dimanche, 21 août 2016
Et si le bonheur est apporté demain…
Quand je pense que j’ai habité des décennies à deux pas de là...
Hier, notre promenade fut « légère, seulement trois kilomètres et demi », comme dirait Imaginer.
Mauvais sportifs que nous sommes, nous n’avons pas compté nos pas ni pratiqué « la marche rapide ».
Non.
Comme toujours nous avons flâné, Heure-Bleue à mon côté, le petit chariot à courses de l’autre côté.
Je dis ça juste parce que je préfère « petit chariot à courses », mais ce matin seulement, à « caddy ».
En revenant du Monop’, l’autre, celui de « la ville d’à côté », dans une des rues qui nous ramènent dans « la ville à nous », j’ai été tenté.
J’ai succombé.
Ça faisait plus d’un an que je ne l’avais pas fait.
Sur plusieurs dizaines de mètres, le trottoir était couvert de feuilles mortes !
Des feuilles de platane et d’érable.
Alors je n’ai pas résisté, j’ai marché sur ce tapis de feuilles en traînant les pieds.
C’était super chouette !
Ça fait un bruit de chuintement terrible.
Les feuilles les plus sèches craquent sous les pas.
Les moins sèches sont traînées par les chaussures, restent coincées dans les roues du « petit chariot à courses » et frottent sur l’asphalte.
Je vous jure, lectrices chéries, on se croirait dans une cour de récré !
Après, faut quand même que j’aie l’air d’un « grand » alors je reprends le chemin avec la lumière de mes jours à mon bras.
On s’est arrêté un moment quand j’ai engagé la conversation avec une jeune femme qui fumait à sa fenêtre.
Nous avons papoté tous les trois quelques minutes puis nous avons continué.
Heure-Bleue n’avait pas mal aux pieds, alors c’était bien.
Elle n’avait même pas trop chaud.
Je me suis rappelé un rêve super triste et Heure-Bleue m’a dit « Je sais, des fois tu pleures dans tes rêves ».
Ben dis donc…
Elle a ajouté :
- Finalement, je suis plus gaie que toi, tu es porté à la mélancolie…
- Moi ? Mélancolique ?
- Ben oui, et je suis même plus pragmatique que toi, t’es un rêveur !
Alors là, ça, ça m’a bien fait rire.
Heure-Bleue pragmatique !
Elle est bien bonne celle-là !
Quoique…
Sur les sciences, elle est nulle mais sur la vie, elle en connaît un bout.
Chez moi c’est plutôt l’inverse…
09:28 | Commentaires (11)
jeudi, 18 août 2016
Je suis né faste...
Hier, je suis descendu en fin de matinée chercher quelque chose pour agrémenter notre déjeuner.
Sur le chemin, près de l’arrêt de la navette du coin, j’ai croisé un type avec qui je papote de temps à autre.
Enfin, je papote… Je l’écoute me conter ses malheurs innombrables.
Je sais qu’il a déjà été victime de deux infarctus et est passablement bancal.
Il râlait parce que le minibus n’arrivait pas.
Il pestait très fort après « Tous ces fainéants qui foutent rien merde quoi ! On paie des impôts quand même. »
Je sais que justement il est exempté d’impôts mais bon…
Une dame, près de lui, tentait de l’aider avec un smartphone censé dire quand passerait la navette.
Le type s’énervait de plus en plus.
Encore un peu et il allait entamer son troisième infarctus.
- Calme toi, si tu as deux reins et deux yeux, tu n’as qu’un palpitant et il déconne déjà…
- Ouais je sais mais quand même, ce bus merde ! Il devrait être là !
La dame de dire, levant le nez de son smartphone :
- Apparemment il n’y en a pas aujourd’hui…
- Mais je l’ai vu ce matin ! Et ça fait deux heures que j’attends le suivant !
Il habite au dessus de l’arrêt de la navette et passe son temps à la fenêtre.
Je tente :
- Mais va jusqu’à l’arrêt du bus sur l’avenue, c’est à cinq minutes.
- Je sais bien mais je prends la navette d’habitude.
Il m’a fait penser au mec qui cherche ses clefs sous le réverbère parce que c’est là qu’il y a de la lumière…
- Tu serais arrivé depuis longtemps… Et puis tu peux faire du stop…
Je le regarde et ajoute
- Bon, t’as pas dix-huit ans et t’es pas en minijupe…
Et là, il nous souffle, la dame et moi :
- Arrête tes conneries ! Chuis pas une pute !
- Euh… Tu sais qu’il n’y a pas que les putes qui font du stop et ont besoin de se déplacer ?
- Absolument ! Mais enfin monsieur !
A dit la dame.
- Bon mais quand même, c’est dur !
- Mais tu vas y arriver, c’est quand même pas loin !
- Oui mais à mon âge c’est de plus en plus difficile…
Vicieusement je demande
- Dur ou difficile ?
- Ben c’est pareil quoi ! Ya pas de différence !
- Ah mais si ! « C’est dur », c’est quand t’es jeune, « C’est difficile », c’est quand t’es vieux…
L’incompréhension se lisait sur son visage.
La dame, elle, a compris immédiatement et a ri.
Méchamment je dois dire…
Elle a dû se sentir vengée après ce « chuis pas une pute » qui l’avait choquée…
09:39 | Commentaires (12)
mercredi, 17 août 2016
Ire rationnelle…
Bon, en vrai je ne suis pas en rogne.
Juste je peste parce que j’ai oublié d’acheter du lait.
Et j’ai oublié d’acheter du lait parce que je n’ai pas pensé que ferait défaut celui que j’ai utilisé avant-hier au soir pour faire le clafoutis aux fraises de Manou venue dîner à la maison.
Il m’a fallu du coup préparer ce matin une mixture infâme pour caler un estomac qui, le matin, crie « Famine !!! » à plein pylore
J’ai dû mettre du café soluble dans un bol d’eau et lui donner la couleur qui va bien à coups de cuiller de lait concentré sucré.
C’est trop sucré, c’est pas bon mais comme c’est super vite fait et que de toute façon je n’ai pas autre chose, hein…
Cela dit il manque quelque chose d’important à cette préparation indigne.
Le petit quelque chose qui me ramène à l’enfance tous les matins.
Oui, lectrices chéries, avec le lait concentré il manque ce petit élément qui a du mal à exister avec du lait demi-écrémé et n'existe pas du tout avec le lait écrémé : « La peau du lait ».
Et ça, ça me manque terriblement.
D’où ce grommellement matutinal.
Du faux lait ou du lait sans « peau du lait » c’est le truc qui pousserait à rétablir le délit de blasphème.
C’est peut-être ce goût pour la blancheur d’une peau quasi transparente que vient ma voracité pour les peaux claires.
Allez savoir…
Oui, que je vous dise, lectrices chéries.
J’ai appris il y a longtemps, à mes dépens, que la rétine est collée sur la choroïde comme la « peau du lait » sur le lait.
Même si c’est un collage moins résistant que celui de votre Goût adoré avec sa comparse Heure-Bleue, c’est quand même vachement bien fait.
Et j’y trouve néanmoins une certaine ressemblance.
Je trouve les deux, la peau d’Heure-Bleue et la peau du lait, absolument délicieuses.
Mais bon, je vais vous parler de la « peau du lait », plutôt.
Ça va m’éviter de me faire défigurer par la lumière de mes jours qui n’aime ni prêter ses affaires ni qu’on les détaille en public.
La « peau du lait », chez mes parents, n’était normalement pas un « casus belli ».
Ma grande soeur évitait le lait le matin, histoire d’éviter les cent vingt grammes qui la séparaient de l’extrême minceur.
Elle devait peser dans les trente-cinq kilos avec le manteau et le cartable quand elle est allée passer « son BEPC »…
Donc pas de risque de me faire soulever mon délice du matin.
Mon père était parti travailler depuis longtemps ou dormait parce qu’il était rentré du travail il y a très peu, donc, « la peau du lait » semblait sauve.
Mon père se fichait de toute façon de « la peau du lait », s’il y en avait, il l’avalait sans y prêter attention, s’il n’y en avait pas il ne s’en apercevait pas, alors…
La benjamine était toujours soit chez notre grand’ mère maternelle, soit dormait, soit s’en foutait totalement. Elle avalait tout ce qu’on lui présentait.
Et même ce qu’on pensait avoir mis à l’abri de son féroce appétit.
Là où ça se gâtait, c’est avec ma mère et ma sœur cadette.
Ma sœur cadette, dite « Souricette » détestait le lait, que dis-je, elle haïssait le lait mais adorait le fromage.
Sentir le lait lui faisait tordre le nez.
Voir la « peau du lait » se rider au fur et à mesure que le lait refroidissait lui « levait le cœur » selon ses propres termes.
Du coup, je matais avec envie, la casserole d’abord, son bol ensuite, sûr qu’elle piaillerait jusqu’à ce que ma mère cède et lui donne du fromage.
Si ma mère était bien disposée, elle repartait vaquer à son petit métier du matin, j’en profitais pour rafler le bol de « Souricette » et attraper la fameuse peau d’un habile coup de petite cuiller.
Hélas, tout ne se passait pas si bien et si ma mère se mettait à table avec nous, elle s’empressait de ramasser la peau du lait « pour ne pas te tacher mon petit chéri » et de l’avaler d’un seul coup.
Je me demande si ce n’est pas le motif de désamour le plus justifié, bien avant les pulls « vert bronze que tu aimes, mon fils », les blouses « bleu roi à liseré rouge » ou la veste « lamé bleu des mers du sud genre maquereau libanais », sans parler des quatre ans de prison chez les fondus.
Ce n’est que plus tard qu’un autre motif est venu s’ajouter à tous ces griefs.
Celui qui m’a rempli d’une ire tout à fait rationnelle.
Oui, tout ça m’a conduit à faire appel à vous, lectrices chéries…
12:05 | Commentaires (11)
samedi, 13 août 2016
L'émoi d'été...
Ce matin, je suis passé sur le blog de Joalmi.
Je suis tombé alors sur un lien vers une chanson de Françoise Hardy qu’elle a mise en ligne.
Je ne suis que très rarement d’accord avec elle mais nous entretenons malgré tout des relations amicales et je lis son blog sur lequel j’évite de commenter car elle est plutôt « soupe au lait ».
Et donc, ce matin, je vois qu’elle a mis en ligne une chanson de Françoise Hardy.
A force de vivre avec Heure-Bleue j’ai fini par être contaminé par cette sorte de cascade mentale bizarre qui fait que de rebonds en associations biscornues on se retrouve à penser à tout autre chose.
Généralement sans rapport avec la cause initiale.
Là, ça m’a rappelé que ces jours-ci, Heure-Bleue a lu quelque chose de Liwymi sur FB.
Puis, Heure-Bleue m’a alors demandé d’écouter en différé sur le site de France Inter, une émission de Didier Varrod qui portait sur la vie de Françoise Hardy.
Nous l’avions donc écoutée.
Évidemment, nous hochions la tête un peu niaisement en nous rappelant combien nous étions jeunes et pleins d’espoir en ces temps préhistoriques où nous écoutions « Tous les garçons et les filles ».
Ceux qui « se promènent dans la rue deux par deux ».
Un moment, la voix de Françoise Hardy répondait timidement aux questions de Mireille.
Oui, celle de « Couchés dans le foin » et du « Petit conservatoire de la chanson » que je n’ai jamais regardé faute d’avoir la télé.
En entendant la petite voix de jeune fille bien élevée de Françoise Hardy, j’ai dit à Heure-Bleue :
- Ma mère détestait Françoise Hardy.
Heure-Bleue semble alors à ce moment avoir mis le doigt sur un détail.
- Je crois savoir pourquoi ta mère n’a jamais aimé Françoise Hardy.
- … ?
- Elle savait que c’était le genre de fille dont tu pouvais tomber amoureux.
- Ah ?
- Oui, elle aurait préféré Sheila, en fait, elle n’a jamais aimé Françoise Hardy parce que justement, elle semblait sage, bien élevée et avec la voix assez douce.
Puis nous sommes passés à autre chose.
Et ce matin, en écoutant la bluette mise en ligne par Joalmi, j’ai repensé à la réflexion d’Heure-Bleue.
Et je suis arrivé à la même conclusion que d’habitude depuis qu’est devenu tout proche l’anniversaire de mes quatorze ans.
Ma mère n’aimait pas les filles vulgaires parce qu’elles étaient vulgaires.
Elle n’aimait pas non plus les filles bien élevées parce qu’elles n’étaient pas vulgaires.
Elle se fichait des unes parce que je n’en tombais pas amoureux.
Et détestait les autres parce que j’en tombais amoureux.
Ça n’a pas été facile tous les jours…
Évidemment, la lumière de mes jours prétend que si.
On voit bien que c’est une fille et que c’est elles qui tiennent le bon bout.
Oui lectrices chéries, toute notre vie vous nous menez par le bout du...
Nez.
Oui, c’est ça. Le bout du nez…
Et cette chanson est très claire sur toutes les frustrations que vous nous faites subir.
10:42 | Commentaires (10)
vendredi, 12 août 2016
L’avis est un long fleuve tranquille…
Vous connaissez sûrement cette expression qui se jette dans les campagnes quand on ne veut pas se mouiller « Ah… Ça… Dame… »
Oui, avec tous ces points de suspension.
Quand on vous raconte une querelle ou la rumeur qui veut que la femme du boucher a préféré le mari de la coiffeuse aux euphorisants de la pharmacie pour se remonter le moral.
Il y a toujours le moment où vous entendez « alors, hein ? Qu’est-ce que vous dites de ça ? Hmmm ? »
À part « Ah… Ça… Dame… », vous ne pouvez rien dire.
Eh bien hier, lectrices chéries, alors que nous traînions dans « la ville d’à côté », nous nous sommes arrêtés à la terrasse d’un café agréable, au bord d’une petite place toute ronde avec un massif au milieu.
D’autant plus agréable que pas une voiture ne passait.
Heure-Bleue, Manou et moi papotions.
Un moment, je me suis rendu au comptoir.
Le mastroquet écoutait un client, son pilier habituel je suppose, d’un air distrait en essuyant ses verres.
Le client lui dit je ne sais quoi qui finit par « Alors tu comprends hein… Qu’est-ce que t’aurais fait à ma place ? Hein ? »
Et là, le bistrotier, dans un élan superbe de la version masculine du « parler fille » lui jette « Ouais… Avant… mais là, après... Maintenant… »
Oui, avec tous ces points de suspension.
Même moi qui vis depuis longtemps avec Heure-Bleue je suis resté soufflé devant cette technique de l’évitement, de la précision.
Ah ! Ce « Oui mais non » de « parler fille » traduit en mastroquet !
Je dois dire que j’ai été ébloui par cette version du campagnard « Ah… Ça… Dame… ».
Parce que quand même, ça me laisse rêveur ce « Ouais… Avant… mais là, après... Maintenant… ».
Franchement, je n’aurais pas osé.
Et pourtant, dès qu’il s’agit d’éviter de se mouiller dans des histoires de fringues ou de sac à main, je suis plutôt bon...
10:26 | Commentaires (8)