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vendredi, 03 août 2018

La fièvre monte à el pageot

De rien, c'est juste pour lui dire...
Bon, il est temps que je retourne chez le médecin et qu’il trouve un traitement efficace.
Je sens que d’ici peu, celle qui de temps en temps m’appelle « mon Bibelot » va succomber à la tentation d’échapper le Bibelot sur le carrelage de la cuisine.
Pire, elle va ajouter « Et voilà ! En plus faut que je ramasse… Pfff… »
La nuit précédente, déjà, les fissures d’une union maintenue à grands coups de disputes et masquées à grands coups d’incompréhension apparaissaient.
Alors qu’au milieu de la nuit précédente donc, j’ai sursauté, déchiré par une quinte de toux.
Je faisais un potin épouvantable alors, mu par un souci légitime, j’ai récupéré un plaid, mon oreiller et suis allé m’allonger sur un tapis de la salle de séjour.
J’ai trouvé une position où le petit « gratouillement » dans les éponges, celui qui annonce la toux se faisait discret.
J’ai donc pu me rendormir.
Ça ne dura pas, hélas…
Le jour n’était pas levé qu’on m’a tiré du sommeil en me traitant d’andouille.
« M’enfin ! Tu crois que c’est bon pour toi de dormir le nez dans le tapis ? Et la poussière ?  Allez viens ! »
Alors j’ai viendu sur le champ.
Hier matin, j’ai demandé à Heure-Bleue :
- Pourquoi tu es venue me réveiller ? Il n’y avait pas de bruit, tout le monde dormait.
- Ben, quand t’es pas à côté de moi ça me réveille.
Hélas, cette flatteuse disposition de l’âme est fugace chez la lumière de mes jours.
Ce matin, par exemple, pour paraphraser Louis XVI, à qui ça n’a pas porté bonheur, je peux écrire « Aujourd’hui, rien. »
A part les jambes, les bras, les pieds, les mains et les joyeuses, il me manque toujours une pièce de celles qui marchent par deux.
Les reins ? Il n’en reste qu’un.
Les poumons ? Il n’en reste qu’un.
Les yeux ? Il n’en reste qu’un.
Mon genou droit déconne depuis si longtemps que c’est comme si je n’avais que le gauche.
Je me demande si je ne préfèrerais pas me faire amputer d’une oreille qu’avoir encore une crève qui pourrit la vie de tout le monde.
Beaucoup la mienne, faut dire…
Au moins, l’oreille, en laissant pousser les cheveux, ça peut passer inaperçu.
Voilà, c’est ça : Je vais me couper une oreille, comme Van Gogh…

mercredi, 01 août 2018

Je vois la vie en rosse…

J’étais tranquillement en train de mourir devant mon ordinateur quand « on » m’a rappelé que je devais trouver un médecin.
Fainéant et peu regardant sur le curriculum de mon Hippocrate pour des maladies aussi graves qu’un rhume, j’ai consulté « Les Pages jaunes ».
Aaaattttention !!! Lectrices chéries, que les plus bégueules sensibles éteignent leur écran, ce n’est pas un rhume bêtasse.
Le truc infernal concocté par Dame Nature exprès pour pourrir la vie de votre serviteur chéri.
C’est le rhume affreux avec infection pulmonaire, glaviots innommables, etc.
Bref, le truc qu’Ebola à côté fait petit joueur.
J’étais donc tranquillement en train de m’éteindre en cherchant un cabinet qui voudrait bien me recueillir, me traînant sur le paillasson.
Pendant que ma bécane cherchait le médicastre, je lui piquais du « temps-machine » pour jouer aux cartes.
Et là, la stupeur m’a pris par surprise.
Inquiète, la lumière de mes jours ?
Je t’en fous ! Vous ne savez pas ce qu’elle a osé réclamer à celui qui a ravi ses jours et enchanté ses nuits depuis tant d’années ?
Devinez lectrices chéries !
Oui ! Elle a osé !
Elle m’a demandé « Minou, tu ne veux pas me faire des Rico ? »
Elle a fait ça. Je n’aurais jamais cru qu’elle tomberait aussi bas.
Depuis des années déjà elle abuse de son statut de bien-portante pour faire faire des travaux de force à son époux handicapé.
Eh bien, aujourd’hui, elle vérifie l’adage débile de je ne sais plus qui prétendant qu’une fois les bornes franchies, il n’y a plus de limites.
Elle a touché le fond : Elle exploite un malade !
Oui lectrices chéries, Heure-Bleue a rétabli les trois classes de la société sumérienne telle que prévue par le Code Hammurabi.
- Les nobles (elle)
- Les « libres » (les autres).
- Les esclaves (moi).
Bon je suis allé préparer les Rico en boitant bien bas pour lui faire honte.
Ça n’a pas marché terrible…

mardi, 31 juillet 2018

De vacances, l’écolo nie…

De rien, ah oui, c'est vrai... Merde ! Trop tard…
Hier, Heure-Bleue et moi avons fait un truc hyper palpitant.
Enfin, quand j’ai eu fini de geindre car j’étais gravement malade.
Oui, j’ai attrapé un truc embêtant et extrêmement handicapant.
« Un petit virus » comme dit le médecin qui nous supporte depuis longtemps.
Donc, je geignais tranquillement quand la lumière de mes jour m’a jeté un truc du genre « toujours malade, jamais mort ! » ou, quand je l’énerve « Mort, pas mort, mardi c’est enterrement ! »
Alors je suis sorti avec elle pour éviter de me retrouver tout seul à dîner.
Oui, elle est comme ça, capable de me plaquer sur un coup de tête alors qu’abandonner un mec avec un rhume, c’est quand même dégueulasse.
Nous avons donc acheté comme d’habitude des bêtises mais en faisant attention.
Hélas pas assez…
En même temps que la sauce tomate à la ricotta, j’ai découvert une sauce qui promettait de concilier le goût, le prix, la qualité et la préservation de l’environnement.
Bref, la sauce écolo qui allait nous laisser repus et heureux d’avoir concouru à la sauvegarde de la planète.
Tout y était.
- Sans arôme (j’ai supposé « arôme artificiel »)
- Sans colorant.
- Sans conservateur.
- Sans additif.
- Sans acide citrique ajouté.
- Sans OGM.
- Sans sulfite.
« Super ! » nous sommes nous écriés.
Nous sommes sortis la tête haute et l’air fier du mec qui s’est lavé les mains après avoir fait pipi alors qu’il n’y avait personne autour.
Vous voyez bien, lectrices chéries, cet air « je suis au dessus de la mêlée » des gens trop bien pour la foule de va-de-la-gueule qui nous entoure.
Bref, nous sommes revenus tranquillement à la maison, lestés de produits censément « bio » et délestés d’une somme qui aurait pu sortir le Yemen de la misère.
Ce matin, enfin peu avant midi, le ménage expédié, je me suis attelé à la confection de spaghetti avec la sauce mirifique achetée la veille.
J’ai regardé de nouveau cette merveilleuse étiquette qui allait, responsabilité écologique oblige,  finir dans la poubelle jaune alors que le bocal finirait, lui, dans la poubelle verte à couvercle blanc.
Le sérieux dans toutes les étapes de la vie d’un foyer qui se sent concerné par la planète.
Au moment de jeter dans le sac adéquat la bandelette cette sauce mirifique, une ligne écrite en orange clair sur jaune foncé me convainc que je me suis fait avoir une fois de plus.
Elle m’annonce, pas vraiment fièrement « Produit importé du Pérou ».
Le bilan carbone de nos deux assiettes vient d’exploser.
Et pas à cause de la cuisson des spaghetti…
Du coup je me sens plus consterné que concerné…

lundi, 30 juillet 2018

Sans O par ces températures !!!

lakevio.jpg

Tu exagères, maîtresse !
N’ayant pas de frère, je serais bien en peine de lui écrire une lettre.
Cela dit, si la cadette et la benjamine étaient insensibles à l’écriture, l’aînée aimait bien que le facteur fasse une halte chez elle.
Ma frangine s’appelle « Anne » depuis plus de sept décennies.
Huit décennies dans à peine un lustre…
Je me lance…

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D'Ailleurs, la dernière semaine de juillet.

Chère Anne,

Arrivé enfin dans ce village il y à peine deux heures, j’entame les vacances et j’espère que ces quelques lignes t’intéressent autant que le babil des autres représentants de la famille.
Cela dit, il fait ici une température dingue.
Un chalumeau à acétylène géant chauffe le pays et le défi lancé par une amie me paraît mener à une défaite cuisante.
C’est d’ailleurs expliqué dans le titre.
Aucun recul devant l’évidence : La maîtresse est cinglée !
À qui peut venir l’idée de supprimer une telle lettre d’un récit de vacances ?
En attendant, il me faut me maltraiter la cervelle afin d’en tirer quelques phrases ayant un peu de sens…
Et ce n’est pas gagné d’avance.
Mais ces vacances se présentant bien, il y aura bien un autre après-midi pendant lequel je t’écrirai.
Ce frère qui t’embrasse si rarement.

Patrice

samedi, 28 juillet 2018

Non, je chanterai pas la complainte de Maky.

De rien, Mab, de rien...
Lectrices chéries, je voulais vous parler de Mab.
La nuit vient plus  tôt, c’est sûrement la chaleur qui fait évaporer plus rapidement le jour…
J’ai vu ça hier soir en vidant la valise avec Heure-Bleue.

Ce matin, après avoir relu que Mab était morte je me rappelle avec quelle impatience elle et moi attendions le printemps.
Elle aura échappé à la tombée du soir de plus en plus précoce, elle détestait ça…
Elle et moi attendions le printemps de conserve.

Avec de plus en plus d’impatience.
Vous avez remarqué, lectrices chéries ?
L’attente du printemps a un effet voisin de celui du plâtre ou du carcan, cette minerve rigide qui maintient les cervicales esquintées.
Quelle que soit la durée de l’hiver, les dernières semaines paraissent plus longues que la vie de Mathusalem.
Mab et moi, attendions donc l’arrivée du printemps avec l’impatience du gamin à la veille des grandes vacances.
Elle pour vérifier assidûment qu’elle pourra taillader des arbres qui ne lui ont rien fait, couper de l’herbe qui ne lui a rien demandé, essayer de ne pas s’estropier avec des outils qui dans ses mains ne demandent qu’à devenir des armes.
Oui, elle était comme ça, Mab.
Je le sais.
Je la connais.
Elle me faisait penser un peu à un écureuil.
En moins roux…
Incapable de rester tranquille.
Enfin si, peut-être, je ne sais pas, je ne l’ai jamais vu.
Même si parfois elle avait l’air calme, on sentait derrière son regard –oui, derrière- cette espèce d’impatience qui faisait que je m’attendais toujours à la voir bondir.
Puis non, elle se calmait, rêvant sans doute à tout ce qu’elle pourrait couper avec son sécateur.
Appliquant avec rigueur son précepte préféré « never complain, never explain ».
En y repensant, je l’imagine assez bien, arrivant dans la resserre où Maky œuvre, l’index pendant et une traînée de sang descendant jusqu’au genou.
« Maky ? Je crois que je me suis retourné un ongle… »
Comme elle, mais plus calmement mais sans elle, j’attends le prochain printemps.
Pour musarder dans Paris.
Traîner le long de rues que je connais.
Passer rue Montorgueil, qu’elle connaissait bien car je crois que « FU » y avait habité un moment.
Mab ne sortira pas si facilement de ma mémoire.
J’ai souvenir de l’effet du rosé sur son humeur habituellement très « quant-à-soi ».
Le moment où elle laissait tomber son sérieux pour devenir gaîment volubile.
Allez, Maky, avance.
Tu n’es pas seul.
Un jour je vous parlerai de ma cousine Süzel...