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lundi, 25 juin 2018

La disparition.

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Il ne reste plus que « e, i, o, u, y ».
Peu doué pour « l’oulipo » je tente tout de même, les défis ne me rebutent en rien.
C’est une témérité peu fréquente chez les peu musclés, c’est celle des forcenés de l’exercice lexicologique.
Comment voulez-vous lectrices chéries que je vous conte une histoire quelconque si une voyelle des plus utiles n’est plus permise ici ?
Je pense qu’on nous tend un piège.
Une des plus éminentes de nos blogueuses, une des plus lues du Web veut qu’on écrive des choses que, je le pressens, nous regretterons sous peu.
Décidément, notre professeur se montre de plus en plus pervers !
Bref, je ne vois plus l’intérêt de dire quoi que ce soit ici si une de nos lettres nous quitte en douce, si une voyelle se voit défunter…
Que voulez voulez-vous qui sorte d’un stylo immobile ?
Que voulez-vous qui sorte d’un ensemble de touches de polyéthylène ?
Que voulez-vous tirer d’une cervelle vidée d’un contenu  souvent inutile ?
Je suis désolé professeur ! Cette fois-ci il vous reste le choix d’écrire vous-mêmes ce que vous voulez lire.
Cette histoire est brève, je m’en rends compte.
De plus elle est un peu inepte.
Bon, « en même temps » comme dit un président, c’est lundi, hein…

dimanche, 24 juin 2018

Le mariage c'est trop beau, heureusement on s’enlace…

De rien Mab, de rien

Je ne sais plus de quoi nous parlions hier en revenant d’une expédition au marché de l’Olive.
- Minou ! 
- Oui ?
- Si tu me croisais aujourd’hui, tu me draguerais ?
Je l’ai regardée.
Elle a les yeux un peu moins verts aujourd’hui qu’il y a… tout ça.
Mais toujours très vifs.
Surtout quand elle est en colère.
Je me suis surtout aperçu que malgré le passage des années elle me tentait toujours.
Mais pas que ça.
Aussi pour cette espèce de fusion créée par tout ce temps passé ensemble, dans les épreuves ou les bonheurs.
Pour les partages et les dons.
Pour la communauté de pensée malgré les divergences qui pimentent la vie et animent les disputes.
Alors j’ai répondu : 
- Oui ma Mine, je recommencerais.
- C’est vrai ?
- Hon hon. Bien sûr…
Elle a eu l’air un peu satisfait.
J’ai réfléchi un instant comme ça m’arrive trop rarement.
Et je me suis dit que cette fois ci, elle ne tomberait pas dans le panneau.
Elle me connaît depuis si longtemps que je crains bien qu’elle ne soit au fait de toutes les ficelles de mon métier de baratineur…
D’ailleurs, je me rappelle une fois où, pour je ne sais plus quelle raison à l’une de ses remarques, pourtant anodines, emporté par mon élan et de vieux réflexes acquis tout au long d’une vie d’observations, j’avais répondu je ne sais quoi d’une voix plus douce que de coutume.
Elle m’avait alors jeté « « Ah non ! Toi le séducteur, n’essaie pas ça avec moi ! Je te connais ! Tu devrais plutôt essayer ça sur … »
Puis elle s’était ravisée avait ajouté « Non, il ne vaut mieux pas, sinon… »
Heureusement, hier soir elle ne s’est pas souvenue de cette histoire...
Déjà qu’elle ne ferait pas une affaire avec moi, il ne manquerait plus qu’elle se mette à réfléchir à ce que serait la vie sans moi et qu’elle s’aperçoive qu’avec moitié moins de boulot ce ne serait  pas plus mal.


samedi, 23 juin 2018

Voilà pourquoi Emilia-Celina.

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Emilia-Celina me posait une question.

Le genre de question que je déteste parce qu’elle me force à réfléchir…
Effectivement, Heure-Bleue et moi avions toujours vécu à Paris, nous y étions même nés alors nous l’aimions.
Puis, en 1987 nous avons quitté Paris pour Chatou.
Heure-Bleue se la joue en disant « mais non, on peut vivre ailleurs, voyons, Minou… »
C’est juste qu’elle a oublié qu’à peine logés à Chatou, chaque fois que nous sortions, c’était pour aller à Paris…
Trois ans plus tard, l’Ours passait le bac, tous les jours, du moins quand j’étais en France, je l’amenais au lycée à Paris.
Un soir d’après bac, des amies de l’Ours sont venues à la maison à Chatou.
Peu de temps après, nous avons voté pour savoir où habiter.
Avec un score de 100%, mieux que chez Staline ou Erdogan, nous choisîmes Paris.
Bien sûr que j’ai toujours aimé Paris, Emilia-Celina.
Mais quand on est plus jeune on aime sans y prendre garde.
La vie nous mène.
Les études, les amours puis, le temps passant, le travail, les enfants.
La vie, en somme.
La vie comme je l’ai vécue, m’a fait traîner le monde, voir des cultures différentes, se mettre à apprendre voire comprendre d’autres langues plus ou moins exotiques.
Elle m’a fait voir des pays dont je ne soupçonnais même pas qu’on pût y vivre comme on y vivait et m’a fait me mettre à leur diapason.
Malgré tout, je n’ai jamais oublié que Paris, c’était chez moi.
Maintenant que je suis –à peine- moins jeune, j’aime Paris mais plus attentivement.
Je me rappelle les pays où j’ai traîné.
Je garde la conviction que l’on est bien et entouré de beauté que dans les vieilles capitales européennes.
Mais surtout que la plus belle ville que je connaisse reste « la mienne ».
Même dans ses quartiers les moins reluisants.
Il arrive bien sûr, en traversant certains coins, de souhaiter discrètement qu’un « 11 septembre » vienne retirer de ma vue des tours que j’aurais bien vues ailleurs qu’en train de gâcher la perspective d’une avenue.
Malgré tout, même dans le bas du côté Nord de la butte Montmartre, je considère avec affection ces coins peu recommandables passé huit heures du soir.
Bon, c’est parce que j’y suis habitué depuis mon entrée à l’école maternelle.
Je dois dire malgré tout qu’un soupçon d’embourgeoisement me fait préférer la rue Turgot ou la rue Lamartine à la rue Boinod ou la rue du Nord…
Mais tant de choses me lient au XVIIIème arrondissement, du boulevard Ney au boulevard de Rochechouart.
Ça descend même jusqu’au boulevard de Bonne-Nouvelle.
Plus bas encore, jusqu’à la Seine, le quartier du Marais, l’Hôtel de Ville et toutes les rues alentour.
Et puis, pendant l’âge estudiantin, le Quartier Latin, le Jardin des plantes.
Toutes ces rues où on a vécu et où flâner des décennies après fait l’effet si délicieux de ces parfums qui caressent le nez et vous serrent le cœur en vous faisant revivre des instants enfuis.
Il m’arrive, ça doit être l’effet des années, qu’en passant dans une rue, sur une place, devant un bistrot, mon cœur bat plus fort, ma poitrine se serre, ma gorge un peu aussi.
Je serais bien incapable de dire si c’est parce que je suis heureux ou malheureux, les effets sont parfois si proches pour deux sensations opposées…

 

vendredi, 22 juin 2018

Certaines gourmandises m'empêchent de m'aigrir.

Hier, en revenant du déjeuner, nous avons accompagné notre amie au métro « Rue Montmartre » qui a changé de nom pour « Grands Boulevards », quelle idée...
Puis nous sommes repartis avec l’idée d’aller vers l’Opéra en passant par la rue des Petits Champs.
Pourquoi ça ?
Parce qu’Heure-Bleue voulait des pivoines blanches.
Celles que nous avions trouvées et qui l’avaient enchantée.
Des vraies, des normales « des qui sentent ».
Des pivoines vivantes, qui perdent leurs pétales flétris quand elles meurent.
Pas de ces fleurs qui sentent le pétrole, se racornissent et se momifient sur leur tige sans jamais laisser tomber un pétale sur le sol.
Nous y sommes donc allés du pas du promeneur.
Notre premier arrêt fut place de la Bourse où nous avons pris un café dans « ce café où il y avait un grand comptoir et où je prenais mon croissant le matin, tu te rappelles Minou ? »
Bien sûr que je me rappelle… Comment pourrais-je oublier ?
C’est juste à côté d’un bistrot disparu depuis longtemps, « La Une » où on déjeunait pour 8,00 F.
Je ne me rappelle aucun des plats.
Seulement la lumière de mes jours, montant les escaliers devant moi, vêtue d’une minijupe qui la déshabillait si bien…
En passant devant la rue Chabanais nous n’avons pas pensé un instant à Viollet-le-Duc mais à une maison close.
À dire vrai, cette rue, chaque fois que j’en vois la plaque me rappelle Edouard VII.
Vous vous demandez sûrement, lectrices chéries, pourquoi je pense à Edouard VII quand je passe devant la rue Chabanais.
Eh bien parce que d’une part j’ai l’esprit mal tourné et que je sais qu’elle fut célèbre pour la maison close qui y faisait commerce de charmes aujourd’hui éteints.
D’autre part et surtout parce que j’ai aussi l’esprit licencieux et que cette rue rappelle  cette exposition au musée d’Orsay, « Splendeurs et Misères » et ce « Fauteuil de volupté » conçu spécialement pour que Sa Majesté pût enfin « jouir sans entrave » comme disaient les murs de Mai 1968…
Nous avons continué, nous arrêtant devant la gargote japonaise qui parfume son coin de trottoir à l’angle de la rue Saint Anne.
Nous arrêtant aussi devant cette boutique pleine de petites choses superbes et hors de prix.
De celles qui prouvent bien que ma vocation de fils de riches a été gâchée par mes parents.Bref, où que je me balade à Paris, il y a toujours quelque chose qui me traverse l’esprit et qui n’a qu’un rapport lointain avec l’endroit où je suis.
C’est vrai, non ? Quel rapport avec les pivoines ?
Peut-être une histoire de minijupe plissée en écossais dans les tons rouges et l’émission « Mystère, mystère… » qui allait si bien avec.

mardi, 19 juin 2018

Que la lumière soit...

Savez-vous, lectrices chéries, que chaque jour je bénis la chance d’avoir trouvé cet appartement.
Pas pour l’immeuble, qui est agréable.
Pas pour les voisins, qui sont charmants.
Pas pour le « syndic » dont la voix de la standardiste est à tomber et me pousse au badinage.
Pas pour les boutons de l’ascenseur qui sont fantaisistes.
Pas pour le collège, qui fait souhaiter le rétablissement des châtiments corporels.
Surtout les plus cruels…
Pas seulement pour ce que je vois, le coin de la rue à peine tourné.
Non, lectrices chéries, pas pour tout ça.
Pour tout ça aussi mais surtout pour ce que j’ai regretté depuis que j’ai laissé ce quartier pour le Marais.
J’avais cru l’avoir perdu pour toujours.
Eh bien non.
C’est exactement comme quand j’ai tristement quitté ce quartier il y a maintenant cinquante-deux ans.
Exactement pareil.
Bien sûr j’avais laissé des tas de souvenirs par ici.
Mais surtout j’avais abandonné une lumière qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
Celle de Saint Jean d’Acre, avec ces airs de ciels d’Italie, est magnifique bien sûr.
Celle du port de  Kowloon, tournée vers l’est, dorée le matin quand elle rase l’océan.
Celle de Cannon Beach, où la lumière du soleil qui plonge dans le Pacifique est inoubliable.
Et bien d’autres, celle de Venise, plutôt nostalgique car une lumière peut être nostalgique.
Celle étrange de Copenhague en hiver, mais j’ai l’impression que c’est toujours l’hiver, là-bas.
Des tas d’autres.
Pas une ne m’émouvait comme celle-ci.
Bon, à dire vrai c’est la seule lumière qui me fait me sentir vraiment chez moi.
Je repasse, comme une vieille leçon, les années passées dans le bas de Montmartre.
Et je la connais par cœur , cette vieille leçon, c’est celle qui m’a enseigné que ce qui est important est d’être éclairé par un jour qui éclaire son âme aussi bien que les toits.
Que ce qui est vraiment important est ce qui fait tressaillir, ce qui fait soupirer, rêver, rend sûr que demain sera plus beau qu’aujourd’hui.
Même s’il fait mauvais ou que la vie est troublée.