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samedi, 23 juillet 2016

Aujourd’hui, si je ne suis pas Breton je prends quand même Duchamp…

De rien, Mab
Il me vient parfois des idées curieuses avant d’ouvrir les yeux.
Mais non, pas que ça…
Assez bizarrement,ce matin, quand le sommeil a commencé à me quitter, j’ai pensé « c’est quand même une sorte de prescience qu’elle soit née l’année de l’expo internationale du surréalisme. »
Il est vrai que parfois, quand elle me parle, je me demande si elle ne me dit pas un poème d’André Breton jusqu’à ce que je me rappelle qu’elle n’aime pas la poésie…
J’ai ouvert les yeux vers six heures et demie.
Bon, en fait il était six heures trente-quatre.
Oui, comme mon fils j’ai ce tic, depuis que l’heure est donnée à la maison par le décodeur de la télévision, de donner l’heure de cette façon idiote.
Il était donc six heures-trente-quatre.
J’attendis sept heures moins cinq, au feeling seulement, pour me lever.
J’ai voulu dire « bon anniversaire » à la lumière de mes jours mais à peine j’ai posé la main sur son épaule que son mouvement agacé pour se dégager a tué dans l’œuf mon idée.
Alors j’ai fait comme d’habitude.
Je me suis levé et ai fermé la porte pour écouter tranquillement la radio en l’attendant.
Ça ne dure jamais bien longtemps.
Je sais, depuis des années maintenant, que mon absence à son côté la réveille plus sûrement qu’un bruit.
Le calme fut bref.
La porte s’est ouverte.
- Il est quelle heure, Minou ?
- Sept heures et quelques, ma Mine.
- Tu n’a rien oublié ?
- Non, comme tu n’as pas vieilli, je n’ai rien oublié.
Mal réveillée elle m’a dit :
- Mais si Minou, il plus de sept heures moins cinq !
- Bon anniversaire ma Mine…
Oui, Heure-Bleue est ainsi faite qu’elle prend un an dans la microseconde qui suit six heures cinquante-cinq du matin le vingt-trois juillet.
Ça doit bien faire au moins… tout ça, que je l’agace en lui disant que savoir à une demi-heure près sa date de naissance est une farce.
Ce qui la chagrine le plus, c’est savoir que chaque minute on vieillit.
Pour arranger ça, elle vieillit par à-coups...
Je ne sais pas ce qui la console le plus de cet aspect catastrophique du temps.
Un bisou ?
Un livre ?
Un clafoutis ?
Non, le dernier l’aurais poussée à me jeter la balance à la figure.
Alors exit le clafoutis.
Je trouverai sûrement quelque chose de gentil à lui dire ou à lui…
Offrir…

vendredi, 22 juillet 2016

Ce Pascal qui n’est pas un agneau…

Alors lectrices chéries, que je vous dise…
Je vais vous parler brièvement de ce Pascal qui essaie de s’insérer dans la cohue de mes lectrices chéries dans l’espoir, vain j’espère, d’en pécho quelques unes…
Je vous ai déjà parlé, je crois, de ce forum hi-fi où on parle de tout sauf de hi-fi.
Je m’y suis fait quelques amis.
Je vous ai déjà de Pascal parlé ici ou là.
Des amis d’autant plus chers que je ne suis jamais d’accord avec eux.
C’est mieux, si on n’avait pour ami que ceux avec qui on est d’accord, on n’aurait rapidement plus rien à se dire.
C’est sans doute pour ça que je me chamaille avec la lumière de mes jours depuis…
Bref, depuis…
Vous avez lu quelques commentaires de Clair 
avec qui les frictions sont plus « soft » mais néanmoins réelles.
Eh bien, quoi qu’il lise mon blog depuis quelque temps, je ne vous ai jamais parlé de Pascal.
Pascal, dont j’ai fait la connaissance en novembre 2000 lors d’une de ces réunions d’aficionados d’un truc quelconque, n’est pas plus d’accord avec moi que je ne le suis avec lui.
Je l’avais rencontré rue d’Artois chez un autre de ces fondus de hi-fi dont je vous parlerai peut-être un autre jour.
Pascal n’est pas plus d’accord avec G. 
avec qui nous ne sommes d’accord ni l’un ni l’autre.
Pour ce que je sais des deux, je pense que Pascal ne serait pas plus d’accord avec Clair ou avec N.
Mais si on me demandait de choisir, j’en serais incapable.
Ça peut sembler curieux mais c’est comme ça.
C’est la rançon à payer pour ne pas laisser l’ennui envahir sa vie.

Pour parler d’autre chose, ma grande sœur, exprès pour me faire mentir, a envoyé les photos.
Eh bien lectrices chéries, on n’a pas « embeausi » selon le mot d’Heure-Bleue.
Elle a tristement raison.
Quand je pense qu’on se trouvait moche…
Regardez la quand elle vient de donner naissance à l’Ours.
Ça vous étonne que lui faire ce bébé me soit venu à l’esprit ?
Mon dieu, cette peau...

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jeudi, 21 juillet 2016

Des histoires de culte…

Alors voilà, hier j’ai voulu écouter quelques vinyles.
Ça avait commencé à me trotter dans la tête quand je me suis mis à chantonner « an die musik », un lied de Schubert super chouette.
Je me suis lancé à la recherche de cet enregistrement de 1953 où Elisabeth Schwarzkopf  est accompagnée par Edwin Fischer.
Je l’ai retrouvé.
C’est une réédition des années 70 que j'avais achetée au BHV quand lOurs était petit.

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De fil en aiguille, en fouinant dans les étagères, je suis tombé sur une pile de vieux disques raides comme la justice qui datent de l’époque des soviets.
Ouaip, lectrices chéries, ce sont des disques épais, lourds et datés de 1956.

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C’est le Boris Godounov de Moussorgsky, et si vous ne lisez pas le cyrillique, vous êtes obligées de me faire confiance…
Je ne sais pourquoi je me suis mis alors à chantonner « Lili Marleen », du coup m’est revenu que j’avais ce vieux « Mythos Marlene », un pressage allemand acheté dans les années 80.

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J’étais content quand j’ai mis la main dessus mais le type de la chaudière est arrivé, pile poil au moment ou je voulais le poser sur ma platine pour écouter « Sag mir wo die Blumen sind » alors…
Il était sympa, je lui ai rendu l’outil qu’il avait oublié lors de sa dernière visite.
Il a changé un petit circuit, ça n’a pas marché et il me l’a montré.
Il ne savait pas comment fonctionnent les capteurs à effet Hall.
Je l’ai regardé le remettre et lui ai dit « dans l’autre sens, retournez le bidule sinon le clapet n’a pas d’action, il y a un aimant dedans et le sens du champ compte ».
Il a retourné le capteur et ça a marché.
Il a fait une remarque sur les attentats puis, je ne sais pourquoi il a précisé qu’il était croyant.
« Bon… » avons-nous dit, Heure-Bleue et moi.
Après tout, pourquoi pas, il était gentil et ne cherchait pas d’histoires.
Il nous a raconté des choses, il en est ressorti que c’était quelqu’un de plutôt ouvert.
Il n’a pas cherché à nous convaincre qu’allah c’était le bon dieu le mieux.
On n’a pas cherché à le convaincre que tout ça c’était des bêtises.
Bref, c’était un homme calme, plutôt bon et honnête.
Il va repasser au mois de mai pour le contrat de la chaudière.
Comme aujourd’hui je lui préparerai un « espresso ristretto » de chez Clooney.
Du coup on est parti en retard au Monop’.
D’autant plus en retard qu’Heure-Bleue cause avec tout le monde sur le chemin.
Un truc de vieux, ça.
Mais bon, j’écouterai « Lili Marleen » une autre fois.
Quand je serai seul.
La musique, pour moi c’est un peu comme le péché d’Onan, un plaisir solitaire…

 

PS : Heure-Bleue a écrit !!!

mercredi, 20 juillet 2016

Un dernier ver pour la route...

Heure-Bleue m’a demandé :
- Mais qui a récupéré la machine à coudre de « ta mère… » ?
Je n’en savais rien.
J’ai appelé ma petite sœur qui a dit :
- C’est pas moi ! Je suis sûre que c’est A. !
J’ai appelé ma grande sœur qui a dit :
- Hé bé non, c’est pas moi ! »
Alors j’ai appelé sœur cadette qui m’a dit :
- C’est moi, mais au fait, c’est toi qui as le portrait du grand-père peint par papa ?
- Ben non, il a disparu du mur avant la mort de maman…
Nous avons fait le tour de toutes ces choses qui passent des murs et des tiroirs des parents aux murs et aux tiroirs des enfants puis j’ai raccroché.
J’ai appelé ma grande sœur, c’est « la conservatrice en chef » des archives familiales.
Elle sait tout des dates de naissance, des morts, des liens entre cousins, cousines, oncles, tantes et grands-parents du côté maternel.
Ma grande sœur est le livre d’Histoire de la famille de ma mère.
Témoin des cahots du couple de mon père et de ma mère, de leur mariage au moment où mes petites sœurs et moi sommes entrés à l’école.
Et que m’a dit ma grande sœur ?
Eh bien, lectrices chéries, elle a commencé à mettre dans des enveloppes les choses qui concernent chacun de nous.
J’ai ainsi appris plein de choses, que j’allais recevoir une photo de ma mère enceinte de son fils préféré.
Qu’il y avait des photos de votre serviteur chez les fondus, quand il avait encore deux yeux.
Et même deux cahiers de l'époque où j'étais chez les Frères.
Je suis plus inquiet, là.
Je sais que j’écrivais à la plume et qu’à l’époque je faisais des taches.
Et ces taches me valaient des lignes par paquet de cent...
Mais bon, je verrai bien.
Ce n’est pas la première fois que ma grande sœur me parle de photos qu’elle m’envoie incessamment.
Un « incessamment » qui dure déjà depuis quelques années.
Ma grande sœur n’est plus la jeune fille qui, en 1957, rêvait de promenades solitaires vers le Sacré-Cœur.
Promenades qu’elle ne pouvait faire qu’en me prenant par la main, ma mère veillant jalousement à ce qu’aucune camaraderie ne puisse se transformer en affection.
Ma grande sœur est née peu avant la mort de son père, en 1942.
Elle est dans un état satisfaisant au point que je me dis qu’il est bien possible qu’elle doive poser sur ma tombe cette enveloppe…

mardi, 19 juillet 2016

Quand le père eut bu…

Le soleil éclatant promettait des chamailleries à propos d’ombre et de lumière, de chaleur assurée et de fraîcheur improbable.
Je trépignais d’impatience, la vaisselle du déjeuner était faite et déjà presque sèche dans l’égouttoir.
C’était une de ces journée d’été comme j’en rêve de septembre à juin.
Il était l’heure de partir.
Au lieu de se jeter sur son sac à main pour aller à notre rendez-vous avec notre amie,  Heure-Bleue bayait aux corneilles, odalisque assise.
Connaissant sa sensibilité à tout rappel à l’heure, je me suis contenté de dire :
- Ahem… Elisabeth…
- Ce n’est pas parce que je ne suis pas habillée que je ne suis pas prête, Minou…
Je me suis dit « tiens ! Changement de programme… »
Mais non, ce n’était pas ça.
Elle a fini de se préparer et nous sommes partis.
En réalité, ce n’était même plus sous un soleil éclatant dans un ciel azur, le temps genre carte postale, non.
C’était sous un cagnard redoutable et sous un ciel blanc de chaleur qui ressemblait à une feuille de tôle.
Ça m’allait bien mais j’avais déjà mal pour Heure-Bleue qui a trop chaud au-delà de quinze degrés.
Nous avons rejoint notre amie à la terrasse ombreuse de ce café que nous affectionnons tous trois, au coin du square d’Anvers,  à l’angle de la rue Gérando.
En face, sur l’autre côté de l’avenue Trudaine, l’entrée de la rue Turgot m’appelle.
Un jour ça me reviendra. C’est sûr.
Ça a un rapport avec le lycée et la rue Condorcet, je le sais.
Mais quoi ?
Nous avons conversé un long moment puis nous sommes allés chez « Tissus Reine » où notre amie avait besoin de quelque longueur de tissus bleu layette.
Je n’ai pas dit, comme chaque fois que je vois le « pull à taches » de mon épouse préférée « je hais cette couleur ».
Pendant qu’elles cherchaient toutes deux le tissu le mieux adapté, j’ai regardé aussi les rayons.
Je me suis longuement arrêté devant celui des tissus dits « liberty ».
Un motif m’a rappelé quelque chose assez soudainement.
Vous savez bien, lectrices chéries, cette impression qu’on éprouve quand on croise un souvenir  marquant.
J’ai failli dire quelque chose à la lumière de mes jours quand je me suis rappelé que quand je l’ai connue, le « power flower » qui a fait les beaux jours du  « liberty » était passé de mode.
Alors je l’ai gardé pour moi, il faisait trop chaud pour croiser un regard soupçonneux.
Après un café dans la Halle Saint Pierre où j’ai acheté un petit livre de Stephen Hawking pour Merveille –oui, elle s’intéresse énormément à la science- nous sommes entrés dans le jardin du Sacré-Cœur.
Plus de sable.
Plus un grain de sable.
Du goudron partout.
Nous n’avons croisé que des gens qui sentaient la bière aigre à vingt pas alors nous avons descendu la rue de Steinkerque jusqu’au métro Anvers.

rue de Steinkerque.JPG

Cette boutique et celles adjacentes en mauvais état ont été remplacées par un grand « Prêt à manger ».
Heure-Bleue m’a dit « Tu n’as pas l’impression qu’on t’a retiré ta jeunesse ? »
J’ai regardé autour de moi.
Mais non, le lycée est toujours là.
Mais comme moi, il s’effrite…