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samedi, 07 octobre 2017

Ces maudits mots dits...

Bref arrêt du remplissage des cartons.
Nous écoutons la radio, comme toujours en buvant notre café.
J’ai beau écouter d’une oreille distraite parler du sport, ce truc qui ne m’intéresse jamais, mon attention a été soudain attirée par un commentaire :
« Les « Bleus » ont tiré trente quatre fois sans jamais trouver l’ouverture ! »
Vous comprenez pourquoi j’ai sursauté, lectrices chéries.
J’ai pensé « Quelle santé ! »
Puis je me suis demandé un instant si Heure-Bleue n’avait pas trouvé un moyen d’ajouter du beurre Bordier dans ses noix de Saint-Jacques en faisant des piges pour la radio…
Une telle qualité, un tel sens du double sens, je ne connais que la lumière de mes jours pour les commettre avec un tel brio.
Je lui ai demandé.
Elle dit n’y être pour rien.
Tout de même, l’idée qu’il puisse y avoir un « challenger » du titre de champion du monde du double sens, prêt à ravir la couronne de la lumière de mes jours, me trouble.
Du coup, je me remets lentement de mes émotions avant de me lancer dans le remplissage de nouveaux cartons.
Mais j’ai bien ri quand même…

vendredi, 06 octobre 2017

Paula Abdul

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« NB : si vous ne voyez pas ce message, veuillez SVP vérifier dans vos "spams" ou "courriers indésirables". »
Oui, c’est ce qu’on reçoit parfois en réponse à des questions.
C’est ce que j’ai lu hier en lisant le courriel d’un déménageur qui insistait pour emmener nos cartons.
Le syllogisme du type « NB : si vous ne savez pas lire, reportez vous au chapitre 3 de la présente notice » m’a toujours semblé savoureux.
Le côté curieux de l’affaire me rappelle une tentative de dialogue avec un automate téléphonique.
Si l’on peut appeler « dialogue » ce qui vous fait vous comporter vous-même comme un robot. 
Le genre de chose qu’on entend souvent en appelant un service bancaire, public ou grand magasin.
Je me rappelle avoir appelé « Bezek », la compagnie de téléphone israélienne, en vue d’obtenir une information.
Ça a commencé comme ça, comme disait Céline :
« Si vous souhaitez vous abonner au service, appuyez sur la touche « 1 » »
Et ainsi de suite.
L’informaticien devait être un farceur puisque la liste se terminait par :
« Si vous n’avez pas le téléphone, appuyez sur la touche « # » »…
Ça s’est terminé comme ça, comme aurait pu dire madame Polant.
Après, je suis allé chercher des avocats, non pas pour parler de mon différend avec l’escroc, mais pour dîner.
Je les ai achetés « chez  le petit » comme dit Heure-Bleue.
« Petit » qui s’emm… bête sérieusement à vendre des légumes alors qu’il ferait volontiers autre chose.
Il est très apprêté, a une voix assez haut-perchée, un sourire ravageur plein de dents adamantines  et des mouvements de fille.
Comme nous connaissons notre cinéma « spécial shopping » sur le bout des doigts, Heure-Bleue l’a baptisé d’entrée « Paula Abdul » tant il semble sorti de « Sex & the City 2 » ce film qui charme les séances de repassage de la lumière de mes jours.

jeudi, 05 octobre 2017

À mère acquise, père inné…

Ne dis rien Mab, j’ai honte…

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Le bruit de la douche cesse.
Un cri s’élève.
De la salle de bains, la voix de la lumière de mes jours m’interpelle.
- Minouuuuu !!!!!
- Oui…
- Tu sais quoi ?
- Non…
- Eh bien, la prochaine fois qu’on déménagera, tu sais ce qu’on fera ?
Elle n’a pas pu me le dire parce qu’un tel fou-rire, ça empêche de parler.
Nous sommes en train de remplir les cartons du vingt-deuxième déménagement et de quoi me parle Heure-Bleue ?
Du vingt-troisième déménagement…
Nous finirons, vieillards chenus, en train de préparer des cartons.
Voilà une des dix-mille raisons qui font que depuis 1971 je vis allègrement les millions de surprises créées par l’inventive cervelle d’Heure-Bleue.
Si notre génome le permet, nous pourrions faire encore deux ou trois séries de cartons.
Il n’est pas sûr qu’au rythme où croissent nos retraites, notre état de fortune le permette…
En attendant, j’ai annulé la commande passée à l’escroc.
Ce bandit n’est même pas inscrit au registre des transporteurs.
Inscription obligatoire pour exercer la profession de déménageur.
Ça a eu le mérite de relativiser le spectre de « l’état policier » que fait craindre le maintien de l’état d’urgence.
Si un charlot peut exister et gruger pendant un temps sans même être inscrit au registre de la profession…
Disons-nous qu’on a eu de la chance.
Il aurait sûrement utilisé la méthode dite « du recrutement de bistrot » pour trouver deux lascars à qui il aurait donné un billet de 50 €  et qui auraient esquinté nos affaires, rayé la cage d’escalier et dégradé l’ascenseur…
Ça fait cher du carton mais c’est moins cher qu’une grosse fâcherie avec le nouveau bailleur.
À moins bien sûr, qu’Heure-Bleue n’ait eu une idée plus précise avec son « prochain déménagement ».
Allez savoir, lectrices chéries.
Au moins vous commencez à entrevoir pourquoi on n’a jamais eu le temps de s’ennuyer…

mardi, 03 octobre 2017

Celle qui Tarbaise prend son temps…

Oui Mab, je n’aurais pas dû…

Ce mardi matin, je suis allé dans notre « nouveau chez nous ».
Je regardais depuis la vitre du 95 la lumière du matin sur le cimetière de Montmartre.
C’était absolument magnifique de verdure, de rousseur et d’or.
Un beau cimetière comme ça, ça donnerait presque envie de mourir…
Mais, bon, avant j’avais une armoire et une commode à monter.
Au bout d’un moment, je suis descendu au « mini-market » du coin de la rue pour acheter du papier et de l’eau.
Le papier était l’exemple type de l’erreur à ne pas connaître quand on a la chance d’avoir pour épouse une femme à la peau si tendre.
Je m’en suis aperçu en le sortant de son emballage pour le mettre à sa place.
L’odeur m’a fait jeter un regard suspicieux sur l’emballage.
J’y ai lu quelque chose comme « anti-odeur » ou « retient les odeurs ».
Je vais devoir tenter de le revendre avant l’arrivée de la lumière de mes jours dans ces lieux, sinon, il risque d’y avoir de sombres histoires de « feu au c… » qui n’auront rien de libertin…
Puis je suis descendu pour déjeuner d’un croque-madame.
Arrivé au café de la petite place j’ai su ce qui me manquait depuis ces dernières années.
Le bistrot !
Le « troquet parigot » ! Le vrai !
Celui avec le vieux turfiste ronchonnant, le stylo à la main, griffonnant « Paris turf ».
Il y a même les « mamies calva », si si ! Ça existe encore !
Même, plus fort encore, j’ai vu et entendu le pilier de comptoir.
L’inévitable, celui qui explique au mastroquet rebeu de son état, « c’qu’y faudrait faire pour que la France elle tourne comme y faut ».
Il n’a pas encore intégré que « le mec à virer, bref tous ces… enfin tu m’comprends », c’est justement celui qui est en train de remplir son verre de rouge.
Je me suis demandé si ce n’est pas la banlieue « qui se la pète » au point que tous ces gens, sortis d’un bouquin de Calet ou de Modiano, n’osent pas se montrer en banlieue où personne ne semble oser picoler, tout juste si dans certain coin de zyva, à part le vol et le « chichon » on ose être décontracté…
J’ai fini par monter l’armoire et ça m’a fichu sur le flanc alors je suis revenu tranquillement en lisant mon bouquin.
Reste l’épineux problème du déménageur fantaisiste…
Comme ce n’est pas moi qui l’ai choisi, je peux me contenter d’en rire parce que, même s’il n’est pas agréable de se faire gruger, une grosse erreur de jugement dont je ne suis pas coupable, c’est toujours bon à prendre.
Je suis au théâtre…
J’attends l’entrée en scène d’Heure-Bleue.
Je la vois face au déménageur.
Pompant honteusement Euripide, je la vois telle Médée s’adressant à Jason « Je sais quels crimes je m’apprête à commettre mais la passion l’emporte sur la raison »
Bref, il va y avoir du sport.
Ne jamais tenter de piquer des sous à Heure-Bleue…

lundi, 02 octobre 2017

Avec ces lignes j’ai fait des touches…

Oui Mab, je sais…

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Ça a débuté comme ça.
Je l’ai vu se pencher et examiner cette petite lampe dans la vitrine.
Tout ça ne m’aurait pas troublé outre mesure si je ne l’avait vu soudain hoqueter.
Je l’ai regardé un moment, penché, immobile, quasiment une statue.
Il a été encore une fois secoué et je me demandais par quoi quand j’ai vu étinceler un reflet sur sa joue.
Puis la larme a coulé lentement et rejoint sa bouche où elle s’est accrochée un instant aux poils de sa moustache avant de tomber à ses pieds.
La porte de la boutique s’est ouverte et l’antiquaire est sortie.
Elle lui a posé la main sur l’épaule et dit « je sais bien, c’est dur, mais il faut vivre Monsieur Fadeuil… »
Il a hoqueté de nouveau, faisant de son mieux pour  ne pas éclater en sanglots sur l’épaule de l’antiquaire.
Elle a insisté « Vos enfants ont pensé que c’était mieux pour vous de vous éviter d’avoir sans cesse votre femme à l’esprit chaque fois que vous regarderez autour de vous… »
Elle ajouta doucement « Du courage Monsieur Fadeuil, ce n’est qu’un mauvais moment à passer… »
Il s’est secoué pour chasser la main de l’antiquaire et a voulu s’éloigner.
Il a eu un nouveau sanglot et s’est effondré sur le trottoir.
Cette petite lampe de Gallé à l’abat-jour rouge qu’il lui avait offerte avait eu raison de lui.
L’antiquaire appela les secours, une voisine se précipita.
- Madame Polant ! Qu’est-il arrivé à  Mr Fadeuil ?
- Il n’a jamais surmonté la mort de son épouse, j’ai peur qu’il n’ait eu une attaque.
- Il n’a pas de famille ?
- Il a des enfants mais ils sont loin. Qui va s’occuper de ce pauvre homme ?
J’ai poursuivi mon chemin, triste pour ce pauvre homme.
Je connaîtrai la suite quelques jours plus tard :
En fait, Madame Polant déléguée par la famille avait seule suivi le corbillard…