dimanche, 25 septembre 2016
Tout est art, qui finit grenouille…
De rien, Mab…
C’est en descendant les quelques marches de cette bizarre place en pente, ce triangle tout ce qu’il y a de scalène formé par la jonction des rues Condorcet, Turgot et Rochechouart, que ça m’est revenu.
En fait m’est revenu quelque chose que je n’avais pas oublié.
Que je ne pouvais pas oublier.
Il m’est donc « faussement revenu » ce quelque chose en passant devant le café qui s’appelle aujourd’hui « Jolis Mômes », sans doute à cause de l’école de la rue Turgot, toute proche.
A l’époque, la place était tout bêtement en pente de partout et « Jolis Mômes » s’appelait bêtement « Café de la place ».
Il a sans doute changé mille fois de nom depuis que j’attendais le 85...
Il n’y avait pas de ces marches placées là pour faire joli.
Ni même d’arbres et s’il y en avait un ce n’était pas un de ces acacias qu’on y voit aujourd’hui.
Que je vous dise, ce café occupe une place stratégique, dans Paris et dans mes souvenirs.
En plus il est bien fichu.
Du moins il était bien fichu.
Il était plus grand qu’il n’est et comprenait aussi l’angle aujourd’hui occupé par une agence immobilière.
D’où le côté stratégique de l’endroit.
S’il faisait beau et que j’avais assez de pièces dans la poche, je me mettais à la terrasse et demandais un café.
Je pouvais alors regarder à loisir les passants et la vie de deux rues sans risquer de rater l’arrivée du 85 qui me ramènerait chez moi.
Que le temps soit maussade ou que l’envie d’être tranquille me prît, je me mettais à l’intérieur à une table contre l’angle.
C’était un abri parfait et très convoité.
Surtout si vous n’étiez pas seul.
On y était à l’abri du regard du mastroquet, ce qui est parfois bien pratique.
On avait une vue panoramique de la place, ce qui permettait de voir arriver le danger d’assez loin.
Ou simplement de ne pas perdre de vue la rue de Rochechouart, histoire de ne pas rater trop de 85.
Ce café était vraiment parfait.
Inutile de demander, je ne vous dirai pas ce qui m’est « faussement revenu ».
Je vous dirai seulement qu’effectivement je connaissais quelqu’un qui habitait tout près et qui, hélas est mort.
Jeune, bien trop jeune.
C’est fou ce qui peut traîner dans la mémoire et resurgit quand le temps s’y prête.
09:51 | Commentaires (6)
jeudi, 22 septembre 2016
Un de « bo-bun »…
Ouais, je sais, ne dis rien Berthoise, c’est pas mieux que « mon petit bandit né roux »…
Hier, on est allé acheter un téléphone.
Depuis que sa petite sœur est partie passer sa retraite en lointaine province, Heure-Bleue use libéralement de la « machine à causer de loin ».
Ce téléphone à moitié fixe seulement, à force de conversations interminables où il est surtout question de dire des méchancetés sur la troisième sœur, a fini par rendre l’âme.
Non qu’il soit réellement mort, non.
Après des années de repos entrecoupées de brefs papotages à propos de tout, la batterie a été exténuée par de brefs repos entre de longs papotages à propos de rien…
Nous finîmes donc à Paris, avec l’idée de déjeuner d’un « bô-bun » avant d’aller aux Ternes acheter un téléphone.
Pour le « bô-bun » nous avons dû descendre à Pont Cardinet.
En traversant le square, la lumière de mes jours a dit :
- Et si on buvait un café avec Imaginer ?
- Avant de déjeuner ?
- Ben oui, on fait jamais rien dans l’ordre…
Alors j’ai envoyé un SMS à Imaginer qui m’a répondu « Ok, mais 30’ pas plus, chez Augustin. »
Il était plus de treize heures quand nous sommes arrivés chez Augustin.
On a bien fait « chauffer » Imaginer qui il est vrai, a une jolie peau de rousse.
C’était sympa.
Bon, on est taquin, c’est vrai.
C’est là, lectrices chéries, et j’en suis encore estourbi, qu’on voit qu’Heure-Bleue a un effet étrange sur le temps.
Oui, les « 30’ » accordées par Imaginer ont été telles qu’après l’avoir abandonnée nous sommes arrivés devant un restaurant fermé.
Il ferme à quinze heures…
Alors nous nous sommes contentés d’un truc sur le pouce et sommes partis aux Ternes chez Darty.
Nous n’aimons pas trop ce genre de boutique ou on peut acheter le monde en trois fois sans frais alors nous sommes allées directement au rayon des téléphones.
J’ai vu immédiatement ceux que j’avais vu sur le site.
J’ai pensé « Non mais ça va pas ? Escrocs ! » quand j’ai vu « 34,99€ ».
C’est sûrement pour ce genre de chose que les vendeurs se planquent quand ils voient arriver un client…
J’en ai arrêté un au vol alors qu’il courait se cacher derrière un téléviseur géant.
Il a eu la tête du voleur à la tire qui vient de se faire serrer avec ton larfeuille, il n’a même pas cherché à s’enfuir…
Il a confirmé que le même « téléphone à 24,99€ » existait mais sur commande.
Nous irons le chercher samedi, j’aurais sûrement quelque chose à raconter à Mab.
On réussira peut-être à manger ce « bô-bun »…
10:16 | Commentaires (14)
mercredi, 21 septembre 2016
Le camp gourou…
La note de livfourmi m’a fait rire.
Oui lectrices chéries, vos notes parfois m’émeuvent, parfois me font rire, toujours m’intéressent.
Bon pour Mab, c’est autre chose, j’ai souvent l’impression de me heurter à un rébus.
Je ne sais jamais si elle a voulu cacher quelque chose –elle cache tout- ou si elle a vraiment voulu ne rien dire…
Mais aujourd’hui, la note de livfourmi, non seulement m’a amusé mais m’a rappelé quelque chose.
Vous savez sans doute, comme je l’ai justement rappelé à livfourmi, que deux heures de sommeil en moins sur la nuit peuvent, si la situation est propice, se traduire par vingt ans de plus sur la figure.
Or, un de ces jours de printemps où, reposé par un longue anesthésie, quelques journées d’hôpital et quelques semaines de convalescence, je me sentais plutôt en forme.
Je suis alors descendu faire quelques courses au petit supermarché de la rue de Bagnolet près d’Alexandre Dumas.
Il faisait beau, j’avais tout ce qu’il fallait pour me sentir jeune, il ne me manquait que la jeunesse.
Une partie de l’espace entre les caisses et l’entrée était occupée par un vague barnum où une jeune femme que j’avais déjà vue vantait les mérites de club de gymnastique dit « Club Med ».
Club de gym en bas des escaliers qui mènent au Père Lachaise, tout un programme…
La jeune femme donc, me reconnaît et m’interpelle.
- Bonjour Monsieur, vous allez bien ?
- Bien sûr, jeune fille…
Elle a rosi de plaisir et ajouté ;
- Un peu de sport, ça vous ferait du bien…
- Houla ! Le sport ? Jamais de sport, suis comme Churchill...
- Ah ben justement, vous avez vu à quoi vous ressemblez ? Vous seriez nettement mieux…
- Hmmm… Vous êtes sûre ?
- Évidemment, je suis sûre que vous feriez dix ans de moins !
- Vrai de vrai ?
- D’abord vous avez quel âge ?
J’ai jeté négligemment, avec un aplomb d’homme politique :
- Soixante quatorze ans, jeune fille…
J’avais cinquante sept ans à ce moment là.
Elle est restée estomaquée, elle regardé tous ses prospectus.
M’a re-regardé.
A commencé à ranger son étalage, d’un air désemparé.
Elle a eu vraiment l’air de penser que ce qu’elle proposait ne servait à rien.
Comme quoi, le sport, hein, c’est très surfait.
Enfin, au moins ça fait marcher le commerce…
10:08 | Commentaires (8)
mardi, 20 septembre 2016
Le strass bourre Saint-Denis...
Hier j’ai laissé Heure-Bleue aller tranquillement dilapider l’argent du ménage chez le dentiste…
Pour ce qu’elle m’en a dit, ce fut animé.
Alors j’ai profité de ce qu’on m’a laissé sans surveillance pour aller traîner à Paris.
J’ai sauté sur l’occasion pour aller manger un döner à Strasbourg Saint Denis.
Ça a mal commencé.
J’ai pris le train puis arpenté d’un pas, lent certes mais enthousiaste, les kilomètres de couloirs de la station Gare Saint Lazare avec l’idée d’atteindre la station Strasbourg Saint-Denis.
Alors que je me rappelle nombre de choses sans aucun intérêt, j’avais là oublié un détail d’importance.
J’avançais le cœur tranquille, tel le ravi avançant béat vers le piège qui l’attend.
J’ai gravi quelques marches qui m’ont amené sur un couloir qui tournait au bout de quelques mètres.
Surprise ! Là m’attendaient plusieurs volées de marches complètement oubliées !
P… ! Cent-six marches en tout ! Dix-neuf mètres de montée, soit environ six à sept étages !
Inutile de vous dire que ce n’est pas l’émotion qui, arrivé sur le boulevard, m’a coupé le souffle…
Je sui allé d’un pas de catarrheux jusqu’au döner qui était encore bon il y a un an.
Il est hélas devenu mauvais.
Très mauvais. Le pain est rassis et humide, la viande dure et sèche.
L’eau est tiède dès la sortie du robinet.
Heureusement que la sauce au piment est en boîte…
Mon truc avalé, je pars tranquillement vers la rue de Bretagne.
Ce quartier de Strasbourg Saint Denis a toujours été un « quartier de voyous » mais ça s’était estompé depuis les années quatre-vingt.
Crise oblige, les trottoirs du quartier sont redevenus des plates-bandes couvertes de « fleurs de pavé ».
Très polies par ailleurs, elles ne manquent pas de me dire « bonjour » quand mon regard se pose sur elles, je réponds toujours avec un sourire et une inclinaison de la tête car moi aussi je suis poli.
L’une d’elle a même tenté une proposition « Quelque chose de spécial ? Monsieur ? »
Je l’ai facilement découragée, elle était très jeune.
« Voyons, ma petite fille, si tu connaissais ma retraite, c’est toi qui voudrais me filer de la thune… »
Elle a haussé les épaules et s’est adossée de nouveau à son mur…
J’ai continué tranquillement jusqu’à République puis le boulevard du Temple jusqu’à la rue de Saintonge qui m’a mené « pile-poil » là où j’allais.
Même le médecin s’est contenté de me prescrire l’analyse dont j’ai besoin pour aller passer un scanner.
À part ricaner en m’auscultant, il n’a rien dit sauf « pfff…c’est rien, petit virus »et m’a assuré que je n’avais rien de particulier.
Pourtant j’étais sûr que…
Mais bon, si même le médecin se fout de moi, hein…
Ce fut une chouette promenade.
Maintenant je dois prendre rendez-vous pour le scanner.
09:59 | Commentaires (10)
lundi, 19 septembre 2016
Le goût du peint…
De rien Mab.
Que je vous dise, lectrices chéries, mon devoir de Lakevio est bien moins bon que celui d’Heure-Bleue mais c’est la vie…
Franchement, les parents ont de ces idées parfois…
Quelle lubie a bien pu passer par la tête de Mrs Clueless pour me demander de peindre sa fille.
Si encore elle avait voulu quelque chose d’un peu académique, genre « jeune fille sage sur un fauteuil avec bouquet de couleurs tendres dans les bras ».
Je crois que j’aurais même pu en faire une de ces filles qu’on voit sur des toiles préraphaélites.
Je suis sûr que ça aurait rendu au poil, un peu frimeur et trop dans les tons XIXème siècle évidemment mais il faut bien vivre, après tout…
En plus ça m’aurait arrangé, je suis certains que toutes les génitrices de filles à marier se seraient précipitées pour immortaliser leurs filles.
Des clientes à gogo...
De ces tas de parents qui sont restés justement au XIXème siècle dans leur tête, persuadés que ça les aiderait à « caser fifille » si elle a un petit air « Ophélie ».
Moi qui les vois en vrai, je sais pourquoi tous ces exemplaires d’Ophélie flottent.
Même si on ne peut pas dire d’elles « elle flotte en ses longs voiles ».
Bref, me voilà là, face à la toile, mal assis, face à une fille qui fait la gueule en prenant une pose qui manifestement l’ennuie autant que moi.
Si, au moins sa mère se taisait mais non…
Elle ne cesse pas.
- Vous ne la faites pas un peu maigre, là ?
- Mais non, elle est même…
J’allais dire « plutôt replette »
Je me reprends :
- Elle est parfaitement en chair, vous savez, j’ai l’œil…
- On va penser que je ne la nourris pas bien…
Ça, ma grande, ça m’étonnerait…
- Mais non, je vous assure. En revanche, le jean, ça donne un côté un peu triste, déjà qu’il fait un peu sombre avec cette lumière de fin d’après-midi…
Le « modèle » intervient, agacé.
- Maman, fous lui la paix bon sang !
- Ma fille comment…
- Ta fille elle en a marre, je n’ai pas envie d’être portraiturée, surtout pas dans cette pose ridicule ! En plus ça fait vraiment « je fais semblant d’être naturelle », tu parles si ça fait illusion…
- Voyons, tu sais bien que quand la toile sera finie, tu commenceras la saison des « rallies » et que tu seras en valeur !
- Manquait plus que ça ! Une mère maquignonne !
- Pas du tout la fille !
Elles commencent à me saouler, toutes les deux, en plus elles m’empêchent de travailler…
- Si ! Je ne suis pas ton enfant, je suis ton cheptel ! Alors laisse le faire son boulot et qu’il s’en aille, plus vite ce sera fait, mieux ce sera.
Impeccable, la mère se tait, les larmes coulent.
Je vais pouvoir travailler, ça ira vite, ce n’est pas très compliqué, la fille est raide comme la justice mais je sais assouplir les poses avec un pinceau, alors.
C’est « l’ABC » du métier, quand même.
Encore un rentrée assurée…
09:57 | Commentaires (9)