lundi, 26 juin 2017
Sur le banc...
C’est ça que je n’aime pas.
Elle ne prévient jamais, elle met des photos, toujours des tableaux.
N’importe quoi, des gens, des revues, des endroits.
Parfois des choses riches de sens.
D’autres fois, comme aujourd’hui par exemple, des vues sans intérêt.
Enfin, sans intérêt, je dis ça, je n’en sais rien, peut-être que ça en a un pour elle.
Elle, c’est Lakevio, toujours à vouloir qu’on dise quelque chose sur des images qui ne nous parlent pas.
Peut-être que ça lui parle, à elle.
Pas à moi.
Je ne vois pas quoi dire sur un banc.
Surtout sur un banc qui n’est même pas un banc parce qu’il est tellement encombré qu’on ne peut pas s’asseoir dessus.
Mais qu’est-ce qu’elle veut que je raconte sur un banc ?
Ce serait un banc du Jardin des Plantes encore, j’aurais des choses à dire !
Et sur ceux du Sacré-Cœur, donc !
Et un du square Saint-Lambert !
Sans parler de ce banc dans le petit jardin de la place Frantz Liszt ou ceux du square Montholon.
Ou une paire de chaises du jardin des Tuileries.
Surtout celles abandonnées là où il y a l’exèdre de l’Allée de Diane, là aussi je pourrais en raconter des histoires.
Mais ce banc, là !
Juste à côté de la porte dont le seuil semble être étudié pour faire trébucher le distrait qui entre ou qui sort !
Que voulez-vous qu’on raconte sur ce banc ?
Que je glose sur le pot de terre dans lequel on ne sait quel végétal pousse de façon anarchique ?
Sur toutes les cochonneries posées à côté ?
Si quelqu’un s’est assis dessus, il est mort depuis longtemps.
Alors que même les bancs verts du boulevard du côté de chez moi sont plus intéressants.
Même vides, même s’ils sont désertés comme celui devant le cinéma de l’angle de la rue parce que les pigeons perchés dans le platane qui le surplombe l’ont constellé de fientes.
Bien sûr, il faut aussi éviter de s’asseoir sur un autre, celui du clochard qui l’occupe parce qu’il est face au « Prisunic » et que c’est une « bonne place ».
Mais il y a les autres, tous les autres.
Ceux sur lesquels on grimpe pour jouer.
Ceux sur lesquels on est assis avec un copain pour discuter du film ou d’autres copains.
Ceux sur lesquels on sera bien embêté plus tard parce qu’on ne saura pas trop comment lui dire que…
Mais le banc de Lakevio, alors là, je suis sec.
Je n’ai pas grand’ chose à dire sur les bancs en général mais celui-là…
Que voulez vous dire sur une traverse de chemin de fer posée sur des bûches mal équarries ?
Franchement, Lakevio, la prochaine fois, trouve autre chose qu’un banc qui probablement ne touche que toi seule parce qu’il te parle de choses que toi seule connaît.
Oui, fais ça Lakevio, parce que moi, les bancs…
10:00 | Commentaires (21)
dimanche, 25 juin 2017
Tant que le goût du pain dure...
Mab, que vous lisez quand elle daigne laisser une trace sur son blog, est fan de Johnny Halliday.
Je l’aimais bien Johnny à l’époque de ses 33t « Les Rocks les plus terribles », vinyles qui ont disparu au hasard de nos déménagements, puis j’ai grandi.
Enfin, j’ai vieilli.
Hier, histoire de vérifier que Mab n’avait pas sombré dans la déliquescence intellectuelle, Heure-Bleue et moi avons donc regardé le concert « Vieilles Canailles ».
Je dois dire que plein de choses m’ont frappé de plein fouet.
À part les années évidemment.
D’abord que manifestement, beaucoup, alléchés par les nouvelles alarmantes qui courent sur le Web, attendent que « Johnnyyyy » s’effondre sur scène, raide mort.
Ensuite, que je dois admettre que lui et ses deux acolytes ont un sacré métier et que Johnny est, selon les mots mêmes d’Heure-Bleue « une bête de scène ».
Puis, le pire : Nous connaissions les paroles de toutes les chansons qu’ils ont chantées.
Et ça, ça tue.
Ça m’amène à l’instant une remarque hyper-philosophique pour un dimanche.
Liée à l’observation de mes congénères qui veulent aller plus vite, que tout aille plus vite, de plus en plus vite et qui n’ont apparemment pas encore compris que dès qu’on sort de notre mère c’est pour se diriger tranquillement vers la tombe.
Et qu’il n’est pas indispensable de se hâter…
Cela dit, si nos « Vieilles Canailles » ont chanté des chansons que je connais depuis la mort de Marilyn, j’ai regretté qu’ils n’aient pas entonné « Elle est terrible ».
Cette merveille de la chanson française qui a permis aux gamins de ma génération d’entendre ce fameux « ah que » qui a rendu célèbre l’idole des jeunes.
Oui, lectrices chéries, vérifiez, vous allez entendre ce « Attends un peu, ah que j’travaille »…
C’est justement dans cette chanson.
Ecoute bien, Mab, c’est ta jeunesse qui défile à raison de 45 tours par minute…
Et ta jeunesse, je te la souhaite « EP ».
« EP » dont j’ai appris après la sortie du 45T que ça voulait dire « Extended Play ».
13:55 | Commentaires (10)
vendredi, 23 juin 2017
(Presque) tout sur ma mère…
Il me semble vous avoir déjà parlé de ma mère, presque toujours pour vous raconter les tours pendables qu’elle me jouait.
Elle ne se contentait pas d’être persuadée que je passais mon temps à essayer de copuler avec des filles à la vertu discutable.
Bon, en vrai j’aurais apprécié que celles que je croisais eussent la vertu aussi discutable que le supputait ma mère…
Il y avait aussi que sa jalousie la poussait à me faire d’étranges compliments devant mes copains.
Vous n’ignorez pas, lectrices chéries, si vous avez des fils et que vous êtes aussi pénibles avec eux que le furent ma mère et Madame Gallienne mère avec leur fils, que les garçons, pendant leur adolescence, aiment bien qu’on les appelle « Patrice », « Guillaume », « Nicéphore » ou « Alceste ».
Bon, pour « Alceste », je suis moins sûr parce qu’on doit avoir envie de tuer des parents qui t’appellent « Alceste », ça doit te rendre misanthrope…
Mais surtout, les garçons pendant leur adolescence, aiment être comme John Wayne dans « Rio Bravo » ou Charles Bronson dans « Il était une fois dans l’Ouest ».
Jamais, au grand jamais ils ne veulent être « mon poussin » ou « mon petit trésor ».
Ma mère, donc, voulant en savoir plus que je le souhaitais, demandait régulièrement
« Tu vas encore retrouver cette fille ? »
En revanche, dès qu’un copain était en passe de devenir un ami, pour être sûre que ça allait déconner, elle avait une méthode infaillible.
Ce matin, alors que j’étais dans la salle de bains, me sont revenues des bribes de la conversation qu’Heure-Bleue et moi avions réussi à tenir malgré la température.
Ma mère donc, avait pris l’habitude d’appeler ma sœur cadette « Souricette » tandis que mon père appelait la benjamine « Riboulika » à cause de sa tendance à se bagarrer.
Je pensais naïvement que les petits noms sucrés, genre « Patty », étaient réservés à l’intimité du foyer.
Ce fut généralement le cas.
Sauf évidemment dans les circonstances où ils se révélaient le plus dévastateurs.
Il y en eut un, qu’elle cessa d’utiliser voyant cette fois que l’effet était nul.
Il ne fonctionna pas du tout –étrangement je dois dire- avec la lumière de mes jours malgré plusieurs tentatives.
Hélas, je dus éviter des copains qui eussent pu devenir des amis s’ils n’étaient passés à la maison.
Tous toutefois étaient très bien élevés.
Enfin, devant leurs parents ou ma mère.
Géniteurs qui auraient distribué des torgnoles s’ils avaient entendu leur progéniture quand il n’y avait pas d’adultes dans les environs…
Quand par hasard, un de ces copains venait me chercher à la maison un jeudi où je n’avais pas déjà un emploi du matin au lycée, j’avais peur.
Ma crainte était souvent justifiée pour des tas de raisons dont la plus sérieuse n’était pas la conception étrange du rangement qu’avait ma mère.
La chose arrivait pourtant, quasi chaque fois, évènement maudit et inéluctable.
Elle me serrait dans les bras à m’étouffer, me couvrait de baisers et demandait :
« Alors Bichonnet, présente moi donc ton petit camarade qui a l’air si gentil et si bien élevé. »
Bichonnet ! Elle avait osé !
Ouais ! Elle m’avait appelé « Bichonnet » devant un pote de lycée !
Pfff... Bichonnet ! Devant un copain !
Cette fois ci encore, j’avais failli avoir un ami…
14:16 | Commentaires (12)
jeudi, 22 juin 2017
La fièvre monte à El Pageot…
Lectrices chéries, vous savez sans doute qu’Heure-Bleue est dotée d’un caractère…
Euh…
D’un caractère, comment dire…
Bref, d’un caractère…
Pour être plus précis vous savez que passer au dessus de 15°C est pour elle une épreuve.
Imaginez une Heure-Bleue hier après-midi alors qu’il faisait 38°C à l’ombre dans notre rue.
Comme prévu, car ce n’est pas la première fois que la canicule s’invite, elle passe donc d’un caractère assez vif à un caractère que j’hésite à qualifier d’épouvantable mais uniquement par peur des représailles.
Ces temps-ci, les nuits sont terribles pour votre serviteur.
Surtout la nuit dernière.
C’était la « Fête de la musique ».
Beaucoup la mienne car Douce ( !) Moitié ne supporte pas plus le bruit que la chaleur…
Comme d’habitude, nous sommes allés au lit.
Je me suis couvert, la fraîcheur nocturne étant un risque que je me refuse à envisager.
La lumière de mes jours n’en fit rien.
Elle se contenta de regretter qu’on ne puisse retirer sa peau pour avoir moins chaud.
Je suppose qu’il est inutile de vous dire que mes réflexes ensommeillés furent « diversement accueillis » comme on dit dans les journaux.
On me repoussa !
Oui, on fit ça !
Les jours qui viennent promettant de rester chauds, je crains que toute tentative de toucher la peau de la lumière de mes jours ne se solde par un échec retentissant.
Aussi retentissant que la tarte réflexe qui me pend au nez comme un sifflet de deux sous quand, profondément endormie, elle a le sentiment qu’un inconnu se livre à des privautés en posant sa main sur elle.
Je crains de devoir « dormir éveillé », histoire d’éviter un contact qui serait mal interprété.
C’est dommage parce que justement, c’est quand sa peau habituellement chaude devient brûlante que c’est le plus tentant.
Tant pis…
D’ailleurs, à l’instant, rien qu’à lui lire ma courte note –on fait juger par l’autre notre humeur du jour avant de vous en faire part- elle me jette :
« Ben justement ! Viens-y ! Touche la, ma peau ! Essaie et tu vas voir ! Allez, essaie ! »
Lectrices chéries, la journée est mal partie pour votre serviteur…
09:59 | Commentaires (14)
lundi, 19 juin 2017
Ça sent l'amante fraîche...
De rien Mab, de rien…
Je le savais quand je l’ai vue lui répondre.
Je l’ai senti quand il lui a demandé son chemin.
On n’aurait pas dû passer par cette rue.
Jamais !
Il cherchait seulement son chemin.
Il n’avait pas l’air méchant ni dangereux.
Enfin, pas dangereux…
Si, mais pas dans le sens où on l’entend généralement quand on voit ce genre de type.
En vrai, il avait juste l’air malheureux, un de ces malheureux nombreux ces temps-ci, qui ont fui la mort, la misère ou la guerre.
J’allais lui donner la pièce de deux €uros qui traînait au fond de ma poche quand elle a dit « Vous avez faim ? Soif ? »
Sa voix était différente, ça m’a frappé immédiatement.
Il n’a pas répondu, il l’a juste regardée.
Et là j’ai été sûr que s’il avait faim et soif ce n’était pas d’un croque-monsieur et d’une bière.
Alors moi aussi je l’ai regardée.
Ce n’était pas un repas qu’elle voulait lui offrir.
Je l’ai vu à son air.
Pas un air gentil ou distant, non un air lointain dont je croyais qu’il m’était réservé.
Et là, pour la première fois depuis bien longtemps, ça m’est arrivé.
Je suis sûr que vous voyez ce que je veux vous dire.
Ce n’était pas de la colère non, ni de la jalousie.
Mais si, je suis sûr que vous me comprenez.
Cette sensation qu’on espère pour toujours disparue.
Cette sensation que pour rien au monde on ne voudrait retrouver.
Cette sensation faite de peine sans raison.
Cette sensation d’être seul au monde.
C’était ça, exactement ça.
J’étais seul au monde.
Comme quand l’être aimé meurt.
Ou qu’il aime quelqu’un d’autre.
Dans tous les cas, on vous a volé votre âme, quelqu’un est parti avec…
09:59 | Commentaires (15)