jeudi, 28 juillet 2016
L’usagé du service public…
De rien, Mab…
Hier nous sommes passés chez les enfants.
Comme chaque fois que nous y passons et qu’il n’y a pas école, je suis puni.
Oui lectrices chéries, chaque fois qu’on passe chez le enfants et que « demain ya pas école », Merveille vient avec nous à la maison.
Bilan ?
Je dors sur le canapé.
Or ce canapé est, comme dit ma grande sœur, « rembourré avec des noyaux de pêche ».
De plus, il n’y a pas de volet dans le séjour et le jour se lève tôt.
Pire, il faut absolument laisser la lumière dans la salle de bains grande ouverte car Merveille n’aime pas aller faire pipi dans le noir.
Donc, non seulement on rentre tard à la maison mais je dois dormir avec la lumière pendant la nuit et être réveillé dès potron-minet, le vrai, car le jour se lève tôt.
Voilà comment je suis censé être vachement content que Merveille dorme à la maison…
Cela dit, au moins quand elle est avec nous ou ses parents, elle est à l’abri.
Vous savez à quoi ressemble Merveille : Une ablette longiligne.
Mignonne, certes.
Bon, d’accord, elle est magnifique.
Mais tout de même, c’est une enfant.
Même son entraînement régulier à la « gestuelle de fille », histoire de raffermir l’attachement de son camarade de classe préféré n’arrive pas à en faire une « vraie fille ».
Mais si, vous savez bien, lectrices chéries, vous usez des mêmes stratagèmes :
Ce pas qui espère faire croire qu’elle va s’envoler sous peu.
Ces yeux qui papillotent.
Ce regard d’arnaqueuse qu’elle essaie depuis longtemps.
Sur Papy d’abord, rien que pour voir si ça marche.
Sur le camarade de classe ensuite, histoire d’être vraiment sûre que ça marche.
En plus elle suit la mode.
Hier elle était en short, un petit short de jean, effrangé bien comme il se doit.
Avec un petit haut qui faisait bien ressortir que Merveille est un sac d’os qui doit peser dans les deux-cent-cinquante grammes avec le cartable.
Donc, hier en revenant à la maison, Heure-Bleue et moi étions assis face à face sur les « sièges pour bancal » du bus.
Entre nous, debout dans l’allée, Merveille.
Je regardais autour de nous, peu de monde.
La lumière de mes jours m’a dit :
- Minou, tu as vu ?
- Le type, assis de l’autre côté ? j’ai vu…
- Il a un regard malsain…
- J’ai bien vu…
C’était un homme d’une trentaine d’années, pas plus laid qu’un autre.
Seulement voilà, le type de l’autre côté posait sur Merveille un regard que normalement on ne pose pas sur une petite fille de neuf ans.
J’ai attiré une Merveille qui ne comprenait pas sur mes genoux.
Il est descendu à la station suivante.
Il y a vraiment de drôles de types en circulation, tard le soir.
Bon, Merveille ne risquait rien avec nous.
D’abord j’étais là pour prendre une bonne raclée même si on n’a pas le droit de taper quelqu’un qui a des lunettes.
Mais surtout il aurait été à coup sûr étripé par une Heure-Bleue dont les ongles sont fins mais terriblement coupants…
09:21 | Commentaires (11)
mercredi, 27 juillet 2016
La ligne de Mir.
J’ai lu chez Rosalie ce matin qu’elle partait en vacances à Cuba.
Si elle voit Fidel Castro, elle verra ça :
Ça me rappelle l’été 1971.
Je lisais mes cours de physique des éditions « Mir ».
Je n’avais pas l’air de faire des économies et je n’en faisais pas.
Elle était épaisse comme un sandwich SNCF.
J’étais gras comme un filet de vinaigre.
Heure-Bleue et moi nous étions croisés quelques mois auparavant.
Elle avait préparé un voyage avec son amie d’enfance.
Elles devaient toutes deux aller à Cuba.
L’amie est allée à Cuba.
Elle a vu Fidel quand il était comme ça :
Son camarade de l’époque, celui qui est devenu son mari et lui fit quatre enfants, est resté à Paris.
Heure-Bleue a sacrifié ses vacances.
Elle a préféré rester avec votre Goût adoré plutôt qu’avec Fidel Castro.
Je ne suis pas sûr aujourd’hui qu’elle ne choisirait pas Cuba.
Pas Fidel Castro, non, mais Cuba…
Elle se fit à l’époque faire un certificat de complaisance par son médecin.
C’est vers cette époque que nous avons commencé un régime où les paupiettes alternaient avec le coquelet.
Elle n’avait pas une paie de ministre.
Je n’avais pas de paie du tout, sauf quelques revenus aléatoires pendant les vacances scolaires.
Nos possessions tenaient dans une couverture genre baluchon.
Un ami nous déménagea dans un pigeonnier comportant deux petits balcons et un vasistas.
Trois pièces en enfilade au quatrième étage d’un hôtel particulier du Marais dont les caves dataient de Saint Louis.
Vous ne le croirez jamais lectrices chéries, mais le loyer était de cent-vingt-et-un francs par trimestre.
Oui ! 121,00 F par trimestre.
Nous avons déménagé plusieurs fois en gardant cet appartement.
Ça nous a permis de nous disputer en ayant une position de repli.
Nous l’avons gardé jusqu’en 1979.
J’avais une âme de gigolo.
C’est pas beau, je sais.
Mais c’était bien…
10:51 | Commentaires (13)
mardi, 26 juillet 2016
Aaahhh... Que ma souris grise...
Ne dites rien, j’ai honte…
Heure Bleue a fait quelque chose ce matin.
Elle ne fait généralement rien le matin à part prendre son petit déjeuner en survolant ce qui s’est dit sur les blogs.
Exceptionnellement prise de folie, Heure-Bleue a repassé ce matin.
Bon ce qui est exceptionnel n’est pas la folie, c’est qu’elle ait repassé le matin.
Elle ne repasse jamais le matin.
Comme chaque fois qu’elle se met devant la table à repasser, Heure-Bleue glisse un DVD dans le lecteur et regarde une série pour se donner du cœur à l’ouvrage.
Quand onze heures approchent, alors que je tente de trouver quelque chose à vous dire, la lumière de mes jours me lance :
- J’attends la fin, comme ça je n’aurais pas besoin de rembobiner.
- Tu es unique, tu sais que tu es la seule à rembobiner un DVD ?
Elle a seulement haussé les épaules.
Jolies, ces épaules.
Elle me surprendra toujours.
Déjà, hier soir, effondré devant le peu d’intérêt suscité par mon petit « flash-back » parisien, Heure-Bleue m’avait consolé d’un :
- Pourtant elle est chouette ta note, j’aime bien…
Elle semblait sincère et, gentille, n’a même pas demandé d’explications sur cette histoire de place Constantin Pecqueur.
Elle a même continué :
- C’est peut-être parce qu’il fait chaud.
Puis, emportée par un de ces accès poétiques qui m’estourbissent venant d’elle, elle ajoute :
- En fait, tu as écrit « une note d’automne », c’est pour ça je suis sûre.
Vous vous rendez compte, lectrices chéries ? « Une note d’automne ».
Je ne sais pas pourquoi elle prétend toujours n’avoir aucun goût pour la poésie…
11:18 | Commentaires (7)
lundi, 25 juillet 2016
Le petit ailleurs…
Je vous ai déjà parlé de la rue Caulaincourt ?
Il n’y avait pas dans cette rue qu’un café assez astucieux en 1964 pour avoir prévu une disposition de banquettes et de tables favorable au rapprochement de jeunes gens qui autrement fussent restés sur un quant à soi timide et muet.
Bien sûr il y avait aussi cette boutique où une dame qui avait au moins trois et même plutôt quatre fois mon âge poursuivait probablement l’activité d’un mari disparu.
Je revois encore cette étagère qui supportait les amplificateurs de l’époque.
Des appareils pleins de boutons et de petites glissières, tous ces petits artifices faits pour donner au son la couleur qui plaisait ou pour tenter d’en supprimer les défauts les plus criants.
Je revois aussi la dame, assez petite, sa coiffure faite d’une sort de casque argenté.
J’ai toujours dans les yeux ces « twin set » qu’elle portait invariablement d’octobre à mai.
De mai à septembre, elle les abandonnait pour des corsages encore qu’elle en portât parfois le gilet quand le temps était frais.
Oui Mab, dans les années 60, les femmes portaient encore des corsages, pas encore de « blouses » ni même des « chemises » bien qu’elles abandonnassent parfois ces « corsages » pour des « chemisiers ».
Elle avait en plus une patience d’ange pour le gamin curieux et questionneur que j’étais.
Peut-être avait elle un fils d’un âge voisin quoiqu’à y repenser c’était plus probablement un petit-fils.
Elle me faisait écouter ces appareils et, quand je lui demandais de les « mettre plus fort », elle me disait « mais non mon garçon, nous ne sommes pas seuls dans la rue et puis, ce n’est pas une fête foraine quand même ! »
Pour en revenir à cette rue Caulaincourt, elle consiste en trois tronçons assez nettement délimités.
Le début, qui passe au dessus du cimetière de Montmartre laisse derrière lui le « coin de voyous » qu’est la place de Clichy et va un peu plus loin que le croisement de la rue Tourlaque.
Une autre fois, je vous parlerai de la rue Tourlaque et de son prolongement qui mène à la rue Burq et pourquoi je l’ai empruntée maintes fois en revenant du lycée.
J’ai même beaucoup « lanterné » dans ces rues là au lieu de me précipiter à la maison pour faire mes devoirs au point que ma mère me dirait souvent à une époque « dis donc, mon garçon, tu es rentré à cloche-pied ? Et la monnaie des tickets de métro ? »
Puis, passée la rue Tourlaque, la rue Caulaincourt change d’aspect mais surtout d’ambiance pour devenir très bourgeoise, les immeubles y sont souvent en pierre de taille et les rez-de-chaussée occupés de petites boutiques de mode plutôt de qualité, pas encore de « bouffe bio » ni de succursales « de proximité », ces faux-nez de la grande distribution.
Ce tronçon de la rue reste très bourgeois jusqu’à la place Constantin Pecqueur.
Je ne m’étendrai pas sur cette place qui vit votre Goût planté là brutalement par un grand amour qui durait depuis au moins trois jours.
Ouaip, on ne donne pas Tristan et Yseult tous les jours dans le XVIIIème des sixties…
Passée cette place, on arrive dans « mon » quartier.
Et ça se voit…
Si les immeubles restent beaux jusqu’au carrefour de la rue Lamarck, là où elle devient la rue Custine, la population change.
Ne serait-ce qu’à cause de la foule de ceux qui vont « aux impôts » pour demander « un délai ».
Arrivé là, à gauche il y a la descente vers la Porte de Clignancourt , face à soi, la proximité du boulevard Barbès puis à droite, la rue de Clignancourt qui mène à la « Place du Delta » aujourd’hui disparue et sans autre nom que celui du boulevard de Rochechouart.
Trois morceaux donc, tous arpentés mille fois, toujours regardés attentivement, tous pleins de souvenirs.
Depuis quelque temps j’ai envie de prendre à gauche et descendre vers la Porte de Clignancourt, rien que pour voir ce qu’est devenu ce coin qui m’a vu grandir et où je suis passé en coup de vent il y a peu en allant chez Imaginer.
10:50 | Commentaires (7)
dimanche, 24 juillet 2016
Elle m’a à l’œil, c'est-à-dire pour pas cher…
- Minou tu me nettoies mes lunettes ?
- Hmmm ?
- J’ai les yeux sales…
Je regarde les lunettes.
Je les avais nettoyées avec le liquide vaisselle la veille ou l’avant-veille.
- Eh oh ! Tu n’as quand même pas les yeux qui projettent du gras !
Je nettoie tout de même les lunettes.
C’est au moment où j’attrape le torchon à vaisselle pour les essuyer que la lumière de mes jours a cette réflexion surréaliste :
- Mais t’es un grand sale ! Je vais puer des yeux !
J’ai beau me creuser la cervelle, je n’ai toujours pas compris mais j’ai quand même utilisé une serviette propre pour essuyer ces lunettes…
08:07 | Commentaires (6)