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lundi, 27 novembre 2017

Même les sales s’y fient…

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 De rien Mab, de rien…
Cette histoire de carottes me tracasse.
Ça me dit quelque chose.
Une histoire de Poil de carotte sans doute...
Au premier abord je n’aurai pas pensé à ça mais maintenant que j’y pense…
Je dois dire que les carottes, je n’ai jamais trouvé ça excellent.
Affaire de goût peut-être mais surtout je trouve que ça a quelque chose de vaguement douceâtre.
Et puis, les carottes, ça nécessite d’être épluché.
Or, quand on connaît le côté hostile d’un économe bien tranchant pour un maladroit comme moi…
Surtout les carottes me rappellent un pot au feu particulièrement réussi mais que la suite du dîner gâcha.
J’avais ce soir là offert une soierie à la lumière de mes jours.
Rien que le mot évoquait la douceur.
J’adorais passer mes doigts sur ce chemisier, en éliminer la moindre imperfection.
Mon cadeau fut hélas mal accueilli.
Heure-Bleue me jeta à la face des mots injustes :
- Tu veux me dominer, tu veux m’acheter avec des cadeaux !
- Mais enfin ! C’est juste un chemisier !
- C’est un truc de macho, ça !
- C’est-un-che-mi-sier !!! Pff…
- Je te connais ! Il est presque transparent, encore un truc pour me mater les seins !
Il est vrai que ce vert très pâle allait bien avec les cheveux de ma rouquine…
- Pfff… Quoique…
- T’es vraiment une bête ! T’es bien un mec…
Toutes mes protestations restèrent sans effet.
Aucune explication ne réussit à calmer son courroux.
Je n’avais plus qu’à envoyer l’Ours en éclaireur.

samedi, 25 novembre 2017

Angélique, elle couche avec mais dort…

Ça devrait t’occuper, Mab, voire te rendre furieuse…
Lectrices chéries !
Si vous saviez !
Cette nuit je me suis réveillé en sursaut, le cœur explosé, l’impression d’avoir à l’instant même reçu un coup de pied dans le ventre.
Ce qui m’avait réveillé ?
La lumière de mes jours était morte !
De quoi ? Je ne sais.
Je savais seulement que c’était il y a peu et que je venais de l’enterrer au cimetière de Montmartre et revenais à la maison.
Mon cœur s’est mis à battre de façon désordonnée et je suis sorti du sommeil, inquiet et malheureux comme les pierres.
Dans un réflexe habituel chez moi, j’ai passé la main du côté d’Heure-Bleue.
Horreur !
La place était découverte, froide et vide.
L’angoisse m’a saisi, me tordant le ventre.
Puis le lit s’est agité.
La lumière de mes jours a repris sa place, venant se recoucher.
Soulagé, je me suis rapproché de sa chaleur et ai posé la main sur sa hanche.
Elle m’a pris la main, l’a rejetée, puis m’a repoussé en disant « J’ai chaud Minou ».
Bref, je me suis retrouvé tout seul dans mon coin de lit.
Tout était rentré dans l’ordre…

vendredi, 24 novembre 2017

Ho ! Dicave un peu les krikra du gadjo !

Pivoine, je n’ai pas vu « Latcho drôm » mais, pauvre « gadjo » que je suis, les décennies passant, je me suis aperçu que j’en ai croisé nombre sans problème.
Ne va donc pas croire, lectrice chérie que j’éprouve une quelconque aversion envers les « gens du voyage ».
Je ne les regarde d’un œil méfiant que depuis le début des années 2000.
Quand j’étais gamin, ils suscitaient chez moi un grand intérêt.
Qu’ils vinssent dans mon passage faire danser une chèvre grimpée en haut d’un échafaudage improbable, accompagnée par le tambourin de la gitane et le tambour du gitan à moustache attendant de voir tomber des fenêtres les pièces entourées de papier journal ou de ruban.
Qu’ils passassent devant le café de ma bourguignonne tante Olga dans leurs roulottes bariolées, les « Romanichelles » tissant des paniers d’osier.
Tante convaincue par l’expérience qu’il était urgent de rentrer les verres qui traînaient sous la tonnelle.
Qu’ils remontassent la route qui passait devant la maison de ma berrichonne grand’ mère, qui surveillait la poignée  de la porte du jardin, des fois que…
Plus tard, Mouloudji me parla de son « pote le Gitan » avec sa gueule toute noire, ses carreaux tout bleu…
J’en croisai grand nombre vers le Marché aux Puces sans autre problème que quelques horions échangés dans la rue avec des gamins, chose courante dans ce coin du XVIIIème où on ne regardait pas de si près aux bienfaits de la diplomatie.
Le camp qui se tenait là où aujourd’hui le périphérique et un stade occupent le terrain ne dérangeait pas plus que ça.
Les Gipsy Kings ont meublé plus tard l’ennui de voyages solitaires en voiture.
Il n’en va pas de même depuis les années deux-mille, disais-je.
Ça commença rue des Archives.
Heure-Bleue et moi remontions la rue des Archives en direction de la République quand un Gitan traversa la rue, se mit quasiment à genoux devant moi, se cramponnant à ma jambe en marmonnant des paroles inintelligibles.
Je lui dis « Mais non, voyons, c’est pas grave » et il partit d’un pas vif.
C’est quand j’ai voulu retirer de l’argent au distributeur de La Poste du coin de la rue Pastourelle que j’ai dit autre chose.
Pour ce que je me rappelle c’était « Ah ! L’enc… ! »
Le pauvre homme m’avait soulagé d’un porte-carte que je regrette encore car il contenait une photo de l’Ours souriant –très rare…- et deux photos de la lumière de mes jours inoubliables et irrémédiablement perdues.
Un peu plus tard, j’ai croisé deux autres exemplaires rue Saint-Georges, censément à la recherche d’une rue du quartier.
Quelques secondes après leur disparition j’ai su ce qu’ils cherchaient quand j’ai voulu téléphoner à Heure-Bleue.
Au hasard de mes déplacements en bus, près de Gambetta, à une vieille femme qui me disait « s’iiiil voooos plééééé… » j’ai laissé ma carte Visa et un autre téléphone.
Plus récemment, une « crêpe complète » avec Rosalie et Heure-Bleue m’a vu soulagé d’un smartphone rue des Martyrs.
Peu avant, la lumière de mes jours, pourtant attentive et sûre de qui le lui avait étouffé, a « perdu » son porte carte.
Tu comprendras donc, Pivoine que ce n’est pas du racisme envers la gent du voyage qui me motive.
C’est juste que leur conception élastique de la propriété et leur notion extensive du partage me pousse à tenir fermement mon porte-carte quand je les croise…
Conforté je suis quand je me rappelle avoir vu dans le 95 il y a quelques jours une petite Rom, armée d’un Apple 6, assise à côté de sa mère et de ses sacs.
Quand Heure-Bleue sortit de son sac-à-main son antique téléphone à clapet, elle lui jeta un regard plein d’un mépris incommensurable…


jeudi, 23 novembre 2017

Ô Rom, unique objet de mon ressentiment !

Nous avons remonté tranquillement les quelques centaines de mètres qui séparent notre chez nous de la place des Abbesses.
Arrivés près du « Mur des je t’aime » à côté duquel la municipalité, y voyant sans doute une relation de cause à effet, a judicieusement placé une crèche, nous nous sommes arrêtés pour boire un café dans le restaurant du gendre de ma petite sœur.
Je ne sais pas exactement en quels termes elle est avec son gendre mais je les pressens tendus…
Heure-Bleue et moi avons papoté un moment, elle devant son « déca », moi devant mon « express serré ».
Nous sommes repartis et nous avons « radoté de la promenade », empruntant les rues qui redescendent vers le boulevard de Rochechouart.
Je me suis demandé une fois de plus pourquoi « on » avait changé le nom de la place Dancourt en Charles Dullin.
En approchant de la place de Clichy, nous avons été soudain submergés par la foule.
Un énorme « boyau de gens », s’étendant sur le terre-plein central du Moulin Rouge à la place de Clichy.
Un boyau fait d’une « farce »,  mélange d’Irlandais et de Français et d’une enveloppe entièrement faite de Roms.
Les uns venus pour trouver de quoi boire dans les bistrots du boulevard.
Les autres venus pour récupérer de quoi manger dans les poches des premiers…
Heure-Bleue ayant déjà « confié » un portefeuille et moi un smartphone aux tire-laine, nous sommes restés prudemment à l’écart de la foule…
Mais ce fut une chouette promenade.

mercredi, 22 novembre 2017

Écriture inclusive. Langue d’exclusion ?

La « novlangue » des politiciens, rapidement reprise par les vedettes des media, avait déjà surpris le fainéant que je suis.
Je me suis même demandé si cette langue étrange n’était pas née de la réticence à payer décemment les pigistes que la précarité de leur condition pousse à alourdir des textes qui ne sont déjà pas légers.
Je m’étais dit que j’allais pouvoir enfin digérer les lourdeurs des nouvelles expressions sans devoir en avaler de nouvelles.
Hélas, trois fois hélas, je rêvais !
La découverte des abus de pouvoir d’hommes puissants sur les femmes qui avaient le tort de les approcher a relancé la machine à néo-langage.
En voyant le visage, assez veule il faut le dire, de Harvey Weinstein, la première pensée qui m’est venue à l’esprit était « Non mais quel salaud ! » puis mon heureuse nature m’avait ensuite amener à conclure par « Ouais mais bon il y en a tant qui couchent pour réussir, pense que lui a dû d’abord réussir pour coucher… »
La lumière de mes jours, féministe certes mais plutôt du genre joyeux, a souri.
Que je vous dise, lectrices chéries, ma féministe préférée, sera une des premières tondues pour collaboration avec l’ennemi de sexe si la révolution en route atteint les buts assignés par certains mouvements.
La langue elle-même est devenue un enjeu par moment surprenant.

Ainsi, une poignée d’enseignant.e.s a ainsi décidé que certaines règles de grammaire étaient sexistes et que l’écriture elle-même l’était.
J’ai lu quelques exemples de cette « novlangue » faite pour extirper le sexisme des textes à défaut de le retirer des esprits.
Ça a amené une autre question à mon esprit décidément rétif.
Une langue qui est crée ex-nihilo, uniquement pour être écrite et non parlée a-t-elle vraiment une chance quelconque de résoudre le problème pour lequel on l’a créée ?
Ces brillant.e.s intellectuel.le.s ont semble-t-il oublié un détail :
Comment appelle-t-on ces langues, telles le sumérien, le grec ancien ou le latin ?
Ces langues qu’une poignée d’érudit.e.s écrivent mais que personne ne peut parler car il n’en existe aucune règle de prononciation ? 
Ah oui…
Ça me revient.
On appelle ça une langue morte…