lundi, 02 juillet 2018
Je ne dirai pas à Berthe s’il va ou non…
De rien, Mab, de rien…
J’en ai soupé, de la rose blanche…
J’en ai vu toute cette matinée là.
Puis, l’après midi aussi parce qu’on n’envoie pas « ad patres » une fumée comme ça, bêtement.
Non, il faut en plus se tenir droit.
Essayer de parler sans chevroter ni fondre en larmes.
Et ce n’est pas si facile quand la gorge hésite entre la sensation d’étranglement et celle d’avoir une pomme de terre de deux kilos coincée derrière la pomme d’Adam.
Non, non… Ce n’est pas si facile.
Le pire ?
Eh bien le pire c’est que quoique ce ne soit pas la première fois qu’une personne aimée s’échappe ou m’échappe, je ne sais trop, elle m’est arrachée, c’est tout et je ne m’y habitue pas.
D’ailleurs, cette propension à se tirer dans la mort des personnes auxquelles je suis attaché m’inquiète…
Ça semble égoïste, comme ça au premier abord.
Au « deuxième rabord » dites vous que les personnes que vous aimez se foutent complètement de la peine que nous a causée leur mort.
Tout ce qu’on aura pu tenter pour eux avant, c’est faire en sorte que leur mort soit douce et qu’elles abandonnent enfin un combat qu’elles savaient perdu d’avance.
Les convaincre qu’elles ne nous abandonnent pas, mais seulement qu’on n’a pas su les retenir serait déjà beau…
Cette nuit encore, alors que la lumière de mes jours peinait à dormir à cause de la chaleur, je me suis réveillé en sursaut, quasiment les larmes aux yeux, malheureux comme les pierres sans que la raison m’en apparaisse clairement.
J’ai posé la main sur Heure-Bleue et me suis rendormi.
Ce matin, je me suis réveillé avec la sensation d’être vieux comme les chemins.
J’ai dit à Heure-Bleue que j’avais été réveillé cette nuit pas une terrible impression de chagrin.
Elle m’a dit « Tu sais, minou, tu rêves souvent de choses comme ça, des fois tu pleures… »
Pourvu qu’elle ne meure pas, elle aussi…
Alors les roses blanches, hein, vous comprenez…
06:48 | Commentaires (18)
dimanche, 01 juillet 2018
Taxi driver.
Non non non ! L’arrivée d’Uber sur le marché aux esclaves n’a modifié en rien la mauvaise habitude des taxis de tenter de gruger celui qui règle la facture.
Il y a néanmoins un progrès.
Votre chauffeur daigne maintenant vous mener là où vous voulez aller.
Et ne vous écriez pas « Ben c’est normal ! C’est un taxi, quand même ! »
Vous avez sans doute oublié, lectrices chéries, l’époque où, quand un taxi voulait bien vous faire l’honneur de vous laisser vous asseoir sur sa banquette, c’était pour le rapprocher de chez lui, l’accompagner à son restaurant, lui tenir compagnie jusqu’au garage.
Si votre destination ne collait pas avec la sienne, il vous laissait en plan sur le bord du trottoir.
Aujourd’hui, la concurrence féroce instaurée par une entreprise étrangère soumise à un droit qui n’est pas le nôtre force le « Taxi parisien » à se montrer un peu plus compréhensif vis-à-vis du client.
Hélas, les mauvaises habitudes ont la vie dure.
J’en veux pour preuve l’examen de ce que la Sécu appelle « Mon compte AMELI ».
La Sécu, toujours à l’affût d’économies, a constaté que maintenir un patient à l’hôpital coûtait un bras.
Assez étonnamment, les frais d’hôtellerie ont fâcheusement tendance à dépasser le coût des soins alors que la qualité de la literie, du « room service » et des repas ne sont pas à la hauteur des tarifs pratiqués.
Les services ambulanciers ayant la mauvaise habitude de pratiquer des prix voisins de ceux des « chauffeurs de grande remise », il fut décidé de remplacer ces derniers, lorsque c’était possible, par des taxis.
Comme vous le savez, j’eus droit à un étripage il y a peu.
Les conseils de l’hôpital m’ayant expliqué les risques courus à l’aller et au retour, je pris soin de ne pas agrandir le trou de la Sécu en me satisfaisant d’un taxi.
Heure-Bleue et moi sommes donc montés un mardi matin dans un taxi qui ne fut pas à l’heure.
À l’arrivée à l’hôpital, le compteur indiquait 23 €.
Le soir, la lumière de mes jours et moi sommes montés dans un taxi appelé par l’hôpital.
Le compteur, arrivé en bas de la maison, indiquait environ 22 €.
Que croyez vous qu’il arriva, lectrices chéries ?
Eh bien, mes deux cochers, pour des courses à Paris intra muros, ont facturé plus de 85 € !
Le trou de la Sécu est activement creusé par un tas d’artisans choisis, si ce n’est pour le boucher, du moins pour ne pas l’approfondir…
Damned ! Encore raté ! Comme disait ce salaud de Zantafio dit « général Zantas »…
09:56 | Commentaires (12)
vendredi, 29 juin 2018
L’écrit va scier…
Depuis deux jours, Heure-Bleue me lit quelques phrases de son bouquin.
Elle doit avoir peur que j’aie du mal à m’endormir…
Hier soir, elle m’a lu une phrase particulièrement mal foutue.
Une phrase pleine de mots dont le but était évident : Montrer que l’auteur disposait pour la vie courante d’un vocabulaire de plus de deux cents mots.
Oh ça ! Il a du vocabulaire, le type.
Mais bon dieu qu’il écrit mal. Même moi je m’en rends compte.
Intrigué tout de même, je suis allé à la pêche aux renseignements sur ce prolixe tartineur.
Il a quelques peaux d’âne.
Principalement en un domaine où il a enseigné.
Ça explique probablement l’échec de toutes les tentatives d’éradiquer le chômage…
Je ne vois que ça pour le pousser à changer de voie parce que bon, un accident de la circulation pousse à conduire prudemment, à visiter les bancals à Garches, à militer pour l’abandon de la voiture au profit du canapé, pas à montrer au lecteur qu’il aurait mieux fait de choisir un autre métier que l’écriture.
A écouter Heure-Bleue qui m’en lit une phrase de temps à autre, je sais pourquoi je préfère entamer un bouquin de Balzac qui était un écrivain, lui…
Même Chateaubriand, qui réussit à être parfois particulièrement ennuyeux en était un aussi.
Je suis sûr que ce type se regarde écrire et pense « P… ! Mais qu’est-ce que je suis bon ! Pfff… tous ces mots que je réussis à caser dans une phrase inutile ! ».
Cela dit, ça finit par en être drôle et l’enflure de certaines des phrases que me lit la lumière de mes jours m’a fait rire.
J’en viens à me demander s’il n’a pas pompé sur les aventures « Spirou et Fantasio » Oui, lectrices chéries, cet écrivassier réussit à pondre le genre de phrase qui sort habituellement de la bouche du maire de Champignac.
Je suis bien content d’avoir acheté autre chose quand on est allé à la FNAC.
Mais qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête d’Heure-Bleue ?
Ce bouquin n’est pas cher mais franchement, il ne vaut pas plus…
Vivement qu’elle l’ait fini, que je puisse lire tranquillement le mien.
Quand la lumière de mes jours lit un lit bien écrit et intéressant, elle ne dit rien.
Elle lit.
Alors je peux lire…
Cela dit, je dois avouer qu’après l’avoir entendue me lire cette phrase particulièrement alambiquée, j’ai dormi profondément huit heures d’affilée.
C’est pourquoi vous me voyez ce matin frais et dispo, prêt à aller déjeuner avec des amis et voir avec eux une expo sur Eugène Carrière…
08:48 | Commentaires (6)
jeudi, 28 juin 2018
L'Amérique, l'Amérique ! Bon, elle m'a eu...
Il y a des années –ça y est, papy radote…- je suis allé passer un moment aux États-Unis.
Un assez long moment, en fait.
Pendant plus d’un an et demi j’ai laissé derrière moi l’amour au profit de problèmes tout aussi délicats.
La première fois que j’y mis les pieds, ce fut au mois de mars 1983.
Le printemps montrait son nez ici.
Paris commençait à se vêtir des atours qui attirent le touriste.
Des havres de verdure insoupçonnés se découvraient derrière des porches habituellement fermés dont on pensait qu’ils ne cachaient que des poubelles posées sur des pavés inégaux.
Mon moral de frileux se réchauffait à l’idée que l’hiver était enfin terminé.
Je dis « enfin » car les hivers sont toujours trop longs…
Mon patron préféré, celui qui me versait chaque mois de quoi renflouer les caisses d’un État perpétuellement impécunieux, me confia alors la mission délicate de ne pas donner de la boîte une impression fâcheuse de « jemenfoutisme » dans l’esprit du client et si possible de faire en sorte que ce qui fut vendu corresponde enfin à ce qu’avait acheté le client.
Encouragé par le printemps naissant et oubliant des détails climatiques, je partis.
J’étais malheureux de laisser derrière moi ceux que j’aimais et en même temps assez curieux de ce que j’allais trouver là-bas.
Ce mois de mars s’annonçait délicieux et doux.
Je mis donc mon costume dit « premier communiant », celui qui me permettait d’avoir l’air innocent comme le fameux agneau.
Nanti d’un passeport dont j’étais assez fier qu’il portât le tampon « Indefintely » sous la mention « valid until » je pris le vol Paris-Detroit qui convenait au rendez-vous.
Las… Arrivé tout près de l’aéroport, les ailes du B-747, une véritable montagne de ferraille, se couvrirent de glace et l’avion dut s’y reprendre à deux fois pour toucher le sol sur ses roues et pas en tombant.
C’eut été dommage car tomber dans le lac Erié au mois de mars quand on est frileux…
J’ai l’habitude faire confiance à la mécanique, malgré la mésaventure du Titanic, mais un autre point me tracassait : Le froid.
J’avais raison.
La veste de mon costume me protégeait du climat à peu près autant que « tu ne voleras point » protège du pick-pocket.
Le pire était à venir. Le taxi m’emmena à l’hôtel sans problème mais pour assez cher.
Je dormis plutôt mal à cause du décalage horaire. Au moment où j’aurais dû être réveillé je ramais dans le pâté.
Je m’habillai, mis mon costume de premier communiant et sortis pour attendre celui qui venait me chercher.
Je me suis avancé vers la route sur le trottoir enneigé.
Hélas, à Detroit les routes sont empruntées par des camions monstrueux et pour éviter qu’ils ne finissent dans les boutiques, les trottoirs sont terriblement hauts.
Je m’en suis aperçu en approchant de la route. Mon pied s’échappa quasiment seul, comme doté d’une vie propre.
Je me suis retrouvé enfoncé jusqu’aux genoux dans une gadoue innommable et pas même gelée car composée d’autant de gas-oil que d’eau et de neige.
Je fus obligé d’acheter dans le hall de l’hôtel des chaussures et quelques hardes sur le champ.
Je me demandais alors quelle idée saugrenue les Américains avaient eu d’écrire sur leurs billets « In God We Trust ».
Je le sais maintenant, c’est parce que « Others pay cash »…
07:50 | Commentaires (6)
mardi, 26 juin 2018
Finalement, j’ai mené une vie de chat tôt.
De rien Mab, de rien…
La lumière de mes jours m’avait demandé dimanche dernier « Si tu me croisais aujourd’hui, tu me draguerais ? »
Je n’avais pas été surpris car je sais qu’Heure-Bleue est dotée de ce grand courage qui pousse à poser des questions qu’on évite de poser passé vingt ans.
Je m’étais bien gardé quant à moi de poser ce genre de question car ma mémoire est encore assez vive pour que le souvenir de ce que je vois dans la salle de bain me pousse à garder pour moi ce genre de question…
Hélas, Anita qui n’a plus de blog et c’est dommage car j’aimais bien les histoires de « Fauvette » me demanda ce dimanche « Et toi tu lui poses cette même question ? » Elle le demanda sur un ton que je pris sur le moment pour un ton genre « T’es pas cap ! »
Abandonnant toute prudence, j’ai donc demandé hier à Heure-Bleue :
- Si je te croisais aujourd’hui, tu me draguerais ?
- Ah mais non, Minou !
Effondré je fus jusqu’à ce qu’elle dise.
- Je ne t’ai pas dragué, c’est toi qui m’as draguée !
- Bon, alors ?
Elle m’a regardé.
La garce ! Elle a un de ces regards ! Comment… Bref.
- Mais je me laisserais draguer par toi, Minou…
Puis elle ajouta :
- Et même je t’épouserais encore.
Même si j’ai douté pour la dernière phrase, j’ai été soulagé sur le champ.
Néanmoins deux informations m’avaient été sur le champ confirmées d’une seule phrase :
La première est que la lumière de mes jours est aussi cinglée que moi.
La seconde est que les années n’ajoutent pas un poil de jugeote à qui que ce soit.
08:39 | Commentaires (7)