jeudi, 16 août 2018
C'est la saison des cyclones...
Tornade arrive demain.
J’ai déjà les pieds qui s’usent…
Bon, j’échappe à Cluny, ce musée qui est passé de l’état de ruine médiévale à l’état de ruine médiévale sous verrière, c’est déjà ça.
Il semblerait que je doive accompagner mes deux commensales au jardin de Bagatelle.
Je suis passé des milliers de fois sur le pont de Puteaux et emprunté autant de fois le boulevard Richard Wallace, oui, celui des fontaines Wallace.
J’ai toujours vu le jardin de Bagatelle depuis le boulevard et jamais je n’ai eu envie d’y entrer.
Après avoir traversé tant de fois la roseraie de Portland, je dois dire que les roses me sortaient un peu par les yeux.
Mais comme je suis un chouette copain et un gentil mari, j’irai m’emm… nuyer samedi après-midi à Bagatelle.
L’avantage c’est qu’il suffit de passer à Saint Lazare et de prendre le 43 qui nous y amène directement.
Puis, quand on rentrera, je préparerai à Tornade un vrai quatre-quarts, le truc de breton, le vrai.
Peut-être que je lui déboucherai une bouteille de cidre, ça devrait bien aller avec.
En revanche, l’idée d’acheter chez Pou de quoi manger froid me tente assez.
Ils ont un jambon à l’os fort appétissant.
Bon, ce n’est ni casher ni hallal mais comme on se fout complètement de toutes ces histoires…
Je ferais bien malgré tout une purée comme la faisait ma mère.
Ma mère était étrange, indiscrète, envahissante et insupportable mais elle faisait une purée quasiment aussi bonne que celle de Robuchon.
Heureusement, elle n’a jamais essayé de la faire comme Mr Robuchon, elle aurait remplacé le beurre par de la margarine Astra.
« Tu prends bien Astra, hein mon fils, les autres sont pleines d’eau, ça saute quand on fait chauffer ! »
Bref, ça me dit assez de faire un dîner comme ça.
J’ai déjà préparé le hors-d’œuvre, de petits feuilletés roulés.
Une couche de pâte feuilletée tartinée de moutarde, une couche de jambon, une couche de gruyère, on roule on met le tout au four thermostat 7 pendant une petite demi-heure.
Pour le cholestérol, c’est pas top mais pour la gueule, ça va.
Puis le jambon à l’os avec la purée maternelle.
On clôt avec le quatre-quarts et le cidre.
Ça devait aller…
10:59 | Commentaires (9)
mercredi, 15 août 2018
L'écrit va scier !
J’avais la crève.
J’ai failli me plaindre puis je me suis souvenu que ma cousine et Mab étaient mortes il y a peu.
Alors je me suis dit que je me plaindrai une autre fois.
Un peu de pudeur ne nuit pas.
Ce n’est pourtant pas l’envie de me plaindre qui me manque.
Et j’ai de quoi…
Pensez, lectrices chéries qu’un drame familial a failli se nouer qui ne fut évité que par ma distraction.
Je suis allé me laver les dents et, sans faire attention, dans un réflexe altruiste inattendu j’ai jeté le tube de dentifrice vide.
La chose paraît évidente mais songez, lectrices chéries que parmi nos petits jeux de mariés depuis longtemps, il y en a un qui consiste justement à presser le tube de dentifrice jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une miette de dentifrice.
C’est là que le drame se joue.
La suivante car je fais tout pour que ce soit Heure-Bleue la victime, d’abord je n’en ai pas d’autre à ma disposition, prend le dentifrice.
Puis, voyant apparaître une miette de dentifrice, jubile intérieurement en se disant « Yahooo !!! Je l’ai eu ! C’est lui qui va changer le tube, jeter vieux, jeter l’emballage du neuf et pester parce qu’il va devoir aller tout nu à la cuisine en passant devant la fenêtre ! »
Hélas pour elle, il n’y a pas assez de dentifrice au fond du tube.
Je ricane en la regardant presser en vain le tube.
Elle finit par « Et m… ! »
Puis « Minou ! C’est pas bien ce que tu fais ! »
Je n’ai plus qu’à attendre qu’elle aille à la cuisine et passe, seins nus devant la fenêtre.
Hélas donc, emporté par un élan de jugeote inattendu chez moi, j’ai changé le tube, jeté le vieux et l’emballage du neuf.
Notre théâtre a du coup joué « Relâche » à guichets fermés…
Alors j’ai allumé la radio.
J’écoute Bashung avec ravissement.
Il chante « La nuit je mens ».
Et à l’écouter car je l’écoute, je ne me contente pas de l’entendre, je me fais une fois de plus une réflexion que je me fais depuis des décennies.
Bientôt six.
Oui six car j’ai attendu d’avoir une quinzaine d’années pour me la faire.
Bientôt six décennies que je me dis que la poésie est un art difficile.
Bien plus que l’écriture.
Pour tenter la poésie, faut être bon ou inconscient.
Apparemment, le monde foisonne d’inconscients.
Ou d’imprudents car la prudence commanderait de se relire.
Et l’objectivité d’effacer illico ce qu’on vient d’écrire.
Ecrire est beaucoup plus simple, il suffit de savoir écrire.
Et encore pas toujours d’après ce que je lis parfois.
Il faut évidemment avoir quelque chose à dire.
La poésie, c’est autre chose.
Il faut bien sûr avoir quelque chose à dire.
Il faut surtout avoir quelque chose à ressentir.
Il faut savoir le faire ressentir.
Il faut savoir faire partager une vue différente de ce qui nous entoure et qu’on voit de travers. Qu’on ne voit pas comme tout le monde.
Savoir regarder le monde de côté, ou de dessus, ou de dessous.
Enfin d’ailleurs.
Et savoir dire ce que l’on voit.
Nombreux sont ceux qui s’y essaient.
Encore plus nombreux sont ceux qui se cassent la gueule…
12:03 | Commentaires (4)
mardi, 14 août 2018
Le livre de ma mère...
Mercredi c est le 15 août.
Bon, en vrai, ce n’est pas que le quinzième jour du mois d’août, c’est celui de l’Assomption.
J’ai remarqué depuis des années que l’Assomption s’est transformée en « 15 août » et les processions en embouteillages.
Ça n’avance pas plus vite, juste ça fait plus de morts.
Ce qui finalement couche assez bien avec cette affaire de « Dormition ».
En réalité, depuis que ma mère est morte, je ne pense plus qu’accidentellement à ce genre de choses.
Je n’y pensais déjà que très peu lorsqu’elle était vivante, j’avais été guéri de toutes ces histoires par un séjour chez les dingues.
Je lui mentais avec aplomb le jour du Vendredi Saint car, comme souvent, le sandwich dit « jambon-beurre » faisait office de déjeuner et bien entendu, en rentrant à la maison, quand par hasard elle était là, j’avais droit à « Tu as « fait maigre » au moins mon fils ? »
C’est en ces occasions que j’ai appris que l’on peut mentir mais à deux conditions :
- Que ce soit sans dommage pour quiconque.
- Le faire avec aplomb.
Je m’étais néanmoins fait sermonner quelques fois de mon impiété.
Le dieu de mon père s’en foutait allègrement.
Ma mère était plus prudente.
Elle avait, dicté par la prudence, un côté cauteleux vis-à-vis des bondieuseries.
Quand je manquais aux devoirs hypocrites de la religiosité, ce qui la gênait, ce n’était pas d’avoir offensé un bon dieu dont ma mère semblait penser que c’était un brave gars mais plutôt mollasson.
Sympa le type, certes, mais faiblard.
Ce qui la gênait plutôt, c’était que la prunelle de ses yeux –moi- pût avoir couru le risque de se trouver face au diable une fois ma dernière heure venue.
En Berrichonne avertie, ma mère croyait plus au diable qu’au bon dieu.
Et selon elle, le diable, c’était du costaud.
Pas un « Père qui êtes aux cieux » gentil, plein de bonté, d’amour qui parlait de pardon et autres gaudrioles finalement inutiles au maintien de l’ordre dans un monde en perpétuel bordel.
Bordel surtout causé, d’après ma mère, par ses enfants.
Non, non, non lectrices chéries ! Pour ma mère, le diable c’était un client sérieux.
Un vrai méchant, un qui vous cramait pour l’éternité à la première connerie.
La plus vénielle, voler le croûton du pain frais par exemple, vous valait une surchauffe fessière censée présager le cramage final.
Si ça se trouve, vu le nombre de pécheurs, le réchauffement climatique, c’est lui…
C’était quand même un type qui venait vous tirer par les pieds pendant votre sommeil, histoire de vous faire regretter d’avoir bouffé en douce une cuillerée de confiture en montant sur une chaise.
Ou pire, avoir piqué un franc dans le porte-monnaie maternel pourtant d’accès peu aisé...
Elle a continué comme ça longtemps ma mère, persuadée qu’une bonne mère ne doit surtout pas s’occuper de foutre la paix à son fils.
Pourtant, un moment dans mon enfance, j’avais écouté avec attention l’histoire sainte chez mes fondus. Déjà intéressé par les sciences, cette histoire de feu qui prenait sans allumettes.
Déjà cette histoire de buisson ardent m’avait intrigué qui préfigurait les mélanges hypergoliques.
Non que je fusse crédule mais cette affaire me turlupinait et je me demandais bien par quel miracle, la chose pouvait ainsi s’enflammer.
Puis je l’oubliai jusqu’à l’adolescence où, en quelques occasions elle me revint à l’esprit.
Je fus alors forcé de constater que cette affaire de buisson ardent n’avait été à l’époque qu’une erreur d’interprétation de ma part.
En y réfléchissant plus tard, l’idée que c’était la révélation du dieu éternel et unique qui fait marcher le monde à coups de buissons ardents, n’était finalement pas si fausse…
08:33 | Commentaires (4)
lundi, 13 août 2018
Quand une bouffée d’occis gêne…
On a remonté la rue jusqu’à la place des Abbesses.
Il faisait bon.
Comme toujours nous avons regardé les gens le long du chemin qui allaient calmement comme il sied un dimanche et que l’on traîne dans son quartier.
Nous nous sommes arrêtés dans un café, Heure-Bleue à choisi un « Perrier-rondelle » et moi une bière, ce qui est rare.
Cette bière était délicieuse et fraîche.
Nous avons passé sur cette terrasse un moment délicieux et pendant ce temps là nous avons oublié toutes les mauvaises nouvelles qui nous assaillent depuis quelque temps.
Les gens qui nous manquent régulièrement ne nous ont pas manqué le temps de ce moment passé à converser en regardant les passants.
Heure-Bleue avait affirmé que « Pain-Pain » serait fermé.
« Tu penses bien que ses clients étant partis en vacances, ils ne vont pas ouvrir la semaine du 15 août… »
Ma sorcière rousse à la prévision de plus en plus aléatoire.
Ouaip ! « Pain-Pain » était ouvert !
J’en suis sorti la baguette sous le bras, comme il convient à tout Parisien de souche.
J’ai écouté Heure-Bleue jusqu’au marchand de fruits qui tient commerce près du croisement de la rue Burq.
Nos emplettes faites, nous avons repris notre retour en pente douce vers chez nous.
Un moment, la lumière de mes jours me serre le bras et lâche :
- Minou, si tu avais quelques années de moins, tu avais toutes tes chances avec la nana, là…
- La maigrelette claire, là avec le mec très brun ?
- Je me disais aussi, elle ne t’a pas échappé…
- Oui, ces années de trop, c’est un problème…
Mais le chemin fut agréable, le temps doux.
Enfin… Doux pour moi, trop chaud pour Heure-Bleue.
Un moment, elle m’a dit :
- Je n’ai toujours pas digéré la mort de Mab.
- Moi non plus, ni celle de Süzel.
La lumière de mes jours a soupiré…
- Moi non plus je n’ai pas digéré la mort de ta cousine.
On a secoué la tête pour chasser tous ces mauvais nuages et nous avons continué notre descente vers la maison.
D’autres pensées sont venues, pas très gaies non plus.
Les unes en passant le long du cimetière.
D’autres en passant devant l’hôpital Bretonneau qui, d’hôpital pédiatrique est devenu hôpital gériatrique, autrement dit mouroir de luxe.
On n’y est pas mieux traité qu’ailleurs, seulement pour plus cher.
Contre toute attente, nous étions redevenus plutôt joyeux en arrivant à la maison.
Ça doit être ça, l’optimisme.
13:01 | Commentaires (4)
samedi, 11 août 2018
L’émoi d'été.
De rien…

Hier, il faisait beau et relativement frais.
Mais ce n’est pas pour vous parler de la pluie et du beau temps que je vous écrivais, lectrices chéries.
C’est pour vous entretenir de mille choses sans importance mais de celles qui meublent tout de même un après-midi de promenade.
Heure-Bleue et moi sommes partis bras dessus-bras dessous vers le Louvre.
Nous nous sommes arrêtés à la FNAC Saint Lazare pour acheter un livre absolument indispensable puis nous avons continué jusqu’à la rue Auber et pris le bus jusqu’à la Comédie Française.
J’aime bien le musée des Arts Déco et j’y vais toujours avec plaisir.
Ses collections permanentes sont attachantes quoique plutôt quelconques et j’y vais surtout pour ses expositions.
Les dernières fois que j’y étais allé, j’étais resté béat devant des laques, notamment ceux de certains carrosses des XVIIème et XVIIIème siècles.
Ces temps ci, c’est un personnage qui est à l’honneur.
Cieslewicz.
Roman Cieslewic est exposé au troisième étage du musée.
Je connaissais vaguement le dessinateur pour des arrangements du portait du « Che » et hier j’ai trouvé drôle de voir exposé dans un symbole de la monarchie absolue de droit divin l’œuvre d’un graphiste communiste…
Ça m’a rappelé mes années soixante et soixante-dix.
Celles du « communisme dilué » qui prouve qu’en les arrosant suffisamment, les convictions s’amollissent…
Je trouvais Topor plus convaincu et je préférais son humour désespéré.
Je portais le livre car les petites mains de la lumière de mes jours s’épuisent facilement et surtout, comme elle a toujours trop chaud, ça lui donne toujours une bonne raison pour dire, en me tendant un fardeau quelconque « Minou, j’ai chaud, je commence à avoir les mains moites, tu veux bien porter mon livre ? »
Toujours papotant, nous nous sommes fait la réflexion que nous ne serions jamais des propriétaires.
Elle avait commencé par :
- Tu sais Minou, c’est ça le problème…
- Hmmm ?
- Si j’ai besoin de chaussures et envie d’un livre, c’est le livre qui gagne.
- C’est pareil ma Mine, si j’ai une chemise en ruine et envie d’un disque, j’ai toujours choisi le vinyle…
Bref, nous finirons pauvres et ayant perdu le reste mais nous aurons toujours vécu entouré de choses que nous aurons choisies.
09:38 | Commentaires (8)


