dimanche, 06 janvier 2013
La folle complainte...
Les jours de repassage, dans la maison qui dort.
Mais non, on n’a pas de bonne pas sage.
Ni de porte de bois et nos passoires se prêtent mal aux jeux imaginés par Trenet…
Pourquoi cette histoire de repassage ?
Eh bien parce que la note de Liliplume m’inspire quelques réflexions à propos du repassage et quelques autres tâches ménagères.
Oui ! Des réflexions !
Mon Heure-Bleue préférée me menace régulièrement de me laisser repasser tout seul mes affaires si je l’embête.
Evidemment, je dispose de mesures de rétorsion que je pense, tête de linotte que je suis, imparables.
J'aurais dû me rappeler ce jour que, l’air bête, j’apportais un bouton dans la main gauche et la chemise dans la main droite avec, à l’esprit l’idée idiote de le faire recoudre par une épouse que j’espérais pour le coup, si ce n’est soumise, du moins bien disposée.
Je me souviens de sa répartie, un truc aimable du genre « Eh ! Ta mère, elle t’a fait des bras ! ».
Je me le tins pour dit mais, malheureusement pour elle, il lui échappa plus tard qu’elle ne savait pas coudre du tout.
D’où la menace « quand tu voudras que tes affaires soient raccommodées et les boutons recousus… » se finissant sur un silence éloquent en réponse à la menace de me laisser me dépatouiller avec mes chemises.
Et là, comme d’habitude, je me suis fait avoir…
Un détail terrible me fut jeté à la face.
« Je te rappelle, mon Minou chéri que, contrairement à toi, je ne déchire pas mes affaires, ne perds pas les boutons ni n’arrache les poches en les accrochant dans les poignées de porte… »
Résultat des courses ?
Eh bien le repassage avance cahin-caha, au gré de l’évolution des séries qu’Heure-Bleue insère dans le lecteur pour se donner du cœur à l’ouvrage.
Depuis la cuisine où j’officie chaque soir, plus exactement et modestement où je prépare le frichti du soir, j’ai la chance d’avoir entendu quatre-cents fois les dialogues de « Friends », deux-cent-seize fois ceux de « Sex and the City », trois-cent-onze fois ceux de « Cosby show ». En ce moment, ce sont ceux de « The nanny » qui rythment la cuisson des plats.
Hélas, trois fois hélas, mille fois hélas, la pile de linge à repasser diminue moins vite que celle du linge disponible dans le placard.
Et l’hiver me voit régulièrement avec mes cols roulés chéris en cachemire attendant au fond du panier que votre Goût préféré meure de froid.
Pfff… Mais où est passé le bon vieux temps de ma grande sœur ? Hmmm ?
Cette époque bénie où l’éducation des filles était émaillée de cours « d’arts ménagers » où on enseignait à nos futures épouses des choses autrement indispensables que la vie de Rosa Luxembourg, Louise Michel, Marthe Richard et autres dangereuses suffragettes.
On y enseignait plutôt, et avec un bon sens machiste assumé, la cuisine, la couture, le repassage et surtout, surtout cette saine notion, instillée de façon subliminale dans l’esprit encore malléable des jeunes filles, cette délicieuse notion du devoir d’amour et d’obéissance à l’homme de sa vie.
Hélas, encore une fois, emporté par le vent de modernisme de mai 1968 et aveuglé par des yeux verts irrésistibles, j’ai eu la malencontreuse idée de m’amouracher d’une rouquine au caractère vif et jaloux de son indépendance.
Bon, « en même temps » comme disent les « djeun’s », je crois que je me serais ennuyé avec une fille trop gentille.
Là, je ne risque pas l’ennui.
D’ailleurs je ne me suis jamais ennuyé depuis avril 1971…
09:49 | Commentaires (19)
samedi, 05 janvier 2013
What else ?
Mille raisons me poussent à aller faire mes achats au Monop’ plutôt qu’au Carrouf Market du coin.
D’abord j’y suis accueilli normalement.
C'est-à-dire comme un client qui va aider le personnel à atteindre la fin du mois.
Pas comme un voleur qui attend que le vigile tourne le dos pour voler une botte de poireaux, souvent d'une qualité médiocre.
De plus le personnel y est plutôt aimable.
Il a généralement la gentillesse de me faire croire qu’il comprend bien que c’est avec mes sous qu’il mange.
Tandis que chez leur concurrent, dont les prix ne sont d’ailleurs pas plus attractifs, une espèce de laideron revêche passe son temps à morigéner le client rétif.
Surtout quand il ose pester alors qu’on essaie de lui faire payer un produit qui à plus sa place dans la poubelle que sur la table.
D’une voix désagréable dotée d’un accent détestablement vulgaire, elle aboie des « v'croyez que j’vais rembourser un produit qu’vous z’vez ptêt’ gardé des heeeuur’ dans l’bus ! »
Enfin, je sais que j’imite très mal la « chef de carrouf ».
Mais que voulez-vous, lectrices chéries, je n’ai jamais réussi à avoir l’air… Comment dire… Ordinaire.
Oui ! C’est ça, lectrices chéries, je ne réussis pas à avoir l’air ordinaire...
Et puis, au Monop’, il m’arrive de faire des rencontres assez drôles.
Je ne parle pas des militants des partis politiques, stationnant devant l'entrée, qui, le plus souvent font preuve d’une connaissance étonnante des slogans à asséner et d’une ignorance désolante des idées qui sous-tendent leur action.
Non, je parle des gens que je croise.
Telle cette dame qui, alors que j’attendais à la caisse que la machine magique veuille bien aspirer les sous qui restent sur mon compte bancaire, me regarde avec insistance.
Puis s’approche.
Me dit « j’ai oublié mes lunettes mais… »
Je lui tends les miennes, elle les chausse, me dévisage, avec intérêt crois-je naïvement, et me dit « Ah… non… ce n’est pas vous mais vous lui ressemblez terriblement ! »
Je l’assure que je suis bien moi mais elle insiste « vous ressemblez à quelqu’un ! ».
Je tente « Georges Clooney ? »
Elle a le bon goût de rire et, mieux encore, de répondre « Mais non, voyons... Quelqu’un de bien mieux ! »
J’étais, profitant de l’absence d’Heure-Bleue, parti pour charmer une dame et évidemment, manque de chance, la caissière me fait remarquer que des gens attendent…
Certes cette dame ne m’aurait pas entraîné sur les chemins de la luxure, mais à elle seule elle me conforte dans l’idée que Monop’ est bien mieux que Carrouf, ne serait-ce qu'à cause des gens qu'on y croise.
D’autant que dans ce Carrouf, on a souvent du mal à imaginer le visage des femmes sous leur voile et que les mecs y regardent avec réprobation celles qui ont l’outrecuidance de s’habiller en Européennes…
10:03 | Commentaires (15)
mercredi, 02 janvier 2013
Je suis ravi, sans charre…
« Mon très cher Goût (Heure Bleue me pardonnera cette marque de familiarité), que ferait-on sans toi? » m’écrit Seringat en réponse à l’un de mes commentaires chez elle.
Ma chère, très chère, extrêmement chère, Seringat, j’adhère absolument à votre appréciation.
J’adore l’idée d’être indispensable, surtout à des lectrices d’autant plus chéries qu’elles se demandent ce qu’elles deviendraient sans moi.
Seulement voilà, ceux qui disposent de quelque pouvoir dans notre beau pays ne semblent, hélas, trois fois hélas, pas du tout de cet avis.
Que ce soit le gouvernement, voire les autorités religieuses, craignant sûrement une concurrence d’autant plus dangereuse pour eux qu’elle n’est guidée par aucune inclination électorale, considération de piété ou autre motif vénal, aucun ne souhaite me voir reconnu à ma juste valeur…
L’idée que l’inclination qui vous porte vers moi autant que celle qui me porte vers vous les puisse priver des attentions, qu’ils estiment à tort devoir mériter, les gêne terriblement.
Les idiots…
Seringat, ma grande amie, n’excitez, donc point la vindicte de ceux qui se sont arrogé le droit de nous mener à la baguette, baguette rassise de surcroît, en me couvrant des lauriers que je mérite.
Ne serait-ce que pour le soulagement et la confiance en soi que je réussis à soulever chez mes lectrices chéries.
Lectrices chéries dont vous faites partie depuis que j’ai eu l’idée excellente de lire votre blog.
Donc, afin d’éviter une réaction brutale des jaloux, ma chère Seringat, aimez-moi, aimez-moi très fort, mais discrètement…
On ne sait jamais jusqu'où peut mener le péché d'envie.
Bien que je le comprenne tout à fait dans certains cas.
Dont celui-ci, justement...
07:53 | Commentaires (11)
lundi, 31 décembre 2012
Un nouveau thé ? C’est un thé récent…
Samedi dernier, je suis allé avec la Tornade au musée Guimet.
Ce n’est une nouvelle palpitante, d’accord, mais si l’exposition consacrée au thé me conforta dans mon attirance pour le café, le voyage fut agréable.
Le bus de la ligne 92, qui traîne ses voyageurs de la Porte de Champerret à Montparnasse, à le bon goût de passer par « les beaux quartiers ».
Habituellement, si j’apprécie le décor, je prise assez peu les habitués de ces avenues, habitués qui ont l’habitude de toiser le passager du haut de la fortune amassée par leurs aïeux grâce à la sueur des employés d’iceux…
Assis, face à « British Tornado » sur les sièges réservés aux bancals, je l’écoute, jamais à cours d’une aventure anglaise ou américaine quand ma vivace Tornade se lève soudainement.
Sans même avoir le temps de lui dire « Eh ! Ce n’est pas là qu’on descend ! », je vois s’asseoir face à moi, se confondant en remerciements, une dame.
Dame fort bien mise qui me dit « votre femme n’aurait pas dû, je suis confuse. » avec, dans la voix, la légère trace d’un accent indéfinissable.
Gêné, enfin presque, j’engage un semblant de conversation.
- D’où venez-vous ? Vous avez un léger accent, charmant au demeurant.
- Devinez…
Je la regarde un peu plus attentivement.
C’est une femme petite et mince, au teint pâle, aux yeux bleus légèrement trop clairs, à la chevelure claire aussi et soigneusement ondulée.
- Alors ? Insiste-t-elle ?
- Nord ou nord-est de la France ? Peut-être Allemagne ou Luxembourg…
- Eh bien non ! Je suis Portugaise ! Totalement portugaise.
- Vous me surprenez, le Portugal n’est pas réputé pour la clarté de teint et d’yeux de sa population, encore moins pour la blondeur de ses ressortissants !
- Ah… Monsieur, c’est que je suis, avec mon frère, la seule rousse aux yeux bleus de la famille.
In petto, je me dis « Aïe ! Tornade va me balancer à Heure-Bleue ! »…
Et cette femme de me confier qu'elle me pense d'origine espagnole, puis de me conter son arrivée en France, une part de sa vie pendant que quelques arrêts s’écoulent.
A l’un d’entre eux, monte un aveugle (non, non, pas un « non-voyant », un aveugle, un vrai) je lui cède donc la place et la dame et moi nous disons au revoir.
Je rejoins la Tornade de l’autre côté de la travée. Elle échange des sourires entendus avec sa voisine en nous regardant.
Peu avant l’arrêt suivant, je sens une main se poser sur mon bras, me retourne, la femme avec qui je conversais me salue, me présente ses vœux pour la nouvelle année avec un petit sourire et s’en va.
Tornade se moque de moi, prétend que je suis infernal, que même sa voisine est d’accord.
Pourtant, il faut toujours écouter les femmes, c’est bien le diable si au bout d’un moment, elles n’ont pas dans l’œil l’éclair de leurs vingt ans.
Et il faut toujours les croire.
Surtout quand au bout d’un moment, elle vous dit « Et vous savez, elles ont disparu, mais j’avais aussi des éphélides… ».
On ne peut pas dire qu’on ment quand on se laisse faire un brin de cour par un gamin de plus de vingt ans son cadet.
Mais comment diable, rien qu’à me regarder, savait-elle pour les rousses, les éphélides et les yeux clairs ?
En vérité, je vous le dis, lectrices chéries, vous êtes redoutables, quel que soit votre âge, d’ailleurs vous n’avez pas d’âge.
Jamais…
08:33 | Commentaires (13)
vendredi, 28 décembre 2012
Fin de mes émeutes et de mes émois.
Pour ajouter à mes tracas d’ordre sportif et estudiantin, j’étais aussi travaillé par d’autres soucis, rien à voir avec les exams, toutefois.
J’avais au cœur la crainte que celle qui occupait les pensées –et les mains- de votre serviteur ne le plaquât pour le plus grand bonheur du premier maoïste venu, sans doute un traître à la cause du peuple.
La suite donna raison à mes angoisses.
La trahison me laisse le cœur brisé, la cervelle vexée et les convictions politiques ébranlées.
Cette hyène se maqua avec un social-traître, griffant férocement mon amour-propre.
Il est en effet assez vexant de constater que le changement de bras de votre petite camarade se passe sans soulever d’état d’âme particulier chez la traîtresse.
Etonnamment et contrairement à toutes mes observations depuis des années, elle, pourtant claire, se rua avec un manque de discernement confondant, dans les bras de ce bellâtre blondasse aux yeux bleus, l’idiote…
Elle reste dans ma mémoire comme l’exception qui se doit d’exister pour confirmer toute règle un peu sérieusement établie.
Mais « il a de si beaux yeux, je ne peux résister que veux-tu » dit-elle, la s...
Il est vrai que sur ce plan, je ne pouvais lutter, je ne disposais hélas, que d’un bel œil, l’autre n’ayant pas résisté à mon goût pour les sciences pendant ma première cinquième…
Bref, cette blessure guérit d’autant plus facilement que c’est l’âge béni où l’on peut avoir trois chagrins d’amour par semaine sans risquer la valvulopathie.
Nous souffrions de tas d’insuffisances mais pas d’insuffisance cardiaque.
Notre insuffisance la plus marquante restait l’insuffisance de moyens…
On nous parle sans cesse des « élans du cœur », on ferait mieux de nous parler de son exceptionnelle résistance aux mouvements d’humeur des filles…
En y repensant, quoique d’un caractère peu enclin à pleurer sur le lait renversé, je reprendrais bien un peu de ce mois de mai 68, surtout qu’à l’époque, ce qui m’empêchait de courir, c’était la flemme, pas la clope…
Et puis, contrairement à ces temps-ci où on hésite à réclamer le droit à survivre, c’était une époque où l’on réclamait avec force le droit à vivre.
10:06 | Commentaires (13)