attends avec une certaine impatience la justice immanente qui va frapper sous peu je le sais.
Juste vengeance de la nature qui verra Merveille claquer les portes.
Je sais que sa litanie « Vous ne pouvez pas comprendre, vous n’avez jamais connu ça… » rappellera à l’Ours les portes qu’il a claquées.
Les sorties théâtrales de la pièce ponctuées de « Vous ne pouvez pas savoir, vous n’avez jamais connu ça… »
J’attends mardi pour avoir les premiers échos de l’attaque de la vieillesse sur Merveille…
Voilà, j’ai sacrifié à la déesse « Discipline », je tenterai de vous distraire demain, si le coronavirus qui squatte les pensées d’Heure-Bleue à ma place ne m’a pas frappé…

vendredi, 28 février 2020

28ème devoir de Lakevio du Goût.

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Cette toile me raconte une histoire...
Et à vous, que dit cette toile d’Aldo Balding ?
Dites lundi ce que cette image vous inspire…

mardi, 25 février 2020

Ce soir, on bouffe parisien…

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Hier on est allé braver le coronavirus !
Ouaip ! On est enfin allé acheter nos bouquins « pour si au cas qu’on aurait besoin » de rester confiné à la maison.
Après on est allé jusqu’à la Madeleine voir ce qu’il y avait de nouveau chez Ikea.
Rien…
Il y a toujours les mêmes choses.
Ikea a quand même inauguré un concept extraordinaire, amener le Parisien à faire ce que fait le banlieusard mais à la Madeleine.
Autrement dit, si vous connaissez l’aversion du Parisien à franchir le boulevard périphérique pour aller ailleurs qu’à la plage, Ikea vous offre l’exil à domicile.
C’est quand même une chouette idée.
L’idée d’aller traîner en banlieue et de revenir à pied tranquillement jusqu’au cimetière de Montmartre a un je ne sais quoi de séduisant.
Un peu comme vivre une aventure dangereuse en allant voir un film de cow-boys…
Cela dit, nous avons tout de même vécu une aventure qui ne demande qu’à devenir dangereuse : Nous avons acheté chez Ikea de quoi dîner.
C’est une sorte de self-service où, moyennant l’achat du sac adéquat, vous pouvez acheter des plats comme dans n’importe quel Monop’ mais concoctés avec moins de produits Bayer ou Monsanto.
Ils n’en sont pas meilleurs pour autant.
Mal nous en prit.
Nous dînâmes pour pas cher.
Ça ne valait pas plus…
Surtout ces boulettes dont on a peine à croire qu’il s’agit de viande tant le goût en est étrange et pour tout dire pas terrible…
Ces boulettes auraient mieux fait de rester dans la machine que sauter dans nos assiettes.
Le saumon fumé en revanche était plutôt meilleur que celui disponible chez Monop’ et moins cher.
Bref, rien d’exceptionnel si ce n’est que le Parisien semble s’être calmé et ne regarde plus l’Asiate comme un ennemi qui ferait mieux de rester chez lui au lieu de venir nous dépouiller de nos sacs Vuitton et de nos emplois.
Le Parisien ne regarde plus l’Asiate ainsi.
Il regarde aussi tous les autres, ceux qui viennent d’ailleurs, à commencer par son voisin de bus, celui qui vient de la rue voisine et qui peut lui aussi se révéler vecteur de la maladie.
Le pouvoir peut enfin respirer.
En plus d’avoir à gouverner un peuple ignorant, ce qui est plus facile, il peut enfin gérer un peuple de pleutres.
Ce qui est encore plus facile…