samedi, 22 décembre 2012
Le doute...
Alors voilà, Père Noël, c’est la mine !
D’abord il faut s’habiller en Père Noël, et puis il faut assister, en applaudissant à bon escient, au spectacle de petits enfants qui chantent et qui dansent avec leurs maîtresses.
Un moment mon attention s’est relâchée, attirée par autre chose que les enfants en train de danser et de chanter.
Une classe de petits essayait de suivre tant bien que mal les mouvements d’une maîtresse.
Blonde, la maîtresse.
Vêtue d’une jupe noire.
Mais une jupe noire en voile.
Donc parfaitement transparente.
Et la maîtresse était à contre-jour.
Bien fichue, la maîtresse…
Vous savez bien, lectrices chéries, qu’un tel spectacle ne pouvait pas échapper à votre Père Noël adoré.
Un joli mais bref instant de distraction...
Mais comme je suis raisonnable, je suis rapidement revenu à mon boulot de Père Noël.
Le spectacle terminé, j’ai fait le tour du préau avec un énorme panier de bonbons.
L’horreur ! On aurait dit une fermière dans sa basse-cour à l’heure de la distribution de graines !
De vraies volailles affamées !
A un moment, il m’a fallu me rebiffer et protéger mon stock.
Un petit Indien de l’Inde avait plongé deux mains minuscules dans le panier pour en tirer le plus de bonbons possible.
« Eh ! Oh ! Tu veux ouvrir une boutique ? Tu fais ton stock ? Un seul bonbon, sinon ils vont avoir quoi les autres ? Tu crois qu’ils vont venir te l’acheter ? Hmmm ? »
Il a reposé les bonbons, n’en a gardé qu’un et m’a dit « Merci Père Noël » d’une toute petite voix.
Ils sont mignons à cet âge, ils croient encore qu’il faut obéir au Père Noël…
Et j’adore qu’on m’obéisse !!
A un moment, avec mes bonbons et entouré de petites filles pleines de mains avides, je me suis fait la réflexion que s’il n’y avait pas les maîtresses et la directrice, j’étais bon pour finir entre deux gendarmes. Un vieux avec des bonbons et des petites filles autour, c’est un mauvais plan…
Et puis, hier nous sommes allés faire quelques courses avec Merveille.
Et nous nous sommes un peu renseignés, Heure-Bleue et moi.
Car nous savons faire cracher ses secrets à Merveille.
- Alors ? Il était comment le Père Noël ?
Air émerveillé de la Merveille.
- On ne sait pas comment il est rentré dans l’école, les fenêtres étaient fermées, et d’un coup il était là avec nous !
- Il était habillé comment ?
- Il avait un pantalon rouge, une grande veste rouge avec une capuche rouge qui avait un bord blanc.
- Et…
- Il avait aussi une grande barbe blanche et des moustaches blanches.
- Et c’est tout ?
- Ah non, il avait des bottes…
Ouf ! Elle ne m’a pas reconnu !
Puis elle s’est ravisée, comédienne, va !
- En fait, non, il n’avait pas de bottes, le Père Noël.
- Ça s’est bien passé finalement.
- Oui, il a donné des bonbons à tous le monde.
- Il est gentil, alors le Père Noël.
- Ah oui, mais il avait les chaussures de Papy.
Aïe !
Eclair malicieux dans les yeux de Merveille…
- Il avait aussi le pull rouge de Papy, le pull doux.
Re aïe !
Sourire de Merveille…
- Et puis, quand la barbe glissait, on voyait aussi la barbe de Papy.
Et ?
- Et j’ai vu aussi les dents de Papy quand il souriait.
Et Heure-Bleue de tenter « Oh ! Tu sais, le Père Noël est obligé de déléguer car il y a beaucoup d’enfants et il ne peut pas être partout… »
-Bien sûr Mamie…
A ajouté Merveille avec un air de doute mâtiné de désespoir devant tant de naïveté.
Merveille est si gentille qu’elle a même fait semblant d’être convaincue par l’argument de Mamie et le jeu d’acteur de Papy…
09:44 | Commentaires (10)
vendredi, 21 décembre 2012
Joli moi de mai.
Je vous avais promis de vous relater une part du mai 1968 tel je l’ai vécu.
Chose promise, chose tentée.
Lectrices chéries, rappelez-vous l’irruption de « Dany le Rouge » dans la vie de votre étudiant préféré.
Et reprenons la suite de cette histoire qui finit à l’époque calmement.
Du moins pour ce qui est des histoires de cœur…
Ce matin-là, j'ai dix neuf ans. Dix neuf ans et cinq mois.
Mon quartier, le Marais, tout proche d’un terrain vague qui sert de parking sauvage et deviendra plus tard le « Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou », plus connu sous le nom de « Centre Beaubourg » quand ce n’est pas sous le sobriquet de « La Raffinerie » qui lui collera aux tuyaux pendant des années.
Comme beaucoup encore à Paris, ce quartier est plutôt sale, la loi promulguée par Mr Malraux n’est pas appliquée partout, loin de là.
Le Marais est fait de rues étroites aux trottoirs plus étroits encore.
Les toits de l’hôtel particulier où vivent mes parents sont en cours de réfection et nous y habitons un appartement soumis à la « loi de 1948 ».
Des poutres et des feuilles de zinc s’entassent dans la cour. Le soir, quand je reviens à la maison, il me suffit de taper du pied sur les pavés de la cour pour entendre s’enfuir des rats monstrueux dont certains s’empalent sur les clous de charpentier en couinant désespérément.
Le déménagement des Halles n’a pas encore commencé qui le sera l’année suivante, mais les marchands, prudents comme tous les marchands, ont décidé de commencer à mettre de l’ordre et nettoyer sérieusement l’endroit qui a servi d’arrière-cuisine à Paris pendant des siècles .
D’où l’afflux de rats dans les immeubles entourant les Halles.
Ces temps-ci, nourrir Paris consiste apparemment à nourrir les rats du quartier où habite votre Goût adoré.
L’allure de mon quartier ? Noir ! Voire lépreux.
Les travaux de restauration ne commenceront que pendant les années soixante-dix.
Ce sera l'occasion d'un énorme transfert de fonds entre l'état qui prêtera sur trente des sommes phénoménales à des taux d'intérêt dérisoire à des promoteurs qui restaureront, voire reconstruiront, puis vendront à des prix pharamineux sur des durées de dix à quinze ans à des taux quasi usuraires.
Mais ça redonnera au quartier un lustre qui avait disparu depuis la Révolution de 1848.
C'est là que Zola trouvera la matière du « Ventre de Paris »
Son animation ? Nulle à partir de dix-neuf heures car la fermeture des magasins de gros en bonneterie et d’outillage de joaillerie sert de couvre-feu.
De plus, contrairement à ce qui s’y passera dès les années soixante-dix, on y peut dormir la nuit du sommeil du juste sans être brutalement réveillé par des fêtards avinés.
Son avantage pour votre serviteur ? Il est tout proche de la fac de Jussieu où je vais « pedibus cum jambis » et de toute façon, j’aime ce quartier. La « Voie Georges Pompidou » n’existe encore qu’à l’état de projet et les quais de la Seine sont encore ceux décrits par les poètes, avec leurs pavés, leurs bancs faits exprès pour l’entraînement des jeunes gens aux choses de la vie et les talus encore herbeux pour y approfondir les nouvelles connaissances…
Depuis plus d’un mois déjà les couloirs et les rues du Quartier Latin bruissent de nouvelles qui nous réjouissent.
Enfin, pas tous mais beaucoup d’entre nous.
Les étudiants de Nanterre, instruits par des étudiants comme « Dany le Rouge », apprennent, alors qu’ils les ont sous les yeux depuis les fenêtres de la fac, que Nanterre est d’abord et avant tout une ville de pauvres.
Une ville qui sacrifie à « la croissance », celle qui reconstruit la France depuis plus de vingt ans.
Tous, ces étudiants qui viennent de familles plutôt aisées, ou moins aisées comme la mienne dont les enfants sont boursiers, voient avec stupeur que sous les fenêtres de leurs amphis, de très pauvres gens triment à leur place pour reconstruire un pays que d’autres ont dévasté.
Bon, c’est de fait assez heureux car nous serions bien incapables de faire ce qu’ils font…
Votre serviteur lui-même, animé des bonnes intentions de gauche qui devraient être à l’honneur ces temps-ci, bien qu’issu d’une famille pas bien riche, n’a pas idée de ce que doivent faire ces gens.
Heureusement, pour le convaincre qu’il est proche de ces gens là, il lui suffit d’entendre ses camarades mieux lotis affirmer « Mais enfin ! Il n’y a plus de pauvres maintenant ! Tout le monde a un travail bien payé ! »
Pour être honnête, rappelons-nous tout de même qu’il n’était question au départ que de l’accès aux piaules des étudiantes…
07:51 | Commentaires (7)
jeudi, 20 décembre 2012
Il y a Maya partir
Lectrices chéries, mes amours, je vous en prie.
Retenez vos larmes !
Ne sortez pas aussi prématurément qu'inutilement vos mouchoirs !
Toutes ces avanies vous donneraient des yeux de raton-laveur du plus mauvais effet pour la cérémonie à laquelle j’ai l’intention de vous convier.
Oui ! Je viens dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, vous faire mes adieux.
J’aurais tant aimé, vous voir, vous approcher, échanger quelques mots avec vous toutes avant de sombrer dans l’oubli.
Cela dit, il reste peut-être une possibilité que cet adieu déchirant, avant que ne soit effective notre séparation définitive, vous remplisse toutes de joie.
Que diriez-vous d’un dernier repas partagé ce soir ?
Repas dans un de ces restaurants réputés tant pour la qualité de leur chère, très chère chère, de leur bonne chère quoi, que pour la chaleur de leur accueil.
Ne m’objectez pas que pour s’y régaler il faut réserver des mois à l’avance.
Votre Goût adoré a la solution toute trouvée.
Il a décidé d’acheter maintenant le restaurant.
Nous nous y retrouverions dans une ambiance bon enfant mais néanmoins pleine de respect devant les saveurs à nous proposées.
Vous y arroseriez des bols entiers de caviar, du Sevruga, pas le Beluga si commun, de petits verres d’une excellente vodka Matrioshka.
Laissons de côté ces vodka de supermarché qui trouent l’estomac en épargnant le porte-monnaie -sans doute pour laisser de quoi payer les dépassements d'honoraires d'un chirurgien qui boira, lui, de la Matrioska...
Je m’en passerai quant à moi car je préfère le foie gras d’oie, ou, à la limite, les bouquets de Bretagne, ces petites merveilles de crustacés qui n’ont pour seuls inconvénients que leur prix et le risque de croissance d’urée dans l’organisme –ce dont je me fiche éperdument-.
Pour ma part, je préfère des vendanges tardives de Gewurztraminer à l’Entre-deux-mers, aussi le mariage sera assorti tant avec le foie-gras que les bouquets de Bretagne.
Je me demande même si je ne me régalerais pas des deux, pour le coup.
Histoire d'être, rapidement satisfait, et de peu.
Mais vous, lectrices chéries ! Surtout ne vous privez pas !
Ne faites pas les timides en choisissant des plats que vous estimerez raisonnables.
Rien ne me causerait plus grand plaisir que votre plaisir.
Une fois terminées, tard dans la nuit sans doute, ces ultimes et délicieuses agapes, je réglerai toutes ces festivités d’un chèque magistralement signé par votre serviteur.
Il risque certes d’être sans provision…
Et alors ?
On s’en fout !
Demain c’est la fin du monde !
Ergo celle des banquiers…
06:50 | Commentaires (11)
mercredi, 19 décembre 2012
L’usure du pouvoir.
On en parle toujours comme de l’usure de ceux qui ont exercé le pouvoir.
Mais, lectrices chéries, avez-vous pensé au pouvoir qui s’use avec le temps ?
Eh bien, ça existe aussi.
Et j’en suis victime ! Oui, lectrices chéries ! Votre Goût préféré est une victime !
J’en veux pour preuve la mésaventure qui m’est arrivée hier soir.
Contrairement à ce que pourrait penser n’importe quel type arrivé à « bac+8 » après un entraînement en CHU, ce ne sont pas les antibiotiques qui ont rétabli Heure-Bleue.
Eh bien non, non, non !
Pas du tout !
C’est un stage au Monop’ qui l'a remise sur pied.
Elle en est revenue, accrochée à mon bras et en pleine forme, la langue pointue et la dent dure.
Après le dîner, nous devisions calmement. Oui, ça arrive parfois…
A l’une de ses remarques, pourtant anodines, emporté par mon élan et de vieux réflexes acquis tout au long d’une vie d’observations, je répondis je ne sais quoi d’une voix douce.
Peut-être la voix qu’Heure-Bleue appelle « ta voix d’hôtesse de l’air », voix qui, autrefois du moins, la mettait en émoi, allez savoir, je n’en sais rien...
Et là, ô surprise ! Heure-Bleue s’est tournée vers moi et m’a jeté « Ah non ! Toi le séducteur, n’essaie pas ça avec moi ! Je te connais ! Tu devrais plutôt essayer ça sur Dulcinée ! ».
Puis elle se ravise et décide que « Non, il ne vaut mieux pas, sinon… ».
Je me demande encore ce que j’ai pu dire, sur quel ton et avec quelle voix.
Une chose est sûre, le temps passant, l’effet n’est pas le même qu’il y a quarante ans…
08:29 | Commentaires (8)
mardi, 18 décembre 2012
Homme, sweet Homme...
Oui, il s'agit bien de votre Goût adoré...
Vous n'en doutiez pas, j'espère ?
Vous êtes toutes plongées j’en suis sûr, lectrices chéries, dans le plus profond désespoir à l’idée que l’égérie de votre scribe préféré souffre mille morts.
Rassurez-vous.
Je la connais, elle s’en remettra, je le sais parce qu’elle est le soleil qui éclaire ma vie depuis un bon moment.
Mais comme je suis prudent et que j’ai déjà pris des coups de soleil, je me dois de faire en sorte que la malade soit traitée avec toute la déférence qu’on doit aux déesses.
Je sais bien que, tel le phénix, elle renaît facilement de ses cendres, pleine d’énergie et prête à courir vérifier que les oreillers ne sont pas « en cafouillon », que je n’ai pas profité lâchement de quelques jours de faiblesse pour laisser tomber un T-shirt troué à côté du panier à linge, là où il rejoindrait des chaussettes qui ne demanderaient qu’à devenir du coup dépareillées.
Donc, je me conduis en homme parfait.
J’allais écrire « comme d’habitude » mais je me suis rappelé à temps que le printemps de mes jours lit mon blog et qu'elle risque de se précipiter pour corriger ce qu'elle pense être une impression fausse.
Je suis, comme vous le disais, un modèle d’époux, c'est-à-dire que je suis, ces temps-ci, garde-malade.
Le plus difficile n’est pas de faire les courses, le lit ou la cuisine, non.
C’est plutôt quand elle dit d’un ton gémissant « Embrasse mon front brûlant, je vais mouriiiiiiir, là, maintenant… » qu'il faut être convaincant.
Le plus difficile dans ces moments-là, c’est de lui faire admettre que bien sûr elle va mourir, mais comme tout le monde, pas demain, ni même après-demain.
Se garder de lui rappeler que ma mère mourait très souvent, et que, dotée d'une mauvaise santé de fer pendant près de soixante ans, elle a lâché la rampe à quatre-vingt-quatre ans
Il faut aussi titiller jouer la fibre amour-propre, lui dire que si elle meurt d’un rhume, elle va se couvrir de ridicule et faire trembler la blogosphère sous une avalanche de « LOL » et autres « MDR » (vous trouvez ça beau, vous ? Ces abbréviations anglo-SMS ?).
Que ce sera la seule, que même Marguerite Gautier était tubarde, que ça, au moins ça faisait sérieux.
Connaissant aussi sa tendance à surveiller ses affaires pour que personne ne s’en empare indûment, lui faire remarquer qu’elle va surtout laisser le champ libre à plein d'ardentes houris, femmes échevelées et sensuelles qui vont se battre comme aux soldes de chez Hermès pour récupérer son Goût chéri.
Ça, ça la requinque suffisamment pour qu’au bout de quelques minutes, ayant recouvré un peu d’allant, elle jette à votre serviteur « Ah ça, elles vont faire une affaire… Tu as intérêt à t’acheter des T-shirts sinon ça va tuer dans l’œuf tes nouvelles histoires… »
Bon, ce n’est pas gentil mais l’important c’est que le stratagème ait fonctionné non ?
Après ça on dira que je ne suis pas attentionné.
Je sais bien que vous en êtes convaincues, lectrices chéries, mais si vous me le disiez, en cachette d’Heure-Bleue… Hmmm ?
10:16 | Commentaires (11)