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lundi, 29 octobre 2012

Bon anniversaire…

Ils reprirent les cours avec d’autant plus d’ardeur que les amphis étaient chauffés et qu’il faisait un froid de gueux.
Le mardi tant attendu arriva enfin, ce qui est assez courant après un lundi. Lui portait un caban offert par sa mère pour son anniversaire, et l’éternelle écharpe qu’il porterait sa vie durant, tel Aristide Bruant mais sans chapeau et de couleurs variées…
Elle était évidemment beaucoup plus élégante et apparemment moins frileuse. C’est fou comme peut être passionnante la vue d’une jeune fille, finement bottée jusqu’à mi-mollet, en manteau trois-quarts, mini-jupe et, entouré d’une écharpe, un cou délicat dont on connaît déjà la saveur de la peau…

Ils se sautèrent au cou. Il proposa « un chinois ». Elle dit « D’accord, mais celui de la rue Amelot ».
Il repensa alors à leur dernière séance de travail et le diable, qui se cache dans des détails bien charmants parfois, lui souffla quelques pensées inavouables.
Le problème des idées inavouables dans ces cas là c’est qu’elles sont parfois partagées.
Le repas fut, chose rare, silencieux et finalement frugal. Elle au thé, lui à l’eau.  Pendant qu’il allait régler, elle en profita pour vérifier soigneusement dans un petit carnet une information vitale pour ce qu’elle avait en tête. Ils sortirent et leurs pas les emmenèrent vers la rue du Chemin-Vert, il avait le cœur qui s’accélérait dangereusement et elle le suivait sans rien dire ni faire mine d’aller dans une autre direction.
Leurs petites éponges toutes neuves leur permirent de monter les cinq étages sans aucune des difficultés qui guettent le clopeur acharné.
Si leur souffle était court à l’arrivée, c’est pour de toutes autres raisons.
Il pensa que Confucius avait raison qui disait que « l’expérience est une lanterne qu’on porte dans le dos et n’éclaire que le chemin parcouru ». A peine arrivés ils accrochèrent leurs manteaux à la patère de la porte.
Ils s’embrassèrent comme s’ils allaient mourir tout à l’heure, vous savez comme sont les gamins…
Il s’assit sur le lit et elle prit place à son côté. Elle le regarda puis s’allongea et dit d’une voix douce « Bon anniversaire, mon chéri ». Sa voix s’enroua sur la fin mais il est vrai que c’était l’hiver…
- Tu es sûre qu’on ne va pas faire une…
- Non, je te le jure.
Il s’empressa de déballer son cadeau. Il fit preuve de beaucoup de minutie pour ne pas abimer l’emballage et d’énormément de délicatesse pour ne pas abimer le cadeau .
Il savait que les filles, c’était magique. Il avait aussi appris que, comme les antibiotiques, « c’est pas automatique » et que la diversité des réactions, pour intéressante qu’elle fût, était souvent source de malentendus.
Il s’appliqua donc à suivre les conseils de Nicolas Boileau qui ne pensait probablement pas à ça en l’écrivant mais conseillait, avec un à-propos saisissant : 

 

Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,

Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez

Ils découvrirent avec ravissement que L’Art Poétique n’avait rien perdu de son actualité...

dimanche, 28 octobre 2012

Sounds of silence...

Les jours passèrent ainsi jusqu’aux vacances de fin d’année, agréablement malgré quelques disputes. En fait ils se chamaillaient beaucoup. Ils arrivaient même à se disputer en écoutant Simon & Garfunkel au café. Instruite par l’aventure précédente, elle évita d’évoquer l’idée d’aller travailler chez elle, le café de la Rue Cujas ou celui du coin du quai étant plus propice au travail et moins risqués. Elle était bien sûr tentée –et lui donc !- mais avait encore en mémoire une expérience pas très réussie. Elle était aussi refroidie par leur propension à se disputer pour des vétilles. Lui se méfiait un peu d’elle pour des raisons voisines.
Ils craignaient tous deux un ratage qui les laisserait malheureux comme les pierres. Ça, ce serait mauvais pour les études. Bien plus que les histoires d’amour « qui marchent ».
Ils durent se passer l’un de l’autre  pendant les deux semaines des vacances de fin d’année.
Vacances qu’il mit à profit pour travailler d’arrache-pied. Il pensait certes aux épreuves à venir mais pas uniquement et il aurait besoin de temps pour mener à bien l’entreprise qu’il avait à l’esprit.
Ces journées de vacances étaient longues et bien remplies. Il travaillait« à la guelt »dans une boutique des beaux quartiers où l’on vendait du matériel audio dit « haut de gamme ». Ses connaissances en musique classique, dans le matériel audio, son passe temps préféré depuis de nombreuses années si on excepte les filles, ainsi que son bagout en avaient fait un vendeur qui s’en tirait honorablement. D’autant plus efficace qu’on lui fichait une paix royale. Il faisait donc provision de temps, de connaissances et de sous. Les sous, ça ne paraît pas, mais pour les cafés et autres chinoiseries qui permettaient d’éviter la rue Mabillon, c’était important.
Au début du mois de janvier 68, il trouva une lettre dans la boîte de ses parents.
Délicieuse missive disant en substance.

Mon chéri,

 

Si tu savais comme tu me manques ! Je reviens le dimanche 4 janvier, le train arrivera vers 7 heures et demie du soir. Si tu venais me chercher je serais la plus heureuse des filles.
Mille baisers et peut-être...

 

Odile

Et bien d’autres choses qui ne vous regardent pas.
Il savait qu’il lui manquait mais, la connaissant quand même un peu, il se doutait que l’idée de traîner sa valise dans les escaliers du métro Gare d’Austerlitz puis de la monter au cinquième étage l’enchantait moyennement. Pire, s’il la laissait rentrer seule, elle lui ferait la gueule pendant des jours. Ce qui entraînerait inévitablement d’autres disputes.
Cela dit elle lui manquait aussi terriblement et il irait la chercher avec joie. Ce « et peut-être » lui trottait sans cesse dans la tête, et il tirait déjà des plans sur la comète...
Il l’attendit donc sur le quai, gelé mais plein d’espoir, ce soir du 4 janvier 1968. Il se dépêcha de la rejoindre dès qu’il aperçut sa chevelure flamboyante à la portière d'un wagon. La valise dans une main, sa main dans l’autre ils descendirent dans le métro. Comme c’est souvent le cas quand on est très occupé à autre chose que son trajet, ils faillirent rater la correspondance à Bastille.
La valise n’était finalement pas très lourde et ils arrivèrent rue du Chemin-Vert sans épuisement excessif. Las… La tante l’attendait et comptait bien passer la soirée avec elle « qui m’avait bien manqué pendant ces deux semaines et j’ai tes cadeaux de Noël  ma petite chérie». Pour les « Mille baisers » il avait eu un acompte, quant au « et peut-être » il semblait compromis. Il salua civilement la tante, un peu plus familièrement sa petite camarade et repartit chez lui non sans la promesse de se revoir mardi midi.

 

samedi, 27 octobre 2012

Privés de dessert...

Elle lui demanda de tenir son araignée pour pouvoir nettoyer ses lunettes. Il adorait regarder ses yeux vagues dans ces moments là. Il avait pourtant constaté « de tactu » récemment, très récemment même, que leur douceur était trompeuse...
Pour parfaire la réconciliation, il proposa « d’aller au chinois ».
- Tiens ! T’as des sous, toi ?
Jeta-t-elle, farceuse, un brin mesquine et l’œil de nouveau malicieux.
- Ben non mais on ne mangera rien et on boira la carafe d’eau, au moins on sera au chaud.
Se tenant par la taille, ils sortirent et eurent d’abord l’idée d’aller vers la Montagne Sainte Geneviève, riche en gargotes extrême-orientales.
Il fit remarquer que c’était quand même loin et qu’il avait quand même à travailler. Elle acquiesça.
- D’accord, on va vers chez moi, il y a « des chinois » pas très loin et après on travaille chez moi.
Elle insista lourdement.
- J’ai bien dit « on travaille »…
Pour une fois qu’il n’avait pas d’idée derrière la tête, elle lui en donna…
Passé le pont vers la Bastille, ils prirent les petites rues jusqu’au métro Chemin-Vert. Rue Amelot ils trouvèrent une gargote chinoise pleine de monde où on les mit à une petite table libre au fond de la salle. Leurs poches retournées leur permettaient tout juste des entrées.
Le déjeuner se limita à un hors-d’œuvre chacun, elle jeta son dévolu sur une salade de poulet, lui aurait bien voulu des nems mais la salade limiterait les frais et permettrait une boisson, une seule.
Pour une fois délicat il lui laissa la boisson. Toujours à « faire du genre » elle but du thé. Lui la carafe d’eau. Le maigre repas fut vite avalé et ils partirent « travailler »…
Elle poussa l’énorme portail de l’immeuble de sa tante et l’entraîna. Il pensait qu’elle habitait chez la tante mais non, celle-ci lui avait laissé la chambre de service du cinquième étage. Elle pourrait y vivre et travailler tranquillement, ne descendant chez sa tante que pour le dîner et quelques menus services.
Arrivés dans la chambre, ils jetèrent leurs araignées sur la petite table et accrochèrent leurs manteaux à la patère de la porte.
L’ambiance changea et le silence s’alourdit.
- Bon, au boulot !
Dit-il, plus pour détendre l'atmosphère que par réelle envie de travailler.
Il poussa la petite table vers le lit, trop bas pour elle, s’y assit tandis qu’elle tirait l’unique tabouret vers la table pour y prendre place.
C’est là qu’elle eut un réflexe malheureux. Elle se pencha et posa un baiser qu’elle espérait léger sur ses lèvres. Il n’était pas, hélas, assez léger. Ce fichu problème d’aimants, toujours… Il l’attira à elle, c’était assez pratique finalement de s’être assis sur le lit pensa-t-il. Pendant que ses lunettes tombaient sur la table, sans qu’ils se séparassent, elle passa de son côté.
Une chose en entraînant une autre, ils auraient fait une énorme bêtise si elle ne s’était souvenue à temps que méthode préconisée par le bon docteur Ogino était en grande partie responsable du « baby-boom ».
La loi Neuwirth était encore à l’Assemblée qui lui aurait permis l’accès à une « pilule » que de toute façon ses parents lui auraient refusée.
Lui, faute du matériel adéquat renonça à une entreprise si bien engagée.
Ils s’en tinrent donc là, avec difficulté certes, mais ils y parvinrent. Ils réarrangèrent leur mise et se mirent au travail sérieusement chacun à leur côté de table.
Ils n’étaient pas trop acquis à l’idée d’aller demander à maman si être grand-mère la dérangerait, aussi évitèrent ils de trop se regarder et laissèrent de côté l’idée d’échanger quoi que ce soit, surtout pas des baisers.
Bref, c’était une journée à hors-d’œuvre...

vendredi, 26 octobre 2012

Le Jardin des Délices.

Une dizaine de jours passèrent. Lui, vaguement malheureux mais surtout vexé de s’être fait jeter, retomba rapidement dans le travers du badinage tous azimuts. Ce fut assez efficace pour qu’au bout de quelques jours, une petite rousse se laissât convaincre que flirter avec lui était une affaire hors du commun. Il put donc rapidement se promener dans les allées du Jardin des Plantes ou s’asseoir au café de la rue Cujas avec, à son bras, le genre de fille qu’on y voyait accroché quand il n’était pas seul.
Quant à elle, blessée d’avoir été plaquée, d’autant plus gravement par manque d’habitude, son célibat n’avait pas duré une semaine. Faite comme elle l’était, il était logique qu’un « beau ténébreux » la remarquât dans l’instant.
Elle fut donc ravie de voir qu’elle pouvait intéresser quelqu’un dans des délais raisonnables.
Au début de l’hiver, un jeudi de fin de matinée, peu après la fin de son cours, elle passait avec le type accroché à ses basques dans les allées du Jardin des Plantes.
Comme d’habitude, elle avait entraîné son « beau ténébreux » où elle voulait. Elle préférait le Jardin des Plantes à n’importe quel bistrot.
Lui, ce jeudi en fin de matinée flânait dans les allées du même Jardin des Plantes, sa nouvelle rousse accrochée au bras.
Seulement voilà. Les manuels montrent régulièrement que l’Histoire ne se déroule pas aussi calmement qu’on l’espère. La guerre de Cent Ans en est la preuve éclatante.
Tout aurait pu se passer comme chacun l’avait prévu. La promenade câline et hivernale servant d’abord et avant tout à se réchauffer mutuellement de façon aussi agréable que possible. L’idée de se voir apprécier pour sa douceur, sa patience et sa verve était  pour lui un réconfort certain.
Ce jour là, le sort, facétieux comme chacun sait, ficha en l’air en un instant le cours calme du temps et des vies de nos étudiants.
Il la reconnut d’assez loin et ne dit rien. Même, il fit semblant de ne rien remarquer.
Elle, myope comme une taupe, mit plus de temps mais finit par le reconnaître.
Ils se saluèrent plus que fraîchement.
 « Pfff… déjà avec une autre…Vraiment… » dit l’une.
« Tu peux dire, si tu es esseulée ça ne saute pas aux yeux ! » dit l’autre.
Le calme ne dura pas. Elle entama les hostilités.
- Tu as beau jeu de faire du cinéma mais dès que j’ai le dos tourné, je n’existe plus ! Je suis remplacée dans l’instant !
- Tu n’as pas l’impression d’exagérer, là ? A peine je te croise, tu es avec un mec !
L’ambiance s’assombrissait lourdement…
- Tu oublies que tu m’as plaqué !
- Tu oublies que tu m’as plaquée !
Ils réussirent à le hurler parfaitement à l’unisson.
Les deux autres témoins avaient un air gêné et ne savaient quoi faire.
Sauf l’autre rouquine qui, pour faire quelque chose, le gifla de confiance et s’éloigna à grands pas.
Le type, lui, se contenta de dire « Bon, ça va, j’ai compris » et tourna les talons.
La querelle n’était hélas pas terminée…
Elle attaqua d’entrée.
- N’empêche, je te lâche des yeux et j’ai juste à regarder aux alentours ! Si je vois une rouquine dans la foule, je sais que tu n’es pas loin !
- Oh ! Tu peux dire ! Si je te cherche, dès que je vois un type brun, bronzé et mal rasé, je sais que tu es accrochée à son bras !
Tout aurait pu s’arrêter là s’il n’avait cru bon d’ajouter méchamment « Enfin… Je dis à son bras… »
Là, il était allé trop loin.
Sa lèvre inférieure se mit à trembler, ses yeux bleus se remplirent d’eau. Elle prit son élan et lui donna une gifle qui le laissa abasourdi et lui fit tinter l’oreille gauche plusieurs secondes.
Elle le regarda, effarée, regrettant déjà son geste, s’assit sur un banc et fondit en larmes.
Totalement désarmé, les deux joues de couleur différente, il s’assit à son côté et la prit dans ses bras. Elle, encombrée par son araignée. Lui, empêtré avec la sienne. Ne trouvant rien  de mieux à lui dire, il lui chuchota « 
tu es vraiment prête à tout pour détremper mes feuilles… ». Elle le traita d’idiot. Il la traita de bécasse. Elle renifla. Il l’embrassa. Elle l’embrassa. Ils s’embrassèrent. Puis se jurèrent tous deux que d’abord ils s’aimaient, évidemment pour toujours,  puis se jurèrent prudemment que leur amour allait durer un peu plus de deux heures…

jeudi, 25 octobre 2012

Le cœur hélas, tique…

Ils burent leur café, cette fois-ci en silence. Elle était toujours appuyée contre lui et se rassérénait peu à peu.
- Merci…
- De rien, je vous raccompagne ?
Elle le regarda.
- Vous ne savez même pas où !
- Même sur Mars ! Et à pied encore !
Elle sourit gentiment et dit « allons-y, c’est vers Chemin Vert ».
- Ça me va, je n’aurais qu’à prendre la rue Saint Gilles pour rentrer chez moi.
Ils sortirent tous deux, elle lui prit le bras. Il ne dit rien mais appréciait qu’elle lui fît confiance.
Confiance peut-être limitée mais c’était déjà ça.
Elle lui faisait confiance.
Confiance peut-être mal placée mais qui ne risque rien…
Ils remontèrent vers la Bastille et se dirigèrent vers Chemin-Vert.
Ils marchaient lentement le long du boulevard Beaumarchais.
De plus en plus lentement au fur et à mesure qu’ils approchaient de la rue du Chemin-Vert. Ils s’avancèrent un peu dans la rue et elle s’arrêta devant un immeuble ancien qui aurait mérité un ravalement. Elle lui tendit une joue. En changeant de joue, leurs lèvres se frôlèrent. Tout se serait passé le plus simplement du monde s’il n’y avait qu’il y eut ce vieux problème bien connu de ceux qui manipulent des aimants. Dès que ça se frôle, ça se colle fortement et il est difficile de les séparer.
Ça leur prit un long moment avant d’y parvenir…
Il repartit en direction de la rue Saint-Gilles. A peine quelques pas plus loin, elle l’appela.
- Après demain, seize heures, allée Cuvier ?
Il revint sur ces pas, ils reperdirent encore dix minutes…
- D’accord, à après demain.
Qu’aurait-il pu dire d’autre ?
Deux à trois semaines passèrent ainsi, agréablement. Il est toujours bon d’avoir quelqu’un à câliner ou pour vous câliner quand les températures baissent. Jours toutefois émaillés de chamailleries assez fréquentes. Ils avaient un caractère plutôt vif, l’un et l’autre. Mais les baisers si souvent échangés adoucissaient le côté « rugueux » de leur caractère. Quand ils cessaient de se disputer ils se regardaient comme des gâteaux et, quand par hasard ils s’éloignaient l’un de l’autre de plus de dix centimètres, ils se contemplaient comme les fidèles adorent leurs dieux.
Un jour, elle proposa d’aller voir « Kapo » au Champollion. Il l’avait déjà vu mais accepta. De toute façon, « Kapo » était  régulièrement à l’affiche depuis des années. Il était vu et revu. Toujours avec la même émotion.
Et de l’émotion, il y en eut.
Il y en eut surtout après, au café. Ils n’étaient pas du tout d’accord sur le film. Elle avait tendance à comprendre, si ce n’est excuser Kapo. « Un vrai scandale, ton analyse ! » hurla-t-il, lui trouvait que la vraie victime, c’était Emmanuelle Riva qui avait quand même laissé sa peau dans cette affaire « une vraie réaction de fasciste ! ».
Ils conclurent donc leur  première sortie sur une sévère dispute. Une véritable chamaillerie qui les vit s’engueuler jusqu’au boulevard Saint-Germain et se quitter fâchés à mort.
- J’en ai assez !  Va-t’en ! Lui hurla-t-elle.
- J’en ai marre ! Je ne veux plus te voir ! Lui jeta-t-il au même instant.
Pas de rendez-vous prévu. De la rancœur de chaque côté. Bref, exit l’amour et bonjour le célibat…
Oubliée l’idée de se revoir dès que leurs cours le permettraient. Brève histoire sans lendemain comme il y en a des tas dès qu’on fait cohabiter des foules de garçons et de filles assez grands pour avoir envie de jouer à autre chose qu’à la balle.
Ce fut bref mais animé.
Tout était terminé.
Du moins, le pensaient-ils…